GENERATION WAR

 

Top Of The Lake Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (2/4)

LA GUERRE VUE D’EN FACE

Generation War (Unsere Mütter, Unsere Väter)

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Mini-série allemande créée par Stefan Kolditz
2013 (Blu-ray Pyramide Vidéo)

A Berlin au début de l’été 1941, cinq jeunes gens, amis d’enfance, se sont donné rendez-vous dans leur bar préféré avant le départ de trois d’entre eux pour le front de l’Est. Si Charlotte (Miriam Stein), élève infirmière, et Wilhelm (Volker Bruch) qu’elle aime en secret, sont impatients de servir leur patrie, Friedhelm (Tom Schilling), le jeune frère poète de Wilhelm, ne cache pas ses appréhensions. Ils laissent derrière eux la belle Greta (Katharina Schüttler) – qui rêve d’être la nouvelle Marlene Dietrich – et Viktor (Ludwig Trepte), l’amant juif de cette dernière. Loin d’imaginer la tournure tragique que vont prendre les événements, ils se promettent de se retrouver au même endroit à Noël, convaincus qu’alors, la guerre sera finie…

Quel que soit le côté du Rhin où l’on se trouve, il ne faisait pas bon avoir vingt ans en 1940. Pour écrire l’histoire de ces cinq destins pris dans la tourmente et la barbarie de la Seconde Guerre mondiale, Stefan Kolditz, à l’origine du projet initié en 2005, a recueilli des heures de témoignages (interviews, confidences de son cercle familial, lecture de journaux intimes de soldats…). Davantage que l’histoire avec un grand H, ce sont les individus et leur évolution psychologique qui l’intéressent, et il évoque les événements en demeurant constamment à hauteur de ses personnages, dont la modernité fera immanquablement mouche chez le jeune public. De Charlotte, qui croit au renouveau de la femme allemande et à la grandeur du Troisième Reich, à l’ambitieuse Greta, qui ne pense qu’à sa carrière et ne prend pas véritablement conscience de la gravité des heures qui s’annoncent, tous devront faire face à l’effondrement de leurs certitudes, illusions, et parfois, idéologie. A travers eux, Stefan Kolditz porte un regard sans concession sur le passé de son pays, auquel il impute toute la responsabilité de la guerre. Comment s’acquitter de son devoir de soldat et ne pas perdre son âme lorsqu’on découvre qu’on est dans le camp des salauds, qu’on obéit à des ordres absurdes, et qu’on tue pour ne pas être tué ? « La guerre va révéler nos plus mauvais côtés » avait prévenu Friedhelm. Les acteurs ont du charisme à revendre (Tom Schilling, remarqué dans Oh Boy, de Jan Ole Gerster, y est particulièrement impressionnant), même s’ils semblent parfois à l’étroit dans ces stéréotypes de héros d’infortune, et on peut d’ailleurs regretter que le scénariste ait privilégié à ce point les silences et les non-dits. Cette absence de sentimentalisme confère en revanche à la saga un réalisme, une froideur et une dureté qui font froid dans le dos. Une cruauté accentuée par la mise en scène épique de Philipp Kadelbach, pas avare d’effets choc (la série a bénéficié d’un budget plutôt conséquent pour une œuvre télévisuelle). En dépit de maladresses et même si certains partis pris ont été controversés (la représentation de la résistance polonaise a notamment soulevé un tollé en Pologne), Generation War participe au devoir de mémoire (l’expression ici n’est pas galvaudée) en portant un regard inédit sur un passé coupable qui continue à hanter l’Allemagne. On peut se réjouir que les jeunes cinéastes d’outre-Rhin soient déterminés à aborder sans complexe les sujets qui fâchent et à chasser les fantômes, d’autant que le public semble prêt à les suivre. Après le succès au cinéma remporté par La chute, Sophie Scholl, les derniers jours ou Les faussaires, la diffusion en mars 2013 de ces trois épisodes d’une heure trente sur la chaîne généraliste publique ZDF (équivalent de France 2 chez nous), a fait l’effet d’une bombe, au point que le journal Spiegel a été jusqu’à parler de « tournant majeur dans l’histoire de la télévision allemande ».

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Test Blu-ray :

 Interactivité***
Les trois épisodes de 90 minutes, répartis sur deux Blu-ray, sont enrichis d’une master class de 19 minutes du scénariste Stefan Kolditz et du producteur Benjamin Benedict, enregistrée le 13 septembre 2013 au festival Fiction TV de La Rochelle. L’un et l’autre reviennent sur les difficultés de ce tournage et expliquent comment ils ont dû vaincre les appréhensions de la chaîne ZDF, productrice de la saga. Ils insistent également sur le fait que la diffusion de la mini-série a suscité une vague de discussions et d’examens de conscience en Allemagne. Le making of de 19 minutes dévoile ensuite les coulisses d’un tournage perturbé par les conditions météorologiques extrêmes. Il est ponctué des impressions du scénariste, des comédiens et de l’équipe technique. Enfin, les interprètes des cinq amis évoquent leur personnage le temps de courtes interviews (17 minutes).

Image ****
Format : 1.77
La photo aux reflets métallisés est idéalement retranscrite ici. La définition est précise et les contrastes saisissants.
 
Son : ****
DTS-HD Master Audio 5.1 en français et allemand sous-titré
Sous-titres français imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Une piste non-compressée dynamique et enveloppante. Elle est plus équilibrée en version originale, celle qu’il faut bien évidemment privilégier.

Egalement disponible en DVD

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