BLUE JASMINE

Il faut remonter à Match Point pour retrouver un Woody Allen aussi cynique. Les ombres de Tennessee Williams et Dostoïevski planent sur cette satire de haute volée, portée par une Cate Blanchett en état de grâce.

Blue Jasmine 

Blue-Jasmine-9-Cate-Blanchett-and-Sally-Hawkins-1

Woody Allen
2013 (DVD/Blu-ray TF1 Vidéo)

Jasmine French (Cate Blanchett) avait une existence de rêve, des vêtements de luxe, des bijoux, un appartement sur la 5ème Avenue, une maison de vacances dans les Hamptons, jusqu’à ce que son époux (Alec Baldwin), homme d’affaires, soit arrêté pour escroquerie. Fauchée, elle n’a pas d’autre alternative que de déposer ses valises Vuitton à San Francisco, dans le modeste appartement de sa sœur adoptive (Sally Hawkins), caissière. Histoire de reprendre ses marques, trouver un job et rebondir. Mais pour cette snob invétérée, portée sur l’alcool et les tranquillisants, la reconversion a tout du chemin de croix…

Le génial réalisateur de Manhattan semble être revenu à la raison après une longue période d’égarements, de laquelle on retiendra essentiellement Match Point et Whatever Works. En 2013, avec ce portrait de mondaine déchue, Woody Allen se fait subtil et signe une satire corrosive, drôle et cynique, mais aussi terriblement juste et cruelle, qui illustre avec brio sa connaissance aiguë de la nature humaine. A l’heure où ses confrères se passionnent pour les loups de la finance et les grands fraudeurs, lui préfère se pencher sur le cas des épouses, et leur moralité. A la fois victime et complice de son escroc de mari, Jasmine est surtout coupable d’avoir fermé les yeux, par pur égoïsme. Woody Allen explore les rouages et les obsessions de cette femme fragile, complexe et décalée, incapable de s’adapter à son nouvel environnement. Jasmine tente de sauver sa peau et perd les pédales en même temps que ses repères. Il émane une ironie jubilatoire des flash-backs révélateurs qui mettent habilement le personnage en perspective. Le retour à la réalité est brutal et le choc des cultures génère des situations désopilantes. Jasmine est, dans la vie ordinaire, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. Les confrontations avec le petit ami pas très distingué de sa sœur, ou avec ses jeunes neveux prennent un tour surréaliste. La performance de Cate Blanchett force l’admiration, et lui a déjà valu, en attendant les Oscars, le Golden Globe 2014 de la Meilleure actrice. L’œil hagard, la moue dédaigneuse et le port de tête impeccable, l’actrice, véritablement habitée, parvient à rendre son personnage attachant et humain, même dans les moments les plus pathétiques. Car cette mondaine n’est pas une garce, et c’est ce qui la sauve. Sous ses remarques caustiques, sa tendresse pour sa sœur (épatante Sally Hawkins !) est manifeste. Jasmine est juste terriblement à côté de la plaque, et Woody Allen, impitoyable, ne lui épargne rien.

BANDE-ANNONCE

cate-blanchett-blue-jasmine-oscar

Test DVD :

Interactivité*
Rien de rien, Woody Allen est allergique au concept de suppléments.

Image ***
Format : 2.40
L’image est un peu douce, conforme au souhait du réalisateur, mais manque souvent de précision. Rien de dommageable néanmoins.

Son ***
DD 5.1 et DD 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres français imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Audiodescription
Une piste DD 5.1 dynamique, qui ne fait pas de vagues dans les enceintes arrière et se resserre sur les dialogues. A noter que le phrasé de Cate Blanchett est bien plus probant en version originale, à privilégier absolument.

blue-jasmine-2

Cate-Blanchett-Blue-Jasmine

Alec-Baldwin-750x500

blue-jasmine6

sally-hawkins-blue-jasmine

bluejasmine1