« C’est le portefeuille de mon cousin ! Enfin de mon beau-frère.
– C’est votre beau-frère ou votre cousin ?
– C’est mon cousin et mon beau-frère puisque j’ai épousé sa sœur.
– Vous avez épousé votre cousine ?
– Une cousine issue de germaine, inspecteur.
– Ah ? Ça fait drôle non ?
– Mais non, inspecteur ! C’est l’usage dans les grandes familles du Nord. Cousins, cousines, tout ça…
– C’est du lard ou du cochon quoi. »
Ma Loute
Bruno Dumont
2016
En Blu-ray et DVD chez Memento Films depuis le 18 octobre
En 1910, dans le Pas-de-Calais. Comme chaque année, la famille Van Peteghem prend ses quartiers d’été dans son imposante maison au-dessus de la baie de la Slack, théâtre, depuis quelque temps, de mystérieuses disparitions. Chargés de l’affaire, l’improbable inspecteur Machin (Didier Després) et son assistant Malfoy (Cyril Rigaux) surveillent particulièrement une famille de pêcheurs locaux, dont le fils aîné, Ma Loute (Brandon Lavieville), est amoureux de Billie (Ralph), l’étrange fille d’Aude Van Peteghem (Juliette Binoche)…
Chef-d’œuvre pour les uns (les critiques notamment…), abomination pour les autres, le dernier film en date du réalisateur de La vie de Jésus, L’humanité ou du P’tit Quinquin est à la fois monstrueux et fascinant. Découverte au festival de Cannes, cette farce grotesque, digne du cinéma italien des 70’s (on pense à Scola et Risi), suscite tour à tour l’hilarité, l’inconfort et l’horreur. L’illustration du choc des cultures et des classes n’a jamais été aussi extravagante qu’ici, entre acteurs professionnels qui surjouent des bourgeois ridicules et décadents (Luchini et Binoche, hallucinants) et comédiens amateurs déguisés en autochtones primitifs, d’une sauvagerie sidérante. Constamment burlesques, les policiers, véritables Laurel et Hardy, sont le fil rouge de ce film audacieux où le romantisme, le lyrisme et la poésie s’invitent par fulgurances, notamment grâce à des images très stylisées et éclatantes de beauté. Ma Loute surprend, impressionne, estomaque et éblouit. Stunning and shocking ! comme disent les Anglo-Saxons.
2 h 02. Et avec Valeria Bruni Tedeschi, Jean-Luc Vincent, Laura Dupré, Thierry Lavieville, Caroline Carbonnier…
Test Blu-ray :
Interactivité **
On se réjouit de la présence d’une interview de Bruno Dumont conduite par Olivier Père (15 minutes). Le réalisateur revient sur ses intentions, la genèse de son film, ses partis pris de mise en scène et le travail sur les images en postproduction. Il parle sans langue de bois de ses comédiens, qui ont eu quelques appréhensions à accepter leur rôle et qu’il a volontairement sorti de leur zone de confort (« Luchini en liberté, c’est une horreur ! Il va dans tous les sens. Il faut le cadrer. Une fois qu’il l’est, il est formidable ! »). Il révèle aussi la difficile recherche de l’interprète de la jeune Billie, finalement campée par l’androgyne Ralph, aussi mystérieuse dans la vie qu’à l’écran. Une somptueuse galerie de photos complète le programme.
Image ****
Format : 2.35
Ce « film d’époque réaliste » a été tourné avec une caméra numérique Arri Alexa XT. Le transfert Blu-ray est naturellement somptueux et spectaculaire, et il rend hommage au travail du chef opérateur Guillaume Deffontaines. Les couleurs sont éblouissantes, les contrastes saisissants. On décèle des petits bruits à quelques endroits mais rien de dommageable.
Son ***
DD-HD Master Audio 5.1 en français
Audiodescription DTS 2.0
Sous-titres pour sourds et malentendants
La piste 5.1 sollicite davantage les canaux avant et privilégie les dialogues. Elle reste malgré tout harmonieuse et ample, et restitue parfaitement les sons d’ambiance (comme les fameux craquements de l’inspecteur Machin).
J’ai manqué ce film quand il était à l’affiche, mais je vais me rattraper avec le DVD ! 🙂