LA BELLE ET LA BÊTE

Décors et costumes somptueux, images renversantes de beauté… Le conte fantastique réalisé par Christophe Gans est visuellement époustouflant. L’histoire d’amour, en revanche, peine à convaincre.

 

La Belle et la Bête

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Christophe Gans
2014

En 1810, un riche et respectable marchand (André Dussollier) se retrouve ruiné après le naufrage de ses trois navires. Pour cacher sa misère, il n’a d’autre choix que de s’exiler à la campagne avec ses six grands enfants. Contrairement à ses deux sœurs aînées frivoles, Belle (Léa Seydoux), douce et généreuse, se réjouit de cette vie modeste et rustique. Mais un soir, alors qu’il revient de la ville, le père est pris dans une violente tempête de neige. Il trouve refuge dans un château étrange dont il repart couvert de richesses, sans avoir vu âme qui vive. Juste avant de quitter le domaine, il remarque une magnifique rose, qu’il cueille pour Belle. Aussitôt, une bête (Vincent Cassel) se jette sur lui et le condamne à mort : « Une vie pour une rose ». S’il ne revient pas le lendemain, toute sa famille mourra…

Le journaliste Jean-Baptiste Morain, des Inrocks, juge le film « assez laid ». Il a bien évidemment tort. C’est tout le contraire. La Belle et la Bête est sublime et renversant… visuellement. Dès l’ouverture — un naufrage spectaculaire — on est propulsé dans un rêve grandiose. D’entrée de jeu, la version de Christophe Gans se distingue de celle de Jean Cocteau en revenant aux sources de l’histoire telle qu’elle fut écrite en 1740 par Gabrielle-Suzanne de Villeneuve (elle sera popularisée dix-sept ans plus tard par Madame Leprince de Beaumont). On reconnaît vite la patte du réalisateur du Pacte des loups, amoureux du cinéma de genre (il est le cofondateur du culte et regretté magazine Starfix). L’évocation de la chute de cette famille de riches marchands soudainement ruinée ancre l’histoire dans un contexte social très réaliste, idéal pour introduire le fantastique. Gans excelle lorsqu’il filme l’arrivée du père au château, piégé par une tempête de neige et une forêt hostile, et éblouit le temps de séquences oniriques féeriques. Les effets spéciaux digitaux (le film a été réalisé en studio, celui de Babelsberg, près de Berlin, où ont été tournés Metropolis et L’Ange bleu) font littéralement tourner la tête (telle cette porte d’eau à travers laquelle Belle entrevoit le passé de la Bête). Mais la splendeur semble ici l’unique ambition. Et comme trop souvent chez Gans, meilleur artisan que directeur d’acteur, le bât blesse du côté des personnages, mal exploités ou pire, incohérents, tel celui de Belle, qui passe inexplicablement de la jeune fille sage à l’adolescente arrogante. Léa Seydoux a par instants la froideur de la pierre et son amour pour la Bête semble totalement artificiel. Il n’émane guère de trouble des échanges entre ces deux êtres (les dialogues sont curieusement plats) et aucune tension sexuelle n’est palpable (un comble pour un acteur aussi charismatique que Vincent Cassel !). Dommage, parce que cette vision épique, romantique et grandiose a un panache qui manque cruellement au cinéma français. Avec un peu plus d’émotion, ce Belle et la Bête aurait pu faire date. Et par sympathie pour Christophe Gans, on ne s’étendra pas sur la chanson de générique de fin (interprétée par Yoann Fréget), impardonnable faute de goût.

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