DIAMANTS SUR CANAPÉ et LES FORÇATS DE LA GLOIRE au Studio

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L’été s’annonce chaud pour les cinéphiles havrais ! Le cinéma Le Studio diffuse en juin et juillet une excellente sélection de films rares, réunissant des réalisateurs aussi atypiques que Nicolas Roeg (Walkabout – 1971), Edmund Goulding (Le charlatan – 1947 – avec un immense Tyrone Power), Peter Bogdanovich (La barbe à papaPaper Moon’ – 1973 – avec Ryan O’Neal et sa fille Tatum), Luigi Comencini (Le grand embouteillage – 1979), Pierre Etaix (Pays de Cocagne – 1970) ou Alexander Mackendrick (l’hilarant Whisky à gogo – 1949). Deux chefs-d’œuvre sont également au programme : le cultissime Breakfast At Tiffany’s, ou Diamants sur canapé, de Blake Edwards, dont la rediffusion au cinéma est toujours un événement, et The Story Of G.I. Joe, de William A. Wellman, l’un des meilleurs films de guerre de tous les temps, plus connu en France sous le titre Les forçats de la gloire.

 

PROGRAMME DU STUDIO JUIN-JUILLET 2015

 

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« Hey Dondaro, what town did we take today ?
– San Raviollo.
– Didn’t we take that yesterday ?
– No That was San Something Else-io. »

 

Les forçats de la gloire (The Story Of G.I. Joe)

Story

William A. Wellman
1945

Bien qu’âgé de 43 ans, le correspondant de guerre Ernie Pyne (Burgess Meredith) rejoint la 18ème compagnie d’infanterie commandée par le lieutenant humaniste Bill Walker (Robert Mitchum), en route pour la Tunisie. La bravoure de ces fantassins lui inspire le plus grand respect. Il les retrouvera quelques mois plus tard en 1943 et 1944 durant la campagne d’Italie, à San Vittorio et lors de la terrible bataille de Monte Cassino…

Paru en 1945, The Story Of G.I. Joe (Les forçats de la gloire) est un double hommage, aux soldats de l’armée de terre (les plus exposés et les plus sacrifiés), et au célèbre correspondant de guerre Ernie Pyne, pétri d’admiration pour ces « enfants de la boue, de la pluie, du gel et du vent, sans lesquels on ne peut gagner une guerre », et qui trouvera la mort en 1945 pendant la guerre du Pacifique. Vétéran de l’armée de l’air lors de la Grande Guerre, qui lui a valu de nombreuses blessures et la Croix de Guerre, le cinéaste William A. Wellman (Lafayette Escadrille, L’ennemi public, La ville abandonnée) s’est fait un point d’honneur à reconstituer cette plongée dans le quotidien des soldats, de la manière la plus authentique possible. Basé sur les chroniques d’Ernie Pyne, qui a généreusement collaboré au film (qu’il ne verra jamais), The Story Of G.I. Joe alterne les scènes de vie entre deux assauts (on assiste même à un mariage de fortune entre un G.I. et une infirmière de la troupe dans les ruines de San Vittorio), et les séquences de combats filmées avec âpreté. Refusant le sentimentalisme, les effets mélodramatiques et spectaculaires, et l’humanisme obtus de certains films antimilitaristes, la vision de Wellman, très fidèle aux convictions de Pyne, dépeint avec honnêteté « ces petits hommes routiniers que la guerre transforme en titans », et pour lesquels la mort est la seule réalité (la plupart des figurants, véritables G.I, perdront la vie dans les combats du Pacifique). Considéré comme un des films de guerre les plus authentiques, The Story Of G.I. Joe, a été salué par quatre nominations aux Oscars en 1946, pour le scénario, la musique et la chanson, ainsi que pour la prestation de Robert Mitchum. Cette nomination à l’Oscar du Meilleur second rôle masculin sera la seule de sa carrière.
Et avec Freddie Steele, Wally Cassell, John R. Reilly, Jimmy Llyod…

Rédigé pour Fnac.com en 2012

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75

 

 

Diamants sur canapé (Breakfast At Tiffany’s)
Blake Edwards
1961

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«  Vous savez, ces jours où vous êtes dans le cirage ?
– Autrement dit le cafard ?
– Non, le cafard, c’est quand on se trouve grosse et qu’il pleut pendant trop longtemps. On est triste, c’est tout. Mais le cirage, c’est horrible. Soudain, on a peur et on ne sait pas de quoi… »

 

Mais qui est vraiment cette Holly Golightly (Audrey Hepburn), adorable call-girl new-yorkaise, qui a le don de ne rien prendre au sérieux ? C’est la question que se pose Paul Varjak (George Peppard), qui vient d’emménager dans l’appartement voisin de la jeune femme. Ce jeune écrivain, plutôt beau gosse, est lui-même entretenu par une quadragénaire fortunée (Patricia Neal). Tout naturellement, il va tomber sous le charme de la personnalité hors du commun de sa mystérieuse voisine…

Comme dans l’irrésistible La Panthère rose, que Blake Edwards allait mettre en scène deux ans plus tard, Diamants sur canapé, plus connu sous titre original Breakfast At Tiffany’s, possède ce grain de folie qui est la marque du cinéaste et atteindra son apothéose dans La Party, en 1968. Son dada : les soirées mondaines extravagantes avec délires à tous les étages. Toujours sublimes, les femmes sont chez lui complètement idiotes ou invraisemblablement spirituelles. Pour Breakfast At Tiffany’s, Blake Edwards a fait sien l’univers de Truman Capote (bien plus cynique) en lui conférant une incroyable fantaisie, tout comme Audrey Hepburn s’est approprié le personnage de Holly Golightly. Capote avait écrit la nouvelle en pensant à Marilyn Monroe. Ironiquement, ce fut une actrice à l’opposé des vamps hollywoodiennes qui rendit son héroïne inoubliable. Audrey Hepburn en fit une call-girl fantasque et romantique (la sexualité présente dans le livre est ici simplement suggérée). Non seulement la comédienne imposa son style en matière de mode (aidée par son ami et complice Hubert de Givenchy), toujours en vogue aujourd’hui, mais elle a révélé un nouveau genre d’actrice, rappelant un peu la Katharine Hepburn (même les noms coïncident) de L’impossible Monsieur Bébé : une femme indépendante, moderne, drôle, jamais vulgaire, faisant rimer sexy avec esprit et dissimulant sous une tonne de détachement et de fantaisie, une attachante vulnérabilité. Car derrière sa légèreté apparente, Holly Golightly cache des blessures profondes et une peur viscérale de la vie. « C’est une truqueuse », se plaît à dire l’agent de Holly (interprété par Martin Balsam). Audrey Hepburn a transcendé le rôle en prêtant sa fragilité et sa grâce naturelle à cette petite campagnarde devenue la call-girl sophistiquée la plus incontournable de New York. Comme Paul Varjak, le jeune écrivain sans le sou (sorte de Truman Capote jeune), interprété par le très séduisant George Peppard, le spectateur fond sous le charme de Holly qui semble ne rien prendre au sérieux et vit son désordre existentiel avec une élégance et un style incomparables. Petit à petit, Paul va amener la jeune femme à voir la réalité en face en l’apprivoisant, comme on le ferait d’un animal sauvage. Si le film remporta, à sa sortie, un succès immédiat, son tournage ne fut pas des plus sereins. Audrey Hepburn n’était pas certaine d’être à la hauteur du personnage, même si elle était consciente que ce rôle de femme de caractère, extravertie (et donc nouveau pour elle), était une vraie opportunité. Si elle se réjouissait à l’idée d’avoir pour partenaire un acteur de son âge (après avoir donné la réplique à Fred Astaire, Humphrey Bogart ou Burt Lancaster), elle était tétanisée par l’expérience de ce dernier, formé à l’Actors Studio. En actrice d’instinct, Audrey Hepburn souffrait d’un réel complexe d’infériorité en matière de technique de jeu. Ce fut pourtant à son contact que le film de Blake Edwards prit toute sa dimension pour devenir résolument romantique. Même le compositeur Henry Mancini, grand complice de l’œuvre du cinéaste (il a signé le fameux thème de La panthère rose), a avoué s’être inspiré de la personnalité de la comédienne pour la chanson « Moon River », qu’elle interprète divinement dans le film. Qu’importent alors le choix malheureux de Mickey Rooney en improbable voisin japonais, la suffisance de George Peppard sur le plateau, la puanteur du chat, le mécontentement de Capote et les multiples dissensions avant et pendant le tournage. Breakfast At Tiffany’s est un chef-d’œuvre. Et un demi-siècle plus tard, il reste d’une éclatante modernité.
Et avec Patricia Neal, Martin Balsam, José Luis de Vilallonga…

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TERRE BATTUE

Tandis que la tension monte en cette deuxième semaine du tournoi de Roland-Garros, on en profite pour parler de Terre battue, le premier long-métrage de Stéphane Demoustier, récemment paru en DVD. Il y est question d’un jeune espoir du tennis qui rêve d’être champion et qui dérape, à cause de la pression insoutenable, mais aussi parce que son père a la tête ailleurs. A l’origine de ce film coproduit par les Frères Dardenne, il y a un fait divers, et surtout l’expérience personnelle du cinéaste, qui fut lui-même une graine de champion. A ce titre, le documentaire fourni en bonus est sensationnel !

 

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  « Si tu n’avances pas, c’est l’autre qui le fera à ta place, mets-toi ça dans la tête ! »

  

Terre battue

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Stéphane Demoustier
2014 (en DVD depuis le 17 avril 2015 chez Diaphana)

Dans la banlieue lilloise, Jérôme (Olivier Gourmet), cadre commercial dans la grande distribution, vient de se faire licencier pour motif économique. Ce nouveau départ lui donne des ailes pour se lancer en solo, et créer sa propre société de vente de chaussures à prix discount. Malgré les réticences de son épouse (Valeria Bruni Tedeschi), il se démène du matin au soir pour convaincre des investisseurs. Ce désir obsessionnel de réussite l’amène à délaisser sa femme et son fils de onze ans, Ugo (Charles Mérienne), talentueux joueur de tennis qui a une chance d’intégrer le Centre national d’entraînement à Roland-Garros…

Le tennis, à l’instar du sport en général, demeure anecdotique au cinéma, même si la discipline a offert des scènes mythiques, dans Blow Up, Un éléphant ça trompe énormément, Nous irons tous au Paradis, Les Berkman se séparent, ou Match Point. Pour trouver une représentation authentique du tennis professionnel, il faut se tourner vers l’Inconnu du Nord-Express d’Alfred Hitchcock, Jeu set et match (Hard, Fast And Beautiful) d’Ida Lupino ou La plus belle victoire (Wimbledon) de Richard Loncraine. D’où l’intérêt pour ce Terre battue qui montre un aspect du tennis rarement évoqué au cinéma, celui de l’apprentissage des futurs champions qui se frottent dès leur plus jeune âge à la compétition et à l’exigence de la discipline. « Le haut niveau, c’est 99% de souffrance et 1% de plaisir » dit le professeur d’Ugo. Une souffrance que le père, obnubilé par ses propres démons, ne voit pas. Quant à la mère, campée avec justesse par Valeria Bruni Tedeschi, elle ne songe qu’à s’échapper de ce couple auquel elle ne croit plus. Elle est déjà ailleurs, laissant père et fils à leurs ambitions sans se rendre compte que l’obsession de réussite délirante du premier déteint peu à peu sur le second. Plus amère que douce, cette chronique d’une famille ordinaire met cruellement en évidence les dangers d’une société régie par la compétition et la réussite. Le film pèche par un petit manque de rythme et donne parfois l’impression de flotter sans trop savoir où il va, mais il faut reconnaître que Stéphane Demoustier a insufflé à son premier long-métrage une belle authenticité. Car si Terre battue est inspiré d’un fait divers, le grand frère de l’actrice Anaïs Demoustier l’a étoffé avec des éléments autobiographiques qui confèrent aux personnages une vérité criante. Celui de Jérôme, campé avec maestria par Olivier Gourmet, qui ne cesse de clamer son amour pour les grandes surfaces et les parkings des zones commerciales, est un clin d’œil au père du réalisateur, tandis qu’Ugo (interprété par un authentique espoir du tennis) est une émanation de Stéphane Demoustier enfant. Le cinéaste a en effet pratiqué le tennis de haut niveau en junior, une école de sacrifices qu’il connaît parfaitement. Un premier film attachant et sensible sur l’ambition et la transmission filiale, au final implacable.
Et avec Vimala Pons, Jean-Yves Berteloot, Olivier Brabant…

 

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

TERRE BATTUE DVD 3D 

 

 

Interactivité ***
On peut découvrir un épatant documentaire de 40 minutes réalisé en 2014 par Stéphane Demoustier, intitulé Les petits joueurs, excellent complément au film. On y suit le parcours de trois jeunes espoirs régionaux qui participent aux championnats de France de tennis par équipe à Blois, dont les meilleurs rejoindront les centres de formation nationaux. Egalement au menu, sept très bonnes scènes inédites commentées, non sans humour, par le cinéaste et son monteur Damien Maestraggi.

Image ***
Format : 2.35
Beau travail ! La définition est affûtée ; les couleurs, lumineuses.

Son ***
DD 5.1 et 2.0 en français
Une piste 5.1 très convenable pour ce film plutôt intimiste.

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CANNES 2015 PALMARÈS & LA LOI DU MARCHÉ

 

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La 68ème édition du festival de Cannes, malgré sa sélection controversée (« un sale millésime » selon Pierre Murat sur Télérama.fr, « catastrophique » selon Vincent Malausa, sur L’obs Le Plus) s’est achevée avec une cérémonie de clôture étonnamment émouvante, et pas uniquement parce qu’elle a mis le cinéma français à l’honneur. Certes, les films plébiscités par la critique, Mia Madre, de Nanni Moretti, ou Youth, de Paolo Sorrentino, n’ont pas eu les faveurs du Jury des frères Coen, qui leur ont préféré Dheepan, de Jacques Audiard. Selon leurs commentaires lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie, les jurés, apparemment sur la même longueur d’onde, se sont laissés portés par leur enthousiasme et leur émotion, sans calcul ou stratégie particulière. Et le palmarès s’est révélé plutôt juste, récompensant davantage les humbles que les stars, les films sociaux plus que les grandiloquents. En recevant, « comme une palme de résistance et d’endurance », la Palme d’or d’honneur pour sa carrière, qu’elle a dédiée à « tous les cinéastes inventifs et courageux, ceux qui créent un cinéma original, de fiction ou de documentaire, qui ne sont pas en lumière et qui continuent », Agnès Varda a donné le ton. Les timides Emmanuelle Bercot et Vincent Lindon, Prix d’interprétation féminine et masculine, lui ont emboité le pas. Elle : « Comment vous dire mon bonheur de partager mon prix avec une autre actrice, parce qu’il est un peu trop grand pour moi toute seule » ; lui, après avoir embrassé tous les membres du jury : « C’est la première fois que je reçois un prix dans ma vie. Je remercie les deux présidents du jury, Ethan et Joel Coen, je suis d’une fierté qu’ils m’aient même vu jouer… Quand je pense que j’ai fait tout ça pour que mes parents me voient, et ils ne sont plus là. » Dans la salle, Xavier Dolan n’était pas le seul à avoir la larme à l’œil.

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Je n’étais pas à Cannes cette année, mais je me suis précipitée au cinéma pour voir La loi du marché qui sortait le même jour dans les salles françaises. Parce que Stéphane Brizé a un talent fou, et parce que, même s’il n’est pas glamour pour un sou, Vincent Lindon, il y a longtemps qu’on le sait, est le meilleur acteur français.

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 « On ne fait pas n’importe quoi avec les gens. » 

La loi du marché
Stéphane Brizé
2015

Thierry (Vincent Lindon) est demandeur d’emploi depuis vingt mois, date où il a été licencié de la société où il était ouvrier. A cinquante et un an, marié et père d’un adolescent handicapé qui nécessite des soins coûteux, il ne peut se permettre de rester sans travail. De formations inutiles en stage de remise à niveau, il finit par décrocher un contrat de vigile dans un supermarché, un job qui va très vite lui poser un dilemme moral…

En 2006, j’avais interviewé Stéphane Brizé pour le magazine Epok, à l’occasion de la sortie en DVD de son deuxième long-métrage, Je ne suis pas là pour être aimé. Je lui avais demandé d’où venait son intérêt pour les métiers ingrats – la contractuelle du Bleu des villes, le film qui l’a révélé, le huissier de justice de Je ne suis pas là pour être aimé, auxquels on pourrait rajouter aujourd’hui le vigile de supermarché de La loi du marché. Il avait alors répondu : « Ce sont des fonctions qui imposent une image quasi détestable. A partir de là, il ne me reste plus qu’à aller observer l’être humain derrière le masque social. Et c’est cet être humain qui me passionne. » Dans La loi du marché, justement, Vincent Lindon incarne magistralement l’humain pris au piège d’un système qui ne l’est pas. On suit son parcours du combattant qu’est celui du chômeur en quête d’emploi, plus tout jeune et fatigué des stages caduques proposés par Pôle Emploi (telle cette formation de grutier alors qu’il n’a jamais travaillé sur un chantier, et que donc, aucun employeur ne l’embauchera), des cours de coaching (qui remettent en cause son attitude, sa manière de parler… ), des entretiens d’embauche par Skype, totalement humiliants, et des rendez-vous avec la banquière qui lui conseille de vendre son appartement, sa seule richesse. La caméra est nerveuse, et Lindon occupe tous les plans. On lit sur son visage, comme dans un livre ouvert, toute l’incrédulité devant cette violence psychologique ordinaire, qu’il reçoit comme un boxeur se prend des coups et pourtant se relève. Pas question de flancher. Parce qu’il a une famille à nourrir, et qu’il veut garder la tête haute. La séquence, sidérante, de la vente de son mobil-home est annonciatrice. Thierry n’est pas prêt à tout accepter. Le poste de vigile, qu’il décroche, faute de mieux, va le confronter à la précarité et la misère de ses concitoyens et parfois collègues : un vieux monsieur vole de la viande, une caissière des bons de réduction oubliés par des clients… Sans pathos, sans paroles inutiles, le film de Stéphane Brizé met le doigt où ça fait mal. Dans cette arène où chacun défend son bifteck coûte que coûte, le mal n’a pas vraiment de visage, et les héros sont silencieux. Apprendre en sortant de la projection que l’ex-patronne de l’INA, prise en flagrant délit d’abus d’argent public, a été réintégrée au Ministère de la Culture, ajoute encore au malaise. La loi n’est pas la même pour tous.
Avec Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller…

BANDE-ANNONCE
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PALMARES

Palme d’or : Dheepan de Jacques Audiard (France)
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Grand Prix : Le fils de Saul de Lázló Nemes (Hongrie)
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Prix de la mise en scène : The Assassin de Hou Hsiao-Hsien (Taïwan, Chine, Hong-Kong, France)
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Prix du scénario : Chronic de Michael Franco (Mexique)
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Prix d’interprétation féminine ex-aequo :

Emmanuelle Bercot dans Mon roi, de Maïwenn (France)
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Rooney Mara dans Carol, de Todd Haynes (Royaume-Uni, Etats-Unis)
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Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon dans La loi du marché de Stéphane Brizé
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Prix du Jury : The Lobster, de Yorgos Lanthimos (Irlande, Grèce, Royaume-Uni, France, Pays-Bas)
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Palme d’or du court-métrage : Waves ’98 de Ely Dagher (Liban, Qatar)
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Le prix AFAP de l’actrice la mieux habillée : Shu Qi, indiscutablement !

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