SCREWBALL : Divine Comédie

Tous les amoureux de comédies romantiques le savent, il n’y a pas plus chic, plus spirituel, plus jubilatoire que la comédie screwball hollywodienne. Les excentriques Indiscrétions (The Philadelphia Story, 1940) de George Cukor, L’Impossible monsieur Bébé (Bringing Up Baby, 1938) et La dame du vendredi (His Girl Friday, 1940) de Howard Hawks, ou Cette sacrée vérité (The Awful Truth, 1937) de Leo McCarey comptent parmi les chefs-d’œuvre du genre. Grégoire Halbout, angliciste et docteur en études cinématographiques, enseignant à Sciences Po et Paris 5 – René Descartes, s’est penché sur le sujet, qu’il a creusé sans modération dans La comédie screwball hollywoodienne 1934-1945, l’ouvrage qu’il vient de publier chez Artois Presses Université.

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« Screwball est un mot étroitement associé aux sports de balle, à commencer par le billard et le cricket, où il désigne un mouvement de torsion au moment de frapper la boule ou la balle… Les notions immédiatement corrélées à l’expression screwball expriment l’idée d’un comportement déviant, d’un tour qui prend par surprise. » Grégoire Halbout

PhilsdelphiaStory_WEB Katharine Hepburn, John Howard, Cary Grant et James Stewart dans Indiscrétions (The Philadelphia Story)

Issu de la thèse de doctorat de l’auteur, ce livre d’érudit, sous-titré Sexe, amour et idéaux démocratiques, revient sur les origines du genre et le replace dans le contexte de la société américaine, alors en pleine libéralisation de ses mœurs. On y apprend que même si ses prémices se font sentir dans le cinéma muet et dans la comédie sophistiquée, la comédie screwball prend son envol en 1934, avec trois films en particulier : New York-Miami, de Frank Capra, Train de luxe (Twentieth Century) d’Howard Hawks et L’Introuvable (The Thin Man) de W. S Van Dyke (premier épisode d’une truculente saga illuminée par le tandem William Powell-Myrna Loy). Historique, stylistique, esthétique, politique, sociologique, tous les aspects du genre sont décryptés par Grégoire Halbout qui n’omet pas d’évoquer les relations tendues avec la censure de l’époque (le code Hays est en vigueur), qui n’appréciait guère les écarts de langage et les tenues légères (peignoirs ou pyjamas !) de ces comédies loufoques. Ainsi, on découvre que L’impossible monsieur Bébé est « un des films les plus fréquemment cités pour illustrer le pouvoir du langage et des dialogues à double-sens dans la comédie américaine ». Il est aussi « le film screwball contenant le plus grand nombre de mots à connotation sexuelle ».

Si le livre semble parfois un peu technique, il est une véritable mine d’informations, tel cet inventaire des meilleures comédies screwball par réalisateur, qui fera le bonheur des cinéphiles.

screwballClaudette Colbert et Clark Gable dans New York-Miami (It Happened One Night)

impossible-monsieur-bebe-06-gKatharine Hepburn et Cary Grant dans L’impossible monsieur Bébé (Bringing Up Baby)

18444941.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxIrene Dunne et Cary Grant dans Cette sacrée vérité (The Awful Truth)

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