GOLDEN GLOBES 2016

Le choc suscité par la disparition de David Bowie a éclipsé lundi les retombées de la 73ème cérémonie des Golden Globes qui s’est déroulée dimanche soir à Los Angeles, et qui est apparue en comparaison cruellement anecdotique. Même si le cœur et l’enthousiasme n’y sont pas tout à fait, retour sur le palmarès de l’antichambre des Oscars, avec son lot d’imprévus, de déceptions et de bonnes surprises.

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« Si vous gagnez ce soir, souvenez-vous que ça n’importe à personne plus qu’à vous. Ne pleurez-pas, c’est gênant. Ce prix est – ne le prenez pas mal – sans valeur. C’est un petit bout de métal qu’un vieux journaliste sénile voulait vous offrir en personne pour vous rencontrer et faire un selfie avec vous. C’est tout. Moi même, j’en ai trois ! Un qui me sert à caler une porte. Un qui me sert à assommer les cambrioleurs. Et un que je garde près de mon lit pour… on s’en fout, c’est le mien. »

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Après Tina Fey et Amy Poehler les trois années précédentes, c’était donc au tour de Ricky Gervais, pour la quatrième fois, de présenter la cérémonie des Golden Globes. Dimanche soir, au Beverly Hilton Hotel à Los Angeles, l’acteur et humoriste britannique, qui fut impérial dans The Office et un ami de David Bowie dans la vie, s’est collé à l’exercice avec la verve qu’on lui connaît. Demi de bière à la main, il a lancé des piques bien acérées, parfois incroyablement grivoises, et suscité bien des rires jaunes. Mais comme il le dit si bien : « It’s funny cause it’s true. »

Morceaux choisis

« Je vais faire ce monologue, et après j’irai me planquer. OK ? Même Sean Penn ne pourra pas me trouver… »

« Je vais être sympa ce soir. J’ai changé. Pas autant que Bruce Jenner. Evidemment. »

 « Un article à Hollywood disait que si je présentais la cérémonie, certaines stars ne viendraient pas, de peur que je me moque d’elles. Comme si les stars manqueraient une occasion de gagner un Golden Globe ! Surtout si leur studio a déjà payé pour. »

« Jennifer Lawrence a fait la une en demandant l’égalité des salaires pour les femmes à Hollywood. Elle a reçu énormément de soutien. Partout dans le monde, on a marché dans les rues. Des infirmiers et des ouvriers criaient : “Comment une femme de vingt-cinq ans peut-elle vivre avec seulement 52 millions de dollars ?” »

« La presse étrangère à Hollywood a classé Seul sur Mars dans les comédies. Il faut reconnaître que Seul sur Mars était bien plus drôle que Pixels (comédie de Chris Columbus avec Adam Sandler, NdA). En même temps, La liste de Schindler l’était aussi. »

 et de présenter Eva Longoria et America Ferrera : « Nous accueillons deux personnes magnifiques, certes, mais que notre futur président, Donald Trump, a grand hâte d’expulser. »

Les Golden Globes récompensent depuis 1943 les meilleurs films et séries de l’année écoulée aux Etats-Unis (certains d’entre eux sont encore inédits en France). Les prix sont décernés par la Hollywood Foreign Press Association (Association hollywoodienne de la presse étrangère), et distinguent séparément drames et comédies, ce qui a pour effet de multiplier par deux le nombre de nommés et de récompenses.

Les lauréats sont…

 Cinéma

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Il semblerait donc que Leonardo DiCaprio soit bien parti pour remporter son premier Oscar cette année. Ovationné par toute la salle, le comédien a raflé le Golden Globe du Meilleur acteur dans un film dramatique, The Revenant. Le film, remake du Convoi sauvage de Richard C. Sarafian, a lui aussi été couronné, ainsi que son réalisateur Alejandro Iñárritu (il sort le 24 février en France).

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« C’est un prix que je tiens à partager avec le peuple des premières nations représentées dans le film, et les communautés indigènes du monde entier. Le moment est venu de reconnaître votre histoire et de protéger vos terres des volontés économiques de certains entrepreneurs qui veulent les exploiter. Il est temps que nous entendions votre voix et que nous préservions cette planète pour les générations à venir. » Leonardo DiCaprio

Le trophée de la Meilleure actrice est allé à Brie Larson pour sa performance dans Room de Lenny Abrahamson, que l’on découvrira sur les écrans français en mars prochain.

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Incongruité de la soirée, que Ricky Gervais n’a pas manqué de souligner à plusieurs reprises, Seul sur Mars de Ridley Scott, concourait dans la catégorie Comédie ou Comédie musicale, ce qui est loin d’être franchement adéquat. « Comédie ? Pas sûr ! » a lâché Ridley Scott venu chercher le Golden Globe de la Meilleure comédie remporté par son film.

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Matt Damon, son excellent interprète principal, a également été couronné Meilleur acteur.

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Toujours au rayon Comédie, la très (trop ?) incontournable Jennifer Lawrence remporte son troisième Golden Globe, ici pour sa prestation dans Joy, de David O’Russell (pendant la conférence de presse, l’actrice a taclé avec pertinence un journaliste trop rivé sur son portable à son goût.)

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Et le Golden Globe du second rôle féminin toutes catégories confondues est allé à Kate Winslet, pour Steve Jobs, de Danny Boyle. Couronnée pour la quatrième fois, l’actrice n’a pas tari d’éloges sur son partenaire Michael Fassbender, et a clamé sa fierté d’avoir pu dire des mots d’Aaron Sorkin, le scénariste du film (et surtout celui des séries A la Maison Blanche et The Newsroom)récompensé lui aussi.

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Sylvester Stallone a créé la surprise et l’émotion en remportant (au nez et à la barbe du surdoué Michael Shannon) le trophée du Meilleur second rôle masculin, pour Creed : l’héritage de Rocky Balboa, du jeune Ryan Coogler. Il y campe l’entraîneur d’un jeune boxeur qui n’est autre que le fils de son ancien rival Apollo Creed. Il a fait chavirer la salle en concluant son discours d’un « Et puis je tiens à remercier Rocky Balboa, mon ami imaginaire et le meilleur de mes amis. »

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En lice pour le Golden Globe du Meilleur film étranger, et représentant la France, la révélation Mustang, de Deniz Gamze Ergüven a été coiffée au poteau par le costaud Le fils de Saul, du Hongrois Lazlo Nemès, tandis que sans surprise, le Golden Globe du Meilleur film d’animation est allé à Vice Versa, de Pete Doctor.

INSIDE OUT

 

Même si on avait une pensée pour Ryuichi Sakamoto, co-compositeur de la musique du Revenant, c’est au maître Ennio Morricone qu’est revenu le Golden Globe de la meilleure musique pour Les huit salopards, ce qui a permis à son réalisateur Quentin Tarantino d’en faire des tonnes en lui rendant hommage. Le Golden Globe de la Meilleure chanson a été attribué à la moyennement emballante « Writing’s On The Wall » de Spectre. L’interprète et compositeur Sam Smith était lui même étonné d’avoir gagné.

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Télévision

Séries dramatiques

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C’est le techno-thriller Mr Robot, la série la plus gonflée du moment, qui ravit à Games Of Thrones et autre Empire le Golden Globe de la Meilleure série dramatique, et l’un de ses interprètes, le vrai revenant Christian Slater, décroche pour l’occasion celui du Meilleur second rôle masculin. Rami Malek, l’interprète principal se fait doubler par Jon Hamm, de Mad Men, pour le Golden Globe du Meilleur acteur, tandis que Taraji Henson de Empire, remporte celui de la Meilleure actrice. On se réjouit aussi de la victoire méritée de Maura Tierney, lauréate du Golden Globe du Meilleur second rôle féminin de l’épatante série The Affair dont la saison 2 décoiffe littéralement.

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Comédies

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Pas de Golden Globe cette année pour la série Transparent, qui a pourtant largement tenu ses promesses en deuxième saison. C’est la sympathique Mozart In the Jungle et son acteur principal Gael García Bernal qui raflent les récompenses. Le prix de la Meilleure actrice revient à Rachel Bloom, pour la série Crazy Ex-Girlfriend.

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Mini-séries et téléfilms

Show

Décidément partout, mais là on s’en réjouit, Oscar Isaac remporte le Golden Globe du Meilleur acteur pour Show Me A Hero tandis que Lady Gaga crée la surprise (et bouscule Leonardo DiCaprio au passage) en raflant celui de la Meilleure actrice pour American Horror Story : Hotel. Le Golden Globe de la Meilleure mini-série est attribué à la fiction historique Wolf Hall, sur l’ascension de Thomas Cromwell à la cour d’Henry VIII. Ses six épisodes seront diffusés à partir du 21 janvier sur Arte.

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Enfin, le Prix Cecil B. DeMille a été attribué cette année à Denzel Washington. Tom Hanks, qui lui remettait le trophée, lui a rendu un hommage vibrant, en le comparant aux légendes du 7ème Art John Wayne ou Marlon Brando. Entouré de sa famille sur scène, l’acteur génial de Training Day et de tant d’autres, ses notes à la main et ému, a livré un discours de remerciements confus avant d’avouer qu’il avait oublié ses lunettes. On lui pardonne. Forcément.

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Les déceptions

Malgré leurs nombreuses nominations, Mad Max : Fury Road de George Miller, Carol de Todd Haynes, The Big Short d’Adam McKay et Spotlight de Tom McCarthy (autour de l’enquête menée par le Boston Globe sur les abus sexuels au sein de l’Eglise catholique) n’ont pas eu les faveurs du jury. On peut regretter aussi l’absence du merveilleux Love & Mercy, de Bill Pohlad qui n’a été salué que par deux nominations (Meilleure chanson, et Meilleur second rôle pour Paul Dano). Les huit salopards, de Quentin Tarantino, qui brille à tous les niveaux (performances des comédiens, dialogues, mise en scène…) n’a été récompensé que pour la musique. Alicia Vikander, l’actrice qui monte et qu’on adore, a fait chou blanc malgré ses deux nominations (pour The Danish Girl et Ex-Machina). Tout ce petit monde se refera-t-il aux Oscars ? Réponse le 28 février.

Et quant à Kirsten Dunst, nominée en tant que Meilleure actrice pour la mini-série Fargo, elle s’est fait doubler par Lady Gaga, mais elle peut se flatter d’avoir porté la robe la plus audacieuse de la soirée.

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CANNES 2015 PALMARÈS & LA LOI DU MARCHÉ

 

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La 68ème édition du festival de Cannes, malgré sa sélection controversée (« un sale millésime » selon Pierre Murat sur Télérama.fr, « catastrophique » selon Vincent Malausa, sur L’obs Le Plus) s’est achevée avec une cérémonie de clôture étonnamment émouvante, et pas uniquement parce qu’elle a mis le cinéma français à l’honneur. Certes, les films plébiscités par la critique, Mia Madre, de Nanni Moretti, ou Youth, de Paolo Sorrentino, n’ont pas eu les faveurs du Jury des frères Coen, qui leur ont préféré Dheepan, de Jacques Audiard. Selon leurs commentaires lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie, les jurés, apparemment sur la même longueur d’onde, se sont laissés portés par leur enthousiasme et leur émotion, sans calcul ou stratégie particulière. Et le palmarès s’est révélé plutôt juste, récompensant davantage les humbles que les stars, les films sociaux plus que les grandiloquents. En recevant, « comme une palme de résistance et d’endurance », la Palme d’or d’honneur pour sa carrière, qu’elle a dédiée à « tous les cinéastes inventifs et courageux, ceux qui créent un cinéma original, de fiction ou de documentaire, qui ne sont pas en lumière et qui continuent », Agnès Varda a donné le ton. Les timides Emmanuelle Bercot et Vincent Lindon, Prix d’interprétation féminine et masculine, lui ont emboité le pas. Elle : « Comment vous dire mon bonheur de partager mon prix avec une autre actrice, parce qu’il est un peu trop grand pour moi toute seule » ; lui, après avoir embrassé tous les membres du jury : « C’est la première fois que je reçois un prix dans ma vie. Je remercie les deux présidents du jury, Ethan et Joel Coen, je suis d’une fierté qu’ils m’aient même vu jouer… Quand je pense que j’ai fait tout ça pour que mes parents me voient, et ils ne sont plus là. » Dans la salle, Xavier Dolan n’était pas le seul à avoir la larme à l’œil.

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Je n’étais pas à Cannes cette année, mais je me suis précipitée au cinéma pour voir La loi du marché qui sortait le même jour dans les salles françaises. Parce que Stéphane Brizé a un talent fou, et parce que, même s’il n’est pas glamour pour un sou, Vincent Lindon, il y a longtemps qu’on le sait, est le meilleur acteur français.

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 « On ne fait pas n’importe quoi avec les gens. » 

La loi du marché
Stéphane Brizé
2015

Thierry (Vincent Lindon) est demandeur d’emploi depuis vingt mois, date où il a été licencié de la société où il était ouvrier. A cinquante et un an, marié et père d’un adolescent handicapé qui nécessite des soins coûteux, il ne peut se permettre de rester sans travail. De formations inutiles en stage de remise à niveau, il finit par décrocher un contrat de vigile dans un supermarché, un job qui va très vite lui poser un dilemme moral…

En 2006, j’avais interviewé Stéphane Brizé pour le magazine Epok, à l’occasion de la sortie en DVD de son deuxième long-métrage, Je ne suis pas là pour être aimé. Je lui avais demandé d’où venait son intérêt pour les métiers ingrats – la contractuelle du Bleu des villes, le film qui l’a révélé, le huissier de justice de Je ne suis pas là pour être aimé, auxquels on pourrait rajouter aujourd’hui le vigile de supermarché de La loi du marché. Il avait alors répondu : « Ce sont des fonctions qui imposent une image quasi détestable. A partir de là, il ne me reste plus qu’à aller observer l’être humain derrière le masque social. Et c’est cet être humain qui me passionne. » Dans La loi du marché, justement, Vincent Lindon incarne magistralement l’humain pris au piège d’un système qui ne l’est pas. On suit son parcours du combattant qu’est celui du chômeur en quête d’emploi, plus tout jeune et fatigué des stages caduques proposés par Pôle Emploi (telle cette formation de grutier alors qu’il n’a jamais travaillé sur un chantier, et que donc, aucun employeur ne l’embauchera), des cours de coaching (qui remettent en cause son attitude, sa manière de parler… ), des entretiens d’embauche par Skype, totalement humiliants, et des rendez-vous avec la banquière qui lui conseille de vendre son appartement, sa seule richesse. La caméra est nerveuse, et Lindon occupe tous les plans. On lit sur son visage, comme dans un livre ouvert, toute l’incrédulité devant cette violence psychologique ordinaire, qu’il reçoit comme un boxeur se prend des coups et pourtant se relève. Pas question de flancher. Parce qu’il a une famille à nourrir, et qu’il veut garder la tête haute. La séquence, sidérante, de la vente de son mobil-home est annonciatrice. Thierry n’est pas prêt à tout accepter. Le poste de vigile, qu’il décroche, faute de mieux, va le confronter à la précarité et la misère de ses concitoyens et parfois collègues : un vieux monsieur vole de la viande, une caissière des bons de réduction oubliés par des clients… Sans pathos, sans paroles inutiles, le film de Stéphane Brizé met le doigt où ça fait mal. Dans cette arène où chacun défend son bifteck coûte que coûte, le mal n’a pas vraiment de visage, et les héros sont silencieux. Apprendre en sortant de la projection que l’ex-patronne de l’INA, prise en flagrant délit d’abus d’argent public, a été réintégrée au Ministère de la Culture, ajoute encore au malaise. La loi n’est pas la même pour tous.
Avec Karine De Mirbeck, Matthieu Schaller…

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PALMARES

Palme d’or : Dheepan de Jacques Audiard (France)
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Grand Prix : Le fils de Saul de Lázló Nemes (Hongrie)
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Prix de la mise en scène : The Assassin de Hou Hsiao-Hsien (Taïwan, Chine, Hong-Kong, France)
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Prix du scénario : Chronic de Michael Franco (Mexique)
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Prix d’interprétation féminine ex-aequo :

Emmanuelle Bercot dans Mon roi, de Maïwenn (France)
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Rooney Mara dans Carol, de Todd Haynes (Royaume-Uni, Etats-Unis)
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Prix d’interprétation masculine : Vincent Lindon dans La loi du marché de Stéphane Brizé
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Prix du Jury : The Lobster, de Yorgos Lanthimos (Irlande, Grèce, Royaume-Uni, France, Pays-Bas)
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Palme d’or du court-métrage : Waves ’98 de Ely Dagher (Liban, Qatar)
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Le prix AFAP de l’actrice la mieux habillée : Shu Qi, indiscutablement !

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OSCARS 2015 PALMARÈS

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C’est l’année des petites révolutions ! Deux jours après une cérémonie des César plus excitante que prévu, celle des Oscars, présentée par Neil Patrick Harris, s’est, elle aussi, révélée plutôt étonnante. Moins consensuelle que d’habitude, la soirée a été ponctuée par des discours puissants et des déclarations engagées — sur l’égalité des salaires hommes-femmes (et l’égalité des droits tout court), l’injustice faite aux noirs, celle aux immigrés mexicains… — Et pourtant, cette 87eme nuit des Oscars avait débutée par une adorable ode à la famille par J. K. Simmons venu chercher son Oscar du Meilleur second rôle pour Whiplash. Même Lady Gaga a chanté (et bien) La Mélodie du bonheur, c’est tout dire…

 

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« Who gave this son of a bitch his green card ? » (Qui a donné une carte verte à ce fils de pute ?) Sean Penn annonçant l’Oscar du Meilleur film (Birdman) réalisé par Alejandro González Iñárritu

Ces temps-ci, il n’est pas de cérémonie réussie sans Sean Penn. Deux jours après avoir reçu les hommages du cinéma français sur la scène du Châtelet à Paris, l’acteur-réalisateur a créé un mini-scandale avec cette petite blague à l’encontre de son ami Alejandro González Iñárritu, qui l’avait dirigé en 2003 dans 21 grammes et auquel il s’apprêtait à remettre l’Oscar du Meilleur film. Si le cinéaste mexicain a trouvé la plaisanterie hilarante, le second degré de cette private joke n’a pas été capté par tout le monde et, depuis dimanche soir, Sean Penn est cloué au pilori sur les réseaux sociaux.

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Alejandro González Iñárritu, tout à sa joie d’avoir remporté quatre Oscars (Meilleurs film, réalisateur, scénario original et photographie) pour son Birdman, grand vainqueur de la soirée, a saisi la perche tendue par Sean Penn pour appeler à un meilleur traitement des immigrés mexicains aux Etats-Unis.

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Birdman, qui a remis en selle l’acteur Michael Keaton (entouré dans le film d’une belle brochette de stars – Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts, Zach Galifianakis…) est une comédie noire et fantasque sur les déboires d’un ex-acteur de films de super-héros qui tente de renouer avec la gloire au théâtre. Le film, qui a fait l’unanimité aux Etats-Unis, sera sur les écrans français dès demain.

 

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Bien lotis au palmarès eux aussi, le merveilleux et lubitschien The Grand Budapest Hotel, de Wes Anderson, décroche quatre Oscars (Costumes, direction artistique, maquillage et coiffure, bande-originale), et l’outsider Whiplash, déjà salué, entre autres, à Sundance, Deauville et aux Golden Globes, obtient trois statuettes, pour les Meilleurs second rôle (J.K. Simmons), montage et mixage sonore.

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J.K. Simmons

 

Les acteurs favoris ont eux aussi été couronnés. Six mois après avoir remporté un Prix d’interprétation à Cannes (pour Maps To The Stars) et une distinction aux Golden Globes, Julianne Moore a reçu des mains d’un Matthew McConaughey très barbu l’Oscar de la Meilleure actrice pour Still Alice, dans lequel elle incarne une linguiste atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle a entamé son discours de remerciement ainsi : « J’ai lu un article qui disait que gagner un Oscar pouvait rallonger l’espérance de vie de cinq ans. Si c’est vrai, j’aimerais remercier l’Académie parce que j’ai un mari plus jeune que moi. »

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Et comme au cinéma, la maladie paie, Eddie Redmayne a raflé comme prévu l’Oscar du Meilleur acteur pour Une merveilleuse histoire du temps. Il y campe le physicien Stephen Hawking, atteint de la maladie de Charcot. La joie du jeune acteur, très démonstratif sur scène, était rafraîchissante.

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Patricia Arquette, lauréate de l’Oscar du Meilleur second rôle féminin pour Boyhood, auquel elle a offert sa seule récompense (alors qu’il était l’un des favoris de la compétition) a fait un joli coup d’éclat sur scène. Après les remerciements d’usage, elle s’est lancée dans un plaidoyer en faveur de l’égalité des salaires hommes-femmes qui a fait se lever d’un bond Meryl Streep. Cette dernière a levé le bras en hurlant un « YES ! », applaudi par sa voisine Jennifer Lopez.

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Oscars-2015-L-egalite-salariale-Meryl-Streep-est-pour_portrait_w532« A toutes les femmes qui ont enfanté, à tous les contribuables et citoyens de ce pays, nous nous battons pour que chacun jouisse des mêmes droits. Il est temps pour nous les femmes d’obtenir l’égalité salariale et l’égalité des droits aux Etats-Unis. »

 

Autre temps fort de la cérémonie : la superbe prestation de John Legend et Common, entourés d’une chorale, interprétant sur scène « Glory », la chanson de Selma, le film d’Ava DuVernay retraçant la marche pour les droits civiques menée par Martin Luther King en 1964, injustement oublié des nominations cette année. S’en est suivie une standing ovation de la part d’un public en larmes (notamment David Oyelowo et Oprah Winfrey, l’acteur principal et la productrice du film, ainsi que Chris Pine).

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En recevant l’Oscar de la Meilleure chanson originale, les deux interprètes ont prononcé chacun un discours percutant. Common a évoqué le pont de Selma, où a eu lieu la marche civique : « L’esprit de ce pont dépasse la race, le genre, l’orientation sexuelle et le statut social. L’esprit de ce pont relie l’enfant du sud de Chicago rêvant d’une vie meilleure à ceux en France qui se lèvent pour la liberté d’expression, à ceux de Hong Kong qui manifestent pour la démocratie. Ce pont a été construit sur de l’espoir, soudé avec de la compassion et élevé avec de l’amour pour tous les êtres humains. »

Et John Legend de conclure : « Nous avons plus d’hommes noirs dans les prisons aujourd’hui qu’au temps de l’esclavage en 1850. »

 

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« Tonight we honor Hollywood’s best and whitest…. Sorry, brightest » (Ce soir nous honorons ce qu’Hollywood a de meilleur et de plus blanc… pardon, de plus brillant)

On notera que la soirée a été menée avec classe et professionnalisme, et pour la première fois, par Neil Patrick Harris (bien connu pour son rôle de Barney dans la série How I Met Your Mother), qui a entamé les festivités par un magnifique hommage au cinéma façon broadway, en poussant lui-même la chansonnette (rejoint par Jack Black et Anna Kendrick). Au cours de la soirée, le maître de cérémonie n’a pas omis de faire des allusions piquantes aux critiques récentes envers le manque de diversité dans la sélection des nominés, et s’est même fendu d’une arrivée en slip soulignée de « Acting is a noble profession » en clin d’œil à une séquence de Birdman.

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Parmi les autres faits marquants de la soirée, outre la découverte que le colosse Dwayne Johnson a pleuré devant Le Roi Lion (mais qui ne l’a pas fait ?), on retiendra que si Timbuktu s’est hélas fait ravir son trophée du Meilleur film étranger par le Polonais Ida de Pawel Pawlikowski, le compositeur français Alexandre Desplat a enfin reçu son premier Oscar après huit nominations infructueuses. Nommé à la fois pour The Imitation Game et The Grand Budapest Hotel, c’est avec ce dernier qu’il obtient sa statuette amplement méritée.

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The Imitation Game, sur la vie tragique du scientifique homosexuel Alan Turing, en lice pour l’Oscar du Meilleur film, n’est pas reparti bredouille. Le jeune scénariste Graham Moore, a remporté l’Oscar de la Meilleure adaptation et s’est fait remarquer sur scène avec un discours véhément et bouleversant. Il a déclaré qu’à seize ans, lui aussi se sentait différent et avait tenté de se suicider, avant de conclure sur un « Stay weird ! Stay different ! » (Restez bizarre ! Restez différent !) ovationné par toute la salle, et repris, depuis, en force sur les réseaux sociaux.

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Les nouveaux héros (Big Hero 6) a décroché l’Oscar du Meilleur film d’animation (Don Hall, l’un des coréalisateurs a qualifié son producteur John Lasseter de « best boss in the world »), et Citizenfour, de Laura Poitras, consacré à l’histoire d’Edward Snowden, celui du Meilleur documentaire.

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Enfin, Marion Cotillard portait une tenue moins risquée qu’à la soirée des César,

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Gwyneth Paltrow, avec sa rose géante sur l’épaule, aurait mérité l’Oscar de la Meilleure poupée Barbie.

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Scarlett Johansson celui de la coiffure la plus ratée,

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Pour Jared Leto un Oscar christique,

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et pour Emma Stone le titre de Miss Congeniality.

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