TRANSFORMERS : L’AGE DE L’EXTINCTION

Au royaume des jouets, Michael Bay est roi. Sans complexe, il assume son infantilisme légendaire et demeure un maître dans le domaine de l’action où il ne cesse, film après film, d’innover et d’expérimenter, avec une insatiable curiosité. Après le truculent et cynique No Pain No Gain, il en remet une couche dans le quatrième volet-fleuve de la saga inspirée des jouets Hasbro, qui vient de paraître en DVD/Blu-ray. Quoi qu’on en dise, chez Michael Bay, chaque scène d’action est une œuvre d’art.

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Crosshairs (Autobot) : Ugh ! You just want to die for the guy. That’s leadership ! Or brainwashing, or something.
Drift (Autobot) : No, that is Optimus Prime.

 

Transformers : L’âge de l’extinction (Transformers : Age Of Extinction) 

TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

Michael Bay
2014 (DVD, Blu-ray, Blu-ray 3D et Quadrilogie chez Paramount depuis le 26 novembre)

Cinq ans après la bataille de Chicago, l’alliance entre les humains et les Transformers a fait long feu, et ces derniers, traqués par un groupe d’élimination en connivence avec la CIA, ont quasiment disparu. Cependant, une compagnie de technologie avancée, KSI, dirigée par Joshua Joyce (Stanley Tucci) a mis au point une armée de Transformers maison, avec à leur tête, un prototype qui répond au nom de Galvatron. Ce que Joyce ignore, c’est que derrière Galvatron se cache le terrible Megatron, qui a juré d’anéantir les humains. Le seul espoir de l’humanité repose désormais sur Cade Yeager (Mark Wahlberg), un inventeur qui vit seul avec sa fille Tessa (Nicola Peltz) au beau milieu du Texas. Il vient de découvrir dans un cinéma abandonné la carcasse d’un camion, qui n’est autre qu’Optimus Prime…

Vu à quel point il donne des verges pour se faire battre, on devine la jubilation que doit éprouver Michael Bay en imaginant les têtes effarées des critiques et des cinéphiles découvrant Transformers : l’âge de l’extinction. Impossible de ne pas y voir une provocation de la part d’un cinéaste pour qui l’univers semble se résumer à des héros musculeux et têtes brûlées, des filles canon en mini-short, des voitures rutilantes (Maserati ou Corvette de préférence), des explosions en veux-tu en voilà, des drapeaux américains flottant au vent et des couchers de soleil sur l’infini. Michael Bay ne s’embarrasse pas de subtilités. Ici, Cade Yeager (Mark Wahlberg) ne cesse de clamer qu’il est un inventeur. Vu la taille de ses biceps et sa forme physique au-dessus de la moyenne, on suppose qu’il a dû passer plus de temps dans la salle de gym que sur les bancs de la fac. Ce père d’une jeune fille sacrément sexy a une conception de l’éducation quelque peu rigide, peu ou prou semblable à celle du père campé par Bruce Willis dans Armageddon, ou des héros de Bad Boys, toujours prêts à accueillir les petits amis de leur fille avec un flingue. D’où des échanges surréalistes avec Shane, l’élu du cœur de sa progéniture :

Cade : « T’as quel âge ?
Shane : 20 ans !
Cade : Ce n’est qu’une fille de 17 ans !!! Alors on a deux solutions. Soit je te cogne et tu me dénonces aux flics, ou je te dénonce parce qu’elle est mineure.
Shane : La loi “Roméo et Juliette” nous protège. Notre relation est antérieure à ma majorité. Loi 22-011 (il sort le certificat de son portefeuille).
Cade : Quoi ? Loi du Texas ? C’est une vraie ? Roméo et Juliette hein… Et ils ont fini comment ?
Tessa : Amoureux !
Cade : Morts ! »

Certes, tous ces moments intenses démontrent que le cinéaste s’efforce d’insérer un peu d’humanité dans cet univers de robots, souvent rébarbatif pour le grand public, et en particulier le public féminin. Mais, même s’il est évoqué, on est loin de Shakespeare. D’ailleurs, tous les dialogues du film se résument à un déferlement de “bonnes vannes”, assénées par les humains autant que par les Transformers eux-mêmes. Tel ce « Sweetie, passe-moi mon pistolet d’Alien ! » crié par Cade Yeager à sa fille, pour impressionner un pauvre type qui lui refuse la priorité. Si le scénario (signé du fidèle Ehren Kruger) et les dialogues ne brillent pas par leur intelligence (c’est le moins qu’on puisse dire), les scènes d’action, en revanche, décoiffent. Comme si Michael Bay tentait de mettre en pratique la devise de Ford Boyard : « Toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus fort ! » Le cinéaste bientôt quinquagénaire, et qui a conservé son physique de surfer, ne s’amuse qu’en expérimentant de nouvelles techniques, et se considère comme un réalisateur old school qui préférera toujours les prises de vue réelles au tout numérique. Ainsi ce quatrième volet de Transformers, tourné avec une caméra Phantom numérique 3D Imax, recèle moult cascades et scènes de destruction orchestrées sur le terrain et filmées avec des caméras innovantes, parfois robotiques, voire prototypes. Les scènes d’action sont peaufinées à l’extrême, avec un enthousiasme palpable et une démarche artisanale très sympathique. L’âge de l’extinction, éminemment épique, et dont chaque plan frise le sublime, va crescendo et fait dégringoler du ciel voitures, bus, wagons, bateaux… S’invitent à la fête des vaisseaux extraterrestres belliqueux, des robots dinosaures sauveurs de l’humanité et des chasseurs de primes sans scrupule. Le chaos est indescriptible (et pourtant toujours lisible), et tout cela finit dans le soleil couchant après deux heures et quarante-cinq minutes de bruit et de fureur. Ce plaisir coupable, c’est l’art (eh oui) de Michael Bay.
Et avec : Jack Raynor, Sophia Myles, Kelsey Grammer, T.J. Miller…

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BANDE-ANNONCE

 

Test Blu-ray 2D :

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Interactivité****
Un second Blu-ray est dédié aux suppléments. On y trouve une interview de l’enthousiaste Michael Bay (10 mn), truffées de réflexions philosophiques « L’action, c’est parfois aussi simple que la gravité », « Les films d’action sont très amusants à faire, c’est le combat du bien contre le mal » et qui livre des secrets de fabrication. On y apprend aussi que Mark Wahlberg, aussi costaud soit-il, est comme la plupart des acteurs : il a le vertige. Le morceau de choix consiste cependant à un making of de deux heures, chapitré, qui révèle tous les dessous de la création du film. On y découvre un Michael Bay impliqué dans tous les stades de la création, jusqu’à la salle de montage et l’écriture de la chanson du groupe Imagine Dragons. Egalement au menu : un bêtisier géant de 10 minutes, un reportage sur les créateurs et designers de Hasbro, et une visite à domicile des personnalités du tournage avec le sympathique T. J. Miller pour guide (celle de la maison de Mark Wahlberg vaut son pesant de cacahuètes). Le DVD est également inclus dans cette édition.

Image *****
Format : 2.40
Une étoile supplémentaire pour cette image d’une précision et d’une pureté diaboliques. Le piqué de ce master 2K est impressionnant. Comme il est d’usage chez Michael Bay, les couleurs saturées sont explosives et contribuent à rendre chaque plan iconique (ou « bling bling », c’est comme on veut). Quoi qu’il en soit, on en prend plein les mirettes.

Son *****
Dolby TrueHD 7.1 et Dolby ATMOS (Mix spécifique tridimensionnel pour les enceintes et amplificateurs équipés du système) en anglais
DD 5.1 en français
Sous-titres français non imposés
Idem pour le son. On n’a pas testé le Dolby ATMOS, dont la présence sur un support Blu-ray est une grande première, mais la piste True-HD 7.1 est si puissante qu’elle fait trembler le sol du salon. Elle reste malgré tout équilibrée. En comparaison, le DD 5.1 français est moins riche et moins immersif.

TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

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TRANSFORMERS: AGE OF EXTINCTION

NO PAIN NO GAIN

 

« My name is Daniel Lugo, and I believe in fitness. »

No Pain No Gain (Pain & Gain)

Michael Bay
2013 (DVD/Blu-ray Paramount Home Entertainment)

En 1994, à Miami, Daniel Lugo (Mark Wahlberg) est coach dans un club de fitness et s’adonne à plein temps à la culture physique et au modelage de son corps, sa passion. Mais à force de côtoyer les clients milliardaires du club, il se met à cogiter en se demandant s’il n’a pas mérité lui aussi sa part du gâteau, tel Tony Montana dans Scarface. Il décide alors d’enlever l’un d’entre eux pour lui voler sa fortune, et entraîne dans l’aventure deux autres adeptes de la gonflette (Dwayne Johnson et Anthony Mackie). Le hic, c’est que ces derniers sont encore plus décérébrés que lui. L’opération va donc tourner à la catastrophe…

L’introduction ne dit rien qui vaille. En découvrant l’avalanche de ralentis sur les gros plans du visage grimaçant de Mark Wahlberg, on se demande même si Michael Bay n’a pas perdu les pédales et le vélo avec. Mais après des préliminaires brouillons et bavards, le film se précise et s’installe franchement dans la comédie noire, trash, loufoque et désopilante, sous influence Fargo et Pulp Fiction (références avouées du réalisateur). Mark Wahlberg et Dwayne Johnson jouent les abrutis avec une maestria qui force le respect, et la mise en scène fougueuse accompagne leurs tribulations de manière dantesque. Ici, le fond et la forme sont en parfaite symbiose. Car même si No Pain No Gain est un film à « petit budget » (24 millions au lieu des 200 habituels que réclament les productions du cinéaste), le réalisateur de Transformers fait toujours dans la destruction massive. Ici, celle du rêve américain, et des excès et perversions d’une société gangrenée par des valeurs obscènes. Le culte du corps est tourné en ridicule et la vulgarité des parvenus explose dans un feu d’artifice de mauvais goût. La bêtise de ces pieds nickelés du crime n’a d’égale que la violence et la sauvagerie de leurs actes, et, fidèle à sa réputation, Michael Bay a rivalisé d’inventivité pour filmer cette spirale infernale, multipliant les angles, la vitesse des images et les plans vertigineux (les Go Pro sont à la fête). Aux côtés de l’épatant trio vedette, Rebel Wilson en infirmière perverse, Tony Shalhoub en victime insupportable, et surtout Ed Harris, en détective privé retors, sont truculents. Comble de l’ironie, le film s’inspire librement d’un fait divers qui avait suscité l’horreur à Miami entre 1995 et 1997, dont les détails seraient encore plus invraisemblables que ceux qui sont exposés dans cette comédie décomplexée, exubérante… et totalement jubilatoire.

 

Test DVD :

Interactivité**
Un making of promotionnel mais instructif revient sur la genèse du film, et sur l’histoire vraie et édifiante qui l’a inspiré (11 minutes). On peut y entendre le témoignage et les impressions du journaliste Pete Collins qui a écrit l’article dans le Miami New Times à l’époque. Un second reportage de 9 minutes, entrecoupé d’aperçus du tournage, est consacré au retour aux sources de Michael Bay, qui a optimisé son « petit » budget en se souvenant de ses débuts de jeune cinéaste. D’autres reportages du même acabit sont disponibles sur le Blu-ray.

Image ****
Format : 2.40
Forcément moins impressionnante que celle du Blu-ray, l’image en HD présentée ici fait malgré tout un sans-faute. Les couleurs de la photo signée Ben Seresin sont rutilantes, les ciels de Floride d’un bleu éclatant. Contrastes et définition sont impeccables.

Son : ****
DD 5.1 en anglais et français
Sous-titres français non imposés
Une piste DD 5.1 à la hauteur de l’enjeu, ample et efficace. Les enceintes arrière assurent parfaitement leur mission tant pour les bruits d’ambiance que les passages musicaux ou les scènes d’action.

 

no pain no gain 4

No pain 2

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No pain 1