Viva ELVIS !

Époustouflant ! L’évocation de la vie du King par l’Australien Baz Luhrmann est à tomber à la renverse. Porté par un jeune acteur sensationnel dont la performance laisse sans voix (!), dopé par une mise en scène fabuleuse et un travail phénoménal sur la musique, le film emporte dans un maelstrom d’émotions. Beau à pleurer !

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« I’m gonna be forty soon, and nobody’s gonna remember me. »

  

ELVIS

Baz Luhrmann
2022
Dans les salles françaises depuis le 22 juin 2022

À la fin de sa vie, en 1997, le Colonel Parker (Tom Hanks) se remémore sa rencontre avec Elvis Presley (Austin Butler) dont il sera l’imprésario jusqu’à la mort. C’était en 1955. Le jeune chanteur venait d’enregistrer son premier disque et faisait ses débuts sur scène. Tom Parker, forain et manager d’artistes de musique country, a compris aussitôt qu’il tenait la perle rare, et la poule aux œufs d’or…

Qui aurait pensé que l’un des meilleurs films sur la musique (comprendre biopic déjanté) serait signé Baz Luhrmann, le roi de la démesure, du kitsch, du strass et du clinquant ? À côté, Bohemian Rhapsody (malgré la prestation de Rami Malek) fait figure de téléfilm. Ce qu’il est, d’ailleurs, pour les véritables amateurs de Queen. Car si Elvis se focalise sur la relation toxique entre le manager et son poulain, le biopic exprime formidablement la passion pour la musique de Presley tout en immergeant dans ces tumultueuses années 50, 60 et 70 américaines. Pour mieux cerner le contexte culturel qui a bercé l’enfance de la star, Baz Luhrmann s’est installé dans le sud des États-Unis (en revanche le film a été tourné en grande partie dans le Queensland, en Australie). C’est effectivement dans sa proximité avec la communauté noire qu’il côtoyait depuis l’enfance (Presley est né à Tupelo, dans le Mississippi) qu’il fallait aller chercher la clé de l’artiste. L’adolescent fera siens les répertoires blues et gospel, ainsi que le rhythm’n’blues des chanteurs afro-américains qu’il admirait. Le réalisateur de Moulin Rouge s’attache, et avec une tendresse non feinte, à dépeindre Elvis comme un être empreint d’une profonde spiritualité. Il n’y a pas que du vrai, mais il y en a beaucoup. Inévitablement, cette belle âme allait se faire broyer par son impresario malin et retors, faux colonel et vrai escroc (il deviendra le modèle de beaucoup de managers douteux par la suite, d’Allen Klein à Tony Defries en passant par Andrew Loog Oldham). Campé par un Tom Hanks méconnaissable, Tom Parker est roublard jusqu’au bout du cigare. L’histoire retiendra qu’il a « fait » Elvis et son malheur en même temps. À la manière de Nick Carraway dans Gatsby le magnifique, que Baz Luhrmann a porté à l’écran en 2013, c’est par le regard de Parker qu’on découvre la vie de Presley et son parcours. Austin Butler, jeune comédien formé chez Disney Channel, a travaillé durant deux ans pour entrer dans la peau de l’icône. Mieux qu’une copie, cet interprète doué (il chante la plupart des morceaux), incarne le King au-delà des espérances — Priscilla Presley elle-même n’en est pas revenue —, et ses performances scéniques sont électrisantes (celles du Comeback Special de 1968 sont même bluffantes). Curieusement, Kurt Russell, qui a campé avec brio la rock star en 1979 dans le très bon téléfilm de John Carpenter Le roman d’Elvis (Elvis en VO) était lui aussi un enfant de la télé et de l’écurie Disney. Bien sûr, la bande-son est à la sauce luhrmannienne. Elle mêle reprises par Austin Butler, chansons originales interprétées par Presley, et incursions vocales de rappeurs et musiciens de toutes générations dont Doja Cat, Denzel Curry, Tame Impala ou Eminem (mention spéciale à la reprise de If I Can Dream par Måneskin). Malgré ses atours de manège à sensation, cette œuvre hybride, romantique et follement spectaculaire montre l’humain derrière le mythe et réussit à approcher la vérité d’Elvis Presley. Du grandiose, de la démesure, du tragique, de la folie… il n’en fallait pas moins pour rendre hommage au King. Peut-être le meilleur film de Baz Luhrmann à ce jour.
2 h 39 Et avec Olivia DeJonge, Richard Roxburgh, Helen Thompson, Kodi Smith-McPhee, Luke Bracey, David Wenham, Alton Mason, Dacre Montgomery (le Billy de Stranger Things)…

 

 

Music matters : YESTERDAY/WILD ROSE

En ces temps moroses, hors de question de bouder la sortie, en DVD/Blu-ray, de ces deux feel-good movies venus d’Albion, qui quoi qu’on en dise, n’est pas toujours perfide. Yesterday, de Danny Boyle, est l’histoire d’un jeune musicien seul au monde à connaître les Beatles, et Wild Rose, de Tom Harper, porté par l’incandescente Jessie Buckley (une révélation), narre les tribulations d’une jeune mère de famille de la banlieue de Glasgow qui se rêve en Dolly Parton.

 

« Miracles happen all the time !
– Like what ?
– Benedict Cumberbatch becoming a sex symbol ! »

 

YESTERDAY

Danny Boyle
2019
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray, Ultra-HD 4K + Blu-ray et DVD chez Universal depuis le 13 novembre 2019

Dans une petite ville côtière du Suffolk, Jack Malik (Himesh Patel) est un auteur-compositeur et musicien sans succès. Ses chansons ne séduisent que ses indéfectibles copains dont Ellie (Lily James), sa meilleure amie et manager. Une nuit, alors qu’il rentre chez lui à vélo après une déconvenue de plus, Jack percute un bus qu’il n’avait pas vu venir, à cause d’une étrange panne d’électricité. Le lendemain, il va découvrir en chantant « Yesterday » à ses amis qu’il est le seul à connaître les Beatles. Même sur Internet, il n’y a plus aucune trace de leur existence…

C’est le scénariste et producteur Jack Barth (The Fabulous Picture Show) qui a soufflé à Richard Curtis, auteur, entre autres, de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et réalisateur du joyau Love Actually, cette idée folle : rendre hommage à la musique des Beatles dans un monde où le groupe n’aurait pas existé. Leur compatriote Danny Boyle (Transpotting, Slumdog Millionnaire…) à qui Curtis a envoyé le scénario, a immédiatement été emballé. De cette équipe de choc, on attendait monts et merveilles, d’autant que, une fois n’est pas coutume, Paul McCartney et Ringo Starr avaient donné leur accord. Le résultat, hélas, n’est pas tout à fait à la hauteur, même si Yesterday a « ses moments ». Le parti pris de confier le rôle principal à Himesh Patel, choisi pour ses qualités de musicien (il joue et chante vraiment les chansons) est assez dommageable. Peu charismatique et acteur plutôt limité, il ne fait pas le poids face à la talentueuse Lily James. Les atermoiements de cet artiste qui vit mal l’imposture de devenir célèbre grâce à un talent qui n’est pas le sien, tout comme l’histoire sentimentale, à la fois cliché et invraisemblable, plombent ce long-métrage qui passe un peu à côté de sa bonne idée de départ (contrairement au film français Jean-Philippe, de Laurent Tuel). Reste de chouettes trouvailles : Ed Sheeran (dans son propre rôle) le copain star sympa qui veut changer « Hey Jude » en « Hey Dude » ; la difficulté pour Jack de retrouver de mémoire les paroles d’« Eleanor Rigby » ou le fait qu’Oasis n’existe pas non plus, forcément… On aime que la plus grande partie des scènes soit filmée dans les décors naturels des petites villes côtières bourrées de charme du Suffolk et du Norfolk. Et puis bien sûr, il y a cette séquence, magique, dans laquelle le héros chante et joue « Yesterday » pour la première fois à ses amis, et eux de chavirer instantanément.
1 h 56 Et avec Joel Fry, Kate McKinnon, Alexander Arnold, Sophia Di Martino, Ellise Chappell…

 

Test Blu-ray :

Interactivité ***
Dans le commentaire audio – truffé d’anecdotes – de Richard Curtis et Danny Boyle, on apprend, entre autres, que le rôle tenu par Ed Sheeran avait été proposé à Chris Martin, qui l’a refusé (en arguant du fait qu’il est très mauvais acteur). Mais d’après Richard Curtis, Ed Sheeran, qui a grandi dans le Suffolk et est toujours prêt pour l’autodérision, était l’interprète parfait. Au menu de ces bonus, on trouve également une fin et une ouverture alternatives, une douzaine de scènes coupées amusantes, un bêtisier, des featurettes sur les coulisses du tournage, dont un éclairage sur l’enregistrement des chansons interprétées par Himesh Patel, aux studios Abbey Road…évidemment.

Image ****
Format : 2.35
Un piqué sensationnel, des couleurs vibrantes, un sans-faute !

Son ****
Dolby TrueHD 7.1et DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais
DD 5.1 en français et espagnol
Nombreux sous-titres non imposés
Pure et sensible, la piste TrueHD sied idéalement au film. Les passages musicaux comme les bruits d’ambiance exploitent parfaitement toutes les enceintes. Que les adeptes de versions doublées se rassurent, la piste DD 5.1 est très efficace.

 

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« Nobody wants to see a convicted criminal up there !
– Johnny Cash was a convicted criminal you ball bag ! »

 

WILD ROSE

Tom Harper
2018
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray et DVD chez M6 Vidéo depuis le 17 novembre

A Glasgow, la jeune Rose-Lynn (Jessie Buckley) sort de prison après y avoir passé un an pour une affaire de drogue. Dans une triste banlieue de la ville, elle retrouve ses deux enfants dont sa mère (Julie Walters) s’est occupée en son absence. Mais au grand dam de cette dernière qui aimerait que sa fille soit plus responsable et moins égoïste, la jeune femme n’a qu’une idée en tête, qui l’obsède depuis toujours : quitter Glasgow pour devenir chanteuse de country à Nashville….

« Oubliez A star Is Born et Lady Gaga ! La vraie star, c’est elle » clame la bande-annonce du film, tant la performance de Jessie Buckley a ébloui les critiques outre-Manche et outre-Atlantique. Wild Rose est peut-être passé inaperçu en France, mais il a fait un tabac chez les Anglo-Saxons. Il faut reconnaître qu’avec ses bottes de cow-girl, sa minijupe et son franc-parler typiquement écossais, Rose-Lynn suscite une sympathie immédiate. En dépit de ses choix souvent malheureux, cette mère indigne et immature conserve ce capital auprès du spectateur, car, en bonne tête brûlée, elle possède un courage et une détermination à toute épreuve. Excellente actrice, qu’on a pu apprécier dans les séries Tchernobyl, Taboo ou le film Jersey Affair, l’Irlandaise Jessie Buckley est aussi une remarquable chanteuse (elle avait terminé deuxième au concours de l’émission de la BBC I’d Do Anything en 2008). Elle habite littéralement toutes les chansons, reprises de standards ou titres originaux (la BO a également fait un carton). En s’inspirant de sa propre passion pour la country, la scénariste Nicole Taylor (Journal intime d’une call-girl, The Hour, Indian Summers), originaire de Glasgow, a donné à cette fable mise en scène par le jeune réalisateur de télévision Tom Harper, un caractère formidablement authentique. Elle a d’ailleurs coécrit plusieurs chansons avec Jessie Buckley, mises en musique par Ian W. Brown et Simon Johnson. Mais s’il est beaucoup question de country dans le film (on apprend au passage que le genre est très populaire à Glasgow – la country se danse et s’écoute dans les pubs, et il s’y tient chaque année des festivals prestigieux), Wild Rose parle surtout de la difficulté de concilier ses rêves et la réalité. Certes, on pourra reprocher aux auteurs d’avoir un peu chargé la mule, de faire un peu trop dans le mélo, mais ces petits défauts n’altèrent pas l’effet galvanisant exercé par ce film et sa fougueuse héroïne.
1 h 41 Et avec Sophie Okonedo, James Harkness, Jamie Sives, Craig Parkinson, Bob Harris…

 

Test Blu-ray

Interactivité ***
Il ne faut pas négliger le montage d’interviews, tant la passion et la générosité des créateurs, la scénariste Nicole Taylor en tête, sont palpables à chaque intervention. On y découvre que la chanson « Glasgow », sommet de Wild Rose, a été cosignée spécialement pour le film par Caitlyn Smith, Kate York et l’actrice Mary Steenburgen.

Image ***
Format : 2.39
L’image, contrastée et naturelle, est dotée d’un joli grain. La définition est rarement prise en défaut.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en français
Sous-titres français non imposés
Sans esbroufe, la piste 5.1 est efficace et enveloppante, et le caisson de basses ne fait pas dans la retenue. Une belle mise en valeur des chansons.

 

BEST OF 2016

FILMS

Je n’en ai retenu que sept cette année. Ils sont pour moi les plus accomplis, dans la forme et le fond. Ils sont aussi ceux que je conseillerais à mes amis, et que je reverrai avec plaisir. Je réserve trois places pour d’éventuels chefs-d’œuvre pas encore vus, comme The Strangers, qui débarque ce mois-ci en DVD/Blu-ray. Suicide Squad, que j’ai adoré, n’y figure pas, mais j’ai dû me faire violence, parce que Margot Robbie y est absolument géniale.

 

THE REVENANT – Alejandro G. Innaritu (février 2016 France)
Critique

 

LES HUIT SALOPARDS (The Hateful Eight) – Quentin Tarantino (6 janvier 2016 France)
Critique

 

ELLE – Paul Verhoeven (mai 2016)
Critique

 

JUSTE LA FIN DU MONDE – Xavier Dolan (septembre 2016)
Critique

 

ROGUE ONE (Rogue One – A Star Wars Story)- Gareth Edwards (décembre 2016 France)
Critique très prochainement

 

LOVE & FRIENDSHIP – Whit Stillman (22 juin 2016 France)
Critique

 

MA LOUTE – Bruno Dumont (mai 2016)
Critique

 

 

SÉRIES

Dans la pléthore de séries diffusées en 2016, j’ai retenu les dix qui m’ont scotchée au fauteuil, dont les huit premières sont de véritables merveilles et ont une vraie dimension cinématographique (ça m’arrache le cœur, mais j’ai  dû écarter The Walking Dead et Mr Robot, un peu décevantes cette année et Westworld, que je qualifierai de « prometteuse » pour le moment).

THE NIGHT OF

 

VINYL

 

GOMORRA Saison 2

 

GAME OF THRONES Saison 5

 

STRANGER THINGS Saison 1

 

AMERICAN CRIME STORY : THE PEOPLE v. O.J. SIMPSON

 

HAPPY VALLEY Saison 2

 

LES ENQUÊTES DE MORSE Saison 3

 

BATES MOTEL Saison 4

 

VIKINGS Saison 4

 

 

MUSIQUE

Pour le fun, voici la playlist de mes dix chansons de l’année, que j’aime pour des raisons diverses et variées et que j’ai véritablement écoutées en boucle, au risque de faire s’étrangler parfois mon rock critic de mari…

Riz MC (Riz Ahmed) – Englistan
Kazy Lambist – All I Wanna Do
The Divine Comedy – Catherine The Great
The Weeknd – Starboy (ft Daft Punk)
Hypnolove -La piscine
David Bowie – Dollar days
The Dandy Warhols – You are killing me
Keren Ann – Insensible World
ABC – Viva Love
Justin Timberlake – Can’t stop the feeling !