SÉLECTION DVD/BLU-RAY NOËL 2015

Noël étant la période idéale pour offrir ou se faire offrir un coffret Blu-ray/DVD, voici une sélection des trésors pour cinéphiles qui peuvent prétendre à une place au pied du sapin, à commencer par ce monument venu tout droit des eighties, et qui s’est refait une beauté pour l’occasion.

 

Le plus kitsch
Body Double

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Brian De Palma
1984 En Coffret Ultra Collector (Blu-ray + Double-DVD + Livre de 200 pages, 50,80 €) et Editions singles Blu-ray et DVD depuis le 2 décembre chez Carlotta

A Los Angeles, Jake (Craig Wasson), jeune acteur de série B renvoyé d’un tournage pour cause de claustrophobie, surprend sa fiancée au lit avec un autre homme. Sans domicile, il accepte la proposition d’un confrère comédien (Gregg Henry) de garder en son absence une superbe maison sur les hauteurs de Mulholland Drive. Avant de partir, son ami lui a montré que grâce au télescope du salon, il peut assister tous les soirs au numéro de strip-tease d’une superbe voisine. Un soir durant sa séance de voyeurisme, Jake remarque qu’un homme inquiétant surveille la jeune femme…

Devenu culte avec le temps, et pas uniquement pour sa séquence d’anthologie dans laquelle Frankie Goes To Hollywood interprète son fameux « Relax », Body Double a fait scandale à sa sortie en 1985, et valu à Brian De Palma, accusé de misogynie et de pornographie, une volée de bois vert de la part des critiques. Croisement de deux chefs-d’œuvre d’Hitchcock, Fenêtre sur cour et Sueurs froides (Vertigo), cette mise en abîme, pétrie des fantasmes du réalisateur, est pourtant une ode au cinéma — l’art de la suggestion par excellence – à la beauté des femmes, ainsi qu’au Los Angeles des eighties La nouvelle restauration 4K, de toute beauté, met en valeur la photo de Stephen Burum, la multitude de plans sensationnels (marque de fabrique de Brian De Palma) et les lieux emblématiques tels que la futuriste Chemosphere House conçue par John Lautner, le Beach Terrace Motel de Long Beach, le Farmer’s Market ou Le Rodeo Collection. Dans le Coffret Ultra Collector, une tonne d’interviews, de documents d’archives et un livre monumental accompagnent ce joyau kitsch, à redécouvrir absolument.
(1 h 54) Et avec Melanie Griffith, Deborah Shelton, Dennis Franz…

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Le plus cool
Au service de la France Saison 1

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Série créée par Jean-François Halin
Diffusée pour la première fois sur Arte en octobre 2015, parue en Blu-ray et DVD chez Arte Editions le 4 novembre (30 €)

A Paris en 1960, le jeune André Merlaux (Hugo Becker) est recruté par les services secrets français, qui se considèrent comme les meilleurs du monde. Il va être formé par trois fonctionnaires d’élite (comprendre racistes, misogynes, dont l’arrogance n’a d’égale que l’incompétence). Tandis qu’André s’emploie consciencieusement à trouver sa place dans cet univers pétri d’absurdités, il tombe amoureux de la mauvaise personne

Le style visuel, très chic, rappelle la série américaine Mad Men, mais cette peinture du début des années 60 est typiquement française. Jean-François Halin, scénariste des OSS 117, dynamite de manière hilarante la France gaullienne convaincue de sa suprématie et totalement à côté de la plaque. Ces fonctionnaires qui chérissent la routine, l’administration ronflante jusqu’à l’absurde et le vieil empire colonial ne sont pas prêts à s’adapter aux changements qui s’annoncent. Tous truculents de crétinerie, ces agents très spéciaux enchantent, tandis que la charmante romance entre le jeune Merlaux et sa petite amie Sophie (figure de la raison et de la modernité à elle seule) fait souffler un vent de poésie sur ce petit monde en déliquescence. La distribution est un régal, à l’instar de la mise en scène stylisée et inventive d’Alexandre Courtès et de la musique originale de Nicolas Godin, « à la manière de » et ultra-cool. Encore plus beau en Blu-ray, avec interviews des créateurs à l’appui !
12 épisodes de 26 minutes. Et avec Christophe Kourotchkine, Karim Barras, Wilfred Benaïche, Bruno Paviot, Joséphine de la Baume, Jean-Edouard Bodziak, Mathilde Warnier, Marie-Julie Baup…

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ET AUSSI…

 

Le plus fastueux
Versailles saison 1

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Paru en DVD et Blu-ray le 15 décembre 2015 chez StudioCanal (39,99 € le Blu-ray)
Une pure merveille, on y reviendra…

 

 

 

Le plus rock’n’roll
Coffret Voiture Mad Max Fury Road

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Paru chez Warner le 14 octobre 2015 (autour de 120 €)
Bon disons le tout net, si cette édition limitée 3D (Blu-ray 3D+ Blu-ray 2D+ DVD+ Copie digitale+ Voiture Collector) vous paraît un peu too much, il reste moult éditions simples Blu-ray 3D, Blu-ray 2D et DVD, beaucoup plus abordables.

 

Pour les cinéphiles
Le solitaire
(Edition Collector Blu-ray+DVD+Livre)

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De toute beauté, il est paru en mars 2015 chez Wild Side Video (27,99 €)
L’excellent film de Michael Mann est proposé en version Director’s Cut restaurée en 4K et supervisée par le réalisateur. En bonus, un entretien avec James Caan et un livre de 156 pages (entretiens avec Michael Mann réalisés par Michael Henry Wilson)

 

Les plus classiques
Double Séance Les films de jeunesse d’Akira Kurosawa, les années Toho
2 coffrets Combo Blu-ray +DVD+ livret de 34 pages (29,99 € chacun)
Ces quatre films inédits en DVD des débuts du maître du cinéma japonais sont parus le 28 octobre chez Wild Side Video, en version restaurée et enrichis d’un superbe livret.  

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Je ne regrette rien de ma jeunesse + Qui marche sur la queue du tigre… (plus connu sous le titre Les hommes qui marchèrent sur la queue du tigre)

 

Un merveilleux dimanche + Le plus dignement (Le plus beau)

 

 

Le plus malin
Coffret Blu-ray Mission Impossible 5 films
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Paru le 12 décembre chez Paramount Pictures (44,99 €).
Que du bon ! Les éditions sont simples, mais le prix est plutôt sympa.

 

La bible
Coffret Blu-ray Star Wars la saga

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Après avoir vu Le Réveil de la Force, on a qu’une envie, se replonger dans la saga. Ce coffret, paru le 14 octobre 2015 chez 20th Century Fox (autour de 103 €), propose un packaging différent, mais le même contenu que le coffret de 2011 (toujours trouvable et bien moins onéreux), soit neuf Blu-ray consacrés aux six films et leurs bonus. Incontournable !

 

Le plus glamour
Coffret Blu-ray Intégrale James Bond (23 films + Bonus inédits)

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Paru le 30 septembre chez MGM/United Artists (autour de 110 €). Une réédition, plus sobre, du précédent coffret, qui inclut des bonus inédits. Une véritable encyclopédie ! Il ne restera plus qu’à y glisser la future édition de Spectre, une place lui a été réservée.

 

Le plus chic
Coffret Blu-ray Intégrale Mad Men
Paru le 18 décembre chez Metropolitan (199 €)

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Les sept saisons, des suppléments inédits, un livret avec guide des épisodes, deux verres à whisky et quatre sous-verres (indispensable pour être dans le mood). La classe !

 

 

 

Le plus monumental
Coffret DVD Encyclopédique western – Edition limitée numérotée reliure luxe (certificat d’authenticité numéroté)

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Paru le 27 novembre 2015 chez Sidonis (249 €)
Il regroupe trente DVD sélectionnés parmi la collection Westerns de Légende (La flèche brisée, La lance brisée, Le jardin du diable, L’homme aux colts d’or…), L’Encyclopédie du western (836 pages) en deux volumes de Patrick Brion, l’affiche de La conquête de l’Ouest, des photos d’exploitation et lobby cards…

Joyeux Noël  !

GARÇON D’HONNEUR en Blu-ray

Entre tradition et modernité, drame et comédie, le film qui a révélé Ang Lee en 1993 est disponible pour la première fois en Blu-ray. Il est assorti d’interviews sensationnelles et inédites du réalisateur, de son producteur James Schamus et de l’acteur Mitchell Lichtenstein. Tous trois reviennent sur la conception de cette comédie juste et touchante autour des déboires d’un homosexuel taïwanais installé à New York. Avec son budget ridicule, et son sujet pour le moins épineux, ce petit film américano-taïwanais n’était pas prédestiné à devenir un phénomène au box-office. Et pourtant…

 

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« Ce qu’il y a de formidable avec les premiers films d’Ang, c’est qu’ils annonçaient qu’on pouvait être transgressif et traditionnel, qu’on pouvait être asiatique et américain, qu’on pouvait être indépendant tout en utilisant un langage qui était le langage hollywoodien classique. Que le contexte faisait tout. » James Schamus, producteur d’Ang Lee

 

Garçon d’honneur (Xy yan/The Wedding Banquet)  

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Ang Lee
1993
En Blu-ray et DVD restaurés chez Carlotta depuis le 25 novembre 2015

Jeune immigré taïwanais, Wai-Tung (Winston Chao) s’est installé avec succès à New York, où il file le grand amour avec Simon (Mitchell Lichtenstein), un jeune yuppie. Restés au pays, ses parents, qui ignorent tout de son homosexualité, le harcèlent régulièrement sur son célibat, faisant valoir l’importance d’un mariage et d’une progéniture. Pour avoir la paix, Wai-Tung, incité par Simon, décide se livrer à une comédie de mariage, en épousant une jeune Chinoise (May Chin) en quête d’une carte verte. C’est alors que ses parents (Sihung Lung et Ya-Lei Kuei), fous de joie, débarquent à New York pour assister à la cérémonie…

A vingt-trois ans, après avoir suivi des études de théâtre et de cinéma à Taïwan, Ang Lee débarque aux Etats-Unis pour étudier le théâtre à l’Université de l’Illinois. Les difficultés linguistiques vont contrecarrer sa vocation d’acteur, et le pousser à intégrer une école de cinéma à New York, afin de devenir réalisateur. C’est avec Fine Line, un de ses moyens-métrages d’étudiant, qu’il attirera, six ans après sa fin d’études, l’attention de James Schamus et Ted Hope, fondateurs de la jeune compagnie de production indépendante Good Machine. En quête de jeunes talents, le tandem new-yorkais souhaite lui confier les rênes d’un premier long-métrage. Ce sera Pushing Hands (Tui Shu), pour lequel Ang Lee avait remporté le premier prix d’un concours de scénario organisé par le Governement Information Office de Taïwan (à ce même concours, il avait également décroché le deuxième prix pour le scénario de Garçon d’honneur). Réalisé sous la houlette de Good Machine avec un financement (chiche) du cinéma taïwanais, Pushing Hands narre les difficultés d’adaptation d’un vieux maître de taî-chi chinois qui vient s’installer chez son fils et sa belle-fille à New York. Le film passe inaperçu aux Etats-Unis, mais remporte un joli succès en Asie, au point que Taïwan décide de financer (toujours très chichement…), le deuxième long-métrage d’Ang Lee, Garçon d’honneur (Wedding Banquet), et cela, malgré l’évocation de l’homosexualité, sujet très sulfureux pour le public asiatique. A nouveau coproduit par Good Machine (James Schamus restera le producteur attitré d’Ang Lee par la suite), le drame familial écrit à l’origine par le cinéaste et son ami Neil Peng va évoluer vers la comédie sur les conseils de Schamus, coauteur du scénario final. Ce dernier suggère en effet à Ang Lee d’opter pour le ton des screwball comedies de George Cukor et Howard Hawks. Ainsi, sans pour autant accumuler les caricatures et les gags, cette confrontation de deux générations et de deux cultures va se révéler résolument plus loufoque. Le mélange de tendresse, de gravité (le plan final, lourd de sens, est magnifique) et d’humour fera mouche. Pivot de l’intrigue, le « garçon d’honneur », est incarné avec finesse et justesse par Mitchell Lichtenstein (fils de la légende du pop art américain Roy Lichtenstein). Seul Occidental de la troupe, Simon porte un regard plein d’empathie sur ces parents asiatiques déboussolés, et s’évertue à créer une harmonie dans le chaos ambiant. Son personnage d’homosexuel cool, respectueux et libéré est pour beaucoup dans la réussite du film, qui paraît en pleine explosion du SIDA (Philadelphia, de Jonathan Demme, est à l’affiche la même année). Les distributeurs français choisiront même de lui rendre hommage en adoptant le titre Garçon d’honneur au lieu d’une traduction littérale du titre américain. Plébiscité dès sa sortie dans de nombreux festivals, ce petit film réalisé avec un budget microscopique, et considéré par Ang Lee lui-même comme « trop gay pour le public asiatique, trop chinois pour le public américain » remportera un succès inattendu, en même temps que l’Ours d’Or à Berlin, le Prix de la critique à Deauville et une nomination à l’Oscar du Meilleur film étranger. L’année suivante, Ang Lee mettra en scène avec le même brio, Salé, sucré (Yin shi nan nu — paru sous le titre Eat Drink Man Woman aux Etats-Unis), lui aussi nommé à l’Oscar du Meilleur film étranger. Cette comédie sur la culture traditionnelle chinoise et l’évolution de la famille constituera le dernier chapitre de sa trilogie appelée Father Knows Best (dans les trois, le père est campé par Sihung Lung). Comme s’il avait réglé ses comptes avec son pays et le thème de la piété filiale, le cinéaste fera ensuite une carrière internationale et preuve d’un éclectisme étonnant, en s’attaquant à des sujets très différents (Raison et sentiments, Ice Storm, Tigre et dragon, Hulk, Le secret de Brokeback Mountain…) qui, chacun dans leur genre pourtant, vibrent de sa passion et de son intérêt pour les relations humaines. C’est là, la clé de son cinéma.
1 h 48

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

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Interactivité ****
Le film est assorti d’une heure et demie d’entretiens captivants, avec Ang Lee, James Schamus et Mitchell Lichtenstein, qui se remémorent avec humour le tournage de ce film emblématique de leurs carrières respectives. On y apprend que le père de Wai-Tung est inspiré du propre père d’Ang Lee, qui n’était pas général, mais proviseur de lycée (ce qui pour lui, était tout comme). James Schamus revient aussi sur la censure, qui a valu au film d’écoper d’une interdiction aux moins de 16 ans aux Etats-Unis (à cause de la présence du mot « fuck ») alors qu’il était diffusé avec une interdiction pour les moins de 12 ans à Taïwan. Enfin Mitchell Lichtenstein, devenu depuis réalisateur de films de genre, se souvient avoir joué très détendu ce rôle de gay libéré, persuadé que cette comédie ne serait vue que par le public de Chinatown, et donc pas par son entourage.

Image **
Format : 1.85
Restauré à partir d’un master HD plus tout jeune, le film offre un rendu très honorable, même si en terme de définition et de piqué, l’image reste inégale, parfois superbe, parfois un peu granuleuse. Les couleurs en revanche sont parfaitement gérées.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 claire et convenable pour ce film plutôt intimiste. A noter que sur la version originale et la version française, les dialogues en mandarin sont uniquement sous-titrés.

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Publié à  la même date chez les mêmes éditeurs, Salé, sucré, lui aussi assorti d’interviews exceptionnelles, est disponible en DVD, Blu-ray. Un coffret DVD réunit également les deux films.GARCON D'HONNEUR 5
Garçon 10
Garçon 11

LOVE & MERCY/ ALL IS BY MY SIDE

De tous les biopics qui déferlent sur les écrans depuis quelques mois, le musical n’est pas le moins excitant. Au vu des récentes productions (Amy) et de celles qui s’annoncent (sur Freddie Mercury, sur Janis Joplin…), force est de constater que le genre, pourtant pavé d’embûches, affiche une belle santé. Il a aussi le mérite d’inspirer des cinéastes atypiques, audacieux et passionnés, tel Bill Pohlad, réalisateur du bouleversant Love & Mercy, qui retrace le parcours édifiant de Brian Wilson, leader des Beach Boys, et John Ridley, qui a signé le modeste et sous-estimé All Is By My Side, sur Jimi Hendrix, récemment paru en DVD/Blu-ray.

 

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« We’re not surfers, we never have been and real surfers don’t dig our music anyway ! »
Brian Wilson

 

Love & Mercy

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Bill Pohlad
2014 (dans les salles françaises depuis le 1er juillet 2015)

Au milieu des années 60, les tubes des Beach Boys déferlent sur les ondes US, et Brian Wilson (Paul Dano), leur leader, annonce au groupe (composé, entre autres, de ses deux frères) qu’il ne montera plus sur scène avec eux et se consacrera désormais à l’écriture des chansons en studio. Alors que son génie fait l’admiration de tous, le compositeur est de plus en plus sujet à des crises d’angoisse et de schizophrénie, dues à des traumatismes d’enfance. Vingt ans plus tard, Brian Wilson (John Cusack), qui n’est plus que l’ombre de lui-même et vit sous l’emprise d’un psychiatre véreux et manipulateur (Paul Giamatti), rencontre la femme qui pourrait bien lui sauver la vie (Elizabeth Banks)…

Le biopic musical peut prendre des formes diverses et variées. Il en est des académiques, des linéaires qui relatent les événements de manière très chronologique (Ray) et des déjantés, qui tiennent davantage de la vision que de la biographie, tels Velvet Goldmine ou I’m Not There. Certains ont eu l’autorisation d’utiliser les chansons originales, d’autres non (et parmi ceux-là, certains sont cependant des bons films, Velvet Goldmine en témoigne). Love & Mercy (titre d’une chanson de Brian Wilson publiée en 1988 sur l’album éponyme) a bénéficié de l’aval et de la totale collaboration du musicien, ce qui permet non seulement d’entendre les tubes mythiques (« God Only Knows », « Good Vibrations »…), mais également d’assister, telle une petite souris qui se serait glissée dans le studio d’enregistrement, à la reconstitution de leur création. Le film ramène dès l’ouverture dans la Californie des sixties, reconstituée de manière saisissante par un travail soigné des couleurs et du grain de l’image. Très vite, on bascule dans la période sombre des années 80, et s’ensuit un va-et-vient très habile entre les deux décennies, qui permet aux séquences de se répondre mutuellement. On ne dévoilera pas tout du film, tant cette histoire (incroyable mais vraie) réserve de surprises. Basé sur un scénario de Michael A. Lerner, peaufiné par Oren Moverman (déjà scénariste de I’m Not There), Love & Mercy est signé Bill Pohlad, un passionné de la musique de Brian Wilson. Même s’il s’agit seulement de son deuxième long-métrage en tant que réalisateur (après l’obscur Old Explorers, paru en 1990), ce fils de milliardaire et producteur réputé (12 Years A Slave, Into The Wild, The Tree Of Life, The Runaways…) a accompli ici un tour de force. Son film parvient à propulser le spectateur à l’intérieur de la tête du génial Brian Wilson, compositeur touché par la grâce, et à rendre palpable sa souffrance, sa solitude et son désarroi. Sensationnel, Paul Dano fait un Brian Wilson tourmenté troublant de ressemblance, John Cusack est littéralement bouleversant, Paul Giamatti campe son rôle de vilain avec jubilation et Elizabeth Banks, en héroïne et personnage clé de l’histoire, n’a jamais paru aussi fabuleuse. Ce film est une merveille et son épilogue, un petit bijou.
Et avec : Jake Abel, Kenny Wormald, Brett Davern, Tyson Ritter…

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« I want my music to go inside the soul of a person. You know, for me it’s colors. I want people to feel the music the same way I see it. It’s just colors. That’s it. The rest is just painted with a little science-fiction here and there. »
Jimi Hendrix

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John Ridley
2013 (paru directement en France en DVD/Blu-ray le 26 mai 2015 chez Universal)

Dans un club de New York, en 1966, l’Anglaise Linda Keith (Imogen Poots), petite amie de Keith Richards, est abasourdie par le talent d’un jeune guitariste (André Benjamin) qui accompagne le chanteur Curtis Knight. Tombée sous le charme, elle va l’encourager à devenir star à part entière et à chanter (Jimi Hendrix détestait sa voix). Elle va aussi lui faire découvrir le LSD (« la drogue des blancs ») et le présenter à son premier manager, Chas Chandler (Andrew Buckey), le bassiste des Animals qui voulait se reconvertir. Tous deux vont pousser Jimi Hendrix à se produire à Londres, alors La Mecque de la musique pop…

Mort d’une overdose quatre ans après son avènement, Jimi Hendrix a traversé l’histoire du rock comme une comète. Le biopic de John Ridley se consacre à la période qui a précédé son sacre, à « sa construction ». Contrairement à Love & Mercy, All Is By My Side n’a pas obtenu des ayants droit (la famille de Jimi Hendrix, résolument contre le projet, pas assez gratifiant pour Hendrix selon elle) l’autorisation d’utiliser sa musique. Cette gageure, impardonnable pour certains, a valu au film des critiques assassines et totalement imméritées. Malgré les écueils, John Ridley, plus connu en tant qu’écrivain et scénariste (il a reçu un Oscar pour le scénario de 12 Years A Slave), a réalisé un portrait de la star tout à fait séduisant et un témoignage plutôt pertinent sur le show-business de l’époque, les groupies hystériques, la consommation d’hallucinogènes, les jalousies entre musiciens etc. La véracité des faits a été contestée par certains des protagonistes vivants (dont sa petite amie Kathy Etchingham, interprétée par Hayley Hatwell dans le film, très remontée dans la presse), pas forcément très fiables. Pas calculateur pour un sou, Jimi Hendrix apparaît tel un feu follet qui se laisse facilement manipuler par les femmes (elles se crêpent volontiers le chignon pour ses beaux yeux) et qui semble n’avoir qu’un seul centre d’intérêt : la musique. Epatant dans le rôle, malgré la différence d’âge avec son personnage, André Benjamin (ou André 3000) du groupe OutKast, campe un Jimi Hendrix stupéfiant de ressemblance et très convaincant, jusque dans son jeu de gaucher. A défaut des originaux, les morceaux « à la manière de » donnent le change, et la mise en scène inventive sied idéalement à la reconstitution de cette période mythique. Les seconds rôles, principalement anglais, font un sans-faute, Imogen Poots en tête. Et certaines séquences valent le détour, comme celle dans laquelle Jimi Hendrix reprend « Sgt. Pepper’s Lonely Heart Club Band » devant les Beatles, sidérés par l’audace et le talent de ce virtuose venu d’ailleurs.
Et avec : Burn Gorman, Ruth Negga, Ashley Charles,

BANDE-ANNONCE

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75
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Test Blu-ray :

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Interactivité
Rien de rien, hélas !

Image ***
Format : 2.40
Le travail sur l’image restitue les ambiances un peu psyché de l’époque. La photo joue sur les couleurs et les contrastes plus que sur la perfection du piqué, d’où la présence de grain ou de flous qui ne nuisent en rien aux qualités esthétiques du film.

Son ***
DTS Master Audio 5.1 en anglais
DTS Surround 5.1 en français
La musique profite idéalement de ce 5.1 efficace. Les dialogues sont un peu en retrait, mais rien de dommageable.

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