STELLA de Sylvie Verheyde


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STELLA

Sylvie Verheyde
2008
Paru en salles le 12 novembre 2008

En 1977, Stella (Léora Barbara), qui vit dans un modeste café d’ouvriers aux portes de Paris, fait son entrée en sixième dans un grand collège parisien. Pour la petite fille solitaire qui a l’habitude d’être livrée à elle-même dans un monde d’adultes, ce changement d’univers n’est pas des plus aisés. De rencontres en découvertes jusqu’à la première boum, cette rentrée va changer sa vie à jamais…

Remarquée en 1997 dès son premier long-métrage, Un frère, Sylvie Verheyde signe avec Stella, son troisième, un véritable petit bijou, intelligemment mis en scène et magnifiquement photographié. Inspirée de l’enfance de la cinéaste, cette chronique adolescente bouleverse littéralement, sans mièvrerie aucune, à l’image de son héroïne butée, à la fois dure et attachante. Si, dans le rôle-titre, la jeune Léora Barbara impressionne, la distribution dans son ensemble excelle. Elle réunit  Karole Rocher et Jeannick Gravelines (deux fidèles à la réalisatrice), Benjamin Biolay (sa prestation lui a valu une nomination pour le César 2009 du Meilleur second rôle masculin), Guillaume Depardieu, Christophe Bourseiller, Johan Libéreau, Thierry Neuvic, Valérie Stroh… Ni clinquante, ni pompeuse, la reconstitution des seventies françaises a des accents de vérité confondants, que soulignent les tubes de variété égrenées par le juke-box du café familial. Difficile de ne pas succomber au charme de ce film naturaliste et mélancolique, qui s’achève en beauté sur une chanson interprétée par Sylvie Verheyde. A voir absolument !
1h 13 Et avec Melissa Rodrigues, Miguel Benasayag, Anne Benoît, William Wayolle…

Rédigé pour Fnac.com en mai 2009

JACQUOU LE CROQUANT

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Laurent Boutonnat
2007

Au début du XIXe siècle… Pour venger son père mort en prison par la faute du Comte de Nansac (Jocelyn Quivrin), qui fait régner la terreur sur le Périgord Noir, un jeune homme (Gaspard Ulliel) va prendre la tête de la révolte paysanne…

Ce n’est pas sans préjugés qu’on aborde le film signé en 2007 par Laurent Boutonnat, compositeur et clippeur attitré de Mylène Farmer, et réalisateur du gothique Giorgino en 1994, adulé par les uns, abhorré par les autres. Dès les premières minutes, on comprend les raisons qui ont poussé Boutonnat à adapter le classique (imaginé en 1899 par Eugène Le Roy) qui avait inspiré en 1969 une saga télévisée populaire avec Éric Damain dans le rôle-titre. L’enfance étant l’un des thèmes chers au cinéaste, le film s’attarde sur celle de Jacquou, petit paysan sur qui le sort s’acharne, tel l’Oliver Twist de Dickens. La beauté d’une jeune Léo Legrand — puis de Gaspard Ulliel — irradie l’écran tandis qu’à grand renfort de plans esthétisants, le mélodrame fait défiler les tableaux, bucoliques (inspirés de Millet), ou plus sombres, lorsque la neige et la mort s’en mêlent. Le cinéaste semble d’ailleurs davantage préoccupé par l’esthétique pure que par les événements de l’histoire (la révolte des paysans est menée ici de manière assez incohérente). Cependant, même si son épopée souffre de maladresses (manichéisme des personnages, ralentis utilisés à outrance, ton des comédiens pas toujours très juste…), Laurent Boutonnat parvient à restituer le charme et la magie des romans épiques de l’enfance. Quelques personnages romantiques, tels La Galiote (incarnée par la magnifique mannequin Bojana Panic) ou le chevalier (Tcheky Karyo) tirent leur épingle du jeu.
2h 20 Et avec Marie-José Croze, Albert Dupontel, Malik Zidi, Olivier Gourmet, Gérald Thomassin, Dora Doll…

Chronique rédigée pour fnac.com en 2008

UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES

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Jean-Pierre Jeunet
2004

1919… La guerre est finie et Manech (Gaspard Ulliel), le fiancé de Mathilde (Audrey Tautou), n’est pas revenu du front de la Somme. Le jeune homme aurait été condamné à mort pour mutilation volontaire et jeté en compagnie de quatre autres détenus sur le no man’s land qui séparait la tranchée française de celle de l’ennemi. Malgré les évidences, Mathilde est persuadée que Manech a survécu. Se fiant à sa petite voix intérieure, elle entreprend de remuer ciel et terre pour le retrouver…

Trois ans après Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet et le scénariste Guillaume Laurant s’attaquent à l’adaptation réputée impossible du roman homonyme de Sébastien Japrisot, Prix Interallié 1991. A travers l’enquête palpitante de Mathilde, se profile la Grande Guerre dans toute son horreur et sa barbarie, et les anecdotes racontées s’inspirent, en grande partie, de faits réels. Très fidèle à l’œuvre poignante de l’écrivain, décédé en 2003, l’épopée de Jeunet retrace cette période douloureuse de l’histoire avec un soin du détail impressionnant et le film offre de véritables morceaux de bravoure. Il est cependant dommage que la mise en scène outrageusement démonstrative (cette satanée manie d’enchaîner trop vite des séquences visuellement plus impressionnantes les unes que les autres) se fasse trop souvent au mépris de l’émotion et des personnages. Les interprètes ne déméritent pas, bien au contraire. Marion Cotillard, particulièrement touchante, et le jeune Gaspard Ulliel obtiendront chacun le César l’année suivante (Meilleur second rôle féminin et Meilleur espoir masculin). Le film remportera également les César de la photo, des décors et des costumes, et sera salué par deux nominations aux Oscars (Direction artistique et Photo).
2 h 13 Et avec Dominique Pinon, André Dussollier, Clovis Cornillac, Albert Dupontel, Jean-Pierre Darroussin, Denis Lavant, Chantal Neuwirth, Jodie Foster, Julie Depardieu…

Chronique rédigée pour fnac.com en 2005