NINA COMPANEEZ, REINE DE CŒUR

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« C’est par une porte bleue qu’on entre dans le monde où les petits chats font de la peinture » faisait-elle dire en 1972 à l’héroïne de Faustine et le bel été, son premier film. Nina Companeez, scénariste, monteuse et réalisatrice décédée le 9 avril dernier à l’âge de 77 ans d’une longue maladie, n’aura pas eu le temps d’être une vieille dame. L’aurait-elle seulement été ? Amoureuse de l’amour et de la beauté, dotée d’un sens exacerbé du romanesque, elle n’a eu de cesse, tout au long de sa carrière, de célébrer la femme libre, anticonformiste et passionnée, qu’elle était aussi, indubitablement. Nina Companeez était issue d’une famille juive russe qui s’était installée à Paris en 1936, après avoir fui la révolution bolchevique en Russie puis le nazisme à Berlin. Elle a raconté en 2008 ce passé tumultueux dans la saga télévisée Voici venir l’orage. Sa passion du cinéma, elle la tenait de son père, ingénieur reconverti scénariste. C’est en 1961 qu’elle entre dans la cour des grands. Elle cosigne le scénario et monte Ce soir ou jamais, de Michel Deville. Benjamin ou les mémoires d’un puceau, L’ours et la poupée, Raphael ou le Débauché naîtront de cette belle collaboration. Nina Companeez devient réalisatrice en 1971 de comédies légères, romantiques et coquines (Faustine et le bel été, L’histoire très bonne et très joyeuse de Colinot Trousse-chemise, Comme sur des roulettes…). On y croise les tout jeunes Francis Huster, Jacques Spiesser, Isabelle Adjani, Muriel Catalá, Evelyne Buyle, ou Isabelle Huppert, et parfois dans leur premier rôle. Mais la consécration viendra de la télévision. Après la charmante série Un ours pas comme les autres, avec André Dussollier, elle met en scène en 1979 ce qui restera son chef-d’œuvre, Les dames de la côte, saga historique et familiale qui fera dire à François Truffaut l’année suivante « En 1980, il n’y a pas eu un film dans l’année supérieur aux Dames de la côte, Le dernier métro compris ! » Nina Companeez excellera encore, en tant que scénariste, avec Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau, et L’allée du roi, éblouissante saga historique d’après Françoise Chandernagor, qu’elle réalise en 1996. Elle avait offert sa dernière œuvre à la télévision, en 2014. Téléfilm historique librement adapté de Daphné du Maurier, Le général du roi était encore une histoire d’amour (contrariée) et de passion, où une jeune aristocrate de province frappée par le destin venait à bout de l’impossible. Car il y avait du Scarlett O’Hara dans toutes les héroïnes de Nina Companeez. Son film préféré était Autant en emporte le vent.

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Les dames de la côte

Les dames

Nina Companeez
1979 (DVD Collector de la version restaurée chez Koba Films)

En 1913, dans une grande famille bourgeoise de la côte normande, Fanny Villatte (Fanny Ardant), jeune femme passionnée, vit avec insouciance ses 18 ans, entourée de son frère (Patrick Alexsandre) et ses cousins Marcel et Raoul Decourt (Francis Huster et Bruno Devoldère). Mais la guerre éclate, et le départ des hommes pour le front laisse les femmes livrées à elles-mêmes. Obligées d’assumer les responsabilités de leurs époux, elles vont faire l’expérience de l’indépendance…

Diffusés pour la première fois en 1979, les cinq épisodes (de 90 minutes) des Dames de la côte provoquèrent un véritable raz de marée d’enthousiasme chez les critiques et les téléspectateurs. Sous des dehors romantiques, la saga de Nina Companeez s’intéressait en effet, pour la première fois, au point de vue des femmes et à leur rôle durant la Première Guerre mondiale. Avec ses personnages passionnés emportés par le tourbillon d’une époque violente, ses destins tragiques et amours impossibles, Les dames de la côte se situe à mi-chemin entre Claudine à Paris et Autant en emporte le vent. Outre les dialogues pertinents et souvent drôles (les truculentes prises de bec entre Edwige Feuillère et Denise Grey), la série doit également beaucoup à sa distribution prestigieuse. Talents naissants ou confirmés, les interprètes se prêtent au jeu avec une égale et remarquable conviction. Déjà actrice hors normes et piaffant comme un étalon sauvage, la toute jeune Fanny Ardant y entamait sa carrière de manière aussi tonitruante que mémorable.
Et avec Françoise Fabian, Michel Aumont, Evelyne Buyle, Martine Chevallier, François Perrot, Annie Sinigalia, Hélène Duc, Hélène Vincent, Bruno Garcin…

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et puis…

Brigitte Bardot dans L’ours et la poupée de Michel Deville (1970)
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Françoise Fabian dans Raphael ou le débauché de Michel Deville (7971)
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Muriel Catalá, Francis Huster, Isabelle Adjani, Jacques Spiesser, les héros de Faustine et le bel été de Nina Companeez (1972)
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Nina Companeez et Brigitte Bardot sur le tournage de L’histoire très bonne et très  joyeuse de Colinot Trousse-Chemise de Nina Companeez (1973)
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Juliette Binoche et Olivier Martinez dans Le hussard sur le toit de Jean-Paul Rappeneau (1995)
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A la recherche du temps perdu de Nina Companeez TV (2011)
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Louise Monot et Samuel Le Bihan dans Le général du roi de Nina Companeez TV (2014)
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