MARGUERITE, MON ROI, LA TÊTE HAUTE : Les bien-nommés

En attendant le palmarès de la cérémonie des César qui se déroulera ce soir, sous la présidence de Claude Lelouch, retour sur trois films français en lice, disponibles en DVD/Blu-ray, dont ce Marguerite absolument renversant. Un vrai coup de cœur !

Piano
« Mais pourquoi a-t-elle besoin de beugler comme ça ? » (George, époux désespéré de Marguerite.)

 Marguerite
Voix
Xavier Giannoli
2015
En Blu-ray et DVD chez Francetv distribution depuis le 20 janvier 2016
Onze nominations aux César 2016

A Paris, dans les années 20, la riche et généreuse Marguerite Dumont (Catherine Frot) a une passion pour la musique et l’opéra. Elle se rêve en cantatrice et chante régulièrement devant un cercle d’habitués. Mais Marguerite chante horriblement faux. Elle l’ignore. Par délicatesse, son époux (André Marcon) et ses proches ne lui ont rien dit, et les autres, qui profitent de ses largesses, entretiennent ses illusions tout en riant sous cape. Les choses se corsent le jour où Marguerite, encouragée par un journaliste cynique (Sylvain Dieuaide) et un jeune dadaïste (Aubert Fenoy), entreprend de chanter devant un vrai public à l’opéra…

L’histoire vraie et incroyablement farfelue de l’Américaine Florence Foster Jenkins a inspiré à Xavier Giannoli un petit bijou de cinéma, probablement le meilleur film français de 2015. Baroque, moderne et formidablement émouvant, Marguerite est un fil tendu entre la tragédie et la comédie, l’intime et le grandiose, et illustre parfaitement la passion du cinéaste pour les personnages décalés (le chanteur de bal usé de Quand j’étais chanteur) et les imposteurs (l’escroc mythomane de A l’origine), qu’il sait rendre immensément attachants. Car cette excentrique à qui tout le monde ment, à des degrés divers, touche par sa sincérité alors que les vampires autour d’elle ne sont que fêlures et amertume. Aucun manichéisme chez le cinéaste, qui jongle brillamment avec la cruauté, le grotesque et un certain romantisme, afin d’étoffer son intrigue rocambolesque. La splendeur du film (costumes, décors, photo) éblouit. Délaissant le contexte de la véritable histoire — celle que Stephen Frears a restituée dans le biopic Florence Foster Jenkins, attendu sur les écrans courant 2016 (avec Meryl Street dans le rôle-titre) — Xavier Giannoli a propulsé son héroïne dans le Paris des années folles en pleine ébullition, remarquablement reconstitué, où anarchistes, artistes avant-gardistes ou non, intellectuels, escrocs et mondains se côtoient. Un éclectisme qui se retrouve également dans la bande-son, qui fait se rencontrer l’opéra, le jazz et la musique noire. Catherine Frot excelle une fois encore, comme habitée par son personnage de Castafiore touchante et délicieusement à côté de la plaque. Elle parvient à laisser sans voix ses interlocuteurs (des jeunes intellectuels fauchés) lorsqu’elle déclare sans malice : « L’argent n’a pas d’importance. L’important, c’est d’en avoir. » André Marcon et Michel Fau (tous deux nominés pour le César du Meilleur second rôle) sont épatants, et les jeunes Sylvain Dieuaide et Aubert Fenoy, des révélations. Marguerite a obtenu onze nominations méritées aux César 2011, ex aequo avec Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin. Verdict le 26 février.
2 h 09 Et avec Christa Théret, Denis Mpunga, Sophia Leboutte, Théo Cholbi, Vincent Schmitt…

Jeunes BANDE-ANNONCE

Test DVD :  

Unknown

Interactivité **
Le film est enrichi d’une master class de 18 minutes de Xavier Giannoli, qui revient généreusement sur les secrets de création, et notamment sur ses partis-pris esthétiques (il a utilisé des objectifs des années 60 qu’il a fait polir avec de la poudre de diamant pour obtenir une texture particulière). On peut également découvrir quatre scènes coupées dont deux sont consacrées à la relation entre Lucien (Sylvain Dieuaide) et Hazel (Christa Théret), un peu sacrifiée dans le film. La bande-annonce figure au menu.

Image ***
Format : 2.35
La définition soignée rend hommage à la photo léchée (utilisation de filtres) du Flamand Glynn Speeckaert, aux teintes un peu métalliques.

Son : ***
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et ample, qui sert à merveille les passages musicaux.

Marcon
Café
Seule

 

***************

Toit
Toi, toi mon toit
Toi, toi mon tout mon roi
Elli Medeiros

Mon roi
Pied
Maïwenn
2015
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal le 26 février 2016
Huit nominations aux César 2016

Marie-Antoinette, dite Tony (Emmanuelle Bercot), s’est gravement abîmé le genou au ski. En rééducation au centre de Capbreton, elle se remémore son histoire d’amour avec Georgio (Vincent Cassel) et tente de comprendre pourquoi elle s’est soumise toutes ces années à cette passion destructrice…

Manifestement, Maïwenn n’aime pas ce qui est tiède. Une histoire d’amour, ça passe ou ça casse. Et ici, ça casse. La première rencontre entre Tony et Georgio se place d’emblée sous le signe de l’agressivité. Entre le séducteur beau parleur et l’avocate plus discrète (on ne la voit d’ailleurs jamais travailler) naît très vite une complicité fusionnelle et une passion dévorante. Mais entre deux fous rires, il y a un trou noir qui envahit peu à peu leur vie. Georgio n’est pas celui que Tony s’imaginait. Et tandis que ce pervers narcissique révèle peu à peu ses facettes déplaisantes, elle s’accroche, se soumet, se perd. On comprend pourquoi Emmanuelle Bercot a décroché le Prix d’interprétation à Cannes en 2015. La malheureuse s’en prend plein la figure. Son jeu est proche de l’hystérie. Elle n’a rien entre les rires et les larmes, hormis un air hébété. Le film est tendu comme un arc. Toutes les situations menacent de déraper et dérapent. Cette vision de l’amour, façon montagnes russes, est pleine de bruit et de fureur. C’est un peu fatigant. On peut ne pas y être sensible, même si la cinéaste est sincère. Il y manque la puissance d’un Pialat. La métaphore (la rupture du couple en parallèle avec celle des ligaments du genou) illustrée par les séquences au centre de rééducation, n’apporte rien à l’affaire. Il faut reconnaître malgré tout à Vincent Cassel et Louis Garrel un vrai potentiel comique. Le premier dans la peau du séducteur lâche et menteur, mais doté d’un sens de l’humour irrésistible, le second en frère protecteur, tout en nonchalance et persiflage, et seul personnage sensé du film.
2 h 04 Et avec Isild Le Besco, Chrystèle Saint Louis Augustin, Norman Thavaud, Marie Guillard…

Louis

BANDE-ANNONCE

Test DVD : 
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Interactivité**
Les amoureux du film se réjouiront de découvrir 30 minutes de scènes inédites, avec demande en mariage, et foule d’autres pitreries de Vincent Cassel. S’ensuit un bêtisier de quinze minutes, festival de fous rires tous azimuts.

Image **
Format : 2.35
Belle qualité d’image qui restitue le naturel de la lumière et le côté solaire de la photographie. On y dénote cependant un petit manque de netteté en basse lumière, et l’image n’est pas exempte de fourmillements.

Son : **
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et confortable, même si elle ne sollicite pas énormément les enceintes arrière.

Pharma

Pluie

 

***************

Cath

« On ne te demande pas de nous aimer, on te demande d’agir ! Nous non plus on n’est pas là pour t’aimer, on est là pour t’aider ! Et crois-moi, ça devient… difficile. »

La tête haute

Rod

Emmanuelle Bercot
2015
En Blu-ray et DVD chez Wild Side Video depuis le 30 septembre 2015
Huit nominations aux César 2016

Malony (Rod Paradot) a toujours été un enfant turbulent, « difficile », que sa mère (Sara Forestier), elle-même immature et paumée, n’a pas su élever. Mais à seize ans, l’adolescent, sous contrôle judiciaire, cumule les larcins, rend fous les éducateurs et plonge dans la délinquance. Malgré ses efforts, la juge pour enfants (Catherine Deneuve) qui le suit depuis des années, commence à désespérer de pouvoir le sauver…

Présenté en ouverture du festival de Cannes en 2015, La tête haute ne fait pas toujours dans la subtilité, mais, dira-t-on, c’est pour la bonne cause. Passionnée par son sujet, qui l’a poussée à effectuer des stages d’observation au Tribunal pour enfants de Paris, Emmanuelle Bercot a restitué le fruit de son expérience dans cette fiction très réaliste, qui reconstitue avec minutie le fonctionnement de la justice pour mineurs. Un enfant qui a poussé comme une herbe folle dans un contexte familial déficient a tout de l’animal sauvage, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Le jeune Rod Paradot, acteur (de composition) débutant très convaincant, prête son visage d’ange et son corps frêle à cet adolescent au regard buté, et pétri d’une violence qui ne demande qu’à exploser. Si les ficelles de l’intrigue sont parfois un peu grosses, et quelques personnages, un peu caricaturaux (Sara Forestier en fait des tonnes), le film a le mérite de brosser un tableau très instructif des rouages de ce monde pénal méconnu du grand public. Les rendez-vous dans le bureau de la juge, qui ponctuent l’évolution de Malony, constituent les séquences les plus passionnantes du film. Car cette femme, à la fois autoritaire et bienveillante, est le seul point de repère de ce gamin livré à lui-même. Entre eux se tisse un lien fragile, mais manifeste. Catherine Deneuve se révèle d’une justesse sidérante, et Benoît Magimel est touchant en éducateur tourmenté. La réalisatrice ne s’en est pas cachée, son film est un hommage aux hommes et aux femmes qui se battent dans l’ombre pour aider ces enfants « qui ne sont pas nés délinquants ». Malgré ses imperfections, cette chronique sociale qui s’inscrit dans la veine du cinéma de Ken Loach, mérite indéniablement le détour.
2 heures Et avec Diane Rouxel, Elizabeth Mazev, Anne Suarez, Christophe Meynet, Martin Loizillon…

Ben

BANDE-ANNONCE

 Test Blu-ray : 

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Interactivité ****
Le film est étoffé d’un programme de suppléments plutôt exemplaire, qui permet d’en savoir plus sur la création du film, le comédien Rod Paradot, et la cinéaste. Après les intéressantes huit scènes coupées, proposées avec option de commentaires de la réalisatrice, on peut découvrir un entretien croisé d’Emmanuelle Bercot et Rod Paradot, conduit par Jean-Pierre Lavoignat (25 minutes). David Allonsius, vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal pour enfants de Paris, et qui a été consulté par Emmanuelle Bercot pendant l’écriture du scénario, parle du réalisme et de la justesse du film (16 minutes). Les essais de Rod Paradot, l’interview de la réalisatrice, Benoît Magimel et Rod Paradot à Cannes, et deux courts-métrages d’Emmanuelle Bercot (La puce et Les vacances), tous deux consacrés à l’adolescence figurent également au menu.

Image ***
Format : 2.40
Une définition très probante. L’image est lumineuse, la lumière naturelle.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 équilibrée, qui met en valeur les passages musicaux.

Sara
Cather
Paradot

LE JEU DU FAUCON (The Falcon And The Snowman)

S’il n’est pas forcément connu du grand public, Le jeu du faucon est pourtant culte dans la sphère bowienne. Paru en 1985, ce film de John Schlesinger, porté par deux jeunes acteurs talentueux, dont un Sean Penn à l’aube de sa carrière, et qui fait une performance hallucinée, bénéficie d’une chanson créée spécialement pour le film par David Bowie, avec Pat Metheny et Lyle Mays. « This Is Not America », ajoutée à la set-list des dernières tournées de Bowie en 2003 et 2004, cartonnera dans de nombreux pays, mais le film, sous-estimé à l’époque, sera vite oublié. Il raconte pourtant l’histoire vraie et incroyable de Christopher Boyce, sorte d’Edward Snowden avant l’heure, et de son ami d’enfance, un dealer à la petite semaine qu’il a, pour leur malheur, entraîné dans son aventure. On salue l’initiative de Wild Side Video, qui a exhumé fin 2015 ce portrait pertinent d’une Amérique des 70’s en proie à ses démons, traumatisée par l’affaire du Watergate et prête à sacrifier sa jeunesse insoumise.

Faucon

A little piece of you
A little piece in me
Will die
(This is not a miracle)
For this is not America
« This Is Not America » (David Bowie, Pat Metheny, Lyle Mays)

Le jeu du faucon (The Falcon And The Snowman)

Banc

John Schlesinger
1985
En Blu-ray et DVD restaurés chez Wild Side Video depuis le 4 novembre 2015

En 1974, aux Etats-Unis, l’affaire du Watergate contraint Nixon à démissionner. Au même moment, Christopher Boyce (Timothy Hutton) a vingt ans et des doutes. Il décide de quitter le séminaire et d’abandonner la prêtrise à laquelle il se destinait. Issu d’une famille aisée, le jeune homme, passionné de fauconnerie, est aussitôt prié par son père, ex-fonctionnaire du FBI, d’accepter un job chez RTX, une société d’électronique de pointe, proche de la CIA. Chargé de réceptionner les messages provenant des satellites espions, Christopher va intercepter régulièrement des informations ultra-secrètes. Révolté en découvrant les agissements et les actions illicites de son gouvernement, il décide de rétablir la balance, en s’improvisant espion, et en transmettant ces renseignements aux Russes. Hélas, il choisit de prendre comme intermédiaire son ami d’enfance, Andrew Daulton Lee (Sean Penn), petit dealer, qui va vite devenir incontrôlable…

Cinéaste britannique qui a débuté en tant qu’acteur dans les années 50, John Schlesinger a été l’un des fers de lance de la Nouvelle Vague anglaise avec sa trilogie (Un amour pas comme les autres, Billy le menteur et Darling). Il y explorait avec force et caractère les tribulations d’une jeunesse désenchantée, prisonnière des villes industrielles mornes de l’Angleterre. Peut-être à cause de son homosexualité qui le faisait se sentir en marge, on y dénotait déjà son attachement aux rêveurs, révoltés et autres anticonformistes, tels les héros de Macadam Cowboy, film qui lui vaudra l’Oscar en 1970. Le monde du secret et de l’équivoque le fascine également. En 1976, il sera celui de Marathon Man, son plus grand succès populaire, puis de ce Jeu du faucon, qui paraît en 1985, en pleine ère Reagan. Drame aux allures de thriller d’espionnage, le film revient sur un fait réel ayant défrayé la chronique dix ans plus tôt aux Etats-Unis. Deux jeunes gens issus d’un milieu privilégié s’étaient improvisés espions, l’un par idéalisme, l’autre par forfanterie et appât du gain, et avaient mis les services secrets en échec avant de se retrouver dépassés par leur petit jeu dangereux. John Schlesinger prend son temps pour introduire ses deux personnages, tous deux ex-séminaristes issus de familles bourgeoises, et amis malgré des choix de vie totalement opposés. Avec une mise en scène volontairement anti-spectaculaire et par endroits presque clinique (c’est le plus gros reproche qu’on puisse faire au film), le cinéaste porte un regard ironique sur cette Amérique glorieuse (le générique en lui-même est très parlant) et met en exergue les absurdités et les revers du rêve américain. Il y a du ridicule dans les dirigeants, les employés et le fonctionnement même de la société RTX. Christopher est constamment effaré des failles dans la sécurité de ce système pourtant réputé pour son efficacité. La désinvolture et l’inconscience avec laquelle les deux protagonistes mènent leur action ont même quelque chose d’amusant. Le jeune Timothy Hutton, lauréat de l’Oscar du Meilleur second rôle quatre ans plus tôt pour Des gens comme les autres, de Robert Redford, est parfait en jeune homme en apparence bien sous tous rapports, mais rongé par le ressentiment envers son pays et son propre père. Face à lui, Sean Penn, après ses prestations remarquées dans Taps, Bad Boys, Fast Times At Ridgemont High et Les moissons du printemps, effectuait une belle performance dans la peau de bon à rien aussi tête à claques qu’attachant. Heureusement, à l’épilogue un peu trop prosaïque, « This Is Not America », interprétée par David Bowie, amène un souffle, une grâce et une émotion inégalables.
2 h 11 Et avec Lori Singer, Pat Hingle, David Suchet, Priscilla Pointer, Nicholas Pryor, Dorian Harewood…

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« Clip This Is Not America »

Test Blu-ray : 

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Interactivité ***
Le film est enrichi d’une interview de Philippe Rouyer (17 minutes) qui réhabilite ce film sous –estimé dont il analyse les enjeux avec pertinence.

Image **
Format : 1.85
Récemment restauré en HD, le film propose une image un peu inégale, mais globalement très satisfaisante. Seules quelques séquences en basse lumière demeurent ternes et granuleuses.

Son : **
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 convenable, mais curieusement plus claire et dynamique en français.

A noter qu’un autre film méconnu de John Schlesinger, Les envoûtés (The Believers), thriller angoissant et horrifique, est parue à la même date chez les mêmes éditeurs.

RTX
Penn
Table
Pleurs
Sean
Tim
Lorie

JAMES BOND : LES ARCHIVES

Parce que Bond sera toujours Bond, qu’importe l’interprète, il fascine comme au premier jour. Depuis 1962 et James Bond 007 contre Dr. No, le célèbre agent secret imaginé par Ian Fleming a traversé cinq décennies. Chaque film étant un reflet de son époque, la saga, à la fois moderne et vintage, fait l’objet d’un culte, et nostalgie aidant, emballe toutes les générations. Publié par Taschen pour la première fois en 2012 pour la sortie de Skyfall et le cinquantenaire de James Bond au cinéma, ce livre au format XXL se penche sur les vingt-six aventures cinématographiques de Bond, produites par la société EON fondée en 1961 par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli. L’éditeur Paul Duncan a eu accès à plus d’un million de photos, d’interviews et de documents inédits, provenant des archives de EON et de la MGM. Remis à jour pour la parution de Spectre, il revient à un prix plus abordable. Une aubaine, que les fans de l’agent 007 feraient bien de ne pas laisser filer.

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« Bond incarne les durs romantiques en habits du XXème siècle et parlant la langue du XXIème siècle. Je pense qu’il est plus proche des héros modernes, des membres de commandos de la dernière guerre et ainsi de suite, et de certains agents du renseignement que j’ai croisés, que des personnages de carton-pâte des romans policiers d’autrefois. » Ian Fleming

  

Les archives James Bond. Edition Spectre

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Paul Duncan
Paru en 2016 chez Taschen (Relié 33,7 x 24,6 – 624 pages)
Nouvelle édition 44,99 € (Edition originale 150 €)

Après la préface de Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, les deux producteurs actuels de la saga, puis l’introduction de Paul Duncan, qui a supervisé ce livre hommage, c’est par une instructive interview de Ian Fleming, parue en 1964, quatre mois avant sa mort, dans le magazine Playboy, que l’on pénètre dans le monde merveilleux de 007. L’écrivain né en 1908, qui fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, adjoint du directeur du renseignement au ministère britannique de la Marine, a puisé dans son expérience la matière de ses romans. Il rappelle que le choix du nom de son héros repose sur la banalité même du patronyme. Il lui a été inspiré par l’ornithologue James Bond, dont il avait apprécié l’ouvrage de référence A Field Guide To The Birds Of The West Indies (Ian Fleming était lui-même passionné d’ornithologie). Il souhaitait faire de son héros un personnage similaire à ceux de son ami Raymond Chandler ou Dashiell Hammett : privilégier l’aspect anonyme pour le rendre plus crédible. L’écrivain y mentionne également « que l’âge de Bond est et sera toujours trente-cinq ans. »

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Vingt-cinq à trente pages au design de toute beauté sont consacrées à l’évocation de chaque film et ses secrets de création. Huit auteurs ont été conviés par Paul Duncan à sélectionner les extraits d’interviews les plus pertinents des créateurs, réalisateurs, acteurs, producteurs ou membres de l’équipe technique. On peut ainsi y trouver des propos entrelacés des directeurs artistiques, des cascadeurs, monteurs, spécialistes des effets spéciaux… Les photos iconiques et de plateau, souvent inédites, côtoient l’artwork sous toutes ses formes (dessins de production, projets d’affiches…). A noter que pour la France, les éditeurs ont judicieusement annexé à ce livre présenté en langue anglaise, un appendice comprenant l’intégralité des textes traduits en français.

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C’est au producteur Cubby Broccoli et au cinéaste Terence Young de relater la recherche de l’interprète de Bond dans le premier film James Bond contre Dr No : « A mon avis, il nous fallait un inconnu, pas une vedette. Et surtout, un homme crédible en James Bond… On nous a suggéré Patrick McGoohan qui aurait pu faire un Bond convaincant. Mais il était pieux. Il était mal à l ‘aise avec les scènes de violence et de sexe. On a aussi envisagé James Fox, qui a décliné en raison des mêmes scrupules. Nous avons pensé à Roger Moore, mais, à l’époque, je le trouvais encore trop jeune et un tantinet trop mignon. Il ressemblait trop à la publicité pour les cols de chemise Arrow, trop tiré à quatre épingles. »

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George Lazenby, interprète d’un seul film de la saga, Au service secret de Sa Majesté, mais qui reste l’un des épisodes préférés des aficionados (présence de Diana Rigg oblige, mais aussi pour son aspect romantique et son intrigue particulièrement bien ficelée), narre avec humour la manière dont il s’est imposé pour le rôle après le départ de Sean Connery. Mannequin devenu célèbre en Angleterre en vantant les mérites d’une barre chocolatée dans une publicité, il parvint à entrer en douce dans le bureau du directeur de casting Dyson Lovell, en profitant d’un moment d’inattention de la réceptionniste. « Je lui ai raconté que j’étais moniteur de ski, karatéka de haut niveau, que j’avais tourné à Hong Kong, en Allemagne… partout où ils ne pourraient pas vérifier. » Mais si George Lazenby réussit à se mettre la production dans la poche, son jeu d’acteur ne convaincra ni la critique ni le public. Et son arrogance alliée à une bonne dose d’arrivisme lors des négociations pour le contrat suivant lui coûtera ce rôle prestigieux qu’il avait pourtant astucieusement décroché.

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Le livre, doté d’une chronologie des moments clés de l’histoire de la saga, se clôt sur Spectre, et parmi le flot d’informations techniques, jaillit cette sentence de Barbara Broccoli :

« Dans Casino Royale, Bond tombait amoureux, était trahi et renonçait à toute vie sentimentale. Dans Spectre, il rencontre Madeleine Swann, qui lui demande : ‘C’est vraiment ça que vous voulez ? Vivre parmi les ombres. Chasser. Être chassé. Toujours regarder derrière vous ? Toujours seul ?’ Pour la première fois depuis Vesper Lynd, il entrevoit la possibilité d’une autre vie. »

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Mes Tops JAMES BOND

Top films

Au service

1 Au service secret de Sa Majesté – 1969 (On Her Majesty’s Secret Service)
2 Goldfinger – 1964
3 Skyfall – 2012
4 Casino Royale – 2006
5 Vivre et laisser mourir – 1973 (Live And Let Die )

Top James Bond

Sean

1 Sean Connery
2 Daniel Craig
3 Timothy Dalton
4 Pierce Brosnan
5 Roger Moore

Top James Bond girls
Ursula

1 Ursula Andress (Honey Rider – James Bond 007 contre Dr. No)
2 Diana Rigg (Teresa « Tracy » Di Vincenzo – Au service secret de Sa Majesté)
3 Honor Blackman (Pussy Galore – Goldfinger)
4 Famke Janssen (Xenia Onatopp – GoldenEye)
5 Halle Berry (Jinx Johnson – Meurs un autre jour)

Top vilains

Javier

1 Javier Bardem (Raoul Silva – Skyfall)
2 Gert Fröbe (Auric Goldfinger – Goldfinger)
3 Mads Mikkelsen (Le Chiffre – Casino Royale)
4 Donald Pleasence (Blofeld – On ne vit que deux fois)
5 Famke Janssen (Xenia Onatopp – GoldenEye)

Top génériques (chanson+design)

1 Demain ne meurt jamais («Tomorrow Never Dies » – Sheryl Crow – Design Daniel Kleinman)
2 Skyfall («Skyfall » – Adèle – Design Daniel Kleinman)
3 L’espion qui m’aimait (« Nobody Does It Better » – Carly Simon – Design Maurice Binder)
4 Vivre et laisser mourir (Live And Let Die – Paul McCartney & Wings – Design Maurice Binder)
5 Au service secret de Sa Majesté (John Barry – Maurice Binder)