Le costume drama est de saison : JEANNE DU BARRY/LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN

 

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« C’est grotesque !
-Non. C’est Versailles. » 

 

JEANNE DU BARRY

Maïwenn
2023
Film d’ouverture du festival de Cannes 2023. Hors compétition.

Dans les salles françaises depuis le 16 mai 2023

La jeune Jeanne Vaubernier, fille d’une couturière et d’un moine, est promise à une vie de domestique. Mais sa beauté, son audace et son esprit vont contrarier ce destin… 

Toute belle qu’elle est, Maïwenn n’a pas les traits de la vraie Jeanne du Barry. A l’arrivée de la courtisane à la cour de Louis XV, en 1768, elle n’en a pas non plus l’âge… Dans le film, c’est moins la Du Barry qui débarque à Versailles que Maïwenn, personnalité passionnée, entière et rebelle. L’actrice-réalisatrice s’est glissée dans la peau de la célèbre favorite avec une autorité et un aplomb sidérants. Dix-sept ans que la cinéaste, en connivence avec le personnage, portait ce projet devenu quasi-obsessionnel. Elle s’est identifiée à « cette fille de rien, prête à tout », à cette courtisane audacieuse et libre à laquelle elle a confié vouer un véritable culte. Dans son film, Maïwenn retrace la destinée édifiante de Jeanne du Barry à la manière d’un conte de fées, mêlant classicisme et modernité, entre Barry Lyndon et la récente série Versailles (une scène de glissade dans la Galerie des Glaces est même filmée à l’identique). Loin d’être une intrigante, le personnage se révèle ici en femme amoureuse, maternelle et généreuse. Bien éduquée, protectrice des arts, cette fille « venue du ruisseau » va faire souffler un vent de spontanéité et d’excentricité sur Versailles, et le faire rayonner plus que jamais. Incomprise par la cour qui lui prête des intentions qu’elle n’a pas, et irrémédiablement considérée comme illégitime, elle finira par payer cher ses désirs d’ascension sociale. Les filles du roi, façon sœurs de Cendrillon (truculentes India Hair et Suzanne de Baecque), la détestent franchement et poussent la dauphine Marie-Antoinette (Pauline Pollmann) à multiplier les affronts à son égard. « Il y a bien du monde, aujourd’hui, à Versailles. », la petite phrase historique assénée par cette dernière, engendre une séquence savoureuse. Jeanne a heureusement des protecteurs. Très bien, Johnny Depp fait un Louis XV mutique aux regards éloquents, et son histoire d’amour avec Jeanne est touchante. Le toujours excellent Benjamin Lavernhe, en premier valet, a le cœur tendre et la parole subtile. Les images sont magnifiques, Versailles est somptueux. On attendait un brûlot féministe, c’est un mélodrame presque sage, pudique et attachant.
1 h 53 Et avec Noémie Lvovsky, Pierre Richard, Melvil Poupaud, Pascal Greggory, Marianne Basler, Robin Renucci, Diego Le Fur, Caroline Chaniolleau…

 

 

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 « Je vous trouve bien arrogant, jeune homme ! »

  

LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN

Martin Bourboulon
2023
Dans les salles françaises depuis le 5 avril 2023

Au 17ème siècle, pendant le règne de Louis XIII (Louis Garrel), la France voit fleurir les complots ourdis par la noblesse protestante soutenue par l’Angleterre, qui menace d’envahir le pays, mais aussi par le cardinal de Richelieu, le Premier ministre, qui voudrait bien compromettre la reine. C’est dans ce contexte agité qu’un jeune Gascon intrépide (François Civil) venu de sa province pour devenir mousquetaire du roi à Paris, s’apprête sans le savoir à devenir un héros…

Il faut reconnaître que ce blockbuster français ne manque pas de panache. Ça tombe bien pour une adaptation d’un chef-d’œuvre d’Alexandre Dumas père, qui a donné naissance en 1844 à un genre littéraire : le roman de cape et d’épée. Certes, on notera plusieurs infidélités au livre (dont les ventes ont explosé depuis la sortie du film), des entorses qui, selon le réalisateur Martin Bourboulon, ont été imaginées pour apporter du peps, de la modernité, ainsi qu’une touche de thriller et de western, susceptibles de combler les attentes du public d’aujourd’hui. Privilégiant l’action et la vitesse, le réalisateur des comédies réussies Papa et maman 1 & 2 et du moins convaincant Eiffel, a ici ressuscité avec brio un genre qui a la saveur de l’enfance. Comme dans l’épatante et récente série anglaise The Musketeers (2014-2017), l’aspect réaliste prévaut (les rues sont pleines de boue ; les protagonistes eux-mêmes sont mal rasés, leur tenue souvent débraillée…) et comme dans The Musketeers, la distribution fait mouche. François Civil semble être né pour jouer D’Artagnan. Son charisme et sa fougue crèvent l’écran. Ses partenaires sont excellents. On s’amuse beaucoup des apparitions de Louis Garrel, qui incarne un Louis XIII absolument délicieux. Vincent Cassel fait un Athos fatigué à souhait. Pio Marmaï, en Porthos, est le bon vivant par excellence. Romain Duris, Aramis aux yeux charbonneux, a adopté le look dandy rock, tandis qu’Eva Green campe une Milady idéalement perfide. Les dialogues sont truculents. La photo est une splendeur, et la mise en scène, truffée de plans séquences ébouriffants, en jette. Sous le charme, on ne voit pas passer les deux heures. La suite des aventures, intitulée Milady, est attendue à la fin de l’année. Vivement Noël !
2 h 01 Et avec Lyna Khoudri, Vicky Krieps, Eric Ruf, Patrick Mille, Jacob Fortune-Lloyd, Marc Barbé, Charlotte Ranson…

 

Lien connexe : critique The Musketeers

VERSAILLES la série

En 2015, il fallait être fou, aveugle ou historien, pour ne pas être ébloui par cette série incroyablement fascinante. Emanation de l’histoire de Louis XIV en son lieu de résidence favori, comme le fut Velvet Goldmine avec le David Bowie glam, Versailles sublime les décors du célèbre palais, et introduit des acteurs sexy et charismatiques, qui emmènent le show vers une modernité éclatante. Pas de panique ! Si vous l’avez ratée, cette merveille vient de paraître en Blu-ray et DVD.

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« Tout est dans l’apparence ! Tout ! »

 

Versailles Saison 1

Vers 2

Série franco-canadienne créée par Simon Mirren et David Wolstencroft
2015 (diffusée pour la première fois le 16 novembre sur Canal+)
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal depuis le 15 décembre

En 1667, Louis XIV (George Blagden) a vingt-huit ans, et est un brin paranoïaque. Pour soumettre la noblesse et asseoir son pouvoir, il décide de s’installer à Versailles, l’ancien pavillon de chasse de son père, qu’il entreprend de transformer pour en faire le plus beau palais du monde, et le symbole de sa gloire et de sa puissance. Mais les nobles ne vont pas tarder à lui mettre des bâtons dans les roues…

La première saison de la série française annoncée comme la plus chère de l’histoire (dépassée récemment par Panthers), création originale de la chaîne Canal +, et coproduite par Capa Drama, s’est achevée sur un dixième épisode plein de suspense. Les réserves suscitées par le pilote, un tantinet confus, se sont vite envolées devant l’intensité dramatique et la beauté stupéfiante de cette production franco-canadienne écrite par des transfuges de MI-5 et Esprits criminels, et tournée en anglais pour séduire le public international. A ce titre, Versailles pousse encore plus loin l’audace de ses aînées Les Tudors et autres Borgias, en assumant des ambitions esthétiques extravagantes et un caractère résolument rock. Jalil Lespert, réalisateur des deux premiers épisodes, a défini le style visuel, épaulé par le chef opérateur Pierre-Yves Bastard (déjà à l’œuvre sur la belle Maison Close). L’idée de la série ayant été inspirée par la splendeur de la galerie des Glaces restaurée en 2007, le travail sur la lumière y est particulièrement remarquable. Les extérieurs (la série a été tournée en France et notamment à Versailles et Vaux-le-Vicomte), les décors et les costumes sont un éblouissement permanent, à l’instar de la distribution, flamboyante. Mais voilà, Versailles, infidèle et peu respectueuse de l’Histoire, a fâché les plus fervents défenseurs de celle-ci. Arguant que « tout ne s’est pas déroulé de cette façon, mais ça aurait pu », les auteurs ont pris leurs distances avec la vérité, en s’appuyant néanmoins sur l’érudition de l’historien Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Château de Versailles. Promu conseiller historique de la série, ce dernier a défini un cadre dans lequel les auteurs ont laissé jouer leur imagination. Sans pour autant verser dans l’anachronisme, les entorses à la chronologie, à la vérité et quelques personnages inventés de toutes pièces pimentent les intrigues d’un divertissement fictionnel avant tout, qu’il faut appréhender comme une interprétation et non une leçon d’histoire (il serait plutôt une incitation à se cultiver). Attention tout de même ! les choses les plus invraisemblables ne sont pas forcément les moins vraies. Complots, perfidies, trahisons pullulent. Tout le monde s’épie, se jalouse et lutte pour sa survie. Les femmes de la cour ont le verbe haut et la cuisse légère. Les états d’âme des personnages sont complexes. Il émane un parfum de soufre de la relation entre le roi et son frère Philippe d’Orléans campés par les épatants et souvent émouvants George Blagden (repéré dans Vikings), et la révélation Alexander Vlahos (vu dans Merlin), dont la rivalité est au cœur de la série : « Tu crois que c’est dur d’être roi. Essaie d’être le frère du roi pour voir ! ». A la croisée de David Bowie et de l’Al Pacino du Parrain, le futur Roi Soleil, stratège, visionnaire, mégalomane et génie de la communication, est aussi terriblement humain. Que les férus d’histoire enragent donc dans leur coin, Versailles, c’est sexy, c’est glam, c’est passionnant, et on a hâte de voir la suite.
Et avec Tygh Runyan, Stuart Bowman, Evan Williams, Anatole Taubman, Amira Casar, Noémie Schmidt, Lizzie Brocheré…

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Test Blu-ray :

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Interactivité*
Les dix épisodes de 52 minutes sont enrichis d’un making of promotionnel de 18 minutes (il était diffusé en simultané sur Canal+). C’est bien joli, mais on aurait aimé en savoir un peu plus sur la création.

Image ****
Format : 1.77
Le support Blu-ray rend particulièrement justice à la splendeur de la photo. Le piqué est parfait, l’image contrastée et lumineuse à souhait. On en prend plein les yeux.

Son : ****
DD Master Audio 5.1 en anglais sous-titré et français
Audiodescription
Là aussi, c’est Byzance ! La piste non-compressée permet d’apprécier la subtilité de la bande-son moderne composée par Eduardo Noya Schreus, collaborateur récurrent de Xavier Dolan (la chanson du générique est du groupe electro français M83). On notera la bonne tenue du doublage français.

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Canal+
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