OSCARS 2014

 

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AND THE OSCAR GOES TO…

86th Annual Academy Awards - Show

Certes, Ellen DeGeneres n’a pas le génie comique de Billy Crystal, auquel la cérémonie des Oscars doit quelques-unes de ses plus belles heures. Mais hier soir, sur la scène du Dolby Theater, elle a assuré comme une cheftaine, en toute décontraction, à coups de piques et de gags bon enfant, telle cette distribution de pizzas au parterre de stars, à laquelle les invités se sont prêtés plutôt deux fois qu’une. Brad Pitt, Angelina Jolie, Bradley Cooper, Jared Leto, Julia Roberts, Meryl Streep et Jennifer Lawrence ne sont pas fait prier pour participer au selfie improvisé (en passe de devenir le tweet le plus partagé de l’histoire) et Meryl Streep et Amy Adams n’ont pas hésité non plus à se trémousser lorsque Pharell Williams s’est avancé en chantant son fédérateur « Happy » (chanson extraite du film Moi moche et méchant 2). Car les acteurs américains, contrairement aux français, ont le showbiz dans le sang et hier soir, au cours de la 86ème cérémonie des Oscars, Ellen DeGeneres n’a eu aucun mal à convaincre que tout ce beau monde formait réellement une grande famille.

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Côté émotion, la palme revient aux lauréats Jared Leto, Lupita Nyong’o (Meilleur second rôle féminin dans 12 Years A Slave), vêtue d’une superbe robe Prada, Matthew McConaughey et Cate Blanchett, dont les discours ont fait pleurer la salle, à la présence sur scène du vétéran et mythique Sidney Poitier, mais aussi à l’incroyable performance au micro de la chanteuse Darlene Love, venue accompagner sur scène Morgan Neville, son metteur en scène de 20 Feet From Stardom, récompensé par l’Oscar du Meilleur documentaire.

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Le palmarès frise le sans-faute. Si 12 Years A Slave, de Steve McQueen, rafle l’Oscar du Meilleur film, le grand vainqueur de la soirée reste Gravity qui a obtenu très légitimement tous les Oscars techniques (son, montage son, effets visuels, montage, photo), ainsi que celui de la Meilleure musique (Stephen Price) et de la réalisation (Alfonso Cuaron). Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée fait un doublé en s’octroyant les Oscars du Meilleur second rôle (Jared Leto) et Meilleur acteur (Matthew McConaughey), deux performances ahurissantes, ainsi que celui du Meilleur maquillage, forcément… Oscar de la Meilleure actrice pour son rôle de névrosée dans l’excellent Blue Jasmine de Woody Allen, Cate Blanchett était absolument divine dans sa robe Armani. Presque embarrassée de damer le pion à ses prestigieuses concurrentes (parmi lesquelles Meryl Streep), elle leur a adressé ses premiers mots.

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Très logiquement, les Oscars des Meilleurs décors et costumes sont allés à Gatsby le magnifique, qui l’est réellement. Her de Spike Jonze a remporté l’Oscar du Meilleur scénario original. Sans surprise, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino a obtenu celui du Meilleur film étranger, et on se réjouit que les Français de Mr Hublot (Laurent Witz et Alexandre Espigares) aient remporté l’Oscar du Meilleur court-métrage d’animation.

Malgré ses dix nominations, American Bluff fait donc figure de grand perdant de la soirée, juste avant Capitaine Phillips (six nominations) et Le loup de Wall Street (cinq nominations). On regrette aussi l’absence de récompense pour Le vent se lève, d’Hayao Miyazaki, coiffé au poteau par La reine des neiges, des studios Disney, Meilleur film d’animation de l’année.

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86th Annual Academy Awards - Show

 

BLUE JASMINE

Il faut remonter à Match Point pour retrouver un Woody Allen aussi cynique. Les ombres de Tennessee Williams et Dostoïevski planent sur cette satire de haute volée, portée par une Cate Blanchett en état de grâce.

Blue Jasmine 

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Woody Allen
2013 (DVD/Blu-ray TF1 Vidéo)

Jasmine French (Cate Blanchett) avait une existence de rêve, des vêtements de luxe, des bijoux, un appartement sur la 5ème Avenue, une maison de vacances dans les Hamptons, jusqu’à ce que son époux (Alec Baldwin), homme d’affaires, soit arrêté pour escroquerie. Fauchée, elle n’a pas d’autre alternative que de déposer ses valises Vuitton à San Francisco, dans le modeste appartement de sa sœur adoptive (Sally Hawkins), caissière. Histoire de reprendre ses marques, trouver un job et rebondir. Mais pour cette snob invétérée, portée sur l’alcool et les tranquillisants, la reconversion a tout du chemin de croix…

Le génial réalisateur de Manhattan semble être revenu à la raison après une longue période d’égarements, de laquelle on retiendra essentiellement Match Point et Whatever Works. En 2013, avec ce portrait de mondaine déchue, Woody Allen se fait subtil et signe une satire corrosive, drôle et cynique, mais aussi terriblement juste et cruelle, qui illustre avec brio sa connaissance aiguë de la nature humaine. A l’heure où ses confrères se passionnent pour les loups de la finance et les grands fraudeurs, lui préfère se pencher sur le cas des épouses, et leur moralité. A la fois victime et complice de son escroc de mari, Jasmine est surtout coupable d’avoir fermé les yeux, par pur égoïsme. Woody Allen explore les rouages et les obsessions de cette femme fragile, complexe et décalée, incapable de s’adapter à son nouvel environnement. Jasmine tente de sauver sa peau et perd les pédales en même temps que ses repères. Il émane une ironie jubilatoire des flash-backs révélateurs qui mettent habilement le personnage en perspective. Le retour à la réalité est brutal et le choc des cultures génère des situations désopilantes. Jasmine est, dans la vie ordinaire, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. Les confrontations avec le petit ami pas très distingué de sa sœur, ou avec ses jeunes neveux prennent un tour surréaliste. La performance de Cate Blanchett force l’admiration, et lui a déjà valu, en attendant les Oscars, le Golden Globe 2014 de la Meilleure actrice. L’œil hagard, la moue dédaigneuse et le port de tête impeccable, l’actrice, véritablement habitée, parvient à rendre son personnage attachant et humain, même dans les moments les plus pathétiques. Car cette mondaine n’est pas une garce, et c’est ce qui la sauve. Sous ses remarques caustiques, sa tendresse pour sa sœur (épatante Sally Hawkins !) est manifeste. Jasmine est juste terriblement à côté de la plaque, et Woody Allen, impitoyable, ne lui épargne rien.

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

Interactivité*
Rien de rien, Woody Allen est allergique au concept de suppléments.

Image ***
Format : 2.40
L’image est un peu douce, conforme au souhait du réalisateur, mais manque souvent de précision. Rien de dommageable néanmoins.

Son ***
DD 5.1 et DD 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres français imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Audiodescription
Une piste DD 5.1 dynamique, qui ne fait pas de vagues dans les enceintes arrière et se resserre sur les dialogues. A noter que le phrasé de Cate Blanchett est bien plus probant en version originale, à privilégier absolument.

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