PRISONERS/48 HEURES CHRONO

A l’heure où Prisoners, du Canadien Denis Villeneuve, fait sensation dans les salles, 48 heures chrono (The Factory) débarque en DVD/Blu-ray chez Seven Sept. Dans les deux films, il est question d’un père dévasté par la disparition de sa fille, probablement enlevée par un serial killer, et qui tente de la retrouver à tout prix. Mais malgré les similitudes, les deux thrillers sont loin de susciter le même enthousiasme. 

Prisoners

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Denis Villeneuve
2013

Dans la banlieue de Boston, Keller et Grace Dover (Hugh Jackman et Maria Bello) accompagnés de leurs deux enfants, passent la journée de Thanksgiving chez leurs voisins et amis Franklin et Nancy Birch (Terrence Howard et Viola Davis). En fin d’après-midi, les deux couples constatent que leurs fillettes respectives de six ans, Anna et Eliza, ont disparu. Le grand frère d’Anna signale alors la présence d’un camping-car inconnu garé non loin de la maison. L’inspecteur Loki (Jake Gyllenhaal) chargé de l’enquête, ne tarde pas à arrêter le propriétaire du véhicule retrouvé sur un parking. Mais le jeune homme (Paul Dano), étrange et mutique, est vite relâché faute de preuves. Fou de douleur et convaincu de la culpabilité de ce dernier, Keller Dover décide d’agir à l’insu de la police…

Habitué des festivals, dont il revient rarement bredouille, le Québécois Denis Villeneuve s’est forgé en quelques films (Un 32 août sur Terre, Maelström, Incendies) une jolie réputation. Il est logiquement passé à la vitesse supérieure en 2013 avec ce film à gros budget hollywoodien qui a légitimement emballé public et critique, même s’il n’est pas exempt de défauts. La réussite de Prisoners tient avant tout à son atmosphère de film noir, que l’hiver et la neige contribuent à rendre glaciale (la photo est signée Roger Deakins, chef opérateur fétiche des frères Coen et responsable, entre autres, de celle, sublime, de Skyfall) et à sa mise en scène très proche du cinéma de David Fincher (Seven et Zodiac en tête). Une ressemblance fortuite, selon le réalisateur. Ecrit par Aaron Guzikowski, scénariste du récent Contrebande, Prisoners mêle adroitement thriller à suspense et drame humain, et exploite magnifiquement ses personnages, incarnés par des acteurs doués. Si la critique s’est emballée pour la performance de Hugh Jackman, qui écope du rôle le plus ambigu du film (jusqu’où peut-on aller lorsque la vie de son enfant est en jeu ?), Jake Gyllenhaal crève littéralement l’écran en inspecteur solitaire et tenace, qui ne dédaigne pas l’ironie, et dont on devine les fêlures. Pourtant, si on ne s’ennuie pas une minute durant les deux heures trente de ce film intense et palpitant, les quelques zones d’ombre qui subsistent dans l’intrigue et les motivations des personnages déconcertent et écornent ce bel ensemble, pas passé loin du sans-faute.

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PRISONERS

 

 

 

48 HEURES CHRONO (THE FACTORY)

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48 heures chrono (The Factory)

Morgan O’Neill
2012 (DVD/Blu-ray Seven Sept)

A Buffalo, dans l’état de New York, tout le monde se prépare à fêter Thanksgiving. Même l’inspecteur Mike Fletcher (John Cusack), obsédé par la traque d’un serial killer qui s’attaque à de jeunes prostituées, abandonne ses dossiers et sa coéquipière (Jennifer Carpenter) pour dîner en famille. Mais le lendemain, Mike apprend que sa fille adolescente (Mae Whitman) a disparu après avoir fait le mur pour rejoindre son petit ami. Tous les indices portent à croire qu’elle a été enlevée par le tueur qu’il recherche depuis plusieurs mois…

Quarante-huit heures, c’est le temps estimé par la police pour avoir une chance de retrouver une personne disparue. L’idée de course contre la montre donne son titre français à The Factory, thriller soi-disant inspiré de faits réels, et paru directement en vidéo en 2012. Ce n’est certes pas le nom du metteur en scène, Morgan O’Neill, réalisateur de Crocodile Dundee III, qui interpelle, mais plutôt la présence au générique du sympathique John Cusack et de Jennifer Carpenter, interprète de la sœur bien aimée de Dexter dans la série homonyme. Les deux comédiens font leur possible pour rendre plausible une intrigue on ne peut plus tirée par les cheveux et plutôt glauque, mais même John Cusack, honorable en flic obsessionnel et père désespéré, ne parvient pas à sauver le film de la routine (on notera le caractère, à la fois prévisible et complètement artificiel, du rebondissement final). Si 48 heures chrono comporte des similitudes avec le récent Prisoners — la tragédie survient alors que la famille est réunie pour Thanksgiving, mêmes paysages de banlieue, mêmes ambiances hivernales et glaciales — il n’a ni la profondeur ni l’intensité du thriller de Denis Villeneuve, bien plus inspiré. Quant à John Cusack, à moins de vouloir suivre la voie de Nicolas Cage, il devrait relire à deux fois les scénarios qu’on lui propose.

Unknown

 

Test Blu-ray

Interactivité
 Pas de bonus hormis la bande-annonce et un bouquet de bandes-annonces de l’éditeur.

Image ***
Format : 2.35 : 1
Compression : AVC

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en français et anglais sous-titré français.

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JANE EYRE

Diffusée récemment sur Arte, la mini-série Jane Eyre, produite par la BBC en 2006 et parue en DVD début 2013 en France, surpasse l’adaptation cinématographique signée Cary Fukunaga (avec Michael Fassbender en Mr Rochester). On peut même oser la comparaison avec l’adaptation très fidèle mise en scène en 1983 par Julien Aymes, immortalisée par la performance de Timothy Dalton, mais dont la mise en scène a pris un méchant coup de vieux.

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Jane Eyre

Susanna White
2006 (DVD Koba Films 2013)

Au XIXe siècle en Angleterre, la jeune orpheline Jane Eyre est recueillie par sa riche tante, Mrs Reed. Cette dernière, qui la déteste, la maltraite et finit par s’en débarrasser en l’envoyant dans la triste et sévère pension de Lowood. Après huit ans passés dans l’institution, où elle est devenue professeur, Jane (Ruth Wilson) décide de découvrir le monde extérieur. Grâce à une petite annonce dans le journal, elle est engagée comme préceptrice de la jeune protégée du riche Mr Rochester (Toby Stephens), ombrageux propriétaire de Thornfield Hall…

Les chefs-d’œuvre des sœurs Brontë n’ont pas fini de séduire. Comme Les hauts de Hurlevent, Jane Eyre a inspiré au cours du siècle dernier moult adaptations, télévisées ou cinématographiques. La plus récente, signée Cary Fukunaga en 2011 (auteur d’un bon Sin Nombre) est honorable, mais le jeune réalisateur américain semble s’être davantage soucié de réussir à condenser l’histoire en moins de deux heures dans un décor irréprochable. Même si quelques audaces dans la dramaturgie sont intéressantes, le spectateur est projeté de scène clé en scène clé de manière métronomique. Les acteurs, très justes, jouent la sagesse et l’impénétrabilité, mais le séduisant Michael Fassbender ne se lâche jamais véritablement. Les séquences de batifolages dans la nature, façon clip, font même sourire. On rappelle que pour les amoureux du roman de Charlotte Brontë, l’adaptation de référence, demeurait jusqu’ici la mini-série de trois heures produite par la BBC en 1983. Jouaient en sa faveur : sa fidélité au livre, son caractère gothique magnifiquement exploité et la performance de Timothy Dalton. Quatre ans avant d’incarner James Bond, l’acteur shakespearien y campait un Mr Rochester certes différent de son homologue littéraire, mais idéalement ombrageux, torturé, imprévisible et diaboliquement séduisant. Vingt-trois ans après, le comédien Toby Stephens (fils de la vénérable Maggie Smith, et qui fut un superbe comte Orsino dans La nuit des rois de Trevor Nunn) reprend le flambeau dans la nouvelle mini-série de la BBC. Réalisée par Susanna White, elle assène un vrai coup de vieux à son aînée. Très semblable dans sa dramaturgie à la série précitée, ce Jane Eyre circa 2006 profite indéniablement de la fraîcheur des deux comédiens principaux. L’héroïne est magnifiquement interprétée par Ruth Wilson, qui a troqué beauté classique contre regard pénétrant et force de caractère. Elle est une Jane à la fois fidèle et moderne, tandis que Toby Stephens, quoiqu’un peu plus mesuré que son prédécesseur Timothy Dalton, apparaît tout aussi fougueux et imprévisible. La mise en scène est intelligente, la photographie remarquable ! Une réussite !

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Test DVD

Interactivité **
Les quatre épisodes (de 55 minutes chacun) sont suivis d’un intéressant reportage d’environ 15 minutes, qui recueille les impressions de la réalisatrice et des comédiens principaux. Chacun revient sur les enjeux de cette adaptation.

Image ****
Format : 1.77

La photo splendide signée Mike Eley (responsable de celle de la récente série Parade’s End) est superbement mise en valeur.

Son : ****
DD 2.0 en français et anglais
Sous-titres français non-imposés

Egalement disponible en Blu-ray.

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WARM BODIES/LES AMES VAGABONDES

Trois films de genre pour adolescents adaptés de best-sellers ont fait irruption cet été 2013 en Blu-ray et DVD – Warm Bodies, Les âmes vagabondes et Sublimes créatures – On en retient surtout un, Warm Bodies, qui mêle chronique de morts vivants et comédie romantique, à grand renfort d’humour noir et de chansons pop-rock judicieusement choisies.

Unknown

Warm Bodies – Renaissance

Jonathan Levine
2013 (Blu-ray Metropolitan)

Après qu’un virus a transformé la quasi-totalité des êtres humains en zombies mangeurs d’hommes, les survivants vivent retranchés et ne s’aventurent à l’extérieur que pour se ravitailler. Sorti en quête de médicaments, le groupe mené par Perry (Dave Franco) a la malchance de tomber sur une bande de morts-vivants affamés. Perry a tôt fait de se faire dévorer par R le zombie (Nicholas Hoult) qui absorbe en même temps les souvenirs du jeune homme et en particulier ses sentiments pour sa petite-amie Julie (Teresa Palmer, la Kristen Stewart blonde), sur le point de servir de repas à ses congénères. Sans vraiment comprendre ce qui lui arrive, R s’acharne alors à sauver la jeune fille, coûte que coûte…

Remarqué en 2006 avec All The Boys Love Mandy Lane, son piquant premier long-métrage, Jonathan Levine semble avoir une prédilection pour les histoires d’amour impossible. Deux ans après l’émouvant 50/50, dans lequel Joseph Gordon-Levitt était affligé d’une méchante tumeur et s’éprenait de sa jeune thérapeute inexpérimentée, le jeune cinéaste porte à l’écran le roman à succès de Marion Isaac publié en 2010, et ose la romance entre un zombie nostalgique à l’humour ravageur et la fille d’un chasseur de morts-vivants (John Malkovich, un tantinet ridicule) qui en est, pour sa part, totalement dénué. Dès son introduction, au son de la voix-off de R le zombie qui évoque son quotidien morose, le film trouve le ton juste, entre mélancolie et comédie. Nicholas Hoult, petit prodige de About A Boy et vedette de la série Skins convainc totalement en zombie romantique, et nul doute que les adolescentes tomberont sous son charme. Sorte de Roméo et Juliette tordu (où le héros a quand même dévoré la cervelle de l’ex de sa bien-aimée), Warm Bodies privilégie la poésie à la mièvrerie, et à ce titre, tient davantage de Wall-E que de Twilight. Une jolie récréation donc, dotée en outre d’une bande-son pop-rock réjouissante (Feist, Bruce Springsteen, Bon Iver, Guns N’Roses, Roy Orbison…).

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Test Blu-ray

Interactivité **

Le Blu-ray propose un bouquet de suppléments promotionnels et instructifs. Si le commentaire audio, au demeurant sympathique, fourni par le réalisateur, Teresa Palmer et Nicholas Hoult est quelque peu dispensable, on en apprend plus sur les coulisses du tournage dans la poignée de reportages (adaptation, choix des acteurs, maquillage) dont un filmé par Teresa Palmer. Des scènes coupées (parmi lesquelles une ouverture et une fin alternatives), un bêtisier et une interview complètent le programme.

Image ***

Format : 2.35:1
Compression : AVC

Son : ****

DTS-HD Master Audio 7.1 en anglais
DTS-HD Master Audio 5.1 et Audiodescription 2.0 en français
Sous-titres français non-imposés
Sous-titres pour sourds et malentendants

 

LES AMES VAGABONDES

Un film de SF signé Andrew Niccol, mais vampirisé par Stephenie Meyer, auteur du livre dont il est adapté.

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Les âmes vagabondes (The Host)

Andrew Niccol
2013 (Blu-ray Metropolitan)

Même si en apparence, rien n’a changé sur Terre, une race extraterrestre a bel et bien envahi la planète. Chaque être humain ou presque est désormais l’hôte d’une créature sophistiquée qui a pris le contrôle de son esprit. Mais lorsque Vagabonde est insérée dans le corps de Mélanie (Saoirse Ronan), capturée après des mois de résistance, elle découvre que l’esprit de la jeune rebelle est toujours actif et refuse de cohabiter. Mélanie parvient alors à la convaincre d’échapper à la surveillance des médecins afin de rejoindre Jamie, son petit frère, et Jed (Max Irons), le garçon qu’elle aime…

C’est en 2008, trois ans après la publication du premier tome de Twilight, que paraît Les âmes vagabondes (The Host en version originale), signé de la même Stephenie Meyer. Best-seller dès sa sortie, ce livre de science-fiction destiné aux adolescents développe une idée tirée par les cheveux mais intéressante : deux personnages féminins sont contraints de cohabiter dans un même corps alors qu’elles sont amoureuses de deux garçons différents. Triangle amoureux complexe en perspective ! Comme pour Twilight, il était hors de question pour Stephenie Meyer de laisser quiconque s’emparer de son livre. On la retrouve donc, hélas, présente à tous les stades de cette adaptation au cinéma (choix du réalisateur et des comédiens compris). Car en ne laissant aucune ou très peu de marge de manœuvre à ses collaborateurs, la romancière a pratiquement tué le film dans l’œuf. Andrew Niccol, cinéaste du génial Bienvenue à Gattaca, a eu beau soigner l’esthétique futuriste (voir Diane Kruger et les voitures chromées…), l’adaptation, trop aseptisée, manque de peps (le conflit intérieur est illustré par une voix-off très peu cinématographique) et finit par se noyer dans un océan de bons sentiments. En outre, bonne chance à qui n’a pas lu le livre ! L’histoire défile en vitesse rapide : tous les événements sont présents, sans jamais être développés. Dommage aussi pour la jeune prodige Saoirse Ronan, l’épatante héroïne d’Hanna, qui se retrouve coincée dans un double rôle, réduite à la contemplation de ses beaux gosses de partenaires (Max Irons, fils de Jeremy, et le très « bowien » Jake Abel). Frustrant !

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Test Blu-ray

Interactivité *

Stephenie Meyer vampirise également le mini-programme de supplémentsdont le commentaire audio qu’elle effectue avec Andrew Niccol et le coproducteur Nick Wechsler. Dans l’interview, elle confie néanmoins que la science-fiction la définit mieux que les histoires de vampires, qu’elle est plus à l’aise avec les personnages féminins, et que l’idée des Âmes vagabondeslui est venue en admirant le désert que traverse la route entre Phoenix et Salt Lake City.

Image ****

Format : 2.35:1
Compression : AVC
Belle démonstration du chef-opérateur Roberto Schaefer, déjà responsable, entre autres, de la superbe photo de Quantum Of Solace.

Son : ****

DTS-HD Master Audio 5.1 en anglais
DTS-HD Master Audio 5.1 et Audiodescription 2.0 en français
Sous-titres français non-imposés
Sous-titres pour sourds et malentendants

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