JACQUOU LE CROQUANT

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Laurent Boutonnat
2007

Au début du XIXe siècle… Pour venger son père mort en prison par la faute du Comte de Nansac (Jocelyn Quivrin), qui fait régner la terreur sur le Périgord Noir, un jeune homme (Gaspard Ulliel) va prendre la tête de la révolte paysanne…

Ce n’est pas sans préjugés qu’on aborde le film signé en 2007 par Laurent Boutonnat, compositeur et clippeur attitré de Mylène Farmer, et réalisateur du gothique Giorgino en 1994, adulé par les uns, abhorré par les autres. Dès les premières minutes, on comprend les raisons qui ont poussé Boutonnat à adapter le classique (imaginé en 1899 par Eugène Le Roy) qui avait inspiré en 1969 une saga télévisée populaire avec Éric Damain dans le rôle-titre. L’enfance étant l’un des thèmes chers au cinéaste, le film s’attarde sur celle de Jacquou, petit paysan sur qui le sort s’acharne, tel l’Oliver Twist de Dickens. La beauté d’une jeune Léo Legrand — puis de Gaspard Ulliel — irradie l’écran tandis qu’à grand renfort de plans esthétisants, le mélodrame fait défiler les tableaux, bucoliques (inspirés de Millet), ou plus sombres, lorsque la neige et la mort s’en mêlent. Le cinéaste semble d’ailleurs davantage préoccupé par l’esthétique pure que par les événements de l’histoire (la révolte des paysans est menée ici de manière assez incohérente). Cependant, même si son épopée souffre de maladresses (manichéisme des personnages, ralentis utilisés à outrance, ton des comédiens pas toujours très juste…), Laurent Boutonnat parvient à restituer le charme et la magie des romans épiques de l’enfance. Quelques personnages romantiques, tels La Galiote (incarnée par la magnifique mannequin Bojana Panic) ou le chevalier (Tcheky Karyo) tirent leur épingle du jeu.
2h 20 Et avec Marie-José Croze, Albert Dupontel, Malik Zidi, Olivier Gourmet, Gérald Thomassin, Dora Doll…

Chronique rédigée pour fnac.com en 2008

UN LONG DIMANCHE DE FIANÇAILLES

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Jean-Pierre Jeunet
2004

1919… La guerre est finie et Manech (Gaspard Ulliel), le fiancé de Mathilde (Audrey Tautou), n’est pas revenu du front de la Somme. Le jeune homme aurait été condamné à mort pour mutilation volontaire et jeté en compagnie de quatre autres détenus sur le no man’s land qui séparait la tranchée française de celle de l’ennemi. Malgré les évidences, Mathilde est persuadée que Manech a survécu. Se fiant à sa petite voix intérieure, elle entreprend de remuer ciel et terre pour le retrouver…

Trois ans après Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, Jean-Pierre Jeunet et le scénariste Guillaume Laurant s’attaquent à l’adaptation réputée impossible du roman homonyme de Sébastien Japrisot, Prix Interallié 1991. A travers l’enquête palpitante de Mathilde, se profile la Grande Guerre dans toute son horreur et sa barbarie, et les anecdotes racontées s’inspirent, en grande partie, de faits réels. Très fidèle à l’œuvre poignante de l’écrivain, décédé en 2003, l’épopée de Jeunet retrace cette période douloureuse de l’histoire avec un soin du détail impressionnant et le film offre de véritables morceaux de bravoure. Il est cependant dommage que la mise en scène outrageusement démonstrative (cette satanée manie d’enchaîner trop vite des séquences visuellement plus impressionnantes les unes que les autres) se fasse trop souvent au mépris de l’émotion et des personnages. Les interprètes ne déméritent pas, bien au contraire. Marion Cotillard, particulièrement touchante, et le jeune Gaspard Ulliel obtiendront chacun le César l’année suivante (Meilleur second rôle féminin et Meilleur espoir masculin). Le film remportera également les César de la photo, des décors et des costumes, et sera salué par deux nominations aux Oscars (Direction artistique et Photo).
2 h 13 Et avec Dominique Pinon, André Dussollier, Clovis Cornillac, Albert Dupontel, Jean-Pierre Darroussin, Denis Lavant, Chantal Neuwirth, Jodie Foster, Julie Depardieu…

Chronique rédigée pour fnac.com en 2005

 

LES ÉGARÉS

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André Téchiné
2003

Juin 1940, les Allemands sont aux portes de Paris et les Français s’entassent sur les routes en direction du sud. Parmi eux, Odile (Emmanuelle Béart) une jeune veuve institutrice, et ses deux enfants. Lorsque les stukas allemands surgissent pour bombarder la colonne de réfugiés, Odile et les siens sont sauvés par Yvan (Gaspard Ulliel) un adolescent de 17 ans plutôt débrouillard, qui les entraîne dans la forêt toute proche pour se mettre à l’abri…

Ce très beau film, mis en scène avec toute la subtilité et l’intelligence d’André Téchiné, et présenté en compétition à Cannes en 2003, est adapté du roman Le garçon aux yeux gris de Gilles Perrault. L’introduction est violente, mais le récit s’éloigne très vite du bruit et de la fureur pour se focaliser sur quatre personnages, dont l’un est porteur de mystère. Momentanément hors du temps, cette drôle de famille incestueuse s’installe dans un havre de paix au cœur d’une nature paradisiaque. Tandis que les enfants (formidable Grégoire Leprince-Ringuet) succombent au charme d’Yvan, la sévère Odile perd peu à peu ses repères. La pureté du film, à la fois classique et troublant, doit beaucoup à la justesse de ses interprètes. Face à une magnifique Emmanuelle Béart, Gaspard Ulliel crève l’écran. Quatre fois nominé aux César en 2004 (Photo, Son, et Jeune espoir masculin pour Grégoire Leprince-Ringuet et Gaspard Ulliel), Les égarés est reparti injustement bredouille.
1h 35 Et avec Clémence Meyer, Samuel Labarthe, Jean Fornerod…

Chronique rédigée pour fnac.com en 2004