IN THE FLESH

Top Of The Lake, Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (4/4)

Zombies en famille

 In The Flesh 

BBC-In-The-Flesh

Mini-série britannique créée par Dominic Mitchell
2013 (1ère diffusion mars 2013 sur BBC Three)

A dix-huit ans, Kieren Walker (Luke Newberry, très attachant) compte parmi les infortunés atteints du syndrome PDS « Partially Deceased Syndrome » qui a fait de lui un zombie. Après des années de guerre entre humains et morts-vivants, les scientifiques ont mis au point un traitement efficace permettant à ces derniers de renouer avec leur humanité. Devenus inoffensifs, les zombies sont à même de retourner dans leur famille et de se réinsérer. Mais la population n’est pas prête à fraterniser aussi facilement. Et Kieren n’a décidément pas de chance : Roarton, la petite ville rurale du Lancashire où vit sa famille, est aussi le siège de la HVF (Armée Volontaire Humaine), dont les membres, armés jusqu’aux dents (et dont fait partie sa propre sœur) n’ont aucune intention de jouer le jeu…

Il se passe toujours quelque chose chez les zombies. Après avoir été immortalisés dès 1968 par George A. Romero, leur maître, et trouvé un nouveau souffle dans l’excellente série The Walking Dead, désormais référence, les morts-vivants constituent un thème inépuisable qui inspire régulièrement les scénaristes tous horizons confondus. Le plus souvent caricaturés comme des créatures enragées et décérébrées dont l’unique motivation est de dévorer les vivants, les zombies ont aussi des représentants plus sophistiqués et plus évolués. En 2005, dans l’excellent Le territoire des morts (Land Of The Dead), Romero évoquait l’idée d’un zombie doté d’intelligence, et récemment, dans le charmant Warm Bodies, de Jonathan Levine, un zombie mélancolique, hanté par ses souvenirs d’humain, faisait part de son mal-être et tombait amoureux de la fille venue pour l’exterminer. Comme dans le film de Levine, In The Flesh a la particularité de s’attacher au point de vue du mort-vivant. Kieren est un gentil garçon, rêveur et trop sensible (il s’était suicidé quatre ans plus tôt) qui se retrouve jeté dans la fosse aux lions, soit un village anglais rustique, peuplé de brutes et de fanatiques. Son retour à la maison ne manque pas de sel. Est-il seulement possible entre des parents bienveillants mais dépassés par la situation, et une sœur qui le rejette totalement, comme la moitié des habitants du village ? Ici, pas de gore à outrance (il n’est présent que dans quelques flash-backs), l’histoire se situant après l’apocalypse. On est davantage dans le drame social anglais teinté d’horreur, de SF et d’humour noir. Cette vision inédite du thème du mort-vivant traite avant tout de la quête d’identité et du rejet dans une société qui n’est pas prête à accepter les différences. En cela (comme chez Romero souvent) elle s’ouvre à moult métaphores (racisme, homophobie, conflits familiaux… ). Conçus comme une mini-série, ces trois épisodes de 60 minutes mis en scène par Jonny Campbell sont l’œuvre de Dominic Mitchell, révélé par la BBC Writersroom, un réservoir de talents susceptibles d’enrichir les programmes du groupe. La qualité du show, sa richesse narrative ainsi que la belle adhésion du public ont encouragé la BBC à produire une deuxième saison, qui devrait être diffusée courant 2014. On ne peut que s’en réjouir.

Diffusée sur Canal+ Séries en décembre 2013

BANDE-ANNONCE

In The Flesh

uktv-in-the-flesh-s01-e02-2

20525064.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

ITF2_Kieren

TUNNEL

Top Of The Lake, Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (3/4)

Bataille d’ego

Tunnel (The Tunnel)
 The Tunnel

Série franco-britannique créée par Ben Richards et Dominik Moll

2013 (1ère diffusion novembre 2013 sur Canal+) 
(DVD Studiocanal)

Le cadavre d’une femme politique est découvert dans un tunnel de service de l’Eurotunnel, positionné à cheval sur la frontière franco-britannique. A son grand dam, Elise Wassermann (Clémence Poésy), jeune inspecteur de la police de Calais, doit faire équipe avec son homologue anglais de Folkestone, Karl Roebuck (Stephen Dillane). L’enquête s’annonce ardue, et la personnalité introvertie et individualiste d’Elise ne facilite pas les choses. Les deux policiers vont pourtant devoir ravaler leur orgueil, car il apparaît vite que le meurtrier n’a pas l’intention d’en rester là…

Son nom est quasiment inconnu du grand public. Et pourtant, Stephen Dillane est partout : sur les planches, au cinéma et à la télévision. Il campe le sombre Stannis Baratheon de Game Of Thrones, figure presque aussi taciturne que celle du directeur de l’agence d’espions qu’il incarne dans la récente série Hunted. Mais cet acteur anglais formé à la classique Bristol Old Vic Theatre School (comme Daniel Day-Lewis et Jeremy Irons) peut se fondre dans n’importe quel personnage. Il a été un agent sportif épatant dans Goal, Merlin dans Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua, le reporter britannique Michael Henderson dans Welcome To Sarajevo, Thomas Jefferson dans la mini-série John Adams, un playboy voleur de tableaux dans Pour l’amour de l’art, comédie romantique dispensable avec Sandra Bullock et Denis Leary. Stephen Dillane n’a cependant jamais été aussi impressionnant que dans cette adaptation de l’excellente série suédo-danoise Bron (diffusée actuellement sur Canal+ Séries), en inspecteur expérimenté et humaniste, père et époux présent (mais pétri de contradictions), qui dissimule ses tourments sous un flegme et un humour très british. Il en est la clé de voûte. A son contact, Clémence Poésy, dont le caractère asocial du personnage apparaissait au début un tantinet forcé, finit par se révéler excellente. Grâce à ce tandem attachant, ce palpitant thriller en dix épisodes est davantage qu’un vulgaire copié-collé de l’œuvre originale qui conjugue traque d’un psychopathe aux ambitions mystérieuses, confrontation de personnalités atypiques et choc des cultures. Le scénario ancre habilement l’histoire dans un contexte européen moderne, au demeurant plutôt pessimiste. La mise en scène épurée (Dominik Moll, réalisateur de l’intrigant Harry, un ami qui vous veut du bien, a signé les deux premiers épisodes) épouse à ravir la mélancolie qui émane des terminaux du tunnel et des ciels plombés des régions de Calais et de Douvres. Aux côtés du tandem-vedette, les seconds rôles font un sans-faute, et on note la belle présence de Jeanne Balibar, Thibault de Montalembert, Joseph Mawle, Thierry Frémont et Angel Coulby (la Guenièvre de la série Merlin). Le dixième épisode s’avérant particulièrement concluant, cette coproduction franco-britannique (Canal+ a collaboré avec la chaîne Sky) pourrait légitimement en rester là. Il se murmure cependant qu’elle pourrait être reconduite pour une deuxième saison, à l’instar de Bron et de sa déclinaison américaine, The Bridge (avec Diane Kruger et le Mexicain Demián Bichir), qui a vu le jour aux Etats-Unis en juillet 2013 sur la chaîne FX.

 dans__tunnel_____a_capte_ou_pas___4183

Test DVD :

Interactivité*
On reste un peu sur sa faim avec l’interview intéressante, mais trop courte, de Clémence Poésy et Dominik Moll (14 minutes), unique supplément de l’édition. Tous deux reviennent sur la genèse de l’adaptation franco-anglaise et la création des personnages.

Image **
Format : 1.78
La définition et les contrastes laissent parfois un peu à désirer, mais la grisaille mélancolique des images est correctement restituée.

Son : ***
DD 5.1 et 2.0 en en français et anglais
Sous-titres français non imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 solide, qui exploite magnifiquement le caisson de graves. Pour profiter pleinement de ce choc des cultures, il est conseillé de visionner les épisodes en version originale, qui bascule d’une langue à l’autre selon la nationalité des personnages.

tunnel-the-tunnel
485431.200
The Tunnel Ep02
tunnel-serie-porsche2

GENERATION WAR

 

Top Of The Lake Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (2/4)

LA GUERRE VUE D’EN FACE

Generation War (Unsere Mütter, Unsere Väter)

Generation-War-01

Mini-série allemande créée par Stefan Kolditz
2013 (Blu-ray Pyramide Vidéo)

A Berlin au début de l’été 1941, cinq jeunes gens, amis d’enfance, se sont donné rendez-vous dans leur bar préféré avant le départ de trois d’entre eux pour le front de l’Est. Si Charlotte (Miriam Stein), élève infirmière, et Wilhelm (Volker Bruch) qu’elle aime en secret, sont impatients de servir leur patrie, Friedhelm (Tom Schilling), le jeune frère poète de Wilhelm, ne cache pas ses appréhensions. Ils laissent derrière eux la belle Greta (Katharina Schüttler) – qui rêve d’être la nouvelle Marlene Dietrich – et Viktor (Ludwig Trepte), l’amant juif de cette dernière. Loin d’imaginer la tournure tragique que vont prendre les événements, ils se promettent de se retrouver au même endroit à Noël, convaincus qu’alors, la guerre sera finie…

Quel que soit le côté du Rhin où l’on se trouve, il ne faisait pas bon avoir vingt ans en 1940. Pour écrire l’histoire de ces cinq destins pris dans la tourmente et la barbarie de la Seconde Guerre mondiale, Stefan Kolditz, à l’origine du projet initié en 2005, a recueilli des heures de témoignages (interviews, confidences de son cercle familial, lecture de journaux intimes de soldats…). Davantage que l’histoire avec un grand H, ce sont les individus et leur évolution psychologique qui l’intéressent, et il évoque les événements en demeurant constamment à hauteur de ses personnages, dont la modernité fera immanquablement mouche chez le jeune public. De Charlotte, qui croit au renouveau de la femme allemande et à la grandeur du Troisième Reich, à l’ambitieuse Greta, qui ne pense qu’à sa carrière et ne prend pas véritablement conscience de la gravité des heures qui s’annoncent, tous devront faire face à l’effondrement de leurs certitudes, illusions, et parfois, idéologie. A travers eux, Stefan Kolditz porte un regard sans concession sur le passé de son pays, auquel il impute toute la responsabilité de la guerre. Comment s’acquitter de son devoir de soldat et ne pas perdre son âme lorsqu’on découvre qu’on est dans le camp des salauds, qu’on obéit à des ordres absurdes, et qu’on tue pour ne pas être tué ? « La guerre va révéler nos plus mauvais côtés » avait prévenu Friedhelm. Les acteurs ont du charisme à revendre (Tom Schilling, remarqué dans Oh Boy, de Jan Ole Gerster, y est particulièrement impressionnant), même s’ils semblent parfois à l’étroit dans ces stéréotypes de héros d’infortune, et on peut d’ailleurs regretter que le scénariste ait privilégié à ce point les silences et les non-dits. Cette absence de sentimentalisme confère en revanche à la saga un réalisme, une froideur et une dureté qui font froid dans le dos. Une cruauté accentuée par la mise en scène épique de Philipp Kadelbach, pas avare d’effets choc (la série a bénéficié d’un budget plutôt conséquent pour une œuvre télévisuelle). En dépit de maladresses et même si certains partis pris ont été controversés (la représentation de la résistance polonaise a notamment soulevé un tollé en Pologne), Generation War participe au devoir de mémoire (l’expression ici n’est pas galvaudée) en portant un regard inédit sur un passé coupable qui continue à hanter l’Allemagne. On peut se réjouir que les jeunes cinéastes d’outre-Rhin soient déterminés à aborder sans complexe les sujets qui fâchent et à chasser les fantômes, d’autant que le public semble prêt à les suivre. Après le succès au cinéma remporté par La chute, Sophie Scholl, les derniers jours ou Les faussaires, la diffusion en mars 2013 de ces trois épisodes d’une heure trente sur la chaîne généraliste publique ZDF (équivalent de France 2 chez nous), a fait l’effet d’une bombe, au point que le journal Spiegel a été jusqu’à parler de « tournant majeur dans l’histoire de la télévision allemande ».

21025768_20130808161758296.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx
Test Blu-ray :

 Interactivité***
Les trois épisodes de 90 minutes, répartis sur deux Blu-ray, sont enrichis d’une master class de 19 minutes du scénariste Stefan Kolditz et du producteur Benjamin Benedict, enregistrée le 13 septembre 2013 au festival Fiction TV de La Rochelle. L’un et l’autre reviennent sur les difficultés de ce tournage et expliquent comment ils ont dû vaincre les appréhensions de la chaîne ZDF, productrice de la saga. Ils insistent également sur le fait que la diffusion de la mini-série a suscité une vague de discussions et d’examens de conscience en Allemagne. Le making of de 19 minutes dévoile ensuite les coulisses d’un tournage perturbé par les conditions météorologiques extrêmes. Il est ponctué des impressions du scénariste, des comédiens et de l’équipe technique. Enfin, les interprètes des cinq amis évoquent leur personnage le temps de courtes interviews (17 minutes).

Image ****
Format : 1.77
La photo aux reflets métallisés est idéalement retranscrite ici. La définition est précise et les contrastes saisissants.
 
Son : ****
DTS-HD Master Audio 5.1 en français et allemand sous-titré
Sous-titres français imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Une piste non-compressée dynamique et enveloppante. Elle est plus équilibrée en version originale, celle qu’il faut bien évidemment privilégier.

Egalement disponible en DVD

MCDGEWA EC005

21030141_20130822145537219.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx

148244