Je n’ai pas toujours été fan de Vanessa Paradis. Je n’ai pas été chavirée à l’époque ni par « Joe Le Taxi » ni par ses collaborations avec Serge Gainsbourg, pas plus que par ses prestations dans Noce Blanche ou Elisa. J’ai regretté que son travail très réussi avec Lenny Kravitz dans les années 90 (« Sunday Mondays » et « Be My Baby » étaient des petites merveilles) n’ait été qu’une parenthèse et qu’elle soit revenue très vite à une variété d’ici (même si j’ai toujours eu un faible pour « Dès que j’te vois », signée –M-). Sa carrière était alors quelque peu heurtée, ponctué de hauts, de bas et de longs moments de silence (cela, on peut le comprendre : lorsqu’on a Johnny Depp à la maison, on n’a pas une envie folle de sortir de chez soi). Il m’a fallu attendre un jour de mai 2013 pour tomber véritablement sous le charme. Elle était alors « L’invitée du 13 heures » du journal télévisé d’Elise Lucet, sur France 2. Accompagnée du guitariste Philippe Almosnino, elle a chanté en direct « Station Quatre Septembre », extrait de son Love Songs (un des meilleurs albums français de la décennie), écrite par Benjamin Biolay. Un petit filet de voix sur des accords de guitare sèche (mélodie et texte fabuleux). Le talent de Biolay y était certes pour beaucoup, mais Vanessa Paradis donnait à cette chanson une émotion incroyable. Cinq ans plus tard, l’album suivant, Les sources, dont la plupart des titres étaient signés de son mari Samuel Benchetrit, recelait des perles tout aussi magnifiques (« Kiev », « Ces mots simples »… ). Détachée enfin de son image de Lolita qui lui a longtemps collé à la peau, elle s’est libérée, comme soulagée qu’on ne l’attende plus au tournant. On devine derrière sa douceur et fragilité apparentes une vraie force de caractère, qui l’amène à accepter des projets aventureux. Mais même lorsqu’elle arpente des terrains minés, comme le dernier film de Yann Gonzalez (Un couteau dans le cœur), elle en ressort intacte. Plus qu’en productrice de pornos gays, on l’imagine davantage comme le personnage un brin fantasque, rêveur, fracassé et tendre qu’elle incarnait dans le sous-estimé Photo de famille, de Cécilia Rouaud. Parce qu’on l’a vue grandir, derrière un micro ou devant la caméra, parce que ses histoires de cœur ont tellement fait la une, Vanessa Paradis fait partie de notre histoire commune et elle nous touche, indiscutablement. Icône populaire, muse de Chanel comme de H&M, elle est à la fois proche et inaccessible (car, en plus d’être belle, elle a, comme sa consœur Charlotte Gainsbourg, une classe folle). Bref, en 2019 il serait insensé de ne pas être fan de Vanessa Paradis.
Pour se replonger dans le parcours musical de Vanessa Paradis, on se procurera d’urgence ce livre-disque collector qui vient de paraître chez Barclay/Universal. Ce bel objet, cadeau idéal pour les fêtes, est constitué d’un livre de 48 pages de photos, de deux CD (un best of et un disque de duos, reprises, et titres rares ou inédits) et d’un DVD du concert intégral qu’elle a donné à l’Olympia en 2019.
Qu’on l’ait loupé en vrai ou pas, il faut se ruer sur le DVD de Thomas VDB, disponible chez M6 Vidéo depuis le 6 novembre dernier. Tombant pile-poil pour Noël, Bon chienchien est bien plus qu’un cadeau, c’est un service à rendre aux potes. On le dit tout de bon : depuis 2017, c’est le spectacle d’humour de l’année !
« Ce n’est pas que je n’aime pas le sport… enfin si, je n’aime pas le sport… mais j’ai un problème psychologique avec le fait que les gens puissent me voir faire du sport. »
Mis en scène par Kader Aoun Spectacle enregistré à la Cigale en décembre 2018 DVD disponible depuis le 6 novembre 2019 chez M6 Vidéo En tournée jusqu’au 21 décembre 2019
Pas de danger que ses blagues aient été piquées à ses confrères américains. Tout sent le vécu. Ne pas s’attendre à de la satire politique, à des exposés sur le vivre ensemble, l’écologie, le mouvement #MeToo, les Gilets Jaunes… Non pas que Thomas VDB s’en moque comme de l’an quarante, mais en tout cas on ne trouvera rien de tout ça dans ce Bon chienchien qui fait autant référence à sa coiffure ébouriffée qu’à son amour indéfectible pour la race canine (« Je suis vraiment le copain des chiens, j’adore les chiens, j’ai un truc avec eux, et dès que je vois un chien dans la vie, il y a une question que je n’arrête pas de me poser, c’est : “c’est qui le pépère ?” ». Pour autant, en dépit de ce titre ubuesque, le spectacle ne repose en aucune façon sur les chiens. Thomas Vanderberghe (de son vrai nom) livre ses réflexions de jeune quadragénaire, papa récent et mélomane depuis toujours. Lui, qui a œuvré durant sept ans dans la presse musicale (son show précédent, Thomas VDB chante Daft Punk, était à se tordre de loufoquerie), avoue désormais s’ennuyer pendant les concerts. « Quand je commence à compter le nombre de projecteurs, il est temps que je m’en aille ! » Il ne comprend pas non plus cette mode qui consiste à mettre des DJ partout et surtout là où ils n’ont rien à y faire, et n’apprécie pas le vin sans sulfites (« Je ne sais pas si certains parmi vous ont déjà goûté un vin sans sulfites, parce que ça m’a donné à penser une chose : ce qu’on aime habituellement dans le vin, c’est les sulfites. ») Il se dit fou de culture (« Je suis un fou de lire »), mais surtout d’achat d’ouvrages qu’il ne lit jamais parce que son temps libre est surtout consacré à visionner des vidéos rigolotes (à base de chiens…) sur Internet. Les absurdités du monde moderne, celui des bobos en particulier, l’interpellent, et il livre avec force détails désopilants ses astuces pour prendre en défaut les internautes malveillants ou simplement lourdingues. Bref, on retrouve le personnage d’hurluberlu du tandem irrésistible qu’il formait avec Mathieu Madénian dans AcTualiTy sur France 2 et qui lui vaut, depuis 2017, une belle notoriété. C’est fatal : dès qu’il déboule sur scène, on rit. Son air d’être tombé de son lit, sa gestuelle de fou furieux, son phrasé bredouillant et ses petites expressions désuètes (« autant que faire se peut »…) sont hilarants. Thomas VDB, c’est le copain qu’on voudrait tous avoir, drôle, un peu branque, flemmard, espiègle et immensément attachant.
Dans le générique de fin de ce spectacle, Mathieu Madénian est, pour entre autres choses, remercié pour son accent rigolo et son amitié.
Sont également remerciés les disques de Sparks, Queen, Nada Surf, Spoon, des Walkmen, New Pornographers et de Weezer…
Le DVD, de belle facture, ne propose pas de suppléments, mais le spectacle, de 80 minutes, est introduit par un sketch inédit et plutôt amusant.
En ces temps moroses, hors de question de bouder la sortie, en DVD/Blu-ray, de ces deux feel-good movies venus d’Albion, qui quoi qu’on en dise, n’est pas toujours perfide. Yesterday,de Danny Boyle, est l’histoire d’un jeune musicien seul au monde à connaître les Beatles, et Wild Rose, de Tom Harper, porté par l’incandescente Jessie Buckley (une révélation), narre les tribulations d’une jeune mère de famille de la banlieue de Glasgow qui se rêve en Dolly Parton.
« Miracles happen all the time ! – Like what ? – Benedict Cumberbatch becoming a sex symbol ! »
YESTERDAY
Danny Boyle 2019
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray, Ultra-HD 4K + Blu-ray et DVD chez Universal depuis le 13 novembre 2019
Dans une petite ville côtière du Suffolk, Jack Malik (Himesh Patel) est un auteur-compositeur et musicien sans succès. Ses chansons ne séduisent que ses indéfectibles copains dont Ellie (Lily James), sa meilleure amie et manager. Une nuit, alors qu’il rentre chez lui à vélo après une déconvenue de plus, Jack percute un bus qu’il n’avait pas vu venir, à cause d’une étrange panne d’électricité. Le lendemain, il va découvrir en chantant « Yesterday » à ses amis qu’il est le seul à connaître les Beatles. Même sur Internet, il n’y a plus aucune trace de leur existence…
C’est le scénariste et producteur Jack Barth (The Fabulous Picture Show) qui a soufflé à Richard Curtis, auteur, entre autres, de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et réalisateur du joyau Love Actually, cette idée folle : rendre hommage à la musique des Beatles dans un monde où le groupe n’aurait pas existé. Leur compatriote Danny Boyle (Transpotting, Slumdog Millionnaire…) à qui Curtis a envoyé le scénario, a immédiatement été emballé. De cette équipe de choc, on attendait monts et merveilles, d’autant que, une fois n’est pas coutume, Paul McCartney et Ringo Starr avaient donné leur accord. Le résultat, hélas, n’est pas tout à fait à la hauteur, même si Yesterday a « ses moments ». Le parti pris de confier le rôle principal à Himesh Patel, choisi pour ses qualités de musicien (il joue et chante vraiment les chansons) est assez dommageable. Peu charismatique et acteur plutôt limité, il ne fait pas le poids face à la talentueuse Lily James. Les atermoiements de cet artiste qui vit mal l’imposture de devenir célèbre grâce à un talent qui n’est pas le sien, tout comme l’histoire sentimentale, à la fois cliché et invraisemblable, plombent ce long-métrage qui passe un peu à côté de sa bonne idée de départ (contrairement au film français Jean-Philippe, de Laurent Tuel). Reste de chouettes trouvailles : Ed Sheeran (dans son propre rôle) le copain star sympa qui veut changer « Hey Jude » en « Hey Dude » ; la difficulté pour Jack de retrouver de mémoire les paroles d’« Eleanor Rigby » ou le fait qu’Oasis n’existe pas non plus, forcément… On aime que la plus grande partie des scènes soit filmée dans les décors naturels des petites villes côtières bourrées de charme du Suffolk et du Norfolk. Et puis bien sûr, il y a cette séquence, magique, dans laquelle le héros chante et joue « Yesterday » pour la première fois à ses amis, et eux de chavirer instantanément. 1 h 56 Et avec Joel Fry, Kate McKinnon, Alexander Arnold, Sophia Di Martino, Ellise Chappell…
Test Blu-ray :
Interactivité *** Dans le commentaire audio – truffé d’anecdotes – de Richard Curtis et Danny Boyle, on apprend, entre autres, que le rôle tenu par Ed Sheeran avait été proposé à Chris Martin, qui l’a refusé (en arguant du fait qu’il est très mauvais acteur). Mais d’après Richard Curtis, Ed Sheeran, qui a grandi dans le Suffolk et est toujours prêt pour l’autodérision, était l’interprète parfait. Au menu de ces bonus, on trouve également une fin et une ouverture alternatives, une douzaine de scènes coupées amusantes, un bêtisier, des featurettes sur les coulisses du tournage, dont un éclairage sur l’enregistrement des chansons interprétées par Himesh Patel, aux studios Abbey Road…évidemment.
Image **** Format : 2.35 Un piqué sensationnel, des couleurs vibrantes, un sans-faute !
Son **** Dolby TrueHD 7.1et DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais
DD 5.1 en français et espagnol
Nombreux sous-titres non imposés Pure et sensible, la piste TrueHD sied idéalement au film. Les passages musicaux comme les bruits d’ambiance exploitent parfaitement toutes les enceintes. Que les adeptes de versions doublées se rassurent, la piste DD 5.1 est très efficace.
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« Nobody wants to see a convicted criminal up there ! – Johnny Cash was a convicted criminal you ball bag ! »
WILD ROSE
Tom Harper 2018
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray et DVD chez M6 Vidéo depuis le 17 novembre
A Glasgow, la jeune Rose-Lynn (Jessie Buckley) sort de prison après y avoir passé un an pour une affaire de drogue. Dans une triste banlieue de la ville, elle retrouve ses deux enfants dont sa mère (Julie Walters) s’est occupée en son absence. Mais au grand dam de cette dernière qui aimerait que sa fille soit plus responsable et moins égoïste, la jeune femme n’a qu’une idée en tête, qui l’obsède depuis toujours : quitter Glasgow pour devenir chanteuse de country à Nashville….
« Oubliez A star Is Born et Lady Gaga ! La vraie star, c’est elle » clame la bande-annonce du film, tant la performance de Jessie Buckley a ébloui les critiques outre-Manche et outre-Atlantique. Wild Rose est peut-être passé inaperçu en France, mais il a fait un tabac chez les Anglo-Saxons. Il faut reconnaître qu’avec ses bottes de cow-girl, sa minijupe et son franc-parler typiquement écossais, Rose-Lynn suscite une sympathie immédiate. En dépit de ses choix souvent malheureux, cette mère indigne et immature conserve ce capital auprès du spectateur, car, en bonne tête brûlée, elle possède un courage et une détermination à toute épreuve. Excellente actrice, qu’on a pu apprécier dans les séries Tchernobyl, Taboo ou le film Jersey Affair, l’Irlandaise Jessie Buckley est aussi une remarquable chanteuse (elle avait terminé deuxième au concours de l’émission de la BBC I’d Do Anything en 2008). Elle habite littéralement toutes les chansons, reprises de standards ou titres originaux (la BO a également fait un carton). En s’inspirant de sa propre passion pour la country, la scénariste Nicole Taylor (Journal intime d’une call-girl, The Hour, Indian Summers), originaire de Glasgow, a donné à cette fable mise en scène par le jeune réalisateur de télévision Tom Harper, un caractère formidablement authentique. Elle a d’ailleurs coécrit plusieurs chansons avec Jessie Buckley, mises en musique par Ian W. Brown et Simon Johnson. Mais s’il est beaucoup question de country dans le film (on apprend au passage que le genre est très populaire à Glasgow – la country se danse et s’écoute dans les pubs, et il s’y tient chaque année des festivals prestigieux), Wild Rose parle surtout de la difficulté de concilier ses rêves et la réalité. Certes, on pourra reprocher aux auteurs d’avoir un peu chargé la mule, de faire un peu trop dans le mélo, mais ces petits défauts n’altèrent pas l’effet galvanisant exercé par ce film et sa fougueuse héroïne. 1 h 41 Et avec Sophie Okonedo, James Harkness, Jamie Sives, Craig Parkinson, Bob Harris…
Test Blu-ray
Interactivité *** Il ne faut pas négliger le montage d’interviews, tant la passion et la générosité des créateurs, la scénariste Nicole Taylor en tête, sont palpables à chaque intervention. On y découvre que la chanson « Glasgow », sommet de Wild Rose, a été cosignée spécialement pour le film par Caitlyn Smith, Kate York et l’actrice Mary Steenburgen.
Image *** Format : 2.39 L’image, contrastée et naturelle, est dotée d’un joli grain. La définition est rarement prise en défaut.
Son : *** DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en français
Sous-titres français non imposés Sans esbroufe, la piste 5.1 est efficace et enveloppante, et le caisson de basses ne fait pas dans la retenue. Une belle mise en valeur des chansons.