CAMILLE REDOUBLE

La comédie fantastique de Noémie Lvovsky avait fait l’unanimité à sa sortie. Critiques dithyrambiques, treize nominations aux César. Au vu du film, on peut légitimement se demander pourquoi.

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Camille redouble
Noémie Lvovsky
2012

A quarante ans, Camille (Noémie Lvovsky) est littéralement au bout du rouleau. Réduite à cachetonner dans des productions médiocres, l’actrice, alcoolique invétérée, est maternée par sa fille au point que son mari (Samir Guesmi), qui ne la supporte plus, a décidé de mettre les voiles. La nuit de la Saint Sylvestre, lors d’une soirée arrosée chez sa meilleure amie, elle s’évanouit. Lorsqu’elle se réveille à l’hôpital, ses parents, pourtant décédés depuis longtemps, sont à son chevet, et tout le monde a l’air de penser qu’elle a seize ans…

Noémie Lvovsky, réalisatrice à ses heures, est d’ordinaire une actrice remarquable. Ses récentes prestations dans Les adieux à la reine et L’Apollonide le démontrent. Pourtant, dans cette œuvre très personnelle qu’elle a écrite et réalisée, et dont elle est quasiment de tous les plans, elle surjoue, minaude et agace. D’autre part, cette tragi-comédie sur le temps qui passe et les illusions perdues frise dangereusement la caricature et la franchouillardise. Tout y est gris, morbide et même les clins d’œil musicaux aux années 80, prévisibles (Nena, Bananarama…), ne parviennent pas à dissiper la sensation de malaise qui plombe le film (la cerise sur le gâteau étant l’apparition de Jean-Pierre Léaud. Ben voyons ! Camille (tout comme son interprète) déboule en 1978 avec ses gros sabots. Même si les autres la voient avec son corps d’adolescente, à l’écran, elle est restée physiquement la même : une quadragénaire un peu boulotte qui n’hésite pas à enfiler shorts, minijupe et collants à rayures pour s’agiter comme une hystérique. Mais le plus embêtant est l’absence de réflexion. Qu’aura réellement appris Camille de ce voyage extraordinaire ? Profitera-t-elle vraiment de cette chance de revivre un moment clé de son histoire ? Rien n’est moins sûr. Force est de constater que l’histoire du retour dans le temps avait été traitée avec infiniment plus de doigté par Francis Ford Coppola en 1985 dans le charmant Peggy Sue Got Married (dont on note les nombreuses similitudes de l’intrigue avec le film de Noémie Lvovsky, qui affirme pourtant ne pas y avoir songé). Peggy Sue (Kathleen Turner, âgée de trente ans à l’époque), ne comprenant pas ce qui lui arrivait, abordait les situations avec davantage de délicatesse, et tentait de profiter de la (més)aventure pour réparer ses erreurs. Ses certitudes allaient être ébranlées de manière inattendue. Le film, à la fois cruel, nostalgique et tendre, véhiculait un message plein de sagesse et de poésie. Hélas, rien de tout cela ici.

Disponible en DVD et Blu-ray chez Gaumont

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