Parabole à peine déguisée du fascisme, le conte fantastique noir et envoûtant de Guillermo del Toro avait remporté trois Oscars techniques en 2007. Attention, on peut ne pas en sortir indemne !
Le labyrinthe de Pan (El Laberinto Del Fauno)
Guillermo del Toro
2006
En 1944 en Espagne, la jeune Ofelia (Ivana Baquero) arrive avec sa mère enceinte dans la petite garnison commandée par son beau-père Vidal, capitaine franquiste autoritaire et brutal (Sergi Lopez, terrifiant…). Près de la maison, elle découvre un étrange labyrinthe, gardé par un faune. La créature magique lui révèle qu’elle est la princesse d’un royaume enchanté. Mais pour y pénétrer, Ofelia devra abandonner sa condition de mortelle en se soumettant à trois épreuves…
Imaginé en partie dès la réalisation, en 2001, de L’Echine du Diable, Le labyrinthe de Pan, parabole du fascisme, renoue avec le thème de la guerre civile espagnole. Comme ses compatriotes mexicains, Guillermo del Toro a été marqué par le franquisme (le Mexique a servi de refuge à bon nombre de réfractaires au régime). Le cinéaste va droit au but. Les tortures et les exécutions sommaires sont les jeux favoris du capitaine Vidal, sociopathe aussi sadique que brutal. Pour échapper à l’horreur qui l’entoure, Ofelia se réfugie dans l’imaginaire d’un conte de fées auquel elle croit de toutes ses forces, bien qu’il recèle, lui aussi, sa part de monstruosité. Guillermo del Toro juxtapose de manière ingénieuse les deux univers, où s’affrontent brutalité et innocence. Artisan surdoué du cinéma fantastique et d’horreur (on lui doit Cronos, Mimic, Blade II ou Hellboy et Pacific Rim), le cinéaste parvient à insuffler de la beauté et du merveilleux (les visuels sont époustouflants) dans une fable pour adultes, immensément sombre et cruelle. Trois Oscars (photo, maquillages, décors) ont rendu en 2007 hommage à cette magnifique œuvre noire, ambitieuse et dérangeante. Pour spectateurs avertis.
Chronique rédigée pour fnac.com en 2007
Je pense que j’ai usé mon DVD à force de revoir ce film. Je suis toujours terrifiée à chaque visionnage, mais complètement fascinée.