PALMARÈS CÉSAR ET OSCARS 2016

Comme l’année précédente, les cérémonies des César et Oscars ont eu lieu en février 2016 à deux jours d’intervalle. Retour sur un week-end chargé en récompenses, déceptions et paillettes, qui s’est achevé, cerise sur le gâteau, par la victoire de Leonardo DiCaprio.

 

CÉSAR 2016, 41ème

flo

« Calmez-vous ! Les gens vont croire qu’on s’amuse. »

 Après l’ironie élégante d’Edouard Baer l’année dernière, place à l’humour déménageur de Florence Foresti ! C’est en effet à l’humoriste qu’est revenue la tâche ingrate d’animer la cérémonie la plus réfrigérante de l’année. Vendredi 26 février, sur la scène du théâtre du Châtelet, elle n’a pas ménagé sa peine et a fait le show, à grands coups de « Putain ! », son juron favori. Et si elle a vampirisé la soirée, qui a pris des allures de Spectacle de Florence Foresti, elle s’est souvent révélée très drôle.

Florence

Morceaux choisis 

« Le budget des Oscars… trente millions de dollars. Mais t’imagines ce que j’aurais fait avec trente millions de dollars ? Déjà, je ne me serais pas prise comme maîtresse de cérémonie. Ou alors j’aurais fait un peu de chirurgie esthétique quand même… Et puis à trente millions de dollars tu peux être drôle… Attention ! Moi je vais vous faire des vannes à cent cinquante balles maximum hein ! Cent soixante-quinze si j’ai des fulgurances, mais faut pas s’attendre à mieux ! »

« C’est un peu notre Leonardo DiCaprio ce soir, Vincent Lindon. Toujours nominé, jamais césarisé. Mais on y croit ce soir ! En même temps, tu as de la chance. Aux Etats-Unis, pour avoir un Oscar, il faut se rouler dans la neige, se battre avec un ours, dormir dans un cheval mort… En France, tu te laisses pousser la moustache, t’as tes chances. »

 A Michael Douglas venu recevoir son second César d’honneur : « Vous êtes un homme à femmes. Au cinéma, les femmes vous désirent… Elles vous désirent et puis au final elles ont toujours envie de vous buter, c’est étrange. Toutes : Sharon Stone, Glenn Close et l’autre qui me ressemble… Demi Moore. »

Au sujet de Loubna Abidar, nommée pour Much Loved : « Une actrice s’est récemment fait agresser parce qu’elle jouait le rôle d’une prostituée. Alors à ces gens-là, je voudrais rappeler un concept de maternelle : la fiction n’est pas la réalité… Anthony Hopkins ne mange pas des cervelles humaines. Non ! Gérard Depardieu n’a pas découvert l’Amérique. Non ! Il a découvert la Russie, donc ça n’a rien à voir ! Des fois, il y a des pièges… »

 « Et au-delà de ce concept très simple, un second encore plus simple : on ne tape pas les actrices, et on ne tape pas non plus les prostituées étrangement. Et on ne tape personne en fait. »

Les lauréats sont… 

Lelouch Getty Images

« Je crois au cinéma plus qu’à tout le reste. » Sans surprise, c’est par une déclaration d’amour au 7ème art que Claude Lelouch, Président de la 41ème cérémonie, a déclaré ouverte la compétition. Après avoir rendu hommage aux oubliés des César (à bon entendeur, salut !), il a engagé les nominés à méditer cette phrase de Nelson Mandela : « Je gagne ou j’apprends. » et de conclure avec cette réflexion vertigineusement optimiste : « Comme je crois à l’incroyable fertilité du chaos, et que le chaos est de plus en plus chaotique, on n’est pas à l’abri de vivre des années merveilleuses, extraordinaires et géniales. Préparez vos caméras, il y aura des choses formidables à filmer ! »

A l’issue des trois heures d’une soirée raccourcie, plus rythmée que d’ordinaire, et entremêlée de sketches plutôt réussis dont un numéro hilarant de Jérôme Commandeur, mais un hommage aux disparus un tantinet bancal — resserré sur le cinéma français, mais au son de la chanson « Life On Mars? », d’un certain David Bowie, Anglais, et du coup jamais cité — le palmarès en demi-teinte a célébré le cinéma français dans sa diversité, et en particulier le film d’auteur. Parmi les films primés, on note en effet l’affluence d’œuvres à petit budget et extrêmement rentables. Selon l’hebdomadaire Le Film français, le taux d’amortissement en salles de La loi du marché atteint 180, 7 %. Demain, Mustang, Much Loved et Fatima ne sont pas loin derrière.

Depl

Contrairement à l’année précédente, où on avait assisté au triomphe de Timbuktu (sept César à lui seul), aucun film ne s’est réellement détaché. Malgré leurs onze nominations respectives, les deux favoris — Marguerite de Xavier Giannoli et Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin — sont repartis avec quatre César pour le premier, un seul – mais prestigieux — Meilleur réalisateur — pour le second. Les votants ont choisi de récompenser plus équitablement une sélection d’œuvres de qualité, à forte inclinaison sociale. Et en offrant à Fatima, chronique humaniste sur les difficultés de l’intégration, le César du Meilleur film, la récompense suprême, les jurés ont fait un choix résolument politique. Son réalisateur Philippe Faucon obtient pour l’occasion le César de la Meilleure adaptation, et la jeune et Jolie Zita Hanrot, celui du Meilleur espoir féminin.

Fat AFP:P. Kovaric

 

Au nombre de trophées, c’est pourtant Marguerite et le challenger Mustang qui l’emportent, avec quatre trophées chacun. Catherine Frot obtient sans surprise le César de la Meilleure actrice, très mérité, et, à l’image du film, son discours de remerciement était humain et bouleversant. « Oui, Marguerite chante faux. Mais elle a un tel désir de beauté, de l’absolue beauté, que c’est une artiste pour moi. »

Frot Photo Abaca

 

Le réjouissant Mustang, de Deniz Gamze Ergüven, fable sur l’histoire de cinq jeunes sœurs éprises de liberté, en butte à un patriarcat étouffant, décroche, entre autres, les César du Meilleur premier film et du Meilleur scénario original. On n’en attendait pas moins pour un film qui suscite l’enthousiasme depuis sa première projection, et a été retenu pour représenter la France aux Oscars.

Deniz AFP:P. Kovarik

 

La jolie prestation de Benoît Magimel et la vraie performance du débutant Rod Paradot permettent à l’attachant La tête haute d’Emmanuelle Bercot, de remporter deux trophées (Meilleur second rôle et Meilleur espoir). A quarante-deux ans, Benoît Magimel, sous le regard ému de son ex-compagne Juliette Binoche, reçoit donc le premier César de sa carrière (il avait été déjà nominé pour Les voleurs, en 1996 et Cloclo en 2013).

Ben Abaca

« Merci à Emmanuelle Bercot qui m’a fait confiance à un moment où j’en avais probablement le plus besoin. »

 

Rod

Quant à Rod Paradot, sacré Meilleur espoir masculin, il a livré un discours d’une sincérité touchante. Il a fait rire  : « Les films du Kiosque, c’est franchement des producteurs que j’kiffe… » et pleurer la salle : « Et à la fin, je dois remercier ma mère, parce que c’est elle qui tous les jours croit en moi. »

 

Après son triomphe à Cannes, Vincent Lindon tient enfin son César du Meilleur acteur. La sixième fois aura été la bonne et c’est avec l’épatant La loi du marché, de Stéphane Brizé qu’il a mis fin à la malédiction.

Vince afp.com:P.Kovarik

 

On retiendra encore la victoire de l’écolo Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, distingué par le César du Meilleur film documentaire, et celle, inattendue, de Sidse Babett Knudsen, (l’héroïne de la série danoise Borgen), sacrée Meilleur second rôle féminin pour sa prestation dans L’hermine de Christian Vincent.

Sidse afp:kovaric

Le César du Meilleur film d’animation est allé au Petit Prince, de Mark Osborne, tandis que celui du Meilleur film étranger a été obtenu par Birdman, d’Alejandro Gonzáles Iñárritu. Enfin, Valley Of Love, de Guillaume Nicloux, nommé dans trois catégories, remporte le César de la Meilleure photo (elle est signée Christophe Offenstein).

Valley

Déceptions

Si dix films nommés se sont partagé les trophées, certains sont malgré tout repartis bredouille. C’est le cas de Mon roi, de Maïwenn, et de Dheepan, de Jacques Audiard, en dépit de leurs huit nominations respectives. Les cowboys de Thomas Bidegain, nommé dans quatre catégories, a lui aussi fait chou blanc.

INTÉGRALITÉ DU PALMARÈS DES CÉSAR 2016
Critiques et tests DVD Marguerite, Mon roi, La tête haute
Critique La loi du marché

Glamour

Les gagnantes AFAP: Juliette Binoche (en Roberto Cavalli), Mélanie Laurent (en Saint Laurent), Deborah François (je cherche encore…)

Juli
Méla

Deb

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

OSCARS 2016, 88ème

#OscarsSoWhite

En 2015, la cérémonie des Oscars, présentée par Neil Patrick Harris, s’était révélée anti-politiquement correcte, en faisant la part belle aux discours engagés — sur l’égalité des salaires hommes-femmes, l’injustice faite aux noirs et aux immigrés mexicains. Celle de 2016, comme on pouvait s’y attendre, lui a emboîté le pas. Et cette fois, la polémique avait débuté aux Etats-Unis dès l’annonce des nominations. En effet, pour la deuxième année consécutive, aucun noir n’a été nommé. Même les acteurs et réalisateurs noirs des populaires N. W. A : Straight Outta Compton (la seule nomination est allée aux scénaristes, blancs), ou Creed (seul Sylvester Stallone a été nommé) n’ont pas été retenus.

Du pain béni pour le comédien Chris Rock, maître de cérémonie, qui a attaqué bille en tête :

Chriss

« Vous vous rendez compte que s’il y avait une catégorie pour les présentateurs, je n’aurais pas eu le job ! Pourquoi cette polémique aujourd’hui ? C’est la 88ème cérémonie des Oscars. Donc, cette absence de noirs s’est déjà produite au moins 71 fois. Vous vous doutez bien que c’est déjà arrivé dans les années 50, 60. Dans les années 60, une année où Sidney n’a pas fait de film, je suis sûr qu’il n’y avait pas de noirs nommés. Et les noirs n’ont pas protesté. Pourquoi ? Parce qu’on avait d’autres chats à fouetter à l’époque. On était trop occupés à se faire violer et lyncher pour s’intéresser au prix du Meilleur chef opérateur. Quand votre grand-mère pendouille sous un arbre, c’est très dur de s’inquiéter du Meilleur documentaire ou du Meilleur court-métrage étranger. »

« Cette année, les choses vont être un peu différentes. Dans notre section In Memoriam, nous rendrons hommage à tous les noirs qui ont été abattus par la police en allant au cinéma. »

 Par souci d’impartialité, Chris Rock a également taclé des acteurs noirs :

« Jada Pinkett Smith était folle. Elle a dit qu’elle ne viendrait pas en signe de protestation. Jada qui boycotte les Oscars, c’est comme moi qui boycotterais la culotte de Rihanna… Je n’y étais pas invité ! »

 « Jada n’était pas contente. Son homme n’était pas nommé pour Seul contre tous (Concussion). Ce n’est pas juste que Will ait été si bon et qu’il ne soit pas nommé. C’est vrai. Mais c’est également injuste que Will ait été payé vingt millions d’euros pour Wild Wild West. OK ? »

Tout au long de la soirée, la question noire est revenue dans des sketches et clins d’œil souvent hilarants, tel Sacha Baron Cohen qui a rendu un hommage aux acteurs noirs « et au plus grand d’entre eux : Dark Vador. »

Les lauréats sont… 

Comme celui des César deux jours auparavant, le palmarès des Oscars a mis à l’honneur la diversité. Il a également réparé les oublis du récent palmarès des Golden Globes. Ainsi s’il n’avait pas eu les faveurs du jury de la Hollywood Foreign Press Association en janvier, Spotlight, de Tom McCarthy, a remporté dimanche soir l’Oscar du Meilleur film (et du Meilleur scénario) au nez et à la barbe de The Revenant, le grand favori (12 nominations). L’Académie des Oscars a donné sa préférence à un film indépendant engagé (Spotlight reconstitue l’enquête menée par le Boston Globe sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique) plutôt qu’à un spectaculaire film de survie et de vengeance. Tom McCarthy a confié dans son discours de remerciement espérer que le message du film soit porté jusqu’au Vatican, et a exhorté le Pape François « à protéger les enfants et à rétablir la foi. »

Spot

 

Innaritu

Avec ses trois Oscars en poche, The Revenant n’a pas été snobé. Alejandro Gonzáles Iñárritu a été sacré Meilleur réalisateur pour la seconde année consécutive (après Birdman) ;  le génial chef opérateur Emmanuel Lubezki a été salué pour la photo et surtout la lumière, extraordinaire, du film et…

venant

Leonardo DiCaprio obtient enfin, après avoir échoué à trois reprises (pour Aviator, Blood Diamond et Le loup de Wall Street) la statuette tant convoitée, autant par lui-même que ses fans. Il peut enfin tourner la page. Et comme aux Golden Globes, il a axé son discours vers la protection des minorités et de l’environnement.

Leo

« Faire The Revenant, c’était parler des relations de l’Homme et du monde naturel, monde dont nous avons tous ressenti le réchauffement. 2015 a été l’année la plus chaude enregistrée. Notre production a dû se rendre à l’extrémité sud de cette planète, juste pour trouver de la neige. Le changement climatique est réel. Et il a lieu maintenant. C’est la menace la plus urgente à laquelle l’ensemble de nos espèces sont confrontées. Nous devons soutenir les dirigeants du monde entier qui ne s’expriment pas au nom des grands pollueurs, des grandes entreprises, mais au nom de l’humanité tout entière, des peuples indigènes du monde, des milliards de personnes défavorisées qui seront affectées par ça. Pour les enfants de nos enfants et pour tous ceux dont les voix ont été noyées par la politique de l’avidité. Ne considérons pas cette planète comme un acquis, tout comme je ne considère pas cette récompense comme acquise. »

 

Autre oublié des Golden Globes, le rock’n’roll Mad Max Fury Road, de George Miller, a raflé dimanche tous les prix techniques, ne laissant pas une miette à Star Wars : Le réveil de la Force. Décors et production artistique, Costumes, Maquillage et coiffures, montage, montage sonore, mixage sonore… cinq Oscars remportés sur les dix nominations initiales.

Mad-Max-Fury-Road-cars-700-1

 

On saluera aussi les victoires de :

Brie Larson, qui réussit un doublé (elle avait obtenu le Gloden Globe en janvier dernier) en recevant l’Oscar de la Meilleure actrice pour Room de Lenny Abrahamson.

Brie

Tout en jaune, la jeune et exquise Alicia Vikander remporte l’Oscar du Meilleur second rôle féminin, pour sa prestation dans The Danish Girl de Tom Hooper.

Alicia V

Sylvester Stallone était attendu, mais c’est l’extraordinaire Mark Rylance, récemment acclamé pour son interprétation de Thomas Cromwell dans la mini-série Wolf Hall, qui obtient l’Oscar du Meilleur second rôle masculin, pour Le pont des espions, de Steven Spielberg.

Rylance

The Big Short (Le casse du siècle), satire sur la crise des subprimes qui a frappé Wall Street, reçoit l’Oscar de la Meilleure adaptation (d’un livre de Michael Lewis). En acceptant son prix, son très sympathique réalisateur, Adam McKay (grand complice de Will Ferrell), a mis en garde ses concitoyens : « Si vous ne voulez pas que la finance régisse la vie politique, arrêtez de voter pour des candidats à la solde des grosses banques, de l’industrie du pétrole ou de milliardaires cinglés ! »

McKay

 

A quatre-vingt-sept ans, Ennio Morricone est enfin salué par l’Oscar de la Meilleure musique, pour Les huit salopards, de Quentin Tarantino. Ce n’est certes pas sa meilleure, mais il le méritait tant de fois auparavant qu’on ne boudera pas l’hommage. Son premier geste a été d’embrasser John Williams, assis à ses côtés, nommé pour la musique de Star Wars : Le réveil de la Force.

Morricone

 

L’Oscar de la Meilleure chanson a été attribué aux lauréats du Golden Globe, Jimmy Napes et Sam Smith, pour l’honorable « Writing’s On The Wall », de Spectre. Convaincu sur le moment d’être le premier gay à recevoir un Oscar, Sam Smith l’a dédié  à la communauté gay de la planète. « Je suis ici en tant qu’homme gay et fier de l’être. J’espère qu’un jour nous serons réellement égaux. »

Smith

 

Contre toute attente, Ex-Machina, l’excellente surprise réalisée par Alex Garland (avec une troublante Alicia Vikander) remporte l’Oscar des effets visuels.

Ex-Machina-Download-Wallpapers

 

Une fois encore, Le fils de Saul de de László Nemes ravit le titre de Meilleur film étranger au Français Mustang, de Deniz Gamze Ergüven tandis que Vice-versa de Pete Docter, est élu Meilleur film d’animation de l’année. Enfin, Amy de Asif Kapadia, rafle l’Oscar du Meilleur documentaire.

1119618_cannes-2015-le-fils-de-saul-le-film-choc-de-laszlo-nemes-web-tete-02169820880

 

 

 

 

 

 

 

Vice versa

Amy

 

Les déceptions

Repartent bredouilles cette année : Carol, de Todd Haynes (6 nominations), Seul sur Mars, de Ridley Scott (6), Star Wars : Le réveil de la Force de J. J. Abrams (5), Sicario, de Denis Villeneuve (3), Brooklyn, de John Crowley, adapté d’un roman de Nick Hornby (3), Steve Jobs, de Danny Boyle (2) et Joy, de David O. Russell (1).

Les nommés malheureux se consoleront avec le sac cadeau offert par l’Académie à tous les participants, quelle que soit l’issue du vote, et dont le contenu cette année avoisine la coquette somme de 200 000 dollars. Il fait bon perdre aux Oscars !

Emotion

Robots

Parmi les moments les plus émouvants de la soirée, on retiendra le numéro des robots de Star Wars montés sur scène, celui de Woody et Buzz l’Eclair, et l’hommage aux disparus (dont David Bowie !), sur « Blackbird » des Beatles, interprétée avec beaucoup de sensibilité par Dave Grohl, chanteur de Foo Fighters et ex-batteur de Nirvana.

12512441_10153565078141633_9084606910246665608_n

Glamour

Le prix AFAP de la plus belle robe est décerné à Cate Blanchett, sublime en Armani Privé.

Blanchett

INTÉGRALITÉ DU PALMARÈS DES OSCARS 2016

Crédits photos : AFAP remercie Getty Images, Abaca, AFP, Patrick Kovarick, Kevin Winter, Bestimage, Canal+

MARGUERITE, MON ROI, LA TÊTE HAUTE : Les bien-nommés

En attendant le palmarès de la cérémonie des César qui se déroulera ce soir, sous la présidence de Claude Lelouch, retour sur trois films français en lice, disponibles en DVD/Blu-ray, dont ce Marguerite absolument renversant. Un vrai coup de cœur !

Piano
« Mais pourquoi a-t-elle besoin de beugler comme ça ? » (George, époux désespéré de Marguerite.)

 Marguerite
Voix
Xavier Giannoli
2015
En Blu-ray et DVD chez Francetv distribution depuis le 20 janvier 2016
Onze nominations aux César 2016

A Paris, dans les années 20, la riche et généreuse Marguerite Dumont (Catherine Frot) a une passion pour la musique et l’opéra. Elle se rêve en cantatrice et chante régulièrement devant un cercle d’habitués. Mais Marguerite chante horriblement faux. Elle l’ignore. Par délicatesse, son époux (André Marcon) et ses proches ne lui ont rien dit, et les autres, qui profitent de ses largesses, entretiennent ses illusions tout en riant sous cape. Les choses se corsent le jour où Marguerite, encouragée par un journaliste cynique (Sylvain Dieuaide) et un jeune dadaïste (Aubert Fenoy), entreprend de chanter devant un vrai public à l’opéra…

L’histoire vraie et incroyablement farfelue de l’Américaine Florence Foster Jenkins a inspiré à Xavier Giannoli un petit bijou de cinéma, probablement le meilleur film français de 2015. Baroque, moderne et formidablement émouvant, Marguerite est un fil tendu entre la tragédie et la comédie, l’intime et le grandiose, et illustre parfaitement la passion du cinéaste pour les personnages décalés (le chanteur de bal usé de Quand j’étais chanteur) et les imposteurs (l’escroc mythomane de A l’origine), qu’il sait rendre immensément attachants. Car cette excentrique à qui tout le monde ment, à des degrés divers, touche par sa sincérité alors que les vampires autour d’elle ne sont que fêlures et amertume. Aucun manichéisme chez le cinéaste, qui jongle brillamment avec la cruauté, le grotesque et un certain romantisme, afin d’étoffer son intrigue rocambolesque. La splendeur du film (costumes, décors, photo) éblouit. Délaissant le contexte de la véritable histoire — celle que Stephen Frears a restituée dans le biopic Florence Foster Jenkins, attendu sur les écrans courant 2016 (avec Meryl Street dans le rôle-titre) — Xavier Giannoli a propulsé son héroïne dans le Paris des années folles en pleine ébullition, remarquablement reconstitué, où anarchistes, artistes avant-gardistes ou non, intellectuels, escrocs et mondains se côtoient. Un éclectisme qui se retrouve également dans la bande-son, qui fait se rencontrer l’opéra, le jazz et la musique noire. Catherine Frot excelle une fois encore, comme habitée par son personnage de Castafiore touchante et délicieusement à côté de la plaque. Elle parvient à laisser sans voix ses interlocuteurs (des jeunes intellectuels fauchés) lorsqu’elle déclare sans malice : « L’argent n’a pas d’importance. L’important, c’est d’en avoir. » André Marcon et Michel Fau (tous deux nominés pour le César du Meilleur second rôle) sont épatants, et les jeunes Sylvain Dieuaide et Aubert Fenoy, des révélations. Marguerite a obtenu onze nominations méritées aux César 2011, ex aequo avec Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin. Verdict le 26 février.
2 h 09 Et avec Christa Théret, Denis Mpunga, Sophia Leboutte, Théo Cholbi, Vincent Schmitt…

Jeunes BANDE-ANNONCE

Test DVD :  

Unknown

Interactivité **
Le film est enrichi d’une master class de 18 minutes de Xavier Giannoli, qui revient généreusement sur les secrets de création, et notamment sur ses partis-pris esthétiques (il a utilisé des objectifs des années 60 qu’il a fait polir avec de la poudre de diamant pour obtenir une texture particulière). On peut également découvrir quatre scènes coupées dont deux sont consacrées à la relation entre Lucien (Sylvain Dieuaide) et Hazel (Christa Théret), un peu sacrifiée dans le film. La bande-annonce figure au menu.

Image ***
Format : 2.35
La définition soignée rend hommage à la photo léchée (utilisation de filtres) du Flamand Glynn Speeckaert, aux teintes un peu métalliques.

Son : ***
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et ample, qui sert à merveille les passages musicaux.

Marcon
Café
Seule

 

***************

Toit
Toi, toi mon toit
Toi, toi mon tout mon roi
Elli Medeiros

Mon roi
Pied
Maïwenn
2015
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal le 26 février 2016
Huit nominations aux César 2016

Marie-Antoinette, dite Tony (Emmanuelle Bercot), s’est gravement abîmé le genou au ski. En rééducation au centre de Capbreton, elle se remémore son histoire d’amour avec Georgio (Vincent Cassel) et tente de comprendre pourquoi elle s’est soumise toutes ces années à cette passion destructrice…

Manifestement, Maïwenn n’aime pas ce qui est tiède. Une histoire d’amour, ça passe ou ça casse. Et ici, ça casse. La première rencontre entre Tony et Georgio se place d’emblée sous le signe de l’agressivité. Entre le séducteur beau parleur et l’avocate plus discrète (on ne la voit d’ailleurs jamais travailler) naît très vite une complicité fusionnelle et une passion dévorante. Mais entre deux fous rires, il y a un trou noir qui envahit peu à peu leur vie. Georgio n’est pas celui que Tony s’imaginait. Et tandis que ce pervers narcissique révèle peu à peu ses facettes déplaisantes, elle s’accroche, se soumet, se perd. On comprend pourquoi Emmanuelle Bercot a décroché le Prix d’interprétation à Cannes en 2015. La malheureuse s’en prend plein la figure. Son jeu est proche de l’hystérie. Elle n’a rien entre les rires et les larmes, hormis un air hébété. Le film est tendu comme un arc. Toutes les situations menacent de déraper et dérapent. Cette vision de l’amour, façon montagnes russes, est pleine de bruit et de fureur. C’est un peu fatigant. On peut ne pas y être sensible, même si la cinéaste est sincère. Il y manque la puissance d’un Pialat. La métaphore (la rupture du couple en parallèle avec celle des ligaments du genou) illustrée par les séquences au centre de rééducation, n’apporte rien à l’affaire. Il faut reconnaître malgré tout à Vincent Cassel et Louis Garrel un vrai potentiel comique. Le premier dans la peau du séducteur lâche et menteur, mais doté d’un sens de l’humour irrésistible, le second en frère protecteur, tout en nonchalance et persiflage, et seul personnage sensé du film.
2 h 04 Et avec Isild Le Besco, Chrystèle Saint Louis Augustin, Norman Thavaud, Marie Guillard…

Louis

BANDE-ANNONCE

Test DVD : 
 Unknown-1

 

Interactivité**
Les amoureux du film se réjouiront de découvrir 30 minutes de scènes inédites, avec demande en mariage, et foule d’autres pitreries de Vincent Cassel. S’ensuit un bêtisier de quinze minutes, festival de fous rires tous azimuts.

Image **
Format : 2.35
Belle qualité d’image qui restitue le naturel de la lumière et le côté solaire de la photographie. On y dénote cependant un petit manque de netteté en basse lumière, et l’image n’est pas exempte de fourmillements.

Son : **
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et confortable, même si elle ne sollicite pas énormément les enceintes arrière.

Pharma

Pluie

 

***************

Cath

« On ne te demande pas de nous aimer, on te demande d’agir ! Nous non plus on n’est pas là pour t’aimer, on est là pour t’aider ! Et crois-moi, ça devient… difficile. »

La tête haute

Rod

Emmanuelle Bercot
2015
En Blu-ray et DVD chez Wild Side Video depuis le 30 septembre 2015
Huit nominations aux César 2016

Malony (Rod Paradot) a toujours été un enfant turbulent, « difficile », que sa mère (Sara Forestier), elle-même immature et paumée, n’a pas su élever. Mais à seize ans, l’adolescent, sous contrôle judiciaire, cumule les larcins, rend fous les éducateurs et plonge dans la délinquance. Malgré ses efforts, la juge pour enfants (Catherine Deneuve) qui le suit depuis des années, commence à désespérer de pouvoir le sauver…

Présenté en ouverture du festival de Cannes en 2015, La tête haute ne fait pas toujours dans la subtilité, mais, dira-t-on, c’est pour la bonne cause. Passionnée par son sujet, qui l’a poussée à effectuer des stages d’observation au Tribunal pour enfants de Paris, Emmanuelle Bercot a restitué le fruit de son expérience dans cette fiction très réaliste, qui reconstitue avec minutie le fonctionnement de la justice pour mineurs. Un enfant qui a poussé comme une herbe folle dans un contexte familial déficient a tout de l’animal sauvage, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Le jeune Rod Paradot, acteur (de composition) débutant très convaincant, prête son visage d’ange et son corps frêle à cet adolescent au regard buté, et pétri d’une violence qui ne demande qu’à exploser. Si les ficelles de l’intrigue sont parfois un peu grosses, et quelques personnages, un peu caricaturaux (Sara Forestier en fait des tonnes), le film a le mérite de brosser un tableau très instructif des rouages de ce monde pénal méconnu du grand public. Les rendez-vous dans le bureau de la juge, qui ponctuent l’évolution de Malony, constituent les séquences les plus passionnantes du film. Car cette femme, à la fois autoritaire et bienveillante, est le seul point de repère de ce gamin livré à lui-même. Entre eux se tisse un lien fragile, mais manifeste. Catherine Deneuve se révèle d’une justesse sidérante, et Benoît Magimel est touchant en éducateur tourmenté. La réalisatrice ne s’en est pas cachée, son film est un hommage aux hommes et aux femmes qui se battent dans l’ombre pour aider ces enfants « qui ne sont pas nés délinquants ». Malgré ses imperfections, cette chronique sociale qui s’inscrit dans la veine du cinéma de Ken Loach, mérite indéniablement le détour.
2 heures Et avec Diane Rouxel, Elizabeth Mazev, Anne Suarez, Christophe Meynet, Martin Loizillon…

Ben

BANDE-ANNONCE

 Test Blu-ray : 

Unknown-3

Interactivité ****
Le film est étoffé d’un programme de suppléments plutôt exemplaire, qui permet d’en savoir plus sur la création du film, le comédien Rod Paradot, et la cinéaste. Après les intéressantes huit scènes coupées, proposées avec option de commentaires de la réalisatrice, on peut découvrir un entretien croisé d’Emmanuelle Bercot et Rod Paradot, conduit par Jean-Pierre Lavoignat (25 minutes). David Allonsius, vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal pour enfants de Paris, et qui a été consulté par Emmanuelle Bercot pendant l’écriture du scénario, parle du réalisme et de la justesse du film (16 minutes). Les essais de Rod Paradot, l’interview de la réalisatrice, Benoît Magimel et Rod Paradot à Cannes, et deux courts-métrages d’Emmanuelle Bercot (La puce et Les vacances), tous deux consacrés à l’adolescence figurent également au menu.

Image ***
Format : 2.40
Une définition très probante. L’image est lumineuse, la lumière naturelle.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 équilibrée, qui met en valeur les passages musicaux.

Sara
Cather
Paradot

LE JEU DU FAUCON (The Falcon And The Snowman)

S’il n’est pas forcément connu du grand public, Le jeu du faucon est pourtant culte dans la sphère bowienne. Paru en 1985, ce film de John Schlesinger, porté par deux jeunes acteurs talentueux, dont un Sean Penn à l’aube de sa carrière, et qui fait une performance hallucinée, bénéficie d’une chanson créée spécialement pour le film par David Bowie, avec Pat Metheny et Lyle Mays. « This Is Not America », ajoutée à la set-list des dernières tournées de Bowie en 2003 et 2004, cartonnera dans de nombreux pays, mais le film, sous-estimé à l’époque, sera vite oublié. Il raconte pourtant l’histoire vraie et incroyable de Christopher Boyce, sorte d’Edward Snowden avant l’heure, et de son ami d’enfance, un dealer à la petite semaine qu’il a, pour leur malheur, entraîné dans son aventure. On salue l’initiative de Wild Side Video, qui a exhumé fin 2015 ce portrait pertinent d’une Amérique des 70’s en proie à ses démons, traumatisée par l’affaire du Watergate et prête à sacrifier sa jeunesse insoumise.

Faucon

A little piece of you
A little piece in me
Will die
(This is not a miracle)
For this is not America
« This Is Not America » (David Bowie, Pat Metheny, Lyle Mays)

Le jeu du faucon (The Falcon And The Snowman)

Banc

John Schlesinger
1985
En Blu-ray et DVD restaurés chez Wild Side Video depuis le 4 novembre 2015

En 1974, aux Etats-Unis, l’affaire du Watergate contraint Nixon à démissionner. Au même moment, Christopher Boyce (Timothy Hutton) a vingt ans et des doutes. Il décide de quitter le séminaire et d’abandonner la prêtrise à laquelle il se destinait. Issu d’une famille aisée, le jeune homme, passionné de fauconnerie, est aussitôt prié par son père, ex-fonctionnaire du FBI, d’accepter un job chez RTX, une société d’électronique de pointe, proche de la CIA. Chargé de réceptionner les messages provenant des satellites espions, Christopher va intercepter régulièrement des informations ultra-secrètes. Révolté en découvrant les agissements et les actions illicites de son gouvernement, il décide de rétablir la balance, en s’improvisant espion, et en transmettant ces renseignements aux Russes. Hélas, il choisit de prendre comme intermédiaire son ami d’enfance, Andrew Daulton Lee (Sean Penn), petit dealer, qui va vite devenir incontrôlable…

Cinéaste britannique qui a débuté en tant qu’acteur dans les années 50, John Schlesinger a été l’un des fers de lance de la Nouvelle Vague anglaise avec sa trilogie (Un amour pas comme les autres, Billy le menteur et Darling). Il y explorait avec force et caractère les tribulations d’une jeunesse désenchantée, prisonnière des villes industrielles mornes de l’Angleterre. Peut-être à cause de son homosexualité qui le faisait se sentir en marge, on y dénotait déjà son attachement aux rêveurs, révoltés et autres anticonformistes, tels les héros de Macadam Cowboy, film qui lui vaudra l’Oscar en 1970. Le monde du secret et de l’équivoque le fascine également. En 1976, il sera celui de Marathon Man, son plus grand succès populaire, puis de ce Jeu du faucon, qui paraît en 1985, en pleine ère Reagan. Drame aux allures de thriller d’espionnage, le film revient sur un fait réel ayant défrayé la chronique dix ans plus tôt aux Etats-Unis. Deux jeunes gens issus d’un milieu privilégié s’étaient improvisés espions, l’un par idéalisme, l’autre par forfanterie et appât du gain, et avaient mis les services secrets en échec avant de se retrouver dépassés par leur petit jeu dangereux. John Schlesinger prend son temps pour introduire ses deux personnages, tous deux ex-séminaristes issus de familles bourgeoises, et amis malgré des choix de vie totalement opposés. Avec une mise en scène volontairement anti-spectaculaire et par endroits presque clinique (c’est le plus gros reproche qu’on puisse faire au film), le cinéaste porte un regard ironique sur cette Amérique glorieuse (le générique en lui-même est très parlant) et met en exergue les absurdités et les revers du rêve américain. Il y a du ridicule dans les dirigeants, les employés et le fonctionnement même de la société RTX. Christopher est constamment effaré des failles dans la sécurité de ce système pourtant réputé pour son efficacité. La désinvolture et l’inconscience avec laquelle les deux protagonistes mènent leur action ont même quelque chose d’amusant. Le jeune Timothy Hutton, lauréat de l’Oscar du Meilleur second rôle quatre ans plus tôt pour Des gens comme les autres, de Robert Redford, est parfait en jeune homme en apparence bien sous tous rapports, mais rongé par le ressentiment envers son pays et son propre père. Face à lui, Sean Penn, après ses prestations remarquées dans Taps, Bad Boys, Fast Times At Ridgemont High et Les moissons du printemps, effectuait une belle performance dans la peau de bon à rien aussi tête à claques qu’attachant. Heureusement, à l’épilogue un peu trop prosaïque, « This Is Not America », interprétée par David Bowie, amène un souffle, une grâce et une émotion inégalables.
2 h 11 Et avec Lori Singer, Pat Hingle, David Suchet, Priscilla Pointer, Nicholas Pryor, Dorian Harewood…

singer

« Clip This Is Not America »

Test Blu-ray : 

le-jeu-du-faucon-version-restauree-blu-ray-sortie-4-novembre

Interactivité ***
Le film est enrichi d’une interview de Philippe Rouyer (17 minutes) qui réhabilite ce film sous –estimé dont il analyse les enjeux avec pertinence.

Image **
Format : 1.85
Récemment restauré en HD, le film propose une image un peu inégale, mais globalement très satisfaisante. Seules quelques séquences en basse lumière demeurent ternes et granuleuses.

Son : **
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 convenable, mais curieusement plus claire et dynamique en français.

A noter qu’un autre film méconnu de John Schlesinger, Les envoûtés (The Believers), thriller angoissant et horrifique, est parue à la même date chez les mêmes éditeurs.

RTX
Penn
Table
Pleurs
Sean
Tim
Lorie