THE REVENANT

Evénement cinématographique de ce début 2016, The Revenant a suscité autant d’enthousiasme que de critiques. Tantôt loué pour sa virtuosité, tantôt fustigé pour sa grandiloquence et sa vanité, le film épique d’ Alejandro González Iñárritu n’a peut-être pas la folie ni la dimension mystique que son sujet pouvait laisser espérer, mais il peut se flatter d’être une expérience sensorielle hors du commun. Ce survival aux allures de western glacé, doublé d’un film de vengeance sauvage et viscéral, tient en haleine et éblouit durant ses deux heures et trente-six minutes. Et pas plus que le réalisateur mexicain et son compatriote Emmanuel Lubezki, responsable de la lumière extraordinaire du film, Leonardo DiCaprio, qui y a mis son cœur et ses tripes, n’a volé son Oscar.

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« He’s afraid. He knows how far I came to find him. »

 

The Revenant

Cri

Alejandro González Iñárritu
2015 Dans les salles françaises depuis le 24 février 2016
Oscars 2016 du Meilleur acteur, du Meilleur réalisateur et de la Meilleure photo (12 nominations)

Au début du XIXe siècle, dans l’Amérique du Nord encore sauvage, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio) et Hawk (Forrest Goodluck), son fils amérindien, sont éclaireurs pour une expédition de trappeurs américains dirigée par le capitaine Henry (Domhnall Gleeson). Dans les Rocheuses, Glass se laisse surprendre par une femelle grizzly qui l’attaque violemment. Ses compagnons le retrouvent déchiqueté, dans un état critique. Le capitaine Henry, estimant qu’il est intransportable et jugeant sa mort imminente, propose alors une belle somme d’argent aux deux hommes qui resteront avec lui jusqu’à la fin et l’enterreront dignement. Par appât du gain, John Fitzgerald (Tom Hardy), qui hait Glass et son sang-mêlé de fils, accepte la mission…

Même si The Revenant est librement adapté du roman homonyme écrit en 2002 par l’Américain Michael Punke, on ne peut négliger de le rattacher au Convoi sauvage (Man In The Wilderness), réalisé en 1971 par Richard C. Sarafian. Quarante-quatre ans avant Alejandro González Iñárritu, le réalisateur du film culte Point limite zéro (Vanishing Point) s’était en effet déjà emparé de l’histoire vraie du trappeur Hugh Glass, survenue en 1823 sur les rives de la rivière Missouri, et devenue légendaire. Interprété par Richard Harris, vedette d’Un homme nommé Cheval l’année précédente, Le convoi sauvage s’inscrivait dans la veine des westerns socio-écolo des années 70, tels Jeremiah Johnson, de Sydney Pollack ou Little Big Man, d’Arthur Penn, qui remettaient en cause les valeurs américaines et œuvraient pour la réhabilitation du peuple indien. Il existe de nombreuses similitudes entre les films de Sarafian et d’Iñárritu (certaines scènes sont même quasiment identiques), mais les deux films véhiculent un message différent. Contemplatif et épuré, Le convoi sauvage (dont la scène d’ouverture préfigure le futur Fitzcarraldo d’Herzog) s’attachait à la rédemption de son héros (nommé Zack Bass), qui, en revenant à la vie, portait un regard différent sur le monde, la nature et les Indiens. Cette leçon de vie lui faisait oublier son ressentiment envers ses compagnons. The Revenant parle, quant à lui, de vengeance. C’est cette soif qui fait se raccrocher Hugh Glass à la vie. Dès le départ, il est acquis que cet homme pacifique est en adéquation avec la nature et le peuple indien. Alejandro Gonzáles Iñárritu et son coscénariste Mark L. Smith ont donc imaginé un élément imparable, appelant à une vengeance inexorable. Dès lors, les scènes oniriques illustrant les états d’âme du héros (qui semblent parfois littéralement volées à Andrei Tarkovski, dont le cinéaste est un grand admirateur) sont moins probantes que les séquences d’action, grande réussite du film. En ouverture, le plan-séquence d’une attaque d’Indiens, d’une sauvagerie inouïe, apparaît comme un véritable morceau de bravoure, comme le sera celle du grizzly, d’un réalisme saississant. Avec un perfectionnisme hallucinant, et aidé par un chef-opérateur génie de la lumière, ici naturelle (Emmanuel Lubezki est aussi le directeur photo d’un certain Terrence Malick), Iñárritu a totalement maîtrisé ce film épique, tourné dans des conditions extrêmes. D’un côté, l’immensité des paysages et leur beauté vertigineuse, de l’autre, la cruauté et la vénalité des hommes. Le bruit de l’eau, du vent, les craquements des arbres, et le souffle du héros, blessé et transi de froid, se confondent avec la musique organique signée Ryuichi Sakamoto et Alva Noto (alias Carsten Nicolai, son collaborateur récurrent depuis 2002). Les souffrances de Hugh Glass, campé par un Leonardo DiCaprio plus christique que jamais, sont palpables. Contrairement à Birdman, exercice de style prétentieux un tantinet pénible, qui a pourtant valu à Iñárritu l’Oscar du Meilleur film l’année dernière, la mise en scène et la narration ici sont dénués d’afféterie et jouent l’efficacité pour mieux servir l’histoire. S’il y est question de foi et de morale (et de la manière dont la confrontation avec la nature sauvage affecte la nature humaine), The Revenant n’a pas la profondeur de certaines œuvres de Tarkovski ou de Terrence Malik. Mais son caractère brutal, radical, et ses images d’une beauté à couper le souffle, en font un film puissant et une expérience cinématographique rare.
2 h 36 Et avec Will Poulter, Paul Anderson, Duane Howard, Joshua Burge, Kristoffer Joner, Lukas Haas…

BANDE-ANNONCE

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On conseillera à ceux qui souhaiterait en savoir plus sur Le convoi sauvage de se tourner vers ce coffret sensationnel consacré à Richard C. Sarafian paru en 2011 dans la collection Classics Confidential éditée par Wild Side Video. Intitulé L’âme de l’Ouest, il réunit Le convoi sauvage, Le fantôme de Cat Dancing, et un livre de Philippe Garnier.
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PALMARÈS CÉSAR ET OSCARS 2016

Comme l’année précédente, les cérémonies des César et Oscars ont eu lieu en février 2016 à deux jours d’intervalle. Retour sur un week-end chargé en récompenses, déceptions et paillettes, qui s’est achevé, cerise sur le gâteau, par la victoire de Leonardo DiCaprio.

 

CÉSAR 2016, 41ème

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« Calmez-vous ! Les gens vont croire qu’on s’amuse. »

 Après l’ironie élégante d’Edouard Baer l’année dernière, place à l’humour déménageur de Florence Foresti ! C’est en effet à l’humoriste qu’est revenue la tâche ingrate d’animer la cérémonie la plus réfrigérante de l’année. Vendredi 26 février, sur la scène du théâtre du Châtelet, elle n’a pas ménagé sa peine et a fait le show, à grands coups de « Putain ! », son juron favori. Et si elle a vampirisé la soirée, qui a pris des allures de Spectacle de Florence Foresti, elle s’est souvent révélée très drôle.

Florence

Morceaux choisis 

« Le budget des Oscars… trente millions de dollars. Mais t’imagines ce que j’aurais fait avec trente millions de dollars ? Déjà, je ne me serais pas prise comme maîtresse de cérémonie. Ou alors j’aurais fait un peu de chirurgie esthétique quand même… Et puis à trente millions de dollars tu peux être drôle… Attention ! Moi je vais vous faire des vannes à cent cinquante balles maximum hein ! Cent soixante-quinze si j’ai des fulgurances, mais faut pas s’attendre à mieux ! »

« C’est un peu notre Leonardo DiCaprio ce soir, Vincent Lindon. Toujours nominé, jamais césarisé. Mais on y croit ce soir ! En même temps, tu as de la chance. Aux Etats-Unis, pour avoir un Oscar, il faut se rouler dans la neige, se battre avec un ours, dormir dans un cheval mort… En France, tu te laisses pousser la moustache, t’as tes chances. »

 A Michael Douglas venu recevoir son second César d’honneur : « Vous êtes un homme à femmes. Au cinéma, les femmes vous désirent… Elles vous désirent et puis au final elles ont toujours envie de vous buter, c’est étrange. Toutes : Sharon Stone, Glenn Close et l’autre qui me ressemble… Demi Moore. »

Au sujet de Loubna Abidar, nommée pour Much Loved : « Une actrice s’est récemment fait agresser parce qu’elle jouait le rôle d’une prostituée. Alors à ces gens-là, je voudrais rappeler un concept de maternelle : la fiction n’est pas la réalité… Anthony Hopkins ne mange pas des cervelles humaines. Non ! Gérard Depardieu n’a pas découvert l’Amérique. Non ! Il a découvert la Russie, donc ça n’a rien à voir ! Des fois, il y a des pièges… »

 « Et au-delà de ce concept très simple, un second encore plus simple : on ne tape pas les actrices, et on ne tape pas non plus les prostituées étrangement. Et on ne tape personne en fait. »

Les lauréats sont… 

Lelouch Getty Images

« Je crois au cinéma plus qu’à tout le reste. » Sans surprise, c’est par une déclaration d’amour au 7ème art que Claude Lelouch, Président de la 41ème cérémonie, a déclaré ouverte la compétition. Après avoir rendu hommage aux oubliés des César (à bon entendeur, salut !), il a engagé les nominés à méditer cette phrase de Nelson Mandela : « Je gagne ou j’apprends. » et de conclure avec cette réflexion vertigineusement optimiste : « Comme je crois à l’incroyable fertilité du chaos, et que le chaos est de plus en plus chaotique, on n’est pas à l’abri de vivre des années merveilleuses, extraordinaires et géniales. Préparez vos caméras, il y aura des choses formidables à filmer ! »

A l’issue des trois heures d’une soirée raccourcie, plus rythmée que d’ordinaire, et entremêlée de sketches plutôt réussis dont un numéro hilarant de Jérôme Commandeur, mais un hommage aux disparus un tantinet bancal — resserré sur le cinéma français, mais au son de la chanson « Life On Mars? », d’un certain David Bowie, Anglais, et du coup jamais cité — le palmarès en demi-teinte a célébré le cinéma français dans sa diversité, et en particulier le film d’auteur. Parmi les films primés, on note en effet l’affluence d’œuvres à petit budget et extrêmement rentables. Selon l’hebdomadaire Le Film français, le taux d’amortissement en salles de La loi du marché atteint 180, 7 %. Demain, Mustang, Much Loved et Fatima ne sont pas loin derrière.

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Contrairement à l’année précédente, où on avait assisté au triomphe de Timbuktu (sept César à lui seul), aucun film ne s’est réellement détaché. Malgré leurs onze nominations respectives, les deux favoris — Marguerite de Xavier Giannoli et Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin — sont repartis avec quatre César pour le premier, un seul – mais prestigieux — Meilleur réalisateur — pour le second. Les votants ont choisi de récompenser plus équitablement une sélection d’œuvres de qualité, à forte inclinaison sociale. Et en offrant à Fatima, chronique humaniste sur les difficultés de l’intégration, le César du Meilleur film, la récompense suprême, les jurés ont fait un choix résolument politique. Son réalisateur Philippe Faucon obtient pour l’occasion le César de la Meilleure adaptation, et la jeune et Jolie Zita Hanrot, celui du Meilleur espoir féminin.

Fat AFP:P. Kovaric

 

Au nombre de trophées, c’est pourtant Marguerite et le challenger Mustang qui l’emportent, avec quatre trophées chacun. Catherine Frot obtient sans surprise le César de la Meilleure actrice, très mérité, et, à l’image du film, son discours de remerciement était humain et bouleversant. « Oui, Marguerite chante faux. Mais elle a un tel désir de beauté, de l’absolue beauté, que c’est une artiste pour moi. »

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Le réjouissant Mustang, de Deniz Gamze Ergüven, fable sur l’histoire de cinq jeunes sœurs éprises de liberté, en butte à un patriarcat étouffant, décroche, entre autres, les César du Meilleur premier film et du Meilleur scénario original. On n’en attendait pas moins pour un film qui suscite l’enthousiasme depuis sa première projection, et a été retenu pour représenter la France aux Oscars.

Deniz AFP:P. Kovarik

 

La jolie prestation de Benoît Magimel et la vraie performance du débutant Rod Paradot permettent à l’attachant La tête haute d’Emmanuelle Bercot, de remporter deux trophées (Meilleur second rôle et Meilleur espoir). A quarante-deux ans, Benoît Magimel, sous le regard ému de son ex-compagne Juliette Binoche, reçoit donc le premier César de sa carrière (il avait été déjà nominé pour Les voleurs, en 1996 et Cloclo en 2013).

Ben Abaca

« Merci à Emmanuelle Bercot qui m’a fait confiance à un moment où j’en avais probablement le plus besoin. »

 

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Quant à Rod Paradot, sacré Meilleur espoir masculin, il a livré un discours d’une sincérité touchante. Il a fait rire  : « Les films du Kiosque, c’est franchement des producteurs que j’kiffe… » et pleurer la salle : « Et à la fin, je dois remercier ma mère, parce que c’est elle qui tous les jours croit en moi. »

 

Après son triomphe à Cannes, Vincent Lindon tient enfin son César du Meilleur acteur. La sixième fois aura été la bonne et c’est avec l’épatant La loi du marché, de Stéphane Brizé qu’il a mis fin à la malédiction.

Vince afp.com:P.Kovarik

 

On retiendra encore la victoire de l’écolo Demain, de Cyril Dion et Mélanie Laurent, distingué par le César du Meilleur film documentaire, et celle, inattendue, de Sidse Babett Knudsen, (l’héroïne de la série danoise Borgen), sacrée Meilleur second rôle féminin pour sa prestation dans L’hermine de Christian Vincent.

Sidse afp:kovaric

Le César du Meilleur film d’animation est allé au Petit Prince, de Mark Osborne, tandis que celui du Meilleur film étranger a été obtenu par Birdman, d’Alejandro Gonzáles Iñárritu. Enfin, Valley Of Love, de Guillaume Nicloux, nommé dans trois catégories, remporte le César de la Meilleure photo (elle est signée Christophe Offenstein).

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Déceptions

Si dix films nommés se sont partagé les trophées, certains sont malgré tout repartis bredouille. C’est le cas de Mon roi, de Maïwenn, et de Dheepan, de Jacques Audiard, en dépit de leurs huit nominations respectives. Les cowboys de Thomas Bidegain, nommé dans quatre catégories, a lui aussi fait chou blanc.

INTÉGRALITÉ DU PALMARÈS DES CÉSAR 2016
Critiques et tests DVD Marguerite, Mon roi, La tête haute
Critique La loi du marché

Glamour

Les gagnantes AFAP: Juliette Binoche (en Roberto Cavalli), Mélanie Laurent (en Saint Laurent), Deborah François (je cherche encore…)

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OSCARS 2016, 88ème

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En 2015, la cérémonie des Oscars, présentée par Neil Patrick Harris, s’était révélée anti-politiquement correcte, en faisant la part belle aux discours engagés — sur l’égalité des salaires hommes-femmes, l’injustice faite aux noirs et aux immigrés mexicains. Celle de 2016, comme on pouvait s’y attendre, lui a emboîté le pas. Et cette fois, la polémique avait débuté aux Etats-Unis dès l’annonce des nominations. En effet, pour la deuxième année consécutive, aucun noir n’a été nommé. Même les acteurs et réalisateurs noirs des populaires N. W. A : Straight Outta Compton (la seule nomination est allée aux scénaristes, blancs), ou Creed (seul Sylvester Stallone a été nommé) n’ont pas été retenus.

Du pain béni pour le comédien Chris Rock, maître de cérémonie, qui a attaqué bille en tête :

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« Vous vous rendez compte que s’il y avait une catégorie pour les présentateurs, je n’aurais pas eu le job ! Pourquoi cette polémique aujourd’hui ? C’est la 88ème cérémonie des Oscars. Donc, cette absence de noirs s’est déjà produite au moins 71 fois. Vous vous doutez bien que c’est déjà arrivé dans les années 50, 60. Dans les années 60, une année où Sidney n’a pas fait de film, je suis sûr qu’il n’y avait pas de noirs nommés. Et les noirs n’ont pas protesté. Pourquoi ? Parce qu’on avait d’autres chats à fouetter à l’époque. On était trop occupés à se faire violer et lyncher pour s’intéresser au prix du Meilleur chef opérateur. Quand votre grand-mère pendouille sous un arbre, c’est très dur de s’inquiéter du Meilleur documentaire ou du Meilleur court-métrage étranger. »

« Cette année, les choses vont être un peu différentes. Dans notre section In Memoriam, nous rendrons hommage à tous les noirs qui ont été abattus par la police en allant au cinéma. »

 Par souci d’impartialité, Chris Rock a également taclé des acteurs noirs :

« Jada Pinkett Smith était folle. Elle a dit qu’elle ne viendrait pas en signe de protestation. Jada qui boycotte les Oscars, c’est comme moi qui boycotterais la culotte de Rihanna… Je n’y étais pas invité ! »

 « Jada n’était pas contente. Son homme n’était pas nommé pour Seul contre tous (Concussion). Ce n’est pas juste que Will ait été si bon et qu’il ne soit pas nommé. C’est vrai. Mais c’est également injuste que Will ait été payé vingt millions d’euros pour Wild Wild West. OK ? »

Tout au long de la soirée, la question noire est revenue dans des sketches et clins d’œil souvent hilarants, tel Sacha Baron Cohen qui a rendu un hommage aux acteurs noirs « et au plus grand d’entre eux : Dark Vador. »

Les lauréats sont… 

Comme celui des César deux jours auparavant, le palmarès des Oscars a mis à l’honneur la diversité. Il a également réparé les oublis du récent palmarès des Golden Globes. Ainsi s’il n’avait pas eu les faveurs du jury de la Hollywood Foreign Press Association en janvier, Spotlight, de Tom McCarthy, a remporté dimanche soir l’Oscar du Meilleur film (et du Meilleur scénario) au nez et à la barbe de The Revenant, le grand favori (12 nominations). L’Académie des Oscars a donné sa préférence à un film indépendant engagé (Spotlight reconstitue l’enquête menée par le Boston Globe sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique) plutôt qu’à un spectaculaire film de survie et de vengeance. Tom McCarthy a confié dans son discours de remerciement espérer que le message du film soit porté jusqu’au Vatican, et a exhorté le Pape François « à protéger les enfants et à rétablir la foi. »

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Avec ses trois Oscars en poche, The Revenant n’a pas été snobé. Alejandro Gonzáles Iñárritu a été sacré Meilleur réalisateur pour la seconde année consécutive (après Birdman) ;  le génial chef opérateur Emmanuel Lubezki a été salué pour la photo et surtout la lumière, extraordinaire, du film et…

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Leonardo DiCaprio obtient enfin, après avoir échoué à trois reprises (pour Aviator, Blood Diamond et Le loup de Wall Street) la statuette tant convoitée, autant par lui-même que ses fans. Il peut enfin tourner la page. Et comme aux Golden Globes, il a axé son discours vers la protection des minorités et de l’environnement.

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« Faire The Revenant, c’était parler des relations de l’Homme et du monde naturel, monde dont nous avons tous ressenti le réchauffement. 2015 a été l’année la plus chaude enregistrée. Notre production a dû se rendre à l’extrémité sud de cette planète, juste pour trouver de la neige. Le changement climatique est réel. Et il a lieu maintenant. C’est la menace la plus urgente à laquelle l’ensemble de nos espèces sont confrontées. Nous devons soutenir les dirigeants du monde entier qui ne s’expriment pas au nom des grands pollueurs, des grandes entreprises, mais au nom de l’humanité tout entière, des peuples indigènes du monde, des milliards de personnes défavorisées qui seront affectées par ça. Pour les enfants de nos enfants et pour tous ceux dont les voix ont été noyées par la politique de l’avidité. Ne considérons pas cette planète comme un acquis, tout comme je ne considère pas cette récompense comme acquise. »

 

Autre oublié des Golden Globes, le rock’n’roll Mad Max Fury Road, de George Miller, a raflé dimanche tous les prix techniques, ne laissant pas une miette à Star Wars : Le réveil de la Force. Décors et production artistique, Costumes, Maquillage et coiffures, montage, montage sonore, mixage sonore… cinq Oscars remportés sur les dix nominations initiales.

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On saluera aussi les victoires de :

Brie Larson, qui réussit un doublé (elle avait obtenu le Gloden Globe en janvier dernier) en recevant l’Oscar de la Meilleure actrice pour Room de Lenny Abrahamson.

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Tout en jaune, la jeune et exquise Alicia Vikander remporte l’Oscar du Meilleur second rôle féminin, pour sa prestation dans The Danish Girl de Tom Hooper.

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Sylvester Stallone était attendu, mais c’est l’extraordinaire Mark Rylance, récemment acclamé pour son interprétation de Thomas Cromwell dans la mini-série Wolf Hall, qui obtient l’Oscar du Meilleur second rôle masculin, pour Le pont des espions, de Steven Spielberg.

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The Big Short (Le casse du siècle), satire sur la crise des subprimes qui a frappé Wall Street, reçoit l’Oscar de la Meilleure adaptation (d’un livre de Michael Lewis). En acceptant son prix, son très sympathique réalisateur, Adam McKay (grand complice de Will Ferrell), a mis en garde ses concitoyens : « Si vous ne voulez pas que la finance régisse la vie politique, arrêtez de voter pour des candidats à la solde des grosses banques, de l’industrie du pétrole ou de milliardaires cinglés ! »

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A quatre-vingt-sept ans, Ennio Morricone est enfin salué par l’Oscar de la Meilleure musique, pour Les huit salopards, de Quentin Tarantino. Ce n’est certes pas sa meilleure, mais il le méritait tant de fois auparavant qu’on ne boudera pas l’hommage. Son premier geste a été d’embrasser John Williams, assis à ses côtés, nommé pour la musique de Star Wars : Le réveil de la Force.

Morricone

 

L’Oscar de la Meilleure chanson a été attribué aux lauréats du Golden Globe, Jimmy Napes et Sam Smith, pour l’honorable « Writing’s On The Wall », de Spectre. Convaincu sur le moment d’être le premier gay à recevoir un Oscar, Sam Smith l’a dédié  à la communauté gay de la planète. « Je suis ici en tant qu’homme gay et fier de l’être. J’espère qu’un jour nous serons réellement égaux. »

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Contre toute attente, Ex-Machina, l’excellente surprise réalisée par Alex Garland (avec une troublante Alicia Vikander) remporte l’Oscar des effets visuels.

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Une fois encore, Le fils de Saul de de László Nemes ravit le titre de Meilleur film étranger au Français Mustang, de Deniz Gamze Ergüven tandis que Vice-versa de Pete Docter, est élu Meilleur film d’animation de l’année. Enfin, Amy de Asif Kapadia, rafle l’Oscar du Meilleur documentaire.

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Vice versa

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Les déceptions

Repartent bredouilles cette année : Carol, de Todd Haynes (6 nominations), Seul sur Mars, de Ridley Scott (6), Star Wars : Le réveil de la Force de J. J. Abrams (5), Sicario, de Denis Villeneuve (3), Brooklyn, de John Crowley, adapté d’un roman de Nick Hornby (3), Steve Jobs, de Danny Boyle (2) et Joy, de David O. Russell (1).

Les nommés malheureux se consoleront avec le sac cadeau offert par l’Académie à tous les participants, quelle que soit l’issue du vote, et dont le contenu cette année avoisine la coquette somme de 200 000 dollars. Il fait bon perdre aux Oscars !

Emotion

Robots

Parmi les moments les plus émouvants de la soirée, on retiendra le numéro des robots de Star Wars montés sur scène, celui de Woody et Buzz l’Eclair, et l’hommage aux disparus (dont David Bowie !), sur « Blackbird » des Beatles, interprétée avec beaucoup de sensibilité par Dave Grohl, chanteur de Foo Fighters et ex-batteur de Nirvana.

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Glamour

Le prix AFAP de la plus belle robe est décerné à Cate Blanchett, sublime en Armani Privé.

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INTÉGRALITÉ DU PALMARÈS DES OSCARS 2016

Crédits photos : AFAP remercie Getty Images, Abaca, AFP, Patrick Kovarick, Kevin Winter, Bestimage, Canal+

GOLDEN GLOBES 2016

Le choc suscité par la disparition de David Bowie a éclipsé lundi les retombées de la 73ème cérémonie des Golden Globes qui s’est déroulée dimanche soir à Los Angeles, et qui est apparue en comparaison cruellement anecdotique. Même si le cœur et l’enthousiasme n’y sont pas tout à fait, retour sur le palmarès de l’antichambre des Oscars, avec son lot d’imprévus, de déceptions et de bonnes surprises.

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« Si vous gagnez ce soir, souvenez-vous que ça n’importe à personne plus qu’à vous. Ne pleurez-pas, c’est gênant. Ce prix est – ne le prenez pas mal – sans valeur. C’est un petit bout de métal qu’un vieux journaliste sénile voulait vous offrir en personne pour vous rencontrer et faire un selfie avec vous. C’est tout. Moi même, j’en ai trois ! Un qui me sert à caler une porte. Un qui me sert à assommer les cambrioleurs. Et un que je garde près de mon lit pour… on s’en fout, c’est le mien. »

Rick

 

Après Tina Fey et Amy Poehler les trois années précédentes, c’était donc au tour de Ricky Gervais, pour la quatrième fois, de présenter la cérémonie des Golden Globes. Dimanche soir, au Beverly Hilton Hotel à Los Angeles, l’acteur et humoriste britannique, qui fut impérial dans The Office et un ami de David Bowie dans la vie, s’est collé à l’exercice avec la verve qu’on lui connaît. Demi de bière à la main, il a lancé des piques bien acérées, parfois incroyablement grivoises, et suscité bien des rires jaunes. Mais comme il le dit si bien : « It’s funny cause it’s true. »

Morceaux choisis

« Je vais faire ce monologue, et après j’irai me planquer. OK ? Même Sean Penn ne pourra pas me trouver… »

« Je vais être sympa ce soir. J’ai changé. Pas autant que Bruce Jenner. Evidemment. »

 « Un article à Hollywood disait que si je présentais la cérémonie, certaines stars ne viendraient pas, de peur que je me moque d’elles. Comme si les stars manqueraient une occasion de gagner un Golden Globe ! Surtout si leur studio a déjà payé pour. »

« Jennifer Lawrence a fait la une en demandant l’égalité des salaires pour les femmes à Hollywood. Elle a reçu énormément de soutien. Partout dans le monde, on a marché dans les rues. Des infirmiers et des ouvriers criaient : “Comment une femme de vingt-cinq ans peut-elle vivre avec seulement 52 millions de dollars ?” »

« La presse étrangère à Hollywood a classé Seul sur Mars dans les comédies. Il faut reconnaître que Seul sur Mars était bien plus drôle que Pixels (comédie de Chris Columbus avec Adam Sandler, NdA). En même temps, La liste de Schindler l’était aussi. »

 et de présenter Eva Longoria et America Ferrera : « Nous accueillons deux personnes magnifiques, certes, mais que notre futur président, Donald Trump, a grand hâte d’expulser. »

Les Golden Globes récompensent depuis 1943 les meilleurs films et séries de l’année écoulée aux Etats-Unis (certains d’entre eux sont encore inédits en France). Les prix sont décernés par la Hollywood Foreign Press Association (Association hollywoodienne de la presse étrangère), et distinguent séparément drames et comédies, ce qui a pour effet de multiplier par deux le nombre de nommés et de récompenses.

Les lauréats sont…

 Cinéma

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Il semblerait donc que Leonardo DiCaprio soit bien parti pour remporter son premier Oscar cette année. Ovationné par toute la salle, le comédien a raflé le Golden Globe du Meilleur acteur dans un film dramatique, The Revenant. Le film, remake du Convoi sauvage de Richard C. Sarafian, a lui aussi été couronné, ainsi que son réalisateur Alejandro Iñárritu (il sort le 24 février en France).

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« C’est un prix que je tiens à partager avec le peuple des premières nations représentées dans le film, et les communautés indigènes du monde entier. Le moment est venu de reconnaître votre histoire et de protéger vos terres des volontés économiques de certains entrepreneurs qui veulent les exploiter. Il est temps que nous entendions votre voix et que nous préservions cette planète pour les générations à venir. » Leonardo DiCaprio

Le trophée de la Meilleure actrice est allé à Brie Larson pour sa performance dans Room de Lenny Abrahamson, que l’on découvrira sur les écrans français en mars prochain.

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Incongruité de la soirée, que Ricky Gervais n’a pas manqué de souligner à plusieurs reprises, Seul sur Mars de Ridley Scott, concourait dans la catégorie Comédie ou Comédie musicale, ce qui est loin d’être franchement adéquat. « Comédie ? Pas sûr ! » a lâché Ridley Scott venu chercher le Golden Globe de la Meilleure comédie remporté par son film.

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Matt Damon, son excellent interprète principal, a également été couronné Meilleur acteur.

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Toujours au rayon Comédie, la très (trop ?) incontournable Jennifer Lawrence remporte son troisième Golden Globe, ici pour sa prestation dans Joy, de David O’Russell (pendant la conférence de presse, l’actrice a taclé avec pertinence un journaliste trop rivé sur son portable à son goût.)

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Et le Golden Globe du second rôle féminin toutes catégories confondues est allé à Kate Winslet, pour Steve Jobs, de Danny Boyle. Couronnée pour la quatrième fois, l’actrice n’a pas tari d’éloges sur son partenaire Michael Fassbender, et a clamé sa fierté d’avoir pu dire des mots d’Aaron Sorkin, le scénariste du film (et surtout celui des séries A la Maison Blanche et The Newsroom)récompensé lui aussi.

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Sylvester Stallone a créé la surprise et l’émotion en remportant (au nez et à la barbe du surdoué Michael Shannon) le trophée du Meilleur second rôle masculin, pour Creed : l’héritage de Rocky Balboa, du jeune Ryan Coogler. Il y campe l’entraîneur d’un jeune boxeur qui n’est autre que le fils de son ancien rival Apollo Creed. Il a fait chavirer la salle en concluant son discours d’un « Et puis je tiens à remercier Rocky Balboa, mon ami imaginaire et le meilleur de mes amis. »

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En lice pour le Golden Globe du Meilleur film étranger, et représentant la France, la révélation Mustang, de Deniz Gamze Ergüven a été coiffée au poteau par le costaud Le fils de Saul, du Hongrois Lazlo Nemès, tandis que sans surprise, le Golden Globe du Meilleur film d’animation est allé à Vice Versa, de Pete Doctor.

INSIDE OUT

 

Même si on avait une pensée pour Ryuichi Sakamoto, co-compositeur de la musique du Revenant, c’est au maître Ennio Morricone qu’est revenu le Golden Globe de la meilleure musique pour Les huit salopards, ce qui a permis à son réalisateur Quentin Tarantino d’en faire des tonnes en lui rendant hommage. Le Golden Globe de la Meilleure chanson a été attribué à la moyennement emballante « Writing’s On The Wall » de Spectre. L’interprète et compositeur Sam Smith était lui même étonné d’avoir gagné.

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Télévision

Séries dramatiques

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C’est le techno-thriller Mr Robot, la série la plus gonflée du moment, qui ravit à Games Of Thrones et autre Empire le Golden Globe de la Meilleure série dramatique, et l’un de ses interprètes, le vrai revenant Christian Slater, décroche pour l’occasion celui du Meilleur second rôle masculin. Rami Malek, l’interprète principal se fait doubler par Jon Hamm, de Mad Men, pour le Golden Globe du Meilleur acteur, tandis que Taraji Henson de Empire, remporte celui de la Meilleure actrice. On se réjouit aussi de la victoire méritée de Maura Tierney, lauréate du Golden Globe du Meilleur second rôle féminin de l’épatante série The Affair dont la saison 2 décoiffe littéralement.

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Comédies

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Pas de Golden Globe cette année pour la série Transparent, qui a pourtant largement tenu ses promesses en deuxième saison. C’est la sympathique Mozart In the Jungle et son acteur principal Gael García Bernal qui raflent les récompenses. Le prix de la Meilleure actrice revient à Rachel Bloom, pour la série Crazy Ex-Girlfriend.

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Mini-séries et téléfilms

Show

Décidément partout, mais là on s’en réjouit, Oscar Isaac remporte le Golden Globe du Meilleur acteur pour Show Me A Hero tandis que Lady Gaga crée la surprise (et bouscule Leonardo DiCaprio au passage) en raflant celui de la Meilleure actrice pour American Horror Story : Hotel. Le Golden Globe de la Meilleure mini-série est attribué à la fiction historique Wolf Hall, sur l’ascension de Thomas Cromwell à la cour d’Henry VIII. Ses six épisodes seront diffusés à partir du 21 janvier sur Arte.

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Enfin, le Prix Cecil B. DeMille a été attribué cette année à Denzel Washington. Tom Hanks, qui lui remettait le trophée, lui a rendu un hommage vibrant, en le comparant aux légendes du 7ème Art John Wayne ou Marlon Brando. Entouré de sa famille sur scène, l’acteur génial de Training Day et de tant d’autres, ses notes à la main et ému, a livré un discours de remerciements confus avant d’avouer qu’il avait oublié ses lunettes. On lui pardonne. Forcément.

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Les déceptions

Malgré leurs nombreuses nominations, Mad Max : Fury Road de George Miller, Carol de Todd Haynes, The Big Short d’Adam McKay et Spotlight de Tom McCarthy (autour de l’enquête menée par le Boston Globe sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique) n’ont pas eu les faveurs du jury. On peut regretter aussi l’absence du merveilleux Love & Mercy, de Bill Pohlad qui n’a été salué que par deux nominations (Meilleure chanson, et Meilleur second rôle pour Paul Dano). Les huit salopards, de Quentin Tarantino, qui brille à tous les niveaux (performances des comédiens, dialogues, mise en scène…) n’a été récompensé que pour la musique. Alicia Vikander, l’actrice qui monte et qu’on adore, a fait chou blanc malgré ses deux nominations (pour The Danish Girl et Ex-Machina). Tout ce petit monde se refera-t-il aux Oscars ? Réponse le 28 février.

Et quant à Kirsten Dunst, nominée en tant que Meilleure actrice pour la mini-série Fargo, elle s’est fait doubler par Lady Gaga, mais elle peut se flatter d’avoir porté la robe la plus audacieuse de la soirée.

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