WISHLIST NOËL 2023

Douze cadeaux (et plus) à s’offrir entre cinéphiles (l’ordre n’a pas d’importance).

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1 – Le plus attendu

PAUL NEWMAN – LA VIE EXTRAORDINAIRE D’UN HOMME ORDINAIRE
Autobiographie fondée sur des entretiens et témoignages recueillis par Stewart Stern
Traduit par Serge Chauvin
Éditions La Table Ronde (24,50 €)
Novembre 2023

« Il était intègre. Il chérissait obstinément son intimité, et se sentait toujours emprunté quand il donnait une interview. Le simple fait que notre père ait pu envisager d’écrire le livre que vous avez entre les mains nous paraît profondément étrange, et pourtant, il poursuivit ce projet pendant cinq ans. Il l’avait conçu comme une offrande à sa descendance, et peut-être aussi comme un moyen de rétablir publiquement la vérité… »

Ces mots sont ceux de Melissa Newman, la fille cadette de Paul Newman et Joanne Woodward, qui a signé la préface de cette autobiographie passionnante. À partir de 1986, la star des mythiques Butch Cassidy et le Kid, Luke la main froide, La chatte sur un toit brûlant ou de L’Arnaque s’était livré, façon confession intime, à son ami Stewart Stern, fameux scénariste de la Fureur de vivre. Un temps, le projet de ce livre fut abandonné. La mort de l’icône puis celle de Stern auraient pu avoir raison de son existence. Mais la famille, aidée par la productrice et amie Emily Wachtel, a sorti des tiroirs tous ces précieux entretiens, ainsi que témoignages des proches réalisés à l’époque. À la limite de l’autoflagellation, hanté par le syndrome de l’imposteur à cause de sa beauté qui a amplement contribué à sa renommée et qu’il ressentait comme une malédiction, Paul Newman, l’un des acteurs les plus mystérieux au monde, et un peu oublié aussi, se révèle enfin. Un événement.

 

2 – Le plus aquaboniste

ET MOI, ET MOI, ET MOI
Jacques Dutronc
Éditions le cherche midi (18,90 €)
Novembre 2023

Insubmersible Dutronc, qui planqué sur sa planète corse, se rappelle de temps en temps au bon souvenir du public. Après la tournée avec son fils Thomas, achevée en décembre 2022, voici les mémoires tant attendues du plus désinvolte des chanteurs français, et acteur (plutôt bon) à l’occasion. D’ailleurs ici, les passages concernant le cinéma ne manquent pas de sel :

« Zulawski, il fallait presque se mettre en porte-jarretelles pour le séduire ; Maurice Pialat, pour le séduire, il fallait presque lui casser la gueule. » 

Sur Romy Schneider : « Elle ne jouait pas, jamais… Elle avait une telle force qu’il fallait être un colosse pour lui résister. Je me faisais l’effet d’être une Mini Cooper en face d’un 38 tonnes. » 

Derrière ces bons mots constants, reflets de l’intelligence et de la lucidité du trublion, pointent souvent de la tendresse, des regrets, et même un brin de nostalgie. Un régal !

 

3 – Le plus absurde

ZÉRO GRAVITÉ
Woody Allen
Editions Stock (22 €)
Août 2023

Woody Allen n’est plus en odeur de sainteté, mais il a toujours du talent et des bons mots en réserve. Trois ans après sa truculente autobiographie (voir critique) , il est revenu l’été dernier dans le paysage littéraire avec un recueil de nouvelles jubilatoires, dont certaines étaient parues dans le New Yorker entre 2008 et 2013. Un concentré d’absurde et d’humour, qui fera le bonheur de ses fans.

« Faisant montre d’un sang-froid impérial malgré la pression, je me fendis d’un rire décontracté qui ne fut pas sans évoquer le crissement du chat lorsque vous le passez à la déchiqueteuse. »

 

4 – Le plus engagé

DELPHINE SEYRIG
Coffret Blu-ray 6 films
Arte Éditions (45 € sur la boutique Arte, 59,99 prix Fnac)
Novembre 2023

Non Delphine Seyrig, disparue en 1990, n’a pas été que l’extravagante Fée des Lilas de Peau d’âne, même si ce personnage reste iconique, et pas que pour les cinéphiles (Ah ! sa fameuse façon de chanter « La situation mérite attention » …). Cette engagée dans la lutte féministe s’est souvent attachée, en tant qu’actrice, à camper des femmes peu représentées à l’écran.

2023 a vu la ressortie sur les écrans de ses films majeurs en versions restaurées 4K, aujourd’hui disponibles en Blu-ray. Le coffret rassemble ainsi La Musica (1967) de Marguerite Duras et Paul Seban ; Les lèvres rouges (1971) de Harry Kümel ; Le jardin qui bascule (1975) de Guy Gilles ; Aloïse (1975) de Liliane de Kermadec, Jeanne Dielman 23, Quai du Commerce, 1080 Bruxelles (1976) de Chantal Akerman, ainsi que Sois belle et tais-toi ! suivi du moyen et du court-métrage Maso et Miso vont en bateau, et S.C.U.M. Manifesto, tous trois réalisés par Seyrig et le collectif Les Insoumises en 1976. Cinq heures de suppléments enrichissent cette magistrale édition, élaborée en partenariat avec la Cinémathèque française.

DELPHINE SEYRIG – UNE VIE
Mireille Brangé
Éditions Nouveau Monde (10,90 €)
Octobre 2023 (Première édition 2018)

Pour compléter le coffret, on peut se procurer cette réédition du livre de Mireille Brangé en format poche (on le trouve aussi broché). Professeur de littérature générale et comparée à Paris XIII, l’auteur, spécialiste du rapport entre écrivains et cinéma, brosse un portrait très complet de celle qui fut l’égérie de Resnais, admirée par Truffaut et Duras, et qui a tant cherché à échapper à son image.

« On la croit sophistiquée, et ses goûts élitistes : on découvre en s’approchant qu’elle aime le rock, la musique pop, est intarissable sur les protest-singers et les chansons populaires des années 30 qu’elle connaît par cœur. »

 

5 – Le plus dévergondé

WHAT’S NEW PUSSYCAT? (Quoi de neuf, Pussycat ?)
Combo Blu-ray + DVD
Rimini Éditions (24,99 €)
Novembre 2023

Si elle tient davantage de la curiosité que du chef-d’œuvre, cette comédie totalement loufoque, foutraque et débridée réalisée en 1965 par Clive Donner se doit être dans toute bonne vidéothèque. Il s’agit en effet du premier film écrit par Woody Allen (et sa première apparition à l’écran) et de la première musique composée en solo pour le cinéma par le génial Burt Bacharach (La chanson-titre, interprétée par Tom Jones, fera un tube). Cette œuvre pop, totalement dans l’air de son temps — en pleine révolution culturelle et sexuelle –, est également entrée dans les annales grâce à sa distribution : Peter O’Toole, Peter Sellers, Romy Schneider, Ursula Andress, Capucine, Paula Prentiss… À l’origine, ce film sur les déboires d’un séducteur était un projet de Warren Beatty, qui devait même incarner le personnage de Peter O’Toole, avant d’être évincé par son partenaire de production ! L’édition est enrichie d’une interview du génial Peter Sellers et d’une présentation pertinente de Philippe Guedj qui parle de What’s New Pussycat? comme d’une « capsule temporelle pleine de joie de vivre, et qui illustre le chaos dans lequel il a été créé. »

 

6 – Le plus insoumis

BETTE DAVIS : FATIGUÉE D’ÊTRE MOI
Anne-Capucine Blot
Capricci Stories (11,50)
Juin 2023

À cause de ses choix de rôles complexes et souvent ingrats, Bette Davis reste la plus étonnante des icônes américaines. En juillet 2023, le festival de La Rochelle lui a rendu hommage via une rétrospective de ses rôles les plus marquants. Parallèlement, Anne-Capucine Blot, habilleuse de cinéma et collaboratrice de la revue Brefcinéma, a signé ce joli essai, mettant en exergue les épisodes les plus significatifs de sa vie tumultueuse. Forcément, on aime.

 

7– Le plus culte

AMERICAN GRAFFITI 4K ULTRA HD
Édition limitée Steelbook 50ème anniversaire
Universal Pictures France (24,99 €)
Novembre 2023

On ne se lasse pas de redécouvrir le petit bijou réalisé en 1973 par George Lucas, film emblématique de la jeunesse américaine du début des 60’s, doté d’une bande originale décoiffante. On y trouve un nouvel étalonnage des couleurs (on déplore cependant l’absence du grain d’origine), un DTS-HD Master Audio 5.1 percutant en version originale, et des suppléments pour la plupart déjà au menu des éditions précédentes : commentaire audio du réalisateur, essais des acteurs, making of de Laurent Bouzereau ainsi qu’une featurette inédite.

 

8 – Le plus girly

GRACE KELLY – L’UNIVERS ILLUSTRÉ D’UNE ICÔNE DE LA MODE
Megan Hess
Editions L’imprévu (22 €)
Octobre 2023

Après Audrey Hepburn et Marilyn Monroe, la célèbre dessinatrice américaine Megan Hess se penche sur l’itinéraire de celle qui fut l’égérie d’Alfred Hitchcock avant de devenir princesse. Comme toujours, c’est glamour, chic et sublime. L’ouvrage existe également dans sa version originale américaine, encore plus raffinée.

 

9 – Le plus nostalgique

DES MOMENTS DE CINÉMA
François Guérif
Éditions La Grange Batelière (22€)
Avril 2023

Le spécialiste du polar, créateur de la collection Rivages/Noir et cinéphile averti (on lui doit des ouvrages de référence sur Clint Eastwood ou Steve McQueen) a réuni ici des interviews effectuées dans les années 1980 et 1990, à l’âge d’or de la VHS. On peut y savourer cinquante entretiens, de longueur inégale, réalisés à la faveur de sorties cinéma, en salles ou en vidéo. D’Isabelle Adjani à Francis Ford Coppola en passant par François Truffaut, Michel Audiard ou Ennio Morricone, ce sont des témoignages sur le 7ème art pertinents et parfois inattendus.

À Brigitte Lahaie : 

« Que pensez-vous de la phrase de Godard : “Avant on avait appris à filmer au-dessus de la ceinture. Nous aurions dû apprendre à filmer au-dessous ?”
– C’est une phrase que je vais apprendre et garder pour mes futures interviews. Je la trouve très juste. »

À Lino Ventura :

« Y a-t-il un film que vous regrettez ne pas avoir tourné ?
– Ça m’est arrivé d’y penser, mais je ne m’en souviens plus. Ah si, le dernier, c’était
Les choses de la vie. »

 

10 – Le plus monumental

LE CINÉMA D’AGNÈS VARDA – Longs et courts
Coffret 14 DVD
Arte Éditions (60 €)
Octobre 2023

2023, c’était l’année Delphine Seyrig, mais aussi Agnès Varda, célébrée par la Cinémathèque française dans une exposition toujours en cours (elle s’achèvera le 28 janvier 2024), accompagnée de rediffusions des films sur Arte, de DVD et d’un vinyle.

Record battu pour ce coffret imposant et exhaustif, qui revient sur l’œuvre de la réalisatrice pionnière disparue en 2019, qui a inspiré des générations de cinéastes. Onze longs-métrages — incluant les fameux Cléo de 5 à 7 ou Sans toit ni loi — et seize courts, sont ici réunis, enrichis de suppléments tout aussi imposants (8h), dont une éblouissante leçon de cinéma par Agnès Varda elle-même (2h).

VIVA VARDA !
Collection Ecoutez le cinéma ! (21,99 €)
Septembre 2023

Pour enrichir l’expérience, découvrez cet album vinyle consacrée à la musique et chansons des films d’Agnès Varda. On y retrouve des compositions de Michel Legrand, la voix envoutante de Corinne Marchand, mais aussi l’hommage de Vincent Delerm, « La vie Varda ».

 

11 – Le plus fondamental

RÉTROSPECTIVE DOUGLAS SIRK, LES MÉLODRAMES ALLEMANDS
Coffret Blu-ray édité par Capricci (61,20 €)
Octobre 2023

On connaît mieux la période américaine du réalisateur de Ce que le ciel permet, Le secret magnifique ou Le mirage de la vie. Moins sa période allemande, la première. Ce coffret Blu-ray propose de redécouvrir sept mélodrames de Douglas Sirk qui se nommait encore Hans Detlef Sierck, tournés dans son pays d’origine entre 1935 et 1937. Restaurés en 2K ou 4K par la Fondation Murnau, ces premiers chefs-d’œuvre du génial cinéaste sont assortis de trois courts-métrages inédits de Sirk et d’un livret de 48 pages.

 

12 – Le plus enthousiaste

CINÉMA SPÉCULATIONS
Quentin Tarantino
Editions Flammarion (25 €)
Mars 2023

Quentin Tarantino rend hommage au cinéma qu’il aime à la manière d’un Peter Biskind. Avec sa verve et sa propension à déplacer les montagnes, cet admirateur de la critique Pauline Kael s’attarde sur le Nouvel Hollywood, les Movie Brats que sont Scorsese, Coppola, Spielberg etc. et évoque ses films culte, dont Bullitt, de Peter Yates, Guet-Apens de Sam Peckinpah, Delivrance de John Boorman, Sœurs de sang de Brian De Palma ou L’évadé d’Alcatraz de Don Siegel. Tout comme ses anecdotes, ses portraits d’acteurs et réalisateurs sont truculents :

« Et puis il y a Steve McQueen dans le rôle de Frank Bullitt… Rarement, dans toute l’histoire de Hollywood, les stars de cinéma étant ce qu’elles sont, une star de ciné en a fait si peu pour un résultat si grandiose, comme McQueen avec ce rôle dans ce film. Il ne fait pratiquement rien, mais personne dans l’histoire du cinéma n’a fait rien à la manière de Steve McQueen. »

 

On peut également faire un petit tour sur le site de la Boutique des Cahiers du Cinéma, où les livres et hors-séries sont proposés à des prix attractifs.

 

 

 

 

 

 

 

 

Et joyeux Noël !

 

WISHLIST NOËL 2021

Quinze cadeaux à s’offrir entre cinéphiles (l’ordre n’a pas d’importance).

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1 – Le plus nostalgique

 BILLY WILDER ET MOI (Mr Wilder And Me)
Jonathan Coe
Collection Du monde entier – Gallimard
Publié le 8 avril 2021 – 22 €

L’auteur britannique de Testament à l’anglaise et de La vie très privée de Mr Sim imagine la rencontre fortuite, en 1977, d’une étudiante grecque avec le légendaire réalisateur de Certains l’aiment chaud. Elle n’est pas cinéphile, n’a jamais vu un seul film du maître, mais elle va se retrouver interprète sur le tournage de Fedora. Entre cette jeune femme solaire et le vieux cinéaste dont la notoriété et le succès se sont étiolés, se forgera une belle amitié. Un roman charmant, truffé d’anecdotes réelles (on y croise Marthe Keller, Al Pacino et surtout I.A.L. Diamond, le scénariste génial de Wilder) issues d’un vrai travail de recherche de la part de l’auteur.

 

2 – Le plus édifiant

ALICE GUY
Catel & Bocquet
Éditions Casterman
Publié le 22 septembre 2021 – 24,95 €

Paru en 2018, Be Natural, le documentaire de Pamela B. Green, produit par Martin Scorsese, réhabilitait la Française Alice Guy-Blaché, première réalisatrice de l’histoire du cinéma. Catel (au dessin) et José-Louis Bocquet (à l’écriture) enfoncent le clou avec ce magnifique roman graphique, extrêmement documenté et passionnant. Engagée comme secrétaire par Léon Gaumont en 1894, Alice Guy-Blaché dirigera ensuite la production de cette société puis la sienne, Solax, implantée à Fort Lee aux États-Unis. On lui attribue aujourd’hui mille films. Pourtant, cette contemporaine des frères Lumière, Georges Méliès, Louis Feuillade ou Charlie Chaplin a été jusqu’à aujourd’hui injustement oubliée des livres d’histoire et des encyclopédies. Pire : son travail a été attribué à d’autres, des hommes, bien sûr.

 

 

3 – Le plus « Nouvelle Vague »

LES AVENTURES D’ANTOINE DOINEL Coffret Blu-ray
La saga en 5 films de François Truffaut
Carlotta Films
Publié le 1er décembre 2021 — 50 €

Les 400 coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal, L’amour en fuite ont été pour l’occasion restaurés en 4K. Ce coffret 4-Blu-ray, inespéré pour les fans de François Truffaut, assortit les films de pléthore de suppléments, dont le court-métrage Les mistons, mais aussi des commentaires audio, des entretiens, des reportages d’époque, des essais des comédiens etc. Il existe aussi en version HDR (High Dynamic Range), pour une qualité d’image encore plus impressionnante, à 75 €. Pour couronner le tout, les visuels du coffret et des jaquettes de chaque film, signés par l’artiste Tom Haugomat, sont sublimes.

 

4 – Le plus iconique

FRANÇOIS TRUFFAUT – FILM PAR FILM
Laurent Delmas, Christine Masson
Éditions Gallimard
Publié le 14 octobre 2021 — 39,90 €

On en revient toujours à Truffaut. Les deux critiques et chroniqueurs de l’émission de cinéma On aura tout vu, sur France Inter, se sont penchés sur l’œuvre du père d’Antoine Doinel. L’histoire de chacun des vingt-cinq films du réalisateur est évoquée à grand renfort d’anecdotes de tournage et de belles photographies. Un très beau livre, malgré une photo de couverture un peu tristounette, dont la préface, intitulée Pourquoi François Truffaut nous est indispensable, est signée Arnaud Desplechin, ce qui ne gâte rien.

 

5 – Le plus romantique

PANDORA Coffret Ultra Collector Combo Blu-ray + DVD
Albert Lewin
Carlotta Films
Paru le 27 octobre 2021 — 49,99 €

Dans les années 30, la rencontre entre une chanteuse américaine et un homme mélancolique qui n’est autre que le Hollandais volant de la légende, condamné à errer sur les mers jusqu’à ce qu’une femme soit prête à mourir pour lui… La divine Ava Gardner et James Mason ont fait de cette relecture d’un mythe un chef-d’œuvre du 7ème art. Même si on a l’impression de connaître le film par cœur, on le découvre ici dans toute sa splendeur, grâce à la restauration 4K. Il est enrichi de bons suppléments dont les souvenirs de tournage du chef opérateur Jack Cardiff, d’un beau livre de 160 pages de Patrick Brion, incluant 30 photos d’archives et d’un chouette marque-page numéroté (ce coffret Ultra Collector est le 20ème de la collection). À noter que le film est également disponible en éditions simples séparées, Blu-ray ou DVD, à 19,99 €

 

6 – Le plus cérébral

MICHAEL MANN – MIRAGES DU CONTEMPORAIN
Jean-Baptiste Thoret
Éditions Flammarion
Publié le 22 septembre 2001  – 35 €

Jean-Baptiste Thoret est « le » spécialiste de Michael Cimino. Mais pas que. Il admire aussi beaucoup Michael Mann, qui fait le lien entre le Nouvel Hollywood (Mann réalise son premier film, Le solitaire, en 1981) et aujourd’hui, imprimant de sa marque singulière, décennie après décennie, une industrie hollywoodienne formatée. Le dernier des Mohicans, Heat, Collateral, Miami Vice… À cheval entre le classique et le moderne, le film d’auteur et le blockbuster, ce cinéaste esthète qui ne cesse d’approfondir son style et ses obsessions méritait cette analyse pointue de l’historien et critique français, fruit de vingt-cinq années de réflexion sur l’œuvre du réalisateur américain.

 

7 – Le plus cool

COWBOY BEBOP INTÉGRALE
Edition Gold (Dybex)
Paru en 2008  – 9,99 € chez Auchan

Un tout petit prix pour un grand cru. Si vous n’avez pas été conquis par la récente adaptation en live action, diffusée sur Netflix, vous pouvez vous consoler avec ce coffret 7-DVD. Les vingt-six épisodes de la série d’animation culte de Watanabe Shinichirô sont assortis d’un livret. See you space cowboy…

 

8 – Le plus « eighties »

COFFRET JOHN HUGHES – 5 FILMS
Edition Blu-ray ou DVD Paramount Exclusivité Fnac
Paru le 12 octobre 2021 – 39,99 € BR ou DVD

Si, comme moi, vous étiez jeune dans les années 80 et fan de John Hughes par-dessus le marché, ce coffret est juste indispensable. Seul bémol, il ne comprend pas Breakfast Club. Mais il regroupe Un ticket pour deux (Planes, Trains And Automobiles) et les comédies ado La folle journée de Ferris Bueller (Ferris Bueller’s Day Off), Rose Bonbon (Pretty In Pink), dont deux moins connues : La vie en plus (She’s Having A Baby) avec Kevin Bacon et Elizabeth McGovern, et l’épatante La vie à l’envers (Some Kind Of Wonderful) réalisée par Howard Deutch (écrite et produite par John Hughes) avec l’exquis trio Eric Stoltz, Mary Stuart Masterson et Lea Thompson.

 

9 – Le plus exotique

DICTIONNAIRE DU CINÉMA CORÉEN
Antoine Coppola
Éditions Nouveau Monde
Paru le 17 novembre 2021 – 22,90 € BR

Les récents succès de Parasite, Dernier Train pour Busan ou de la série Squid Game en témoignent : la Corée du Sud en a sous le capot. Pour mieux appréhender le fruit de cette industrie en plein essor, le critique Antoine Coppola a sélectionné les films qui comptent, parus au cours des deux dernières décennies, mais aussi les réalisateurs et les acteurs. On y découvre aussi des études thématiques, des bilans annuels etc. Antoine Coppola est professeur à l’université Sungkyunkwan de Séoul. Autant dire qu’il sait de quoi il parle.

 

10 – Le plus enchanteur

FRANÇOIS DE ROUBAIX – COMPOSITEUR ET AVENTURIER
Coffret 5 LP Couleur
Collection Écoutez le cinéma !
Paru en novembre 2021 — 98,99 €

Une anthologie en vinyle pour les amoureux de ce monument de la musique de film, auquel on doit des thèmes inoubliables (Les aventuriers, Le vieux fusil, Le samouraï…). Si ce coffret de rêve, incluant des titres jamais réédités, ne rentre pas dans votre budget, vous pouvez toujours vous tourner vers d’autres vinyles de la collection, comme celui-ci, à 14,99 €

 

11 et 12 – Les plus fondamentaux

SUR LA ROUTE DE CLINT EASTWOOD
Marc Godin

QUENTIN TARANTINO – LE CINÉMA DANS LE SANG
Marc Godin et Denis Brusseaux

Éditions du Layeur
Parus le 2 décembre 2021 — 29,90 € chacun

Ces deux beaux ouvrages reliés, tous chauds pour Noël, se penchent sur la filmographie de deux réalisateurs essentiels du cinéma américain, dont l’un est une légende. Retour sur la filmographie, iconographie somptueuse, anecdotes, interviews. Bref, deux livres incontournables !

 

13 – Le plus poignant

PATRICK DEWAERE — À PART ÇA LA VIE EST BELLE
Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan
Éditions Glénat
Publié le 6 janvier 2021

Un bel hommage en bande dessinée à Patrick Dewaere, acteur génial et écorché vif, qui s’est donné la mort à trente-cinq ans. Le livre met en exergue son côté sombre, torturé, hypersensible et sale gosse, souvent. On y croise Serge Gainsbourg, Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Coluche, Lino Ventura, Bernard Blier… Il reste notre James Dean à nous.

 

14 – Le plus spirituel

UNE ABONDANCE DE PIGEONS
Harry Bliss et Steve Martin
Éditions Baker Street
Publié le 9 juin 2021 — 20 €

Lorsqu’un célèbre dessinateur du New Yorker et un comique de la trempe de Steve Martin se rencontrent, ça fait des étincelles ! Ce recueil de dessins humoristiques est un régal. Des histoires de chiens et chats à l’espace galactique ou aux musées d’art, tout est prétexte à une réflexion pertinente, comme ce couple se promenant au bord de la mer qui découvre qu’il y a un homme au loin, sur la falaise. Le premier se retourne vers sa compagne et dit : « Il y a trop de monde, on s’en va. »

 

15 – Le plus imposant

JANE CAMPION par JANE CAMPION
Michel Ciment
Cahiers du Cinéma
Publié en 2014 — 24,99 €

Certes, ce n’est pas une nouveauté, mais il est toujours disponible, à un prix très abordable, et on s’en réjouit. Ce très beau livre plutôt monumental regroupe trente ans d’entretiens de la cinéaste avec le critique Michel Ciment. Toutes ses œuvres sont abordées jusqu’à l’épatante série Top Of The Lake, et illustrées avec des photos magnifiques, dont certaines proviennent des archives personnelles de Jane Campion. En bonus, on y trouve le DVD du chef-d’œuvre La leçon de piano. À noter que que la réalisatrice néo-zélandaise est mise à l’honneur sur Netflix pour les fêtes. Outre The Power Of The Dog, son dernier cru, la plateforme propose de retrouver Sweetie, La leçon de piano et Bright Star.

★★ ET JOYEUX NOËL ! ★★

ÊTRE CARY GRANT

« Tout le monde veut être Cary Grant. Même moi, je veux être Cary Grant. »      Cary Grant

 

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ÊTRE CARY GRANT

Photo Bettmann

Martine Reid
Essai publié chez Gallimard le 13 mai 2021

Icône de l’âge d’or d’Hollywood, roi de la screwball comedy (la comédie loufoque) et de la « comédie de mariage », Cary Grant a illuminé de sa présence et de son charme moult chefs-d’œuvre, signés par les plus grands réalisateurs de son temps : Howard Hawks, George Cukor, Leo McCarey, Frank Capra, Alfred Hitchcock, Stanley Donen… Mais que dissimulaient réellement son flegme séduisant, son sens de la dérision et son élégance à toute épreuve ? Martine Reid, professeur et spécialiste de la littérature féminine du 19ème siècle, s’est penchée sur l’énigme de l’acteur à l’irrésistible fossette (« un menton en fesses d’ange » selon Mae West).

« En 1932, la direction de Paramount Pictures a transformé un Anglais d’origine modeste, Archibald Alexander Leach, né à Bristol en 1904, en leurre de cinéma. Pour ce faire, elle a commencé par lui attribuer un nom de fantaisie, composé de trois syllabes faisant office de nom mirage, d’indice scintillant. Il a été baptisé Cary Grant pour incarner un type, moitié clown, moitié héros sentimental, dont le public de cinéma est alors particulièrement friand. Une fois pourvu de ce nom, comme un chien porte un collier, un prisonnier son matricule, l’homme a été maquillé, habillé de neuf, placé sous le feu des projecteurs. »

Avec Mae West dans Je ne suis pas un ange (I’m Not Angel) de Wesley Ruggles (1933)

L’enfance d’Archibald Alexander Leach, futur Cary Grant, n’a pas été radieuse. S’il s’est appliqué à l’oublier, il n’en a jamais véritablement guéri : des parents de condition modeste vite désunis, une mère instable qui disparaît du jour au lendemain. On lui dit qu’elle est morte d’une crise cardiaque, en fait, elle a été internée. Elle refera surface des années plus tard. Le jeune Archie, qui a déjà traversé l’Atlantique avec la troupe d’artistes de cirque dont il fait partie, apprend sa résurrection par une lettre au ton laconique de son père (l’alcoolisme aura raison de ce dernier en 1935). Changer d’identité, en même temps que de continent, était alors salutaire pour le jeune Archie Leach qui fera plusieurs métiers dans le music-hall avant de tenter sa chance au cinéma. Ironiquement, il donnera son patronyme au petit chien qu’il s’offrira avec un de ses premiers cachets d’acteur.

Toute sa vie, explique Martine Reid, Cary Grant sera soumis à cette double-identité, comme il l’a confié lui-même :

« J’ai passé la plus grande partie de ma vie à osciller entre Archie Leach et Cary Grant, peu sûr de chacun d’eux, les suspectant tous les deux. »

Plus qu’aucun autre réalisateur, Alfred Hitchcock saura formidablement bien tirer profit de cette ambiguïté et de la part d’ombre de l’acteur. Dans La mort aux trousses, il est constamment pris pour un autre. Et dans Soupçons, le comportement équivoque de son personnage de playboy volontiers menteur amène sa riche épouse à penser qu’il a l’intention de se débarrasser d’elle. Le comédien est si convaincant que, comme elle, le spectateur se demande durant tout le film si cet homme séduisant n’est pas un être épouvantablement machiavélique.

Mais si Hitchcock en avait été tenté, ni le public, ni le comédien lui-même n’avaient envie d’écorner l’image si lisse acquise avec le temps :

« Il demeurera jusqu’à la fin de sa carrière tel que le cinéma l’a figé : aussi honnête que beau, aussi vrai que bon, dusse-t-il disséminer cette bonté derrière une dureté de façade… »


Avec Ingrid Bergman dans Les enchaînés (Notorious) d’Alfred Hitchcock

Son un mètre quatre-vingt-sept, sa manière de porter le costume (il est régulièrement élu « Homme le plus séduisant » ou « élégant de l’année » par les magazines), et son sourire narquois aurait fait de ce natif d’Albion un James Bond de rêve. Sollicité par son ami Albert R. Broccoli, le producteur de la saga, avant le tournage de James Bond 007 contre Dr No, Grant a cependant décliné la proposition, ne souhaitant pas s’engager dans une franchise. D’autant qu’au début des années 60, l’acteur n’a plus le même enthousiasme à incarner l’homme idéal. Et puis, dans sa vie privée, ce n’est pas la même chanson. Tous ses mariages (il a convolé à cinq reprises), hormis le dernier, seront des échecs. Tourmenté, autoritaire, anxieux, maniaque, facilement dépressif avec une tendance à la neurasthénie (il subira un traitement au LSD), il a poussé ses moitiés à jeter l’éponge bien vite. Un seul enfant naîtra de ses unions, Jennifer, fille de Dyan Cannon, en 1966. Bien que les rumeurs de bisexualité aient circulé dès ses débuts, et notamment lors de sa vie en collocation avec Randolph Scott dans les années 30, rien n’a réellement éclaté au grand jour. L’acteur lui-même a toujours démenti et sa fille a révélé dans son livre de souvenirs que ces rumeurs amusaient beaucoup son père.


Avec son épouse, l’actrice Dyan Cannon, et sa fille Jennifer


Cary Grant dans l’un de ses derniers films, Charade, de Stanley Donen (1963), aux côtés d’Audrey Hepburn

En universitaire, Martine Reid s’attarde un peu trop sur la mécanique du star system et la fabrication des mythes. Mais son portrait désenchanté et mélancolique de Cary Grant ne manque pas de pertinence. Il s’achève par la mort de l’acteur, à quatre-vingt-deux ans, le 29 novembre 1986, provoquée par une crise cardiaque survenue dans un hôtel de Davenport (Iowa) où il était venu donner une conférence sur… lui-même ! Il n’empêche : Cary Grant continue à vivre à l’écran, au gré des rediffusions des chefs-d’œuvre que les nouvelles générations découvrent avec le même émerveillement. Et que dire des comédies virevoltantes comme Indiscrétions, La dame du vendredi ou L’impossible Monsieur Bébé, elles lui ont assuré la jeunesse éternelle.

« Sa manière de se mouvoir dans l’espace à grandes enjambées, de tirer parti de sa hauteur avec un aplomb facétieux, de saisir doucement ses interlocutrices par les bras alors qu’il tente de les convaincre de la justesse de ses vues, de manifester, par l’expression de son visage, le décalage entre ce qu’il dit et ce qu’il pense, de partir de beaux éclats de rire ou encore d’attendre, sincèrement conquis parfois mais toujours secrètement amusé, le moment de glisser une déclaration d’amour… »


Avec Katharine Hepburn dans L’impossible Monsieur Bébé (Bringing Up Baby), d’Howard Hawks (1938)


Avec Jean Arthur dans Seuls les anges ont des ailes (Only Angels Have Wings) d’Howard Hawks (1939)


Avec Rosalind Russel et Ralph Bellamy dans La dame du vendredi (His Girl Friday) d’Howard Hawks (1940)


Avec James Stewart et Katharine Hepburn dans Indiscrétions (The Philadelphia Story) de George Cukor (1940)


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