LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT

Il y a des films qui donnent envie de courir les voir dès l’annonce de leur parution. Celui d’Emmanuel Mouret est de ceux-là. D’abord, il y a le titre, espiègle. Et puis parce que depuis la disparition d’Eric Rohmer, le réalisateur de Changement d’adresse, Un baiser s’il vous plaît, Caprice ou le récent Mademoiselle de Joncquières, qui n’en finit pas d’explorer l’art d’aimer, est un des rares à pratiquer un cinéma hors du temps et courtois, aux dialogues spirituels et à la mise en scène aussi précise qu’une horloge suisse. Attention, sous des dehors frivoles, ce ballet sentimental se révèle parfois grave et souvent cruel. On en sort ébloui.

 

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« Je ne veux pas être la maîtresse d’un homme marié.
– Je n’aurais pas dû te dire que j’étais marié.
– Si, sinon je n’aurais pas couché avec toi.
– Mais pourquoi tu as voulu coucher avec moi alors ?
– Parce que tu étais marié, en pensant que, justement, tu n’allais pas vouloir recommencer. »

 

LES CHOSES QU’ON DIT, LES CHOSES QU’ON FAIT

Emmanuel Mouret
2020
En salles depuis le 16 septembre

Maxime (Niels Schneider) est invité en Provence dans la maison de vacances de son cousin François (Vincent Macaigne) qu’il n’a pas vu depuis longtemps. Il est accueilli par Daphné (Camélia Jordana), la compagne de ce dernier, qui lui explique que François a été retenu quelques jours à Paris. Entre deux balades touristiques, Maxime et Daphné font peu à peu connaissance en faisant le récit de leurs histoires d’amour respectives et plutôt compliquées…

Après la rigueur de Mademoiselle de Joncquières (lire ma critique), inspiré de Diderot, Emmanuel Mouret se tourne vers l’univers de Marivaux. D’ailleurs, Les choses qu’on dit, les choses qu’on fait aurait pu s’intituler Le jeu de l’amour et du hasard. Ce qui intéresse le cinéaste ici, c’est l’inconstance, celle qui pousse les hommes et les femmes à mentir, à se mentir, à trahir, à douter, à se mettre dans des situations rocambolesques et à faire parfois exactement l’inverse de ce que la raison leur dicte. Maxime (Niels Schneider, un regard de chien battu) est ainsi ballotté d’une intrigue à une autre sans jamais avoir de prise sur les événements. Brillamment écrit et orchestré (façon réaction en chaîne), avec une fluidité et une précision dignes du cinéma de Woody Allen, ce ballet sentimental est un régal. Les tourments amoureux des personnages (séduction, tentation, passion, déception… mais au fond, qu’est ce que l’amour ?) engendrent des scènes parfois cocasses, parfois cruelles (des chefs-d’œuvre de la musique classique font un pertinent contrepoint). S’il n’exclut pas d’y mettre de la gravité, le regard que porte le cinéaste sur ses personnages est constamment bienveillant, jamais moralisateur, et aucun d’entre eux n’apparaît méprisable. Comme souvent, Mouret a sollicité des comédiens inattendus dans un tel registre, et tous sont à la hauteur (Camélia Jordana, à contre-emploi, est très appliquée, et Émilie Dequenne, dans une partition touchante, est particulièrement excellente). On ne s’ennuie pas une seconde durant ce chassé-croisé amoureux de deux heures, ponctué de flash-backs, de rebondissements et de suspense, illustration joyeuse du proverbe : « l’être humain est un éternel insatisfait ».
2 h 02 Et avec Guillaume Gouix, Jenna Thiam, Julia Piaton, Louis-Do de Lencquesaing…

 

WOODY ALLEN Soit dit en passant – Autobiographie

« Je n’ai aucune idée de génie, aucune pensée sublime, aucune compréhension des poèmes qui ne commencent pas par ‘Les roses sont rouges, les violettes sont bleues’. Je possède en revanche une paire de lunettes à monture noire, et je suppose que ce sont elles, en plus d’un certain don pour m’approprier des citations tirées de sources savantes trop profondes pour que je les comprenne, mais utilisables néanmoins dans mon travail pour créer l’illusion que j’en sais plus que je n’en sais, qui maintiennent à flot la barque de ce conte de fées. »

 

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WOODY ALLEN

Soit dit en passant – Autobiographie
Traduction française de Apropos of Nothing parue chez Stock le 6 juin 2020 (version originale publiée en mars 2020 chez Arcade Publishing)

Un jour, peut-être, on apprendra que Woody Allen est un monstre doublé d’un menteur invétéré. Mais, comme dirait Aragorn, « ce jour n’est pas arrivé ». Et, après avoir lu cette autobiographie aussi brillante que décapante, je doute fort qu’il arrive tout court. Dans le passage consacré à « l’affaire », le cinéaste remet les pendules à l’heure d’une manière si limpide qu’on a la sensation d’être projeté dans une tragicomédie absurde où le monde marcherait sur la tête. Le fait incriminant – Dylan Farrow, fille adoptive de sept ans de Mia Farrow et du cinéaste, confie à un médecin avoir subi des attouchements de la part de ce dernier — s’est déroulé en 1992, durant la production de Maris et femmes, ultime fois où Allen dirigera Mia Farrow (après avoir traîné son compagnon dans la boue, cette dernière insistera quand même pour être du prochain film…). A l’époque, malgré le déchaînement de la presse, des tabloïds et des pédopsychiatres de tous poils (Allen s’était plié de bon gré à des tests divers et variés, et était même passé, à son grand amusement, au détecteur de mensonges), la police avait conclu qu’il n’existait aucune preuve tangible et que la déclaration était dénuée de fondement. La vengeance de Mia Farrow, qui venait de découvrir la récente liaison que son ex-compagnon entretenait avec Soon-Yi Previn, une des trois filles adoptées avec son ex-époux, le célèbre chef d’orchestre André Previn, n’avait fait que salir l’image du réalisateur new-yorkais. La discrète Soon-Yi, alors âgée de vingt-deux ans, a d’ailleurs confié à la presse que la folie furieuse et l’hystérie de sa mère ne dataient pas d’hier. Mais pourtant, « l’affaire » a ressurgi à plusieurs reprises et notamment à la faveur du scandale Harvey Weinstein et du mouvement #MeToo (soit vingt-cinq ans après les faits). Aujourd’hui, le cinéaste est plus que jamais dans le collimateur des médias encouragés par le clan Farrow qui s’évertue à mettre en avant la douleur d’une Dylan toujours coachée par sa mère et son frère Ronan, tombeur d’Harvey Weinstein (et fils naturel de Woody Allen).

Woody Allen et son épouse Soon-Yi à l’avant-première de Midnight In Paris (Photo by Theo Wargo – © 2011 WireImage – Getty Images)

D’autres, écœurés et anéantis, auraient choisi de mettre bas les marteaux et le cap sur une île déserte. Mais soutenu par son épouse Soon-Yi (sa femme depuis vingt-deux ans), leurs deux filles Manzie et Bechet, et des amis (Diane Keaton, Alec Baldwin, Scarlett Johansson…) qui, à contre-courant d’Hollywood (Greta Gerwig, Timothée Chalamet ont clairement fait entendre qu’ils regrettaient d’avoir collaboré avec lui…) ne lui ont rien planté dans le dos, Woody a ravalé sa peine et a continué à faire des films. C’est aussi grâce à l’Europe qui, contrairement à l’Amérique, lui voue un culte, que le cinéaste a pu poursuivre son œuvre. Mais laissons là cette triste affaire, qui n’occupe qu’une partie de ses Mémoires. Dans Soit dit en passant (le titre original, Apropos of Nothing, est bien plus ironique), Woody se raconte, de sa naissance le 1er décembre 1935 à Brooklyn jusqu’à aujourd’hui, avec une verve qui réjouira les amoureux de ses films.

« J’étais en bonne santé, populaire parmi mes camarades, très sportif, toujours choisi en premier quand on formait des équipes, je jouais très bien au ballon, courais vite, et pourtant, je me suis débrouillé pour finir nerveux, peureux, trop émotif, toujours au bord de perdre mon calme et franchement misanthrope, claustrophobe, solitaire, amer et incurablement pessimiste. »

Son amour pour New York transpire à chaque page, et la description des ambiances du Manhattan de son adolescence et de ses débuts de comique, dont il a souvent imprégné ses films, est irrésistible. On y découvre comment d’Allan Stewart Königsberg il est devenu Woody Allen ; la flopée d’artistes tous aussi pittoresques les uns que les autres avec qui il a frayé tout au long de sa vie ; que de tous les personnages qu’il a créés, celui qui lui ressemble le plus est celui de Cecilia dans La rose pourpre du Caire (lequel, ironie de la vie, est interprété par Mia Farrow, dont, magnanime, il ne tarit pas d’éloges sur les talents d’actrice). Il évoque également son mépris pour les récompenses, Oscars compris, son désintérêt pour les critiques, bonnes ou mauvaises, et sa répulsion pour la vie à la campagne et tous les inconvénients qui vont avec. Son aversion pour la conduite vaut également des lignes particulièrement désopilantes :

« Me mettre un volant entre les mains, c’était comme confier un missile balistique intercontinental à un enfant de trois ans. Je conduisais trop vite. Je me déportais et tournais là où il n’y avait aucune raison de le faire. Je ne savais pas me garer en marche arrière. Je dérapais hors de tout contrôle. Je n’avais aucune patience dans les embouteillages et je voulais quitter mon véhicule et le laisser là pour toujours au milieu de la rue si elle était encombrée… »

Woody parle de ses amours devenues amitiés indéfectibles — avec Louise Lasser (sa deuxième épouse), Diane Keaton (dont il est également sorti avec les deux sœurs, Robin et Dorrie…)… — de son goût pour les femmes un peu folles (il le paie cher aujourd’hui…), de ses rencontres inoubliables (Bergman, Danny Simon, Pauline Kael, Truffaut), de celles qui ne manquent pas de sel (la Reine d’Angleterre, Cary Grant) ou qu’il a loupées (Fellini). Il ne tarit pas d’éloges à propos des acteurs et actrices qu’il a dirigés et les anecdotes des tournages de ses films, dont il n’aborde jamais les aspects techniques (il dit ne rien y comprendre, son talent est plutôt de s’entourer des meilleurs), valent leur pesant de cacahuètes. Mégalomane assumé, mais convaincu qu’il n’arrive pas à la cheville de ses maîtres (Bergman en tête), Woody Allen continue à clamer qu’il n’a pas encore réalisé un seul grand film mais qu’il persiste à essayer. Sa lucidité maladive et sa manie de tout relativiser font qu’il souffre d’une fâcheuse tendance à sous-estimer ses œuvres, accordant peu de crédit à certaines, et jugeant d’autres carrément affligeantes. Même Manhattan n’y échappe pas :

« Je n’ai pourtant pas aimé Manhattan au montage. J’ai même proposé à United Artists de réaliser gratuitement un autre film s’ils acceptaient de détruire celui-ci et de ne pas le sortir en salles. »

Soit dit en passant révèle que ce grand anxieux prise les comédies de l’âge d’or d’Hollywood, en particulier celles qu’il surnomme « les comédies au champagne », et qu’il considère Un tramway nommé désir de Kazan comme « l’œuvre d’art la plus accomplie de son époque ». Il tourne en dérision les humoristes d’aujourd’hui, qui marchent de long en large et se jettent de temps à autre sur une bouteille d’eau qui trône invariablement sur une table. « D’où sortent donc tous ces humoristes assoiffés ? » et affirme, comme il l’a toujours fait, que ce qu’il adviendra de son travail après lui n’a pas la moindre importance : « Après ma mort, je soupçonne que peu de choses me courront sur le haricot, pas même ce bruit agaçant que fait la tondeuse du voisin. » Avec espièglerie, il va jusqu’à écrire que la fausse accusation à son encontre a « ajouté une dimension dramatique fascinante à une vie par ailleurs routinière. »

Bref, ce livre, dont la publication a été chahutée, est un régal, un bijou d’intelligence, de sagesse et de drôlerie. S’il faut croire en quelque chose ou quelqu’un en ce monde, moi je crois en Woody Allen.

« Comme je ne crois pas en l’au-delà, je ne vois pas vraiment quelle différence cela fait que les gens se souviennent de moi comme d’un cinéaste ou d’un pédophile. Tout ce que je réclame, c’est qu’on disperse mes cendres à proximité d’une pharmacie. »

UN JOUR DE PLUIE À NEW YORK

UN JOUR DE PLUIE À DEAUVILLE

 

En accord avec le film d’ouverture, c’est sous les nuages que Deauville a ouvert vendredi soir la 45èmeédition du Festival du Film Américain. Une coupe au Normandy, vers 18 heures, histoire de vérifier que l’ami Rodolphe Baudry avait pris position dans le carré interview de France Bleu, avant de retrouver la bande à l’O2, le bar lounge du Casino Barrière, où l’on a attendu la fin de la pluie en sirotant du champagne au son de remixes de chansons vintage. « Quizás, Quizás, Quizás » Plus tard dans la soirée, on croisera Roman Polanski dans le hall du Normandy, qui ignorait à ce moment qu’il allait décrocher le Prix du Jury le lendemain à Venise (pour J’accuse) où il était, un comble, persona non grata. Il pleuviotait encore un peu lorsqu’on est entrés au Palais des Congrès, alors que sur le tapis rouge, Pierce Brosnan, invité du jour, répondait aux questions de l’indispensable Genie Godula. Les membres du jury présidé par Catherine Deneuve avaient déjà pris place dans la salle (Gaspard Ulliel, Orelsan, Gaël Morel, Nicolas Saada, Claire Burger…) ainsi que ceux de celui de la Révélation chapeauté cette année par Anna Mouglalis. Tout ce petit monde aura une semaine pour départager les quatorze longs-métrages en compétition, dont neuf premiers films. Le maire de Deauville a officiellement ouvert l’édition avant de céder la place au réalisateur Régis Wargnier qui a rendu un hommage vibrant et joliment tourné à celui qui fut 007 de 1995 à 2002. Emu, Pierce Brosnan, aussi barbu qu’élégant, est revenu sur sa carrière avec modestie et humour, reconnaissant que sans James Bond, il n’aurait pu avoir cette vie-là. Acteur de talent (The Tailor Of Panama, The Ghost Writer,Mamma Mia !, la série The Son…) et désormais producteur heureux très concerné par l’écologie (il a réalisé avec son épouse le documentaire Poisoning Paradise, présenté hors compétition à Cannes en 2018) et l’interdiction des armes à feu, l’Irlandais à la voix un peu voilée par un léger rhume, a toujours sacrément la classe, à tous points de vue.

Photo Olivier Vigerie

 

 WOODY ALLEN ET LA FRANCE : UNE HISTOIRE D’AMOUR

Photo Sundholm, Magnus/Action Press/Rex.Sutterstock

« J’ai le cœur brisé d’être retenu aux Etats-Unis, j’aurais aimé être présent. »

Puisqu’il ne pouvait être à Deauville, Woody Allen a quand même tenu à enregistrer un petit communiqué à l’intention du public, qui a été diffusé juste avant la projection de Un jour de pluie à New York tourné en 2017. Le cinéaste new-yorkais, accusé en plein mouvement #MeToo d’agression sexuelle par sa fille adoptive Dylan Farrow alors qu’elle n’avait de sept ans, a été lâché par son distributeur Amazon et vu son film privé de sortie aux Etats-Unis. Même si les poursuites à l’encontre du réalisateur (qui a toujours nié les faits) ont été abandonnées après deux enquêtes, la programmation en première au festival de Deauville a irrité les féministes. Dans sa petite allocution, Woody Allen dont la parole est plutôt rare, a tenu à remercier le public français qui a toujours défendu ses films. Vu la qualité de celui-là, il eut été dommage qu’il reste à jamais dans les tiroirs.

 

« Real life is fine for people who can’t do any better. »

 

UN JOUR DE PLUIE À NEW YORK (A RAINY DAY IN NEW YORK)


Woody Allen
2019
Dans les salles françaises à partir du 18 septembre 2019

Bien qu’élève à Yardley, université provinciale choisie par sa mère autoritaire, Gatsby Welles (Timothée Chalamet), intello et joueur de poker invétéré, est new-yorkais de cœur. Ainsi lorsqu’Ashleigh (Elle Fanning), sa petite amie étudiante originaire de l’Arizona, lui apprend qu’elle doit se rendre à New York afin d’interviewer un cinéaste célèbre pour la gazette de l’université, Gatsby se réjouit à l’idée de lui faire découvrir les lieux qu’il aime. Mais il semble que le destin a décidé de jouer des tours aux deux jeunes gens, à l’image du ciel new-yorkais, de plus en plus maussade…

A quatre-vingt-trois ans, Woody Allen continue à faire des films d’une fraîcheur et d’une fantaisie sidérantes. Un jour de pluie à New York, privé de sortie aux Etats-Unis, mais heureusement pas dans de nombreux pays d’Europe, est une comédie romantique absolument exquise, dont les protagonistes ont à peine vingt-cinq ans. En étudiant intello et sarcastique, réfractaire à sa famille WASP et fortunée, passionné de jazz, de littérature et joueur de poker doué, Timothée Chalamet est renversant. Le jeune phénomène franco-américain révélé par Call Me By Your Name est en quelque sorte la version idéalisée du cinéaste jeune, qui a confié avoir mis beaucoup de lui dans ce personnage en décalage avec son époque. Sa petite amie est campée par une Elle Fanning irrésistible dans son numéro d’ingénue ambitieuse. Cette adorable provinciale a le chic pour se mettre dans des situations rocambolesques, en conservant quoi qu’il arrive son allure de jeune fille de bonne famille. Au hasard de leurs rencontres respectives, les deux tourtereaux vont aller de découvertes en déconvenues et vice versa, et en apprendre davantage sur eux-mêmes. On baigne ici dans du pur Woody Allen, avec des personnages à la croisée des chemins et un héros (au nom prédestiné) qui ne cesse d’argumenter et de chercher un sens à sa vie. On y parle beaucoup et on rit énormément. Le cinéaste parvient à faire de petits riens des grands moments de cinéma. Il est aidé par le talent du chef opérateur Vittorio Storaro (Le dernier tango à Paris, Apocalypse Now…) qui confère à ce New York sous la pluie un aspect magnifiquement iconique. Sous des airs choisis, les jeunes protagonistes emportent les spectateurs des grands hôtels aux clubs de jazz, en passant par le MoMA et sans oublier Central Park et sa balade en calèche. Quiproquos, occasions manquées, révélations… Tout cela est charmant, spirituel, mélancolique, terriblement intelligent et infiniment romantique.
1h 32. Et avec Selena Gomez, Jude Law, Rebecca Hall, Liev Schreiber, Kelly Rohrbach, Diego Luna, Cherry Jones…

Site officiel Festival du Film Américain de Deauville 2019