A l’occasion de la sortie de Frances Ha, retour sur l’autre film remarquable de Noah Baumbach, nominé à l’Oscar du Meilleur scénario en 2006…
Les Berkman se séparent
Noah Baumbach
2005 (DVD Sony Pictures Entertainment)
Dans les années 80, à Brooklyn, deux intellectuels, Bernard (Jeff Daniels), écrivain de talent en mal de succès, et Joan (Laura Linney), dont la prose est en passe de devenir célèbre, décident de divorcer après dix-sept ans de mariage. Pour leurs deux garçons, de douze et seize ans, cette nouvelle a l’effet d’un cataclysme, d’autant que leur père, terriblement amer, ne parvient pas à dissimuler le ressentiment que sa femme lui inspire…
Les Berkman se séparent est le premier des trois longs-métrages de Noah Baumbach (coscénariste de La vie aquatique de Wes Anderson, producteur ici) à paraître en France. L’intrigant titre original, The Squid And The Whale (le calmar et la baleine), prend tout son sens à la lecture du film, peinture à la fois sensible et impitoyable d’une famille d’intellectuels de Brooklyn déchirée par le divorce. Grâce à une multitude de détails criants de vérité, et aux interprètes d’une grande justesse, Noah Baumbach livre un film viscéral, troublant d’authenticité et d’intelligence. Lui-même fils d’intellectuels de Brooklyn (son père est l’écrivain et critique de cinéma Jonathan Baumbach), le réalisateur exorcise les démons de son passé tout en créant une œuvre d’art à part entière. Outre la difficulté d’être parent et l’impact du divorce sur les enfants, il montre comment un discours ultra intellectualisé et rationalisé peut nuire à la communication entre les êtres et devenir destructeur. Pour mieux restituer les ambiances et l’esthétique de l’époque, Noah Baumbach a tourné en Super 16, et l’image est ainsi dotée d’un grain très flatteur. Salué unanimement par la critique, acclamé au festival de Sundance 2005, Les Berkman se séparent a reçu une nomination à l’Oscar du Meilleur scénario en 2006.
Chronique rédigée pour fnac.com en 2007