MENTALIST

Le joueur de flûte 

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Mentalist (The Mentalist) Saison 5

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Série américaine créée par Bruno Heller en 2008
DVD/Blu-ray Saison 5 Warner Home Video

Depuis la mort tragique de son épouse et sa fille, Patrick Jane (Simon Baker), ex-médium à la télévision, consacre son existence à la traque de leur meurtrier, le tueur en série Red John, qui signe ses crimes d’un smiley. L’équipe du CBI (California Bureau of Investigation) dirigée par l’agent Teresa Lisbon (Robin Tunney) lui permet de profiter des ressources de la police contre sa collaboration en tant que consultant. Ses facultés d’analyse et ses talents d’illusionniste sont en effet un atout précieux pour élucider les enquêtes les plus épineuses…

Le fait qu’en France, elle soit diffusée sur TF1 à une heure de grande écoute, et visionnée la plupart du temps en français, ne doit pas banaliser cette série foncièrement remarquable. Elle est curieusement davantage appréciée dans l’Hexagone qu’aux Etats-Unis, où son avenir est incertain après les chutes d’audiences constatées lors de la diffusion de la saison 6 sur CBS, sa chaîne d’origine. Admirablement ciselée, Mentalist (la version française a bizarrement éludé l’article du titre original) adopte un ton et un rythme envoûtants, à l’image de son héros, Patrick Jane, incarné à la perfection par Simon Baker. Etonnante carrière que celle de ce beau gosse australien au parcours hétéroclite dans lequel on distingue pêle-mêle L. A. Confidential, Sunset Strip, Le territoire des morts (Land Of The Dead), Le Diable s’habille en Prada, Margin Call et le récent Mariage à l’anglaise. The Mentalist, créée en 2008 par Bruno Heller, un des scénaristes de la fameuse série Rome, lui a probablement offert le rôle de sa vie. Manipulateur facétieux et séducteur torturé, Patrick Jane est bien trop spirituel, intelligent et humaniste pour être vrai. S’il ne se montrait pas parfois ridiculement froussard, il pourrait même être l’homme idéal. C’est probablement ce que pense Lisbon, qui semble constamment partagée entre agacement et admiration, mais finit toujours, et souvent malgré elle, à le protéger contre vents et marées. Les sentiments enfouis de Lisbon sont d’ailleurs une source d’amusement inépuisable, et les scénaristes ne se privent pas de pimenter les épisodes de petites allusions équivoques, qui font parfois ressembler le show à de la comédie screwball. Cet aspect comique est renforcé par les tribulations des membres de l’équipe du CBI, Rigsby (Owain Yeoman), Cho (Tim Kang), et Van Pelt (Amanda Righetti était enceinte durant le tournage de la saison 5, ce qui a compliqué ses apparitions), pieds nickelés attachants. Après un final de saison 4 explosif, où l’arrestation de Red John n’a tenu qu’à un fil, ce début de cinquième saison est marqué par la frustration légitime de Jane, dont le personnage se fait plus sombre. Même si les critiques ont pointé du doigt l’aspect répétitif de la traque (plus Jane s’approche de Red John, plus il semble s’éloigner), force est de constater que l’étau se resserre, et cette saison plus que les précédentes est riche en révélations. Cependant, et contrairement à ce qu’en pensent les téléspectateurs outre-Atlantique, l’intérêt de Mentalist ne saurait reposer sur Red John, mais sur la manière dont Jane élucide les affaires en cours, plus proche de la méthode de Columbo ou de Sherlock Holmes que de celle des Experts. Et si la série semble « ronronner », c’est uniquement dû à sa petite musique, au propre (composée par Blake Neely) comme au figuré, qui rassure et ensorcelle. Du grand art, qui ferait presque espérer que Jane n’attrape pas Red John de sitôt.

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Test DVD :

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Interactivité **
Très joliment présenté, le coffret 5-DVD propose les 22 épisodes de 42 minutes suivis de deux reportages consacrés aux aspects techniques de la création de la série : les cascades et le réalisme des scènes policières (12 et 14 minutes). Tout cela n’est pas sans intérêt, mais on aurait préféré en savoir plus sur les ambitions des scénaristes, et sur l’évolution du personnage de Jane, d’autant que le 5ème épisode (le 100ème de la série) dévoile la première rencontre entre le mentaliste et l’équipe du CBI.

Image ***
Format : 1.78
L’image est correctement définie et contrastée, quoiqu’un peu sombre, notamment dans les séquences intérieures. Le Blu-ray devrait être plus performant.

Son ***
DD 5.1 en anglais
DD 2.0 en français
Sous-titres français non imposés
La piste 5.1, plus enveloppante, est réservée à la version originale, celle qu’il faut privilégier pour profiter de la voix séduisante de Simon Baker. Les effets surround à l’arrière sont cependant subtils et la piste en 2.0 n’en est pas si éloignée.

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IN THE FLESH

Top Of The Lake, Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (4/4)

Zombies en famille

 In The Flesh 

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Mini-série britannique créée par Dominic Mitchell
2013 (1ère diffusion mars 2013 sur BBC Three)

A dix-huit ans, Kieren Walker (Luke Newberry, très attachant) compte parmi les infortunés atteints du syndrome PDS « Partially Deceased Syndrome » qui a fait de lui un zombie. Après des années de guerre entre humains et morts-vivants, les scientifiques ont mis au point un traitement efficace permettant à ces derniers de renouer avec leur humanité. Devenus inoffensifs, les zombies sont à même de retourner dans leur famille et de se réinsérer. Mais la population n’est pas prête à fraterniser aussi facilement. Et Kieren n’a décidément pas de chance : Roarton, la petite ville rurale du Lancashire où vit sa famille, est aussi le siège de la HVF (Armée Volontaire Humaine), dont les membres, armés jusqu’aux dents (et dont fait partie sa propre sœur) n’ont aucune intention de jouer le jeu…

Il se passe toujours quelque chose chez les zombies. Après avoir été immortalisés dès 1968 par George A. Romero, leur maître, et trouvé un nouveau souffle dans l’excellente série The Walking Dead, désormais référence, les morts-vivants constituent un thème inépuisable qui inspire régulièrement les scénaristes tous horizons confondus. Le plus souvent caricaturés comme des créatures enragées et décérébrées dont l’unique motivation est de dévorer les vivants, les zombies ont aussi des représentants plus sophistiqués et plus évolués. En 2005, dans l’excellent Le territoire des morts (Land Of The Dead), Romero évoquait l’idée d’un zombie doté d’intelligence, et récemment, dans le charmant Warm Bodies, de Jonathan Levine, un zombie mélancolique, hanté par ses souvenirs d’humain, faisait part de son mal-être et tombait amoureux de la fille venue pour l’exterminer. Comme dans le film de Levine, In The Flesh a la particularité de s’attacher au point de vue du mort-vivant. Kieren est un gentil garçon, rêveur et trop sensible (il s’était suicidé quatre ans plus tôt) qui se retrouve jeté dans la fosse aux lions, soit un village anglais rustique, peuplé de brutes et de fanatiques. Son retour à la maison ne manque pas de sel. Est-il seulement possible entre des parents bienveillants mais dépassés par la situation, et une sœur qui le rejette totalement, comme la moitié des habitants du village ? Ici, pas de gore à outrance (il n’est présent que dans quelques flash-backs), l’histoire se situant après l’apocalypse. On est davantage dans le drame social anglais teinté d’horreur, de SF et d’humour noir. Cette vision inédite du thème du mort-vivant traite avant tout de la quête d’identité et du rejet dans une société qui n’est pas prête à accepter les différences. En cela (comme chez Romero souvent) elle s’ouvre à moult métaphores (racisme, homophobie, conflits familiaux… ). Conçus comme une mini-série, ces trois épisodes de 60 minutes mis en scène par Jonny Campbell sont l’œuvre de Dominic Mitchell, révélé par la BBC Writersroom, un réservoir de talents susceptibles d’enrichir les programmes du groupe. La qualité du show, sa richesse narrative ainsi que la belle adhésion du public ont encouragé la BBC à produire une deuxième saison, qui devrait être diffusée courant 2014. On ne peut que s’en réjouir.

Diffusée sur Canal+ Séries en décembre 2013

BANDE-ANNONCE

In The Flesh

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TUNNEL

Top Of The Lake, Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (3/4)

Bataille d’ego

Tunnel (The Tunnel)
 The Tunnel

Série franco-britannique créée par Ben Richards et Dominik Moll

2013 (1ère diffusion novembre 2013 sur Canal+) 
(DVD Studiocanal)

Le cadavre d’une femme politique est découvert dans un tunnel de service de l’Eurotunnel, positionné à cheval sur la frontière franco-britannique. A son grand dam, Elise Wassermann (Clémence Poésy), jeune inspecteur de la police de Calais, doit faire équipe avec son homologue anglais de Folkestone, Karl Roebuck (Stephen Dillane). L’enquête s’annonce ardue, et la personnalité introvertie et individualiste d’Elise ne facilite pas les choses. Les deux policiers vont pourtant devoir ravaler leur orgueil, car il apparaît vite que le meurtrier n’a pas l’intention d’en rester là…

Son nom est quasiment inconnu du grand public. Et pourtant, Stephen Dillane est partout : sur les planches, au cinéma et à la télévision. Il campe le sombre Stannis Baratheon de Game Of Thrones, figure presque aussi taciturne que celle du directeur de l’agence d’espions qu’il incarne dans la récente série Hunted. Mais cet acteur anglais formé à la classique Bristol Old Vic Theatre School (comme Daniel Day-Lewis et Jeremy Irons) peut se fondre dans n’importe quel personnage. Il a été un agent sportif épatant dans Goal, Merlin dans Le Roi Arthur d’Antoine Fuqua, le reporter britannique Michael Henderson dans Welcome To Sarajevo, Thomas Jefferson dans la mini-série John Adams, un playboy voleur de tableaux dans Pour l’amour de l’art, comédie romantique dispensable avec Sandra Bullock et Denis Leary. Stephen Dillane n’a cependant jamais été aussi impressionnant que dans cette adaptation de l’excellente série suédo-danoise Bron (diffusée actuellement sur Canal+ Séries), en inspecteur expérimenté et humaniste, père et époux présent (mais pétri de contradictions), qui dissimule ses tourments sous un flegme et un humour très british. Il en est la clé de voûte. A son contact, Clémence Poésy, dont le caractère asocial du personnage apparaissait au début un tantinet forcé, finit par se révéler excellente. Grâce à ce tandem attachant, ce palpitant thriller en dix épisodes est davantage qu’un vulgaire copié-collé de l’œuvre originale qui conjugue traque d’un psychopathe aux ambitions mystérieuses, confrontation de personnalités atypiques et choc des cultures. Le scénario ancre habilement l’histoire dans un contexte européen moderne, au demeurant plutôt pessimiste. La mise en scène épurée (Dominik Moll, réalisateur de l’intrigant Harry, un ami qui vous veut du bien, a signé les deux premiers épisodes) épouse à ravir la mélancolie qui émane des terminaux du tunnel et des ciels plombés des régions de Calais et de Douvres. Aux côtés du tandem-vedette, les seconds rôles font un sans-faute, et on note la belle présence de Jeanne Balibar, Thibault de Montalembert, Joseph Mawle, Thierry Frémont et Angel Coulby (la Guenièvre de la série Merlin). Le dixième épisode s’avérant particulièrement concluant, cette coproduction franco-britannique (Canal+ a collaboré avec la chaîne Sky) pourrait légitimement en rester là. Il se murmure cependant qu’elle pourrait être reconduite pour une deuxième saison, à l’instar de Bron et de sa déclinaison américaine, The Bridge (avec Diane Kruger et le Mexicain Demián Bichir), qui a vu le jour aux Etats-Unis en juillet 2013 sur la chaîne FX.

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Test DVD :

Interactivité*
On reste un peu sur sa faim avec l’interview intéressante, mais trop courte, de Clémence Poésy et Dominik Moll (14 minutes), unique supplément de l’édition. Tous deux reviennent sur la genèse de l’adaptation franco-anglaise et la création des personnages.

Image **
Format : 1.78
La définition et les contrastes laissent parfois un peu à désirer, mais la grisaille mélancolique des images est correctement restituée.

Son : ***
DD 5.1 et 2.0 en en français et anglais
Sous-titres français non imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 solide, qui exploite magnifiquement le caisson de graves. Pour profiter pleinement de ce choc des cultures, il est conseillé de visionner les épisodes en version originale, qui bascule d’une langue à l’autre selon la nationalité des personnages.

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The Tunnel Ep02
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