VERSAILLES la série

En 2015, il fallait être fou, aveugle ou historien, pour ne pas être ébloui par cette série incroyablement fascinante. Emanation de l’histoire de Louis XIV en son lieu de résidence favori, comme le fut Velvet Goldmine avec le David Bowie glam, Versailles sublime les décors du célèbre palais, et introduit des acteurs sexy et charismatiques, qui emmènent le show vers une modernité éclatante. Pas de panique ! Si vous l’avez ratée, cette merveille vient de paraître en Blu-ray et DVD.

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« Tout est dans l’apparence ! Tout ! »

 

Versailles Saison 1

Vers 2

Série franco-canadienne créée par Simon Mirren et David Wolstencroft
2015 (diffusée pour la première fois le 16 novembre sur Canal+)
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal depuis le 15 décembre

En 1667, Louis XIV (George Blagden) a vingt-huit ans, et est un brin paranoïaque. Pour soumettre la noblesse et asseoir son pouvoir, il décide de s’installer à Versailles, l’ancien pavillon de chasse de son père, qu’il entreprend de transformer pour en faire le plus beau palais du monde, et le symbole de sa gloire et de sa puissance. Mais les nobles ne vont pas tarder à lui mettre des bâtons dans les roues…

La première saison de la série française annoncée comme la plus chère de l’histoire (dépassée récemment par Panthers), création originale de la chaîne Canal +, et coproduite par Capa Drama, s’est achevée sur un dixième épisode plein de suspense. Les réserves suscitées par le pilote, un tantinet confus, se sont vite envolées devant l’intensité dramatique et la beauté stupéfiante de cette production franco-canadienne écrite par des transfuges de MI-5 et Esprits criminels, et tournée en anglais pour séduire le public international. A ce titre, Versailles pousse encore plus loin l’audace de ses aînées Les Tudors et autres Borgias, en assumant des ambitions esthétiques extravagantes et un caractère résolument rock. Jalil Lespert, réalisateur des deux premiers épisodes, a défini le style visuel, épaulé par le chef opérateur Pierre-Yves Bastard (déjà à l’œuvre sur la belle Maison Close). L’idée de la série ayant été inspirée par la splendeur de la galerie des Glaces restaurée en 2007, le travail sur la lumière y est particulièrement remarquable. Les extérieurs (la série a été tournée en France et notamment à Versailles et Vaux-le-Vicomte), les décors et les costumes sont un éblouissement permanent, à l’instar de la distribution, flamboyante. Mais voilà, Versailles, infidèle et peu respectueuse de l’Histoire, a fâché les plus fervents défenseurs de celle-ci. Arguant que « tout ne s’est pas déroulé de cette façon, mais ça aurait pu », les auteurs ont pris leurs distances avec la vérité, en s’appuyant néanmoins sur l’érudition de l’historien Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Château de Versailles. Promu conseiller historique de la série, ce dernier a défini un cadre dans lequel les auteurs ont laissé jouer leur imagination. Sans pour autant verser dans l’anachronisme, les entorses à la chronologie, à la vérité et quelques personnages inventés de toutes pièces pimentent les intrigues d’un divertissement fictionnel avant tout, qu’il faut appréhender comme une interprétation et non une leçon d’histoire (il serait plutôt une incitation à se cultiver). Attention tout de même ! les choses les plus invraisemblables ne sont pas forcément les moins vraies. Complots, perfidies, trahisons pullulent. Tout le monde s’épie, se jalouse et lutte pour sa survie. Les femmes de la cour ont le verbe haut et la cuisse légère. Les états d’âme des personnages sont complexes. Il émane un parfum de soufre de la relation entre le roi et son frère Philippe d’Orléans campés par les épatants et souvent émouvants George Blagden (repéré dans Vikings), et la révélation Alexander Vlahos (vu dans Merlin), dont la rivalité est au cœur de la série : « Tu crois que c’est dur d’être roi. Essaie d’être le frère du roi pour voir ! ». A la croisée de David Bowie et de l’Al Pacino du Parrain, le futur Roi Soleil, stratège, visionnaire, mégalomane et génie de la communication, est aussi terriblement humain. Que les férus d’histoire enragent donc dans leur coin, Versailles, c’est sexy, c’est glam, c’est passionnant, et on a hâte de voir la suite.
Et avec Tygh Runyan, Stuart Bowman, Evan Williams, Anatole Taubman, Amira Casar, Noémie Schmidt, Lizzie Brocheré…

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Test Blu-ray :

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Interactivité*
Les dix épisodes de 52 minutes sont enrichis d’un making of promotionnel de 18 minutes (il était diffusé en simultané sur Canal+). C’est bien joli, mais on aurait aimé en savoir un peu plus sur la création.

Image ****
Format : 1.77
Le support Blu-ray rend particulièrement justice à la splendeur de la photo. Le piqué est parfait, l’image contrastée et lumineuse à souhait. On en prend plein les yeux.

Son : ****
DD Master Audio 5.1 en anglais sous-titré et français
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Là aussi, c’est Byzance ! La piste non-compressée permet d’apprécier la subtilité de la bande-son moderne composée par Eduardo Noya Schreus, collaborateur récurrent de Xavier Dolan (la chanson du générique est du groupe electro français M83). On notera la bonne tenue du doublage français.

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Canal+
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FAST & CURIOUS Octobre 2015

En vitesse rapide, vus au ciné, en Blu-ray /DVD ou à la télévision ce mois-ci…

 

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Le labyrinthe : La terre brûlée (Maze Runner : The Scorch Trials)

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Wes Ball
2015 (Dans les salles françaises depuis le 7 octobre)

Un an après, la suite de Labyrinthe, le film de science-fiction pour ados adapté de la série de romans de James Dashner…

Si le premier épisode était adroit et inventif, le deuxième se révèle plus convenu dans la forme, mais tout aussi captivant. Signé, comme son prédécesseur, par Wes Ball, réalisateur venu des effets spéciaux, le film, très efficace, entraîne, façon montagnes russes dans une course-poursuite haletante à travers des décors post-apocalyptiques grandioses. Un univers truffé de références (à Mad Max 2, The Walking Dead, Star Wars…) et très ludique. On est séduit par ces séquences horrifiques et d’action bien fichues, et ces jeunes comédiens sympathiques (dont plusieurs ressortissants de Game Of Thrones). Moins pompeux que Hunger Games et beaucoup plus divertissant ! Troisième volet attendu en 2017.
(2 h 13) Avec Dylan O’Brien, Hi Hong Lee, Kaya Scodelario, Thomas Brodie-Sangster, Patricia Clarkson, Aidan Gillen, Lili Taylor, Barry Pepper…
Bande-annonce
***

Prédestination (Predestination)

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Michael et Peter Spierig
2014

Un agent temporel poursuit un criminel qui lui a échappé toute sa vie…

Grand risque de burn-out devant cet ambitieux thriller de science-fiction aux allures de Dark City paru directement en vidéo et adapté de la nouvelle All You Zombies de Robert A. Heinlein (un de ses romans, Etoiles, garde-à-vous !, avait inspiré à Paul Verhoeven l’excellent Starship Troopers). Pourtant (lorsqu’on l’a comprise), l’idée se révèle incroyablement audacieuse. Dommage que les réalisateurs du réjouissant Daybreakers, qui explorait d’une manière inédite le thème du vampire, aient un peu trop emberlificoté leur casse-tête au point de le rendre un tantinet illogique. Demeurent des scènes fascinantes, emmenées par les très bons Ethan Hawke et la troublante Australienne Sarah Snook. A revoir en boucle !
OCS (1h 37) Avec Ethan Hawke, Sarah Snook, Noah Taylor…
Bande-annonce
***

Le loup de Wall Street (The Wolf Of Wall Street)

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Martin Scorsese
2013

Dans les années 80, l’ascension vertigineuse et la chute d’un trader frauduleux, histoire adaptée de l’autobiographie homonyme de Jordan Belfort…

Ne serait-ce que pour la performance de Leonardo DiCaprio, qui joue cet escroc cynique et immoral, moitié bouffon moitié ordure, avec l’endurance d’un marathonien, Le loup de Wall Street vaut ces presque trois heures d’hystérie. La forme épouse parfaitement le fond, mais on frôle l’indigestion durant la première heure, matraquage sauvage de sexe, de drogue et de tubes pop/rock (le plus souvent anachroniques, comme dans Casino). Cette surenchère visuelle et sonore censée refléter le chaos décadent et monstrueux dans lequel baignent le héros et ses disciples ennuie et épuise davantage qu’elle ne fascine. On se réjouit donc de l’arrivée des emmerdes et du FBI, qui redonnent de l’intérêt à ces turpitudes excessives et engendrent des scènes franchement désopilantes, dont certaines sont devenues culte (celle de la prise de Quaaludes Lemmon 714 périmés, au hasard). On retient aussi numéros savoureux de Matthew McConaughey, Jonah Hill et de la révélation australienne Margot Robbie. En dépit de ses cinq nominations aux Oscars en 2014, ce méga carton au box-office est reparti bredouille. Comme quoi…
Canal+ (2h 59) Avec Leonardo DiCaprio, Jonah Hill, Margot Robbie, Kyle Chandler, Rob Reiner, Matthew McConaughey, Jon Berthal…
Bande-annonce
*** 

Art Of Steal (The Art Of The Steal)

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Jonathan Sobol
2013

Un ex-voleur de tableaux reconverti cascadeur de foire, accepte un dernier coup proposé par son demi-frère et ex-associé, qui l’a pourtant envoyé en prison durant cinq ans…

Paru directement en vidéo, le deuxième long-métrage du Canadien Jonathan Sobol est une petite merveille d’humour. La mise en scène rythmée et astucieuse, le travail sur l’image (split-screen, flash-back très rétro…), l’intrigue bien ficelée, et les prestations hilarantes de cette brochette aux petits oignons (Kurt Russell, Matt Dillon, Jay Baruchel, Terence Stamp…) font de ce divertissement un véritable antidépresseur, tordant jusqu’au bout du générique de fin.
OCS Max (1h 30) Avec Kurt Russell, Matt Dillon, Jay Baruchel, Terence Stamp, Kenneth Welsh, Chris Diamantopoulos, Katheryn Winnick…
Bande-annonce
**** 

Inside Llewyn Davis

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Ethan et Joel Coen
2013 (Grand Prix du Jury du festival de Cannes 2013)

En 1961, quelques jours dans la vie chaotique d’un jeune chanteur de folk qui tente de percer à New York et va de déconvenue en déconvenue…

Conçu comme une chanson folk, le film d’Ethan et Joel Cohen frise la perfection. Les mésaventures de Llewyn Davis, personnage fictif librement inspiré du chanteur Dave Van Ronk, ont invariablement quelque chose de burlesque et d’absurde. Constamment en décalage avec ses proches et son environnement, le personnage, se révèle lui-même tragicomique (épatant Oscar Isaac, qui interprète lui-même ses chansons). Il nous transporte dans ce Greenwich Village en pleine émergence de talents venus dépoussiérer la musique traditionnelle américaine. Sur la scène du Gaslight Cafe, s’agitent les fantômes de Jim Glover et Jean Ray, Peter, Paul & Marie, Tom Paxton, Ramblin’ Jack Elliott et, bien sûr, Bob Dylan. La photo léchée du chef-opérateur français Bruno Delbonnel confère des accents magiques à la lumière de l’hiver new-yorkais de ces mythiques sixties. Beau, drôle, poétique, un peu triste et extrêmement attachant.
Ciné+ Club (1 h 44) Avec Oscar Isaac, Carey Mulligan, Justin Timberlake, John Goodman…
Bande-annonce
****

Dix pour cent — Saison 1

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Série créée en 2015 par Fanny Herrero d’après une idée originale de Dominique Besnehard

Chronique du quotidien d’une prestigieuse agence artistique parisienne…

La presse et les médias ont déroulé le tapis rouge à cette série annoncée comme la meilleure série française du moment, si ce n’est de l’histoire de l’Hexagone. Pas de quoi pourtant sauter au plafond. Dix pour cent, qui tente de rendre sympathique un milieu qui ne l’est pas, n’a ni le mordant ni la folie de sa consœur américaine Entourage. Elle se regarde néanmoins sans déplaisir, grâce au savoir-faire de la scénariste Fanny Herrero (Un village français, Fais pas ci, fais pas ça), à des anecdotes savoureuses directement issues de l’expérience de Dominique Besnehard, qui fut le roi des agents en France, à des numéros d’autodérision des acteurs dans leur propre rôle, et au joli talent de Camille Cottin (La Connasse de Canal+). Dommage que les bonnes idées soient un peu trop asphyxiées par la mise en scène plan-plan, les clichés (l’incontournable assistant homosexuel qui joue les folasses…) et les bons sentiments.
France 2 (Six épisodes de 52 minutes) Avec Camille Cottin, Thibault de Montalembert, Grégory Montel, Liliane Rovère, Fanny Sydney…
Bande-annonce
** 

Coup de cœur 

Art Of Steal
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HAPPY VALLEY

Après Broadchurch, Glue, The Fall, Southcliffe, Tunnel et autres, on pouvait se demander en quoi Happy Valley pouvait éclairer d’un nouveau jour le paysage de la série policière britannique. Comme quoi les petites anglaises ont vraiment du génie, car la série créée par Sally Wainwright ne ressemble qu’à elle, et est remarquable en tous points. Ces six épisodes intenses qui scotchent au fauteuil révèlent en outre une comédienne épatante, bouleversante et ultra-attachante. Reconduite pour une deuxième saison, Happy Valley vient de paraître en DVD. Que du bonheur !

 

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« I’m Catherine by the way. I’m forty-seven. I’m divorced. I live with my sister, who’s a recovering heroin addict. I’ve two grown-up children – one dead, one who don’t speak to me – and a grandson. So. »

 

Happy Valley

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Série britannique créée par Sally Wainwright
Diffusée pour la première fois en avril 2014 sur BBC One (en France sur Canal+ depuis le 31 août 2015) Saison 1 disponible chez Koba Films depuis le 7 octobre 2015

Catherine Cawood (Sarah Lancashire) est officier de police dans une petite ville du Yorkshire, au nord de l’Angleterre, une région gangrenée par la délinquance. Son couple et sa vie ont explosé après le suicide de sa fille, victime d’un viol, et qui lui a laissé un enfant sur les bras. Lorsqu’elle découvre que le violeur (James Norton), jamais condamné pour son crime, est sorti de la prison où il était incarcéré pour trafic de drogue, le sang de Catherine ne fait qu’un tour. Elle ignore encore qu’il est lié à l’affaire d’enlèvement qui mobilise la police locale depuis quelques jours…

Sally Wainwright, scénariste et créatrice du show (déjà responsable de Last Tango In Halifax) a révélé dans une récente interview que le titre de la série n’était pas seulement ironique, c’est véritablement ainsi qu’est surnommée, par la police, cette région du West Yorkshire (jolie au demeurant) où le crime et le trafic de drogue font des ravages. Dans la petite ville, proche d’Halifax, où se déroule l’intrigue, les effets de la crise sont palpables, et c’est bien le besoin d’argent et la frustration qui vont motiver un comptable tranquille à se venger de son patron, en planifiant l’enlèvement de la fille de ce dernier contre une rançon. Il était loin d’imaginer qu’en confiant cette idée à un escroc local, les choses allaient lui échapper et dégénérer de telle manière. D’entrée, on est frappé par le caractère authentique de la série, dont les protagonistes, qu’ils soient du bon ou du mauvais côté de la loi, sont des individus ordinaires, pas moins inintéressants pour autant, et tous interprétés par des comédiens d’une justesse sidérante. Si la performance de James Norton (à l’opposé du gentil et séduisant pasteur qu’il incarne dans Grantchester) glace le sang, celle de Sarah Lancashire, inconnue chez nous, force l’admiration. Elle est l’âme et le cœur de ce polar social intense, humain et passionnant, réelle réussite en termes de dramaturgie, de psychologie, de suspense et d’interprétation. La brutalité et la violence de certaines scènes ont suscité quelques critiques, mais Sally Wainwright assume totalement ses partis pris, essentiels pour le réalisme de la série. Encensée outre-Manche où elle a remporté en 2015, entre autres récompenses, le BAFTA de la meilleure série dramatique (damant le pion à la très branchée Peaky Blinders), Happy Valley a été reconduite pour une deuxième saison. Ne passez pas à côté !
Et avec George Costigan, Charlie Murphy, Siobhan Finneran, Joe Armstrong, Steve Pemberton, Adam Long…

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

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Interactivité
Les six épisodes de 60 minutes ne bénéficient hélas d’aucun supplément autre que des bandes-annonces de l’éditeur.

Image ***
Format : 1.78
Belle définition pour cette image qui met en valeur la lumière voilée, les couleurs automnales et le climat pluvieux de cette région du Yorkshire.

Son ***
DD 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous titres français non imposés
Une piste 2.0 parfaite pour ce polar social, qui prend même de la vigueur lors du générique illustré par la chanson « Trouble Town » de Jake Bugg. Pour une meilleure immersion, la version originale est à privilégier.

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