CHRISTMAS ACTUALLY

Lorsqu’on a le Christmas spirit, le choix du film de Noël s’avère aussi délicat que celui du sapin. Dans ce domaine, La vie est belle de Frank Capra, tient toujours la corde, mais, au rayon des classiques, force est de constater que Meet Me In St Louis (Le chant du Missouri), de Vincente Minnelli, White Christmas, de Michael Curtiz et Miracle On 34th Street, de George Seaton, sont toujours du plus bel effet.

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Pour les plus jeunes, mais pas seulement, le DVD Mickey, il était deux fois Noël, propose cinq courts-métrages d’animation en images de synthèse absolument merveilleux. Dans ce registre, on retiendra également Le Pôle Express de Robert Zemeckis et l’excellent Les Quatre filles du docteur March, circa 1994, par Gillian Armstrong. Rayon comédie, Un ticket pour deux (Planes, Trains & Automobiles), de John Hugues et Famille à louer, de Mike Mitchell, dans lequel Ben Affleck campe un milliardaire esseulé, valent leur pesant de cacahuètes, à l’instar d’Un Noël de folie de Joe Roth, adapté de John Grisham, qui montre ce qu’il en coûte de vouloir zapper Noël. Les amateurs d’action ne se feront pas prier pour revoir Piège de cristal de John McTiernan, mais les romantiques invétérés préféreront Family Man de Brett Ratner ou Un amour à New York (Serendipity) de Peter Chelsom. Quant au chef-d’œuvre Love Actually, de Richard Curtis, il est tout simplement inconcevable de s’en passer durant les fêtes.

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Love Actually

Richard Curtis
2003 (DVD/Blu-ray Studiocanal)

A Londres, à quelques jours de Noël, les tribulations amoureuses de plusieurs individus, tous mystérieusement liés. Du Premier Ministre (Hugh Grant) prêt à défier le monde pour les beaux yeux de son assistante, à l’écrivain au cœur brisé (Colin Firth), les amoureux dans tous leurs états sont passés au crible…

Dans Love Actually, on nage en plein fantasme, voire en plein délire. Qu’importe ! Pygmalion de Hugh Grant, et complice des débuts de Rowan Atkinson, Richard Curtis est une véritable institution en Angleterre depuis qu’il a signé les scénarios de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et l’adaptation du Journal de Bridget Jones. Sur les écrans fin 2003, son premier film en tant que réalisateur revêtait l’apparence d’un puzzle merveilleusement ciselé, porté par une bande-son pop idéale et une distribution à se damner (Keira Knightley n’a jamais été aussi craquante et Denise Richards fait une apparition spectaculaire !). Hymne à l’amour gorgé d’humour (Bill Nighy et Rowan Atkinson y vont de leurs numéros mémorables), Love Actually enchaîne à un rythme effréné les séquences sensationnelles, drôles, émouvantes ou invraisemblablement romantiques. Un pur bonheur, et donc film de Noël par excellence !

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Chronique rédigée pour Fnac.com en 2004

LE CYGNE NOIR et Sélection DVD/Blu-ray Noël 2014

Visionner un film ou une série en DVD ou Blu-ray devenant de plus en plus exceptionnel au fur et mesure que le streaming (légal ou sauvage) entre dans les mœurs, Noël est l’occasion idéale pour en offrir ou en recevoir, d’autant que certaines éditions, consacrées à des classiques en version restaurée, remastérisée, et enrichis de suppléments rares, sont de véritables trésors. Et parce qu’un Blu-ray ou un DVD fera toujours plus joli au pied du sapin qu’un lien vers une plateforme de téléchargement, voici une sélection des meilleurs titres récents à commencer par Le Cygne noir, d’Henry King, qui a bercé l’enfance et enflammé l’imaginaire de nombreux cinéphiles, dont Bertrand Tavernier, qui en fait une présentation enthousiaste dans les bonus.

 

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« Sur l’île de la Tortue, quand une femme gifle un homme, c’est qu’elle désire qu’il la prenne dans ses bras, la renverse et la couvre de baisers. Je suppose qu’en Jamaïque, un gentleman se doit de refuser une telle offre… » Jamie (Tyrone Power) après avoir été giflé par Lady Margaret (Maureen O’Hara)

 

Le Cygne noir (The Black Swan) 

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Henry King
1942 (Blu-ray disponible depuis octobre 2014 chez Sidonis)

Au XVIIe siècle, dans les Caraïbes, la paix ayant été signée entre les Anglais et les Espagnols, le pirate Henry Morgan (Laird Cregar) évite de justesse la pendaison. Il est gracié par le roi Charles II, qui le nomme gouverneur de la Jamaïque afin qu’il mette un terme aux activités de ces complices flibustiers. Jamie Waring (Tyrone Power), son fidèle second, se range à ses côtés, mais d’autres, tel le Capitaine Billy Leech (George Sanders), n’ont pas l’intention d’arrêter les pillages. Entre les rebelles et les aristocrates anglais réticents à laisser Morgan aux commandes, la pacification s’annonce difficile. Mais Jamie a la tête ailleurs : il est tombé fou amoureux de Lady Margaret Denby (Maureen O’Hara), la fille de l’ancien gouverneur. Et la belle n’a pas l’intention de lui tomber dans les bras, du moins pas trop vite…

Joyau du film de pirates, comme La Flibustière des Antilles ou Captain Blood, Le Cygne noir n’est pas un film d’aventures ordinaire. Il est même d’une sophistication étonnante. Si le scénario est des plus classique (il est adapté d’un roman de Rafael Sabatini, auteur, entre autres, de Captain Blood et Scaramouche), il se distingue par la qualité de sa photo signée Leon Shamroy (Cléopâtre), son technicolor éclatant (les ciels orangés et soleils couchants y mémorables) et sa mise en scène enlevée, notamment durant les scènes d’action en mer. On la doit au bien nommé Henry King, un des plus importants cinéastes de sa génération, aussi classique qu’éclectique (il est le réalisateur de Capitaine de Castille, Le brigand bien-aimé ou du sensationnel Bravados, mais aussi du Chant de Bernadette et de Tendre est la nuit). Le plus étonnant, cependant, réside dans les accents de Screwball Comedy totalement inattendus ici. Passablement macho, à l’instar de ses congénères, le pirate incarné par le bondissant Tyrone Power passe en effet le plus clair de son temps à tenter de séduire l’aristocrate coriace campée par Maureen O’Hara (qui fera elle-même quelques années plus tard une excellente flibustière dans A l’abordage, aux côtés d’Errol Flynn). Grâce aux dialogues signés Ben Hecht, le scénariste le plus doué de l’âge d’or d’Hollywood, leurs échanges sont truculents, et leurs joutes bravent même les interdits de la censure. On s’amuse beaucoup de ces prises de bec qui font presque oublier les dangers qui guettent le héros. Et pourtant, les trahisons vont bon train, les personnages changent de camp, et les vilains le sont vraiment. Dans la mêlée, on se réjouit de retrouver Anthony Quinn et l’épatant Thomas Mitchell, probablement l’acteur de second rôle le plus populaire de son époque. Bien malin cependant celui qui reconnaîtra le distingué George Sanders derrière Leech, pirate cruel, rouquin et très barbu. Le Cygne noir a obtenu en 1943 l’Oscar de la Meilleure photo.

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Jamie

 

Test Blu-ray :

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Interactivité***
En guise de présentation du film, Bertrand Tavernier se remémore sa découverte du film dans le ciné-club consacré au cinéma américain qu’il avait fondé lorsqu’il était jeune cinéphile. Il évoque toutes les qualités du film, et insiste fort justement sur la personnalité de Tyrone Power, acteur sous-estimé (19 mn). Dans une rétrospective dédiée à la mémoire d’Errol Flynn, Jean-Claude Missiaen se penche ensuite sur les boucaniers, corsaires et pirates qui ont fait les belles heures du cinéma (13 mn). Il rappelle qu’Henry Morgan a réellement existé et pointe du doigt l’absence des grandes figures de la piraterie française pour cause de productions quasi exclusivement anglo-saxonnes et hollywoodiennes. Jean-Claude Missiaen, comme la plupart des passionnés du genre, en situe la mort au milieu des années 50 et n’accorde guère de crédit aux récentes résurrections.

Image ****
Format : 1.33
La restauration restitue la flamboyance du Technicolor. Le rouge des lèvres de Maureen O’Hara et les ciels rosés sont hallucinants. Une splendeur, à peine écornée par quelques petits défauts dans le piqué.

Son ***
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres français imposés
Une piste dynamique, qui met en valeur la musique trépidante d’Alfred Newman. Elle est plus équilibrée en version originale, mais la version française rend le film presque plus amusant.

 

SELECTION NOEL 2014

 

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On peut également découvrir chez Sidonis le Blu-ray de l’excellent Le Seigneur de la guerre, de Franklin J. Schaffner, avec Charlton Heston, en version remastérisée (image et son), incluant une présentation de Patrick Brion et un documentaire sur Charlton Heston.

 

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Chez Wild Side Video, pour moins de 30 €, impossible de louper les prestigieuses éditions Collector Combo (Blu-ray+DVD Master restauré en HD + livre sur l’histoire du film) consacrées aux mythiques Règlement de comptes, de Fritz Lang, Fat City, de John Huston et Lord Jim, de Richard Brooks.

 

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Jacques Tourneur est à l’honneur chez Warner qui publie un coffret DVD de huit chefs-d’œuvre en versions restaurées, dont La féline, La griffe du passé et La flèche et le flambeau (49,99 € ), disponible uniquement à la Fnac et sur Fnac.com.

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d9f0tjkssfrbs7s1Si vous ne vous êtes pas déjà offert les monuments de Sergio Leone, réalisateur ou producteur, Fox Pathé Europa publie pour Noël un coffret Blu-ray réparateur, intitulé Le maître du western. Il comprend : Pour une poignée de dollars, Pour quelques dollars de plus, Le bon, la brute et le truand, Il était une fois dans l’Ouest, Il était une fois la révolution (pour la première fois en HD), Mon nom est personne et Un génie, deux associés, une cloche (sur DVD). Le coffret existe aussi en DVD.

 

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Du même acabit, le coffret Steven Spielberg commercialisé en Blu-ray chez Universal propose huit films (Duel, Sugarland Express, Les dents de la mer, 1941, E.T., Always, Jurassic Park, Jurassic Park : Le monde perdu) dont quatre sont inédits en Blu-ray. Il est enrichi de bonus sensationnels et d’un livre de 34 pages.

 

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Enfin, si les intégrales de séries fleurissent chez tous les éditeurs, il faut offrir ou de se faire offrir la meilleure série de l’année, soit True Detective (voir chronique), dont la saison 1 (la seule pour le moment) est parue chez Warner en Blu-ray, en DVD et même en édition limitée incluant un mug, idéal pour faire le plein de caféine lors des longs interrogatoires.

 

HBO's "True Detective" Season 1 / Director: Cary Fukunaga

 

 

HOLLYWOOD DANS LES ANNÉES 30

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Les amoureux de l’âge d’or d’Hollywood seront comblés par ce livre conçu, illustré et écrit par deux passionnés : le graphiste allemand Robert Nippoldt, et son compatriote critique de cinéma Daniel Kothenschulte. Nommé Meilleur livre de cinéma de l’année 2014 par l’Institut du Film de Berlin, cet ouvrage magnifique, publié par Taschen, ramène à cette époque mythique où les stars rivalisaient de glamour, et les réalisateurs et directeurs de studios, de mégalomanie. Cherry sur le gâteau, cette merveille est disponible à un prix très abordable.

 

Hollywood dans les années 30
Robert Nippoldt et Daniel Kothenschulte
2014 Taschen Couverture rigide (21,6 x 34 cm, 160 pages) € 39,99

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L’histoire des grains de beauté dessinés sur le visage de Jean Harlow (avec carte à l’appui et références des films), celle des lettres du sigle Hollywood, symbole de la grandeur des studios, en piteux état durant les années 70, et dont la réparation de certaines lettres abimées a été financée en 1978 par la rock star Alice Cooper, ou celle, édifiante, de la création d’Autant en emporte le vent, figurent parmi les légendes narrées avec humour par Daniel Kothenschulte, critique de cinéma et pianiste de films muets, et illustrées par des dessins très stylisés de Robert Nippoldt, à l’initiative de ce magnifique ouvrage.

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Si les deux auteurs ne manquent pas d’immortaliser, via des portraits piquants, les plus célèbres personnalités de l’époque — Louise Brooks, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Charlie Chaplin, Errol Flynn, Clark Gable, Humphrey Bogart, Cary Grant, Katharine Hepburn et l’anti-girl next door Joan Crawford (« Si c’est la fille d’à côté que vous voulez voir, allez voir à côté ! ») – ils rendent également hommage à des figures moins connues du grand public, tel Ben Hecht, fameux scénariste d’une montagne de chefs-d’œuvre et même “médecin-scénariste” (il est venu à la rescousse de nombreuses productions en cours, dont Autant en emporte le vent), le maquilleur de l’horreur Jack P. Pierce, auquel on doit le masque de Frankenstein, ou Marie Dressler, sexagénaire dont la verve caustique lui avait valu d’être la star féminine la plus populaire du début des années 30. Côté réalisateurs, Fritz Lang, Ernst Lubitsch, John Ford, Tod Browning ou George Cukor n’ont pas été oubliés. Enfin, en complément de cette exquise rétrospective, on peut découvrir une carte stylisée de Los Angeles permettant de repérer l’emplacement des grands studios, une frise chronologique pointant les événements marquants de la période, et la liste de vingt-neuf films incontournables de cet âge qui fut aussi doré et scintillant que la couverture de ce livre.

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