GOLDEN GLOBES 2015

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Jennifer Lopez (ouvrant l’enveloppe) : « I’ve got the nails ! »
Jeremy Renner : « You’ve got the globes too… »

Comme les deux années précédentes, la 72ème cérémonie des Golden Globes a été présentée dimanche 11 janvier 2015 par les survoltées Tina Fey (30 Rock) et Amy Poehler (Parks And Recreation), qui ont déjà éprouvé leur verve au Saturday Night Live. Le tandem de foldingues, qui passera la main l’année prochaine, a décoché des flèches plus pointues que jamais :

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A propos du film L’interview qui tue :
« Ce soir, nous rendons hommage à toutes les grandes séries télévisées que nous aimons, ainsi qu’aux films qui ont été approuvés par la Corée du Nord. »

A propos de Bill Cosby (accusé de nombreuses agressions sexuelles après avoir versé de la drogue dans les verres de ses victimes) :
« Dans In The Woods, Cendrillon s’enfuit pour son prince, Raiponce est jetée de sa tour pour son prince et la Belle au bois dormant croyait juste qu’elle allait prendre un café avec Bill Cosby. »

A propos du sexisme en vigueur à Hollywood :
« Patricia Arquette est merveilleuse dans le film Boyhood. Boyhood qui prouve qu’il y a encore des grands rôles pour les femmes qui ont passé la quarantaine, moyennant qu’elles aient été embauchées « avant » la quarantaine. » (Le tournage de Boyhood s’étant en effet déroulé sur douze ans).

Les Golden Globes récompensent depuis 1943 les meilleurs films et séries de l’année écoulée aux Etats-Unis (certains d’entre eux sont encore inédits en France). Les prix sont décernés par la Hollywood Foreign Press Association (Association hollywoodienne de la presse étrangère), et distinguent séparément drames et comédies, ce qui a pour effet de multiplier par deux le nombre de nommés et de récompenses.

Les lauréats sont…

Cinéma

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Sans surprise, le Golden Globe du Meilleur film dramatique est revenu à Boyhood, chronique fleuve d’une famille déjà récompensée il y a quelques semaines aux New York Film Critics Circle Awards. Son réalisateur, Richard Linklater, est également couronné Meilleur réalisateur, et sa comédienne Patricia Arquette ravit à Jessica Chastain (A Most Violent Year) le Golden Globe de la Meilleure actrice dans un second rôle. Le trophée de la Meilleure comédie est légitimement allé à The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson, et celui du Meilleur film d’animation à Dragons 2 de Dean DeBlois.

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On le sait, jouer la maladie, l’infirmité ou la déchéance est gage de récompenses pour les acteurs. Hier soir, Julianne Moore s’est donc emparée du trophée de la Meilleure actrice pour son rôle de linguiste atteinte de la maladie d’Alzheimer dans Still Alice, de Wash Westmoreland et Richard Glatzer…julianne-moore-golden-gobes-gi

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… tandis que le charmant Eddie Redmayne était salué pour son incarnation du fameux cosmologiste britannique Stephen Hawking, atteint de la maladie de Charcot, dans Une merveilleuse histoire du temps, de James Marsh, également distingué dans la catégorie Meilleure musique. Le compositeur Jóhann Jóhannsson avait pourtant des concurrents sérieux, de Hans Zimmer (Interstellar) à Trent Reznor et Atticus Ross (Gone Girl) en passant par Alexandre Desplat (The Imitation Game).

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J. K. Simmons décroche quant à lui le Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle pour le film Whiplash, de Damien Chazelle, récemment honoré au festival du film américain de Deauville.
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Au rayon comédies, c’est à Michael Keaton que revient le prix du Meilleur acteur pour Birdman, de Alejandro Gonzáles Inárritu, doté d’une distribution d’enfer et également récompensé pour le scénario.

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Amy Adams, déjà lauréate l’année dernière pour American Bluff, réitère son exploit et rafle la statuette équivalente pour Big Eyes, de Tim Burton, biopic du peintre escroc Walter Keane qui s’était approprié l’œuvre de son épouse Margaret.

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On notera aussi que le russe Leviathan a remporté le Golden Globe du Meilleur film étranger,

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et que la Meilleure chanson originale dont le Prix a été remis par un Prince arborant une coupe afro du plus bel effet, est signée cette année par John Legend et Common, pour le film Selma, d’Ava DuVernay, qui relate la campagne de Martin Luther King en 1965 et la marche de protestation pour établir les droits civiques aux Etats-Unis.

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Les absents du Palmarès

A noter que les hits de 2014 Interstellar ou Gone Girl n’ont pas eu les faveurs des Golden Globes, et sont repartis bredouilles, tout comme les attendus A Most Violent Year, Foxcatcher ou The Imitation Game, le biopic cinq fois nominé sur le mathématicien Alan Turing incarné par le talentueux Benedict Cumberbatch. Les Oscars leur permettront peut-être de se refaire. Rendez-vous le 22 février !

Télévision

Séries dramatiques

Contre toute attente, True Detective, qui concourait dans la catégorie Mini-série, a fait chou blanc (comme aux Emmy Awards), et on le déplore tant elle a marqué l’année 2014, apparaissant comme un véritable phénomène. Elle s’incline heureusement devant une adversaire méritante, Fargo, dont l’interprète, Billy Bob Thornton, a reçu le Golden Globe du Meilleur acteur dans la catégorie.

FARGO -- Pictured: Billy Bob Thornton as Lorne Malvo -- CR: FX/Matthias Clamer

 

On se réjouit en revanche de la victoire de The Affair, qui remporte le trophée de la Meilleure série dramatique ainsi que celui de la Meilleure actrice (Ruth Wilson).

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Après huit nominations sans succès, Kevin Spacey obtient enfin le Golden Globe du Meilleur acteur grâce à son rôle dans la brillante House of Cards en assénant « This is just the beginning of my revenge ! »

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Maggie Gyllenhaal est quant à elle couronnée pour son rôle dans la mini-série politique britannico-américaine The Honourable Woman (à découvrir en 2015 sur Canal+). Dans la catégorie second rôle, ont été distingués Joanne Froggatt pour le rôle d’Anna Bates dans Downton Abbey, et le beau gosse Matt Bomer (un physique à jouer Superman) pour The Normal Heart, excellent téléfilm réalisé par Ryan Murphy (Nip/Tuck) sur l’arrivée du virus du sida aux Etats-Unis.

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Comédies

Le Golden Globe de la Meilleure série comique revient à Transparent, de Jill Solloway (Six Feet Under) sur une famille dysfonctionnelle dont le père a décidé de changer de sexe.

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Jeffrey Tambor, l’interprète principal, a également été récompensé, tout comme Gina Rodriguez, héroïne de la nouvelle et délirante Jane The Virgin, adaptée d’une telenovela vénézuélienne (Juana la Virgen).

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Je suis Charlie

Tout au long de la soirée, du tapis rouge à la scène, des nominés ou invités ont montré leur soutien aux victimes de Charlie Hebdo, en arborant des badges ou des pancartes “Je suis Charlie”. Amy Adams et Jared Leto ont rendu un hommage appuyé à la France touchée par la tragédie, à l’instar de George Clooney qui, en recevant le Prix Cecil B. DeMille récompensant sa carrière, a conclu son discours par un poignant « Nous ne marcherons pas dans la peur. Nous ne le ferons pas. Je suis Charlie ».

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Articles connexes :

Bilan Séries 2014
True Detective
The Grand Budapest Hotel

BILAN SÉRIES 2014

Les séries, il y en a pléthore et pour tous les goûts. Impossible de les voir toutes, à moins d’en perdre la raison… ou le sommeil. Entre les nouvelles venues et celles qu’on suit depuis des lustres, elles sont dévoreuses de temps, au détriment des films et des livres. Mais parce qu’elles peuvent se permettre de développer les intrigues et les personnages, et que leur format séduit désormais les meilleurs scénaristes, cinéastes et comédiens, force est de constater que plusieurs surpassent en qualité les productions cinématographiques les plus attendues. Et leur façon de s’imposer dans notre quotidien (tout le monde ou presque a un point de vue sur Game Of Thrones ou Breaking Bad) amène à se demander si les séries se seraient pas, mine de rien, en train de prendre la place de la littérature populaire.

 

Bilan des séries de l’année 2014 (et celles qu’on suivra en 2015)

 

Les nouvelles

 

 True Detective

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Sans conteste, la claque de l’année ! On ne revient pas sur l’excellence de l’écriture, de l’interprétation et du reste (voir chronique). Ce show créé par l’écrivain Nick Pizzolatto en janvier 2014 sur la chaîne américaine HBO se distingue aussi par une bande-son de haut vol. Chaque saison constituant une intrigue à part entière, la 2, attendue en 2015, aura une nouvelle distribution. Colin Farrell et Vince Vaughn en seront les héros. Rachel McAdams, Kelly Reilly et Taylor Kitsch devraient les rejoindre.

 

 The Affair

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Découverte en octobre 2014 sur Canal + séries à la suite d’Homeland, en simultané avec sa diffusion sur la chaîne américaine Showtime, la série inventée par l’Israélien Hagai Levi, créateur de la version originale de l’excellente En analyse, est une très belle surprise. A priori, elle semble décrire une histoire d’adultère assez banale, mais le dispositif de narration (chaque épisode oppose les versions de la femme et de l’homme) la rend intrigante à souhait. Tandis que les points de vue diffèrent, parfois de manière infime, une autre affaire, de meurtre celle-là, se profile. Reconduite pour une seconde saison en 2015, cette série troublante et passionnante (chaque épisode se conclut sur un moment de suspense), est emmenée par une brochette de comédiens talentueux, et profite elle-aussi d’une bande-son idéale. A voir absolument !
Avec Dominic West, Ruth Wilson, Maura Tierney, Joshua Jackson, Colin Donnell, John Doman…

 

 Turn

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Adaptée du livre d’Alexander Rose Washington’s Spies : The Story Of America’s First Spy Ring, Turn relate les aventures d’Abe Whodull, un jeune fermier à New York, qui en 1778, durant l’occupation britannique, va devenir malgré lui l’espion le plus redoutable du Culper Ring, réseau clandestin qui se bat pour l’indépendance de l’Amérique. Portée par Jamie Bell (Billy Elliot), cette saga créée par Craig Silverstein (Nikita, Bones) sur la chaîne américaine AMC en avril 2014, et relayée dans la foulée par OCS Max, a le mérite d’explorer une page d’histoire méconnue (le Culper Ring était bien le premier réseau d’espionnage moderne, ancêtre des services secrets américains), tout en soignant l’aspect romanesque et le suspense. Elle n’est pas exempte de défauts (de rythme notamment), mais se révèle attachante. La saison 2 est attendue en 2015.
Et avec Angus Macfadyen, Daniel Henshall, Heather Lind, Owain Yeoman, Samuel Roukin, Burn Gorman, JJ Feld…

 

Those Who Kill

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Remake américain de la série danoise Traque en série, Those Who Kill met du temps à se révéler, mais se fait de plus en plus palpitante au fil des épisodes. Chloë Sevigny et James D’arcy défendent plutôt bien leurs personnages tourmentés tandis que Pittsburgh offre un paysage ad hoc à cette traque de tueur en série macabre. Chargé d’atmosphère, le show créé par Glen Morgan (X-Files, MillenniuM…) sur la chaîne A&E en mars 2014 souffre des ressemblances inévitables avec les récentes Hannibal, Tunnel, The Bridge ou The Fall. C’est probablement à ce manque d’originalité qu’on doit l’abandon de la saison 2, annoncée, et cela malgré un dixième et dernier épisode au suspense insoutenable.
Et avec Bruce Davidson, Anne Dudek, Ohmid Abtahi, Desmond Harrington…

Il ne fallait pas non plus manquer ces séries britanniques plus ou moins récentes, mais apparues pour la première fois en 2014 à la télévision française : Broadchurch, The Fall, Black Mirror, In The Flesh, et les mini-séries Southcliffe (chronique à venir) et Little Dorrit (voir chronique).

 

Les confirmées

 Bates Motel Saison 2

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La série d’Anthony Cipriano, prequel de Psychose, est passée en un an de prometteuse à géniale (voir chronique de la première saison). Vera Farminga est époustouflante et Freddie Highmore, terrifiant. Une réussite ! (chronique de la saison 2 à venir)

 

 Homeland saison 4

HOMELAND (Season 4)

Après un rebondissement spectaculaire à la fin de la saison 3, qui aurait pu être fatal à la série, Homeland rebondit de plus belle. Les aventures de Carrie Mathison prennent aux tripes. Malgré la pertinence du propos et le talent des scénaristes informés, la réalité dépasse la fiction, comme le prouve le récent carnage dans une école au Pakistan. Mis en cause dans la série, qui l’accuse de soutenir officieusement les Talibans et d’être complice des terroristes, le gouvernement pakistanais a déclaré se sentir insulté par Hollywood. La CIA, de son côté, juge plutôt fantaisiste l’idée que l’agence pourrait laisser autant de responsabilités à un agent bipolaire, aussi douée soit-elle. Vivement la saison 5 !
Avec Claire Danes, Rupert Friend, Mandy Patinkin…

 

 Engrenages saison 5

ENGRENAGES Saison 5

Les membres de l’équipe de Laure Berthaud assurent si bien qu’à côté, ceux d’Eddy Caplan dans Braquo font figure de rigolos. La meilleure série française, la seule à s’exporter (BBC4 l’a achetée et la diffuse en version sous-titrée sous le titre Spiral), se distingue par un réalisme époustouflant et des personnages attachants (le juge Roban en tête). On y découvre tous les rouages du système judiciaire français à travers une enquête criminelle des plus retorses. Passionnant ! La saison 6 est en préparation.
Avec Caroline Proust, Thierry Godard, Gregory Fitoussi, Fred Bianconi, Audrey Fleurot, Philippe Duclos

 

 Mr Selfridge Saison 2

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Le talent de Jeremy Piven (ici à l’opposé de son rôle d’Ari Gold, l’agent d’acteurs teigneux qu’il campe dans Entourage) fait une fois de plus merveille dans cette deuxième saison de l’excellente série britannique créée par Andrew Davies, auquel on doit la célèbre adaptation pour la télévision d’Orgueil et préjugés de Jane Austen. Un bijou !
Et avec Frances O’Connor, Grégory Fitoussi, Polly Walker, Aisling Loftus…

  

The Americans Saison 2

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Rien de spectaculaire dans cette série sur la guerre froide durant les années 80, créée par Joseph Weisberg, ex-agent de la CIA. Pourtant, le diable se cache dans les détails. Les aventures de la famille Jennings, faux couple mais vrais espions à la solde du KGB sur le sol américain, font souvent froid dans le dos. Tendue, intelligente et souvent bouleversante, la saga est une vraie immersion dans l’époque et l’histoire. La saison 3 est en route.
Avec Keri Russell, Matthew Rhys, Noah Emmerich, Margo Martindale…

 

 House Of Cards Saison 2
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La série préférée d’Obama, et la plus cynique du moment, a enfoncé le clou en 2014. Plus machiavélique encore que son époux aux dents longues, Claire Underwood, campée avec brio par une Robin Wright réfrigérante à souhait, tire la couverture à elle dans cette deuxième saison qui continue à dépeindre les coulisses du système politique américain à la manière d’une tragédie shakespearienne. Saison 3 à suivre en 2015.
Et avec Kevin Spacey, Michael Hill, Molly Parker, Marhershala Ali…

 

 Hannibal Saison 2

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Déconseillée aux âmes sensibles, la série de Bryan Fuller (Pushing Daisies), qui se penche sur les premiers faits d’armes du tueur cannibale et sur son rapport ambigu avec le profiler du FBI Will Graham, ne démérite pas dans cette deuxième saison. Les meurtres, mis en scène avec un raffinement inouï, l’humour noir et le rythme lancinant très particulier rendent le show aussi dérangeant que fascinant. Mads Mikkelsen et Hugh Dancy y sont sensationnels (voir chronique saison 1). Saison 3 en 2015
Et avec Laurence Fishburne, Caroline Dhavernas, Gillian Anderson, Eddie Izzard, Cynthia Nixon, Michael Pitt, Gina Torres…

 

The Walking Dead Saison 5

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Interrompue sur la chaîne AMC pour la trêve de Noël, la diffusion de la saison 5 entamée en octobre 2014 en simultané sur OCS Choc a laissé les aficionados en plan. Rendez-vous en février 2015 pour la suite de ce cru considéré d’ores et déjà comme excellent (voir chronique saison 4).

 

Les décevantes :

Décidément trop abracadabrantesques, Scandal et Revenge peuvent aussi se flatter d’avoir les deux héroïnes les plus antipathiques du moment. Under The Dome, Arrow et The Reign manquent singulièrement de subtilité. Et on a fini par abandonner en cours de route les nouvelles Extant et The Leftlovers, sans originalité aucune et un tantinet laborieuses.

Reste à se pencher sur les cas de :

Halt & Catch Fire, Fargo, Penny Dreadful, Gotham, Marco Polo et probablement bien d’autres encore…sans compter bien sûr la saison 3 de Lilyhammer (diffusée fin 2014 sur Netflix) et la fin de la deuxième saison de Brooklyn Nine-Nine début 2015, toujours les deux séries les plus désopilantes de l’année (voir chronique saisons 1).

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LA PETITE DORRIT

Chef-d’œuvre de la télévision britannique inédit en France, l’adaptation par la BBC de Little Dorrit, de Charles Dickens, vient de paraître en DVD chez Koba Films, et est attendue sur Arte fin novembre. Elle est signée Andrew Davies, le maître du period drama, auquel on doit déjà les remarquables séries Orgueil et préjugés, Bleak House, House of Cards ou Mr Selfridge, et force est de constater que sous sa plume, cette critique acerbe du capitalisme n’a rien perdu de sa pertinence. Il y est question d’une jeune fille vertueuse et pauvre, née et élevée en prison, de l’homme chevaleresque qui tente d’arracher sa famille à la misère, de gens malintentionnés, de secrets de famille inavouables et de revers de fortune. Romanesque par excellence !

 

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« Chut ! Ce serait vraiment étrange de vous voir oublier quelque chose, vous qui n’oubliez jamais personne et qui n’oubliez jamais rien. »
Arthur Clennam à Amy Dorrit

 

La petite Dorrit (Little Dorrit)

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Mini-série produite par la BBC, créée en 2008 par Andrew Davies d’après l’œuvre de Charles Dickens
En DVD chez Koba Films depuis le 22 octobre 2014, diffusée sur Arte du 27 novembre au 18 décembre 2014

En voyage en Orient depuis de nombreuses années avec son père homme d’affaires, Arthur Clennam (Matthew Macfadyen) est contraint de rentrer en Angleterre à la mort soudaine de ce dernier. Dans un dernier souffle, le vieil homme lui a fait promettre d’obliger sa mère à lui révéler un secret de famille et à réparer les torts commis. A Londres, Arthur est accueilli plutôt sèchement par cette dernière, une femme acariâtre, qui refuse de lui donner une quelconque explication. Il est cependant intrigué par la présence d’une jeune fille, Amy Dorrit (Claire Foy), venue effectuer de menus travaux de couture, et par la sollicitude inattendue que sa mère lui témoigne. En suivant discrètement Amy, il découvre qu’elle vit depuis toujours avec son père dans la prison de la Maréchaussée, où sont incarcérés les endettés…

Moins célèbre qu’Oliver Twist, David Copperfield ou Les grandes espérances, La petite Dorrit, de Charles Dickens (1812-1870), est une formidable immersion dans le Londres capitaliste et corrompu de l’époque victorienne. Paru à l’origine sous forme de feuilleton mensuel entre 1855 et 1857, le onzième roman de l’un des plus populaires auteurs anglais était considéré par le dramaturge George Bernard Shaw comme « le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre » et « plus séditieux que Le Capital de Karl Marx. » Jamais en effet, Dickens ne s’est attaqué aussi directement aux institutions politiques, à l’inertie de la bureaucratie et aux aristocrates incompétents dont est constellé le gouvernement (voir le très kafkaïen ministère des Circonlocutions). Et si le sinistre banquier Merdle semble préfigurer Bernard Madoff, Dickens publie le livre en 1857, alors que les directeurs de la Royal British Bank sont arrêtés pour avoir berné leurs clients (il l’évoque dans sa préface). Parce qu’il a souffert dans son enfance du manque d’argent (son propre père a été incarcéré pour dettes à la prison de la Maréchaussée), le romancier sait qu’il est le nerf de la guerre, et il s’amuse ici à le faire changer de mains de façon spectaculaire. Le roman est ainsi séparé en deux parties, illustrant le destin de la famille Dorrit. Elles sont sobrement intitulées Pauvreté et Les riches. Critiqué à sa publication pour la complexité de son intrigue et son manque de nuances, Little Dorrit a été réhabilité au cours du XXe siècle. Nul doute que cette adaptation d’Andrew Davies, présentée ici en huit épisodes de 52 minutes, va susciter l’envie de le (re)découvrir. L’univers de Dickens n’a jamais été aussi éclatant, caustique et romanesque. Autour des nobles figures d’Amy et d’Arthur, évoluent des personnages secondaires truculents, telle Flora, l’amour de jeunesse d’Arthur, qui amènent une légèreté bienvenue à un contexte plutôt sombre. La distribution est prestigieuse. Tom Courtenay fait un Mr Dorrit bouleversant, Andy Serkis (Rigaud) en psychopathe, est terrifiant, Matthew Mcfadyen (il campait le Mr Darcy d’Orgueil et préjugés, de Joe Wright) fait un Arthur Clennam extrêmement touchant, et Claire Foy une héroïne moderne et sage. Cette mini-série, qui a remporté sept Emmy Awards en 2009, est en tout point remarquable.
Et avec James Fleet, Eddie Marsan, Emma Pierson, Alex Wyndham, Russell Tovey, Ron Cook…

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Test DVD :

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Interactivité *

On doit se contenter d’une biographie de Dickens et d’un lot de bandes-annonces des productions de la BBC, tout aussi excellentes, déjà parues chez l’éditeur.

Image ****
Format : 1.77
On se félicite de cette image riche aux couleurs somptueuses, superbement définie. Les noirs sont profonds et les clairs-obscurs, de toute beauté.

Son ****
DD 2.0 en anglais et français
Sous-titres français non imposés
Une piste stéréo dynamique et efficace, qui met en valeur les bruits d’ambiance comme les dialogues. La version originale est à privilégier.

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