Culte pour toute une génération, la Palme d’Or de Cannes 1989, qui a relancé le cinéma indépendant américain, est pour la première fois disponible en Blu-ray en France. Le film a bénéficié d’un nouveau master Haute Définition et de suppléments de haute volée… Indispensable !
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« You’re right, I’ve got a lot of problems… But they belong to me. »
SEXE, MENSONGES & VIDÉO (Sex, Lies And Videotape)
Steven Soderbergh
1989
Edition Collector 4K Ultra HD + Blu-ray, Blu-ray et DVD parus chez L’Atelier d’images en février 2022
John (Peter Gallagher) est un jeune avocat opportuniste qui a réussi et trompe, dans le plus grand secret, son épouse devenue frigide (Andie MacDowell) avec la sœur de cette dernière, plutôt délurée (Laura San Giacomo). Le cours de leurs vies va être radicalement altéré par l’arrivée d’un ancien ami d’université de John, Graham (James Spader), individu aussi étrange que fascinant. Ce dernier a la manie de collectionner les cassettes vidéo sur lesquelles il enregistre les témoignages de femmes sur leurs expériences amoureuses et sexuelles…
Coup d’éclat du 42ème festival de Cannes, où il a raflé la Palme d’or de manière totalement inattendue, Sexe Mensonges & vidéo a révélé en 1989 le génie de son auteur, Steven Soderbergh, alors et seulement âgé de vingt-six ans. Wim Wenders, président du festival cette année-là, avait eu un coup de foudre pour ce premier film audacieux et parfaitement maîtrisé, interprété par un quatuor de jeunes comédiens talentueux et quasi-inconnus. Le prodige n’avait nullement anticipé le succès de son film à petit budget (d’un million et demi de dollars, il allait en rapporter soixante…) qu’il destinait plutôt au marché de la vidéo. Il avait compté sans l’enthousiasme des cinéphiles et trentenaires de l’époque, séduits par le sentiment de modernité et de liberté émanant de cette œuvre puissante, subversive et plus politique qu’elle en avait l’air. Steven Soderbergh, qui s’était inspiré d’éléments de sa propre vie, avait confié à la revue Positif que ce drôle de titre rassemblait les thèmes du film, mais également ceux de l’Amérique de l’époque : « La vente du sexe, la pratique du mensonge et l’invasion de la vidéo. » Sexe Mensonges & vidéo reflète aussi le sentiment de malaise que peut inspirer la pseudo-liberté sexuelle, et évoque avec pertinence les problèmes de relation et de communication entre les êtres. À l’écran, le sexe y est plus commenté que pratiqué, et c’est bien ce qui fait l’attrait de ce film cérébral où l’ambiguïté est reine et l’érotisme latent. Couronné du Prix d’interprétation masculine à Cannes, James Spader (le futur Reddington de la série Blacklist) n’a jamais été plus sexy que dans ce rôle d’impuissant qui manipule les femmes, tandis qu’Andie MacDowell, la Jane de Greystoke, en révoltée entreprenante, donnait toute la mesure de son talent. À noter qu’il s’agissait de la première bande originale composée par Cliff Martinez (Solaris, Drive, The Neon Demon…), illustre batteur des Red Hot Chili Peppers et de Captain Beefheart.
1 h 40 Et avec Steven Brill, Ron Vauwter, Alexandra Root…
TEST EDITION COLLECTOR
Interactivité ****
Les suppléments, dont beaucoup sont inédits, sont une véritable mine d’or et proviennent des trois rééditions successives (2009, 2018 et aujourd’hui). Philippe Rouyer, journaliste à Positif, revient avec fougue et moult anecdotes sur la genèse du film, son incroyable sacre à Cannes et insiste sur le fait qu’il a contribué à encourager une nouvelle vague de réalisateurs, relançant le cinéma indépendant américain quasiment disparu depuis la fin du Nouvel Hollywood (24 minutes). Il analyse ensuite une scène du film avec beaucoup de pertinence. On apprécie également le commentaire audio du réalisateur conversant avec Neil La Bute, cinéaste révélé par le sulfureux En Compagnie des hommes et fervent disciple de Soderbergh. Les coulisses du tournage, document de 28 minutes tourné en 2018 pour l’édition Criterion, permet de retrouver trois des acteurs du film se remémorant leur expérience (manque James Spader, grand absent ici…). Cliff Martinez et l’ingénieur du son Larry Blake évoquent ensuite leur travail sur la bande-son (19 minutes). Soderbergh commente une scène inédite, avant de rappeler ses influences dans une séquence d’archives enregistrée en 1990. On se régale aussi des interventions des acteurs et du cinéaste captées dans un court document réalisé à Sundance à l’occasion du 20ème anniversaire du film, qui y avait à l’époque remporté le Prix du Public avant de faire la carrière internationale qu’on lui connaît.
Image ****
Format : 1.85
Réputé pour le soin apporté aux restaurations, L’Atelier d’images propose la version du film la plus éblouissante à ce jour sur le Blu-ray UHD de cette édition collector (qui inclut le Blu-ray HD). La restauration provient du travail déjà effectué par Criterion en 2018 à partir du négatif original. La qualité des contrastes, la précision de l’image et la gestion des couleurs sont plus que probantes.
Son ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en anglais et français
Le son n’est pas le point fort de l’édition. Il a néanmoins été remixé lui aussi sous la supervision de Steven Soderbergh. En bref : ne pas s’attendre à de grands effets multicanaux, mais à un équilibre sonore de qualité, idéal pour une œuvre aussi intimiste.
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À noter que L’Atelier d’images publie le 19 avril 2022 une belle édition Blu-ray de l’étonnant The Jacket, film indépendant coproduit en 2005 par Steven Soderbergh et Georges Clooney, réalisé par John Maybury et interprété, entre autres, par Adrien Brody et Keira Knightley. L’édition est enrichie d’un making of de 28 minutes.