Bob Willoughby AUDREY HEPBURN

Bonne nouvelle, Taschen réédite à petit prix le superbe livre du photographe hollywoodien Bob Willoughby consacré à Audrey Hepburn, son modèle fétiche, dont il était devenu le confident au fil des années. Alternant photos de plateau et de vie privée, l’ouvrage porte principalement sur cinq films de l’actrice tournés entre 1953 et 1966 : Vertes demeures, La rumeur, Deux têtes folles, My Fair Lady et Voyage à deux.

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« Connaître Audrey Hepburn, c’était côtoyer la grâce. » Bob Willoughby

 

Bob Willoughby – Audrey Hepburn
Photographs 1953-1966
Taschen
Edition multilingue (allemand, anglais, français) 280 pages

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C’est en 1953 que Bob Willoughby photographie Audrey Hepburn pour la première fois, et tombe sous son charme. Ça se passe aux studios de la Paramount où la jeune actrice, encore inconnue, doit effectuer des photos promotionnelles pour Vacances romaines, dont le tournage vient de s’achever. Willoughby, qui a étudié le graphisme avec Saul Bass et a appris, durant les années 40, auprès des plus grands photographes hollywoodiens, est engagé par le studio pour réaliser des instantanés promotionnels. Ce genre de clichés, pris par quelqu’un d’extérieur au studio, fera de lui le pionnier (et le plus célèbre) des photographes de plateau. Il est, selon le magazine Popular Photography, « l’homme qui a inventé le photojournalisme sur les tournages ». S’il est d’abord remarqué en 1954 grâce à sa série de photos de Judy Garland sur le plateau d’Une étoile est née, c’est avec Audrey Hepburn qu’il entretiendra une amitié durable, au travail comme à la ville. On lui doit quelques-unes plus célèbres photos promotionnelles de l’actrice, mais aussi des clichés plus intimes : Audrey faisant ses courses au supermarché, jouant avec son jeune fils Sean, discutant d’un rôle avec son époux Mel Ferrer, faisant de la gymnastique dans son jardin ou endormie sur son canapé auprès du faon Ip, qui devait apparaître à ses côtés dans Vertes demeures.

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Disparu en 2009, seize ans après Audrey Hepburn, Bob Willoughby avait souhaité avec ce livre, publié pour la première fois en 2010, rendre hommage à celle qu’il voyait comme « un farfadet féminin, une créature sylvestre féerique qui, sous nos yeux, savait se transformer en princesse. » Plutôt monumental, l’ouvrage est enrichi d’un index dans lequel chaque photo profite d’un commentaire explicatif de Bob Willoughby. Bref, un livre indispensable pour les fans de l’icône.

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« Enfant, on m’a appris qu’il était mal élevé d’attirer l’attention sur soi, et qu’il ne fallait jamais, au grand jamais, se donner en spectacle… Et c’est en faisant justement cela que j’ai gagné ma vie. » Audrey Hepburn

 

BACK TO BLACK

Cinéphiles et amateurs de films noirs en particulier se jetteront sur ce splendide et monumental ouvrage édité par Taschen tout récemment, qui rend un hommage plutôt audacieux à un genre cinématographique esthétique par essence. Introduit par Notes sur le film noir, texte de référence signé Paul Schrader en 1971, le livre répertorie chronologiquement cent des plus belles œuvres du film noir et néo-noir, du Cabinet du Docteur Caligari à Drive, en passant par les classiques Laura ou Le grand sommeil et les plus inattendus The Dark Knight ou Black Swan. Chaque entrée, enrichie d’analyses et extraits de critiques, est généreusement illustrée d’affiches et de photos. Un must have, qui suscitera immanquablement une réflexion sur un genre plus riche et complexe qu’il y paraît.

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« A l’instar du film noir classique, le néo-noir nous plonge dans les ténèbres pour mieux nous faire entrevoir la lumière. » Douglas Keesey

  

Film Noir, 100 All-Time Favorites

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Paul Duncan, Jürgen Müller
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(21,5 x 27,4 cm), 688 pages, 39,99 €

Même si, selon la légende, le terme a été inventé par un Français, le film noir est, avec le western, le genre le plus emblématique du cinéma américain. On doit l’expression au critique Nino Frank qui l’aurait pour la première fois utilisé en 1946 dans un article publié dans l’Ecran français. Un an plus tôt, Jacques Prévert avait baptisé Série noire la collection de polars éditée par Marcel Duhamel, qui a contribué à populariser le roman noir américain en France. Cet engouement pour le polar venu d’outre-Atlantique est né à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après avoir bouleversé Hollywood, les films noirs débarquent en masse sur les écrans français. Ces histoires de corruption, de trahisons et de crimes, influencées par le pulp, sont pétries de pessimisme et de cynisme, et hantées par les visions expressionnistes des réalisateurs européens expatriés, maîtres du clair-obscur (Fritz Lang en tête).

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Dans le film noir, écrit Paul Schrader, scénariste de Taxi Driver, et réalisateur d’ American Gigolo, la forme est toujours plus importante que le fond, et celui-ci ne saurait être assimilé aux films de gangsters, ou réduit à une combinaison d’éléments (femme fatale, détective désabusé, décor urbain, scènes nocturnes, crime… ). « Il ne se définit pas par des compositions et des conflits conventionnels, mais plutôt par de subtils éléments de tonalité et d’atmosphère ». Ainsi, comme s’emploient à le démontrer les deux éditeurs et spécialistes de cinéma Paul Duncan et Jürgen Müller, le film noir, qu’il soit défini comme un genre, un style ou un mouvement, est ouvert. Leur sélection donne la préférence à Quai des brumes, Le trésor de la Sierra Madre, Fenêtre sur cour ou Blade Runner plutôt qu’à Règlement de comptes ou Le carrefour de la mort. Pourquoi pas ? D’autant qu’une liste de mille films figure en index final, histoire de ne pas froisser les susceptibilités.

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En avant propos, le livre bénéficie également d’une analyse approfondie de La Dame de Shanghai d’Orson Welles par Jürgen Müller et Jörn Hetebrügge, ainsi que d’une Introduction au néo-noir par Douglas Keesey, professeur de cinéma et de littérature et auteur de nombreux ouvrages sur le 7ème art.

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Mon Top 10 perso :
(sans ordre de préférence, mais dominé quand même par Règlement de comptes):

Laura Otto Preminger, 1944
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La griffe du passé (Out of the Past), Jacques Tourneur, 1947
Annex - Mitchum, Robert (Out of the Past)_05

La femme aux cigarettes (Road House), Jean Negulesco, 1948
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Le démon s’éveille la nuit (Clash By Night), Fritz Lang, 1952
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Le port de la drogue (Pickup on South Street), Samuel Fuller, 1953
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Règlement de comptes (The Big Heat), Fritz Lang, 1953
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Traquenard (Party Girl), Nicholas Ray, 1958
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A bout portant (The Killers) Don Siegel, 1964
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N’hésitez pas à donner le vôtre…

 

 

 

SCREWBALL : Divine Comédie

Tous les amoureux de comédies romantiques le savent, il n’y a pas plus chic, plus spirituel, plus jubilatoire que la comédie screwball hollywodienne. Les excentriques Indiscrétions (The Philadelphia Story, 1940) de George Cukor, L’Impossible monsieur Bébé (Bringing Up Baby, 1938) et La dame du vendredi (His Girl Friday, 1940) de Howard Hawks, ou Cette sacrée vérité (The Awful Truth, 1937) de Leo McCarey comptent parmi les chefs-d’œuvre du genre. Grégoire Halbout, angliciste et docteur en études cinématographiques, enseignant à Sciences Po et Paris 5 – René Descartes, s’est penché sur le sujet, qu’il a creusé sans modération dans La comédie screwball hollywoodienne 1934-1945, l’ouvrage qu’il vient de publier chez Artois Presses Université.

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« Screwball est un mot étroitement associé aux sports de balle, à commencer par le billard et le cricket, où il désigne un mouvement de torsion au moment de frapper la boule ou la balle… Les notions immédiatement corrélées à l’expression screwball expriment l’idée d’un comportement déviant, d’un tour qui prend par surprise. » Grégoire Halbout

PhilsdelphiaStory_WEB Katharine Hepburn, John Howard, Cary Grant et James Stewart dans Indiscrétions (The Philadelphia Story)

Issu de la thèse de doctorat de l’auteur, ce livre d’érudit, sous-titré Sexe, amour et idéaux démocratiques, revient sur les origines du genre et le replace dans le contexte de la société américaine, alors en pleine libéralisation de ses mœurs. On y apprend que même si ses prémices se font sentir dans le cinéma muet et dans la comédie sophistiquée, la comédie screwball prend son envol en 1934, avec trois films en particulier : New York-Miami, de Frank Capra, Train de luxe (Twentieth Century) d’Howard Hawks et L’Introuvable (The Thin Man) de W. S Van Dyke (premier épisode d’une truculente saga illuminée par le tandem William Powell-Myrna Loy). Historique, stylistique, esthétique, politique, sociologique, tous les aspects du genre sont décryptés par Grégoire Halbout qui n’omet pas d’évoquer les relations tendues avec la censure de l’époque (le code Hays est en vigueur), qui n’appréciait guère les écarts de langage et les tenues légères (peignoirs ou pyjamas !) de ces comédies loufoques. Ainsi, on découvre que L’impossible monsieur Bébé est « un des films les plus fréquemment cités pour illustrer le pouvoir du langage et des dialogues à double-sens dans la comédie américaine ». Il est aussi « le film screwball contenant le plus grand nombre de mots à connotation sexuelle ».

Si le livre semble parfois un peu technique, il est une véritable mine d’informations, tel cet inventaire des meilleures comédies screwball par réalisateur, qui fera le bonheur des cinéphiles.

screwballClaudette Colbert et Clark Gable dans New York-Miami (It Happened One Night)

impossible-monsieur-bebe-06-gKatharine Hepburn et Cary Grant dans L’impossible monsieur Bébé (Bringing Up Baby)

18444941.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxIrene Dunne et Cary Grant dans Cette sacrée vérité (The Awful Truth)