Non contente d’avoir engendré Shakespeare, l’Angleterre nous a aussi offert Jane Austen, avec laquelle elle entretient une histoire d’amour depuis quasiment deux siècles. Depuis la mort de l’écrivain en 1817, sa poignée de romans a conquis le monde, et ces dernières années, on ne compte plus les transpositions, hommages ou pastiches. En attendant l’adaptation au cinéma de Sanditon, on peut découvrir ou redécouvrir celle de Lady Susan par l’Américain Whit Stillman. Intitulée Love & Friendship, cette comédie de mœurs des plus brillantes projetée sur les écrans l’été dernier vient de paraître en Blu-ray et DVD (voir plus bas). Et on peut également savourer l’adaptation en mini-série télévisée de La mort s’invite à Pemberley, l’ultime opus de feu P. D. James : un hommage déguisé en histoire policière qui pourrait constituer une suite au chef-d’œuvre Orgueil et préjugés. Car, contre toute attente, la « reine du crime » était une fervente admiratrice de la romancière du Hampshire. Et bien sûr, c’est la vénérable BBC, qui a déjà porté au petit écran, et avec quel brio, tous les romans d’Austen, qui s’y est collée.
« Cela fait plusieurs siècles déjà que nous avons admis que les femmes ont une âme. N’est-il pas grand temps d’admettre qu’elles ont aussi un cerveau ? » P. D. James (Death Comes To Pemberley)
Pemberley (Death Comes To Pemberley)
Daniel Percival
2013 (Mini-série diffusée pour la première fois sur BBC One en décembre 2013)
En DVD depuis le 12 octobre chez Koba Films
A Pemberley, la vie s’écoule paisiblement. Darcy (Matthew Rhys) et Elizabeth (Anna Maxwell Martin) sont mariés depuis six ans et heureux parents. Une nuit, alors que les préparatifs pour le bal annuel vont bon train, un cabriolet arrive à tombeau ouvert au château. A son bord, Lydia (Jenna Coleman), la jeune sœur d’Elizabeth qui n’avait pas été conviée à la fête en raison de ses frasques passées, est passablement hystérique. Elle craint que son époux, le tristement célèbre George Wickham (Matthew Goode), ait été assassiné dans la forêt du domaine…
Publié en 2011 outre-Manche (en 2012 en France), La mort s’invite à Pemberley est le dernier roman de Phillis Dorothy James, disparue le 27 novembre 2014 à l’âge de 94 ans. L’auteur d’un Certain goût pour la mort et des Fils de l’homme avait choisi dans son ultime ouvrage de rendre hommage à sa compatriote Jane Austen, à laquelle elle vouait une fervente admiration. P. D. James s’est appliquée à tisser une énigme policière en respectant tous les codes d’Orgueil et Préjugés. Force est de constater que La mort s’invite à Pemberley apparaît moins fantasque que bon nombre d’ « austeneries », telle la série de livres signée par Elizabeth Aston à qui l’univers de la célèbre romancière — et le personnage de Mr Darcy en particulier — a inspiré moult intrigues ultra-romancées (Les filles de Mr Darcy, Darcy dans l’âme, L’autre Mrs Darcy…). Il y a quelque chose de magique dans le fait de se plonger dans les tribulations de Darcy et Elizabeth Bennet six ans après les événements qui n’en finissent pas de captiver les lecteurs du roman. La BBC l’a bien compris, et cette adaptation, très fidèle, du livre de P. D. James, tient toutes ses promesses. Tournée principalement dans les très beaux décors naturels du domaine de Chatsworth House (Derbyshire), et quelques autres sites prestigieux (le Château Howard, le Musée du Château d’York, les ruines de Fountains Abbey…), la mini-série mise en scène par le chevronné Daniel Percival (Strike Back, Crossing Lines) est un ravissement. Si le crime occupe la première place du récit, ce dernier est étoffé de sous-intrigues tissées avec brio et « à la manière de », pimentées par des dialogues teintés de la fameuse ironie austenienne. En tête de la distribution très soignée on apprécie particulièrement Matthew Rhys (The Americans), qui fait un Darcy solide, Matthew Goode, retors à souhait, et l’incontournable James Norton (Grantchester, Happy Valley…), impeccable comme toujours. Les Janeites (admirateurs de l’œuvre d’Austen) ont déploré le manque de charisme de l’Elizabeth Bennet campée par Anna Maxwell Martin. Certes, mais elle fait preuve d’une force de caractère, d’une bonté et d’un discernement très respectueux de son modèle. Un régal donc !
3h Et avec Trevor Eve, Tom Ward, Eleanor Tomlinson, Joanna Scanlan, Lewis Rainer…
Test DVD :
Inédite à la télévision française à ce jour, la mini-série a été rebaptisée Pemberley pour sa sortie en DVD dans l’Hexagone, et se découpe en deux épisodes de quatre-vingt-dix minutes.
Interactivité
Pas de bonus, hormis les bandes-annonces de l’éditeur.
Image ***
Format : 1,77
L’image, lumineuse et contrastée, profite d’une belle définition.
Son ***
DD 2.0 en anglais sous-titré français
Seule la version originale sous-titrée en français, indispensable, figure sur le disque, et on ne peut que s’en réjouir. La piste DD 2.0, harmonieuse, est très convenable pour ce format télévisuel.
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Love & Friendship
Whit Stillman
2016
En Blu-ray et DVD chez Blaq Out depuis le 2 novembre
CRITIQUE DU FILM ici
Test Blu-ray :
Interactivité **
Un programme un peu succinct (trois reportages de 10 minutes chacun), mais non sans intérêt. Le réalisateur y parle de la genèse du film, qui remonte à 2003. Il confie avoir songé à Kate Beckinsale dès la lecture de Lady Susan, et a attendu pour tourner qu’elle ait l’âge du rôle. Il évoque aussi la manière dont il a transformé la structure épistolaire en dramaturgie classique. Après avoir écouté Sophie Demir, spécialiste de Jane Austen, revenir sur les enjeux amoureux dans l’œuvre de la romancière, on peut découvrir un making of réalisé sur le vif du tournage, truffé d’interventions des comédiens.
Image ****
Format : 1.85
Superbement définie, l’image éclatante restitue les nuances de la photographie de Richard Van Oosterhout. La palette de couleurs est de toute beauté.
Son ****
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais sous-titré français
Ici aussi, la version originale sous-titrée en français est mise à l’honneur. La piste 5.1, généreuse, permet une immersion totale.
Je n’ai pas du tout aimé le livre PD James, mais le film adapté de son roman est assez plaisant, et avec des acteurs masculins que j’apprécie beaucoup beaucoup beaucoup.
Pour « Love et Friendship », mon avis n’a pas changé. Un peu trop bavard à mon goût, loin de la cinglante brièveté du texte original, mais les interprètes féminines sont épatantes.
Oui, c’est étonnant ! J’ai vu que le livre avait davantage emballé les critiques que les lecteurs habituels de P. D. James. J’imagine que le savoir-faire de la BBC et le talent des acteurs dont je suis moi aussi très fan 😉 (de Matthew Rhys et James Norton en particulier) ont rendu cette aventure plus séduisante 😉
Sans aucun doute ! Matthew Rhys et James Norton ♥♥♥♥ !!!
🙂 🙂 🙂