Et on reparle de Jane Austen : PEMBERLEY et LOVE & FRIENDSHIP en DVD/BR

Non contente d’avoir engendré Shakespeare, l’Angleterre nous a aussi offert Jane Austen, avec laquelle elle entretient une histoire d’amour depuis quasiment deux siècles. Depuis la mort de l’écrivain en 1817, sa poignée de romans a conquis le monde, et ces dernières années, on ne compte plus les transpositions, hommages ou pastiches. En attendant l’adaptation au cinéma de Sanditon, on peut découvrir ou redécouvrir celle de Lady Susan par l’Américain Whit Stillman. Intitulée Love & Friendship, cette comédie de mœurs des plus brillantes projetée sur les écrans l’été dernier vient de paraître en Blu-ray et DVD (voir plus bas). Et on peut également savourer l’adaptation en mini-série télévisée de La mort s’invite à Pemberley, l’ultime opus de feu P. D. James : un hommage déguisé en histoire policière qui pourrait constituer une suite au chef-d’œuvre Orgueil et préjugés. Car, contre toute attente, la « reine du crime » était une fervente admiratrice de la romancière du Hampshire. Et bien sûr, c’est la vénérable BBC, qui a déjà porté au petit écran, et avec quel brio, tous les romans d’Austen, qui s’y est collée.

 

Death Comes to Pemberley
« Cela fait plusieurs siècles déjà que nous avons admis que les femmes ont une âme. N’est-il pas grand temps d’admettre qu’elles ont aussi un cerveau ? » P. D. James (Death Comes To Pemberley)

 

Pemberley (Death Comes To Pemberley)

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Daniel Percival
2013 (Mini-série diffusée pour la première fois sur BBC One en décembre 2013)
En DVD depuis le 12 octobre chez Koba Films

A Pemberley, la vie s’écoule paisiblement. Darcy (Matthew Rhys) et Elizabeth (Anna Maxwell Martin) sont mariés depuis six ans et heureux parents. Une nuit, alors que les préparatifs pour le bal annuel vont bon train, un cabriolet arrive à tombeau ouvert au château. A son bord, Lydia (Jenna Coleman), la jeune sœur d’Elizabeth qui n’avait pas été conviée à la fête en raison de ses frasques passées, est passablement hystérique. Elle craint que son époux, le tristement célèbre George Wickham (Matthew Goode), ait été assassiné dans la forêt du domaine…

Publié en 2011 outre-Manche (en 2012 en France), La mort s’invite à Pemberley est le dernier roman de Phillis Dorothy James, disparue le 27 novembre 2014 à l’âge de 94 ans. L’auteur d’un Certain goût pour la mort et des Fils de l’homme avait choisi dans son ultime ouvrage de rendre hommage à sa compatriote Jane Austen, à laquelle elle vouait une fervente admiration. P. D. James s’est appliquée à tisser une énigme policière en respectant tous les codes d’Orgueil et Préjugés. Force est de constater que La mort s’invite à Pemberley apparaît moins fantasque que bon nombre d’ « austeneries », telle la série de livres signée par Elizabeth Aston à qui l’univers de la célèbre romancière — et le personnage de Mr Darcy en particulier — a inspiré moult intrigues ultra-romancées (Les filles de Mr Darcy, Darcy dans l’âme, L’autre Mrs Darcy…). Il y a quelque chose de magique dans le fait de se plonger dans les tribulations de Darcy et Elizabeth Bennet six ans après les événements qui n’en finissent pas de captiver les lecteurs du roman. La BBC l’a bien compris, et cette adaptation, très fidèle, du livre de P. D. James, tient toutes ses promesses. Tournée principalement dans les très beaux décors naturels du domaine de Chatsworth House (Derbyshire), et quelques autres sites prestigieux (le Château Howard, le Musée du Château d’York, les ruines de Fountains Abbey…), la mini-série mise en scène par le chevronné Daniel Percival (Strike Back, Crossing Lines) est un ravissement. Si le crime occupe la première place du récit, ce dernier est étoffé de sous-intrigues tissées avec brio et « à la manière de », pimentées par des dialogues teintés de la fameuse ironie austenienne. En tête de la distribution très soignée on apprécie particulièrement Matthew Rhys (The Americans), qui fait un Darcy solide, Matthew Goode, retors à souhait, et l’incontournable James Norton (Grantchester, Happy Valley…), impeccable comme toujours. Les Janeites (admirateurs de l’œuvre d’Austen) ont déploré le manque de charisme de l’Elizabeth Bennet campée par Anna Maxwell Martin. Certes, mais elle fait preuve d’une force de caractère, d’une bonté et d’un discernement très respectueux de son modèle. Un régal donc !
3h Et avec Trevor Eve, Tom Ward, Eleanor Tomlinson, Joanna Scanlan, Lewis Rainer…

BANDE-ANNONCE

Death Comes to Pemberley

 

Test DVD :  

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Inédite à la télévision française à ce jour, la mini-série a été rebaptisée Pemberley pour sa sortie en DVD dans l’Hexagone, et se découpe en deux épisodes de quatre-vingt-dix minutes.

 

 

Interactivité
Pas de bonus, hormis les bandes-annonces de l’éditeur.

Image ***
Format : 1,77
L’image, lumineuse et contrastée, profite d’une belle définition.

Son ***
DD 2.0 en anglais sous-titré français
Seule la version originale sous-titrée en français, indispensable, figure sur le disque, et on ne peut que s’en réjouir. La piste DD 2.0, harmonieuse, est très convenable pour ce format télévisuel.

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Love & Friendship

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Whit Stillman
2016
En Blu-ray et DVD chez Blaq Out depuis le 2 novembre

CRITIQUE DU FILM ici

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Test Blu-ray :  

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Interactivité **
Un programme un peu succinct (trois reportages de 10 minutes chacun), mais non sans intérêt. Le réalisateur y parle de la genèse du film, qui remonte à 2003. Il confie avoir songé à Kate Beckinsale dès la lecture de Lady Susan, et a attendu pour tourner qu’elle ait l’âge du rôle. Il évoque aussi la manière dont il a transformé la structure épistolaire en dramaturgie classique. Après avoir écouté Sophie Demir, spécialiste de Jane Austen, revenir sur les enjeux amoureux dans l’œuvre de la romancière, on peut découvrir un making of réalisé sur le vif du tournage, truffé d’interventions des comédiens.

Image ****
Format : 1.85
Superbement définie, l’image éclatante restitue les nuances de la photographie de Richard Van Oosterhout. La palette de couleurs est de toute beauté.

Son ****
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais sous-titré français
Ici aussi, la version originale sous-titrée en français est mise à l’honneur. La piste 5.1, généreuse, permet une immersion totale.

Love 10 

De NERVE à GREEN ROOM

Qu’y a t-il de commun entre le techno-thriller des deux réalisateurs de Paranormal Activity 3 et 4, qui a fait un carton auprès des ados cet été, et le survival de Jeremy Saulnier paru ce le mois dernier en DVD/Blu-ray, qui met un jeune groupe punk aux prises avec des néo-nazis ? Rien justement, et c’est cela qui est intéressant. Deux visions de la jeunesse totalement opposées : d’un côté, les accros à la technologie, et de l’autre, ceux qui la refusent, pour le meilleur et pour le pire.

NERVE
« Are you a Watcher ? Or a Player ? »

 

 Nerve

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Henry Joost et Ariel Schulman
2016 (Dans les salles françaises depuis le 24 août)

Parce qu’elle vient d’être humiliée par sa meilleure amie, qui la juge coincée et trop sage, Vee (Emma Roberts) s’inscrit à Nerve, le jeu très lucratif qui diffuse en direct sur Internet des défis filmés, imposés par les Voyeurs (autrement dit les followers). La première mission de Vee : entrer dans un bar et embrasser un inconnu. Coup de chance, elle tombe sur le beau Ian (Dave Franco), lui aussi joueur de Nerve. Séduits par leur tandem, les Voyeurs leur demandent de s’associer pour les épreuves suivantes. Mais les défis vont être de plus en plus dangereux. L’argent coule à flot, mais impossible de quitter le jeu, qui va prendre une tournure cauchemardesque…

Au départ, Nerve est un roman pour adolescents de Jeanne Ryan, publié en 2013 en France sous le titre Addict. Les jeunes réalisateurs Henry Joost et Ariel Schulman l’ont astucieusement adapté en mettant en exergue les aspects fantasmatiques d’un jeu dangereux, un Jackass pas pour rire, où les joueurs sont manipulés par leurs followers qui ne leur veulent pas que du bien. La mise en scène est l’atout majeur de ce film clinquant et nerveux, sorte de version moderne de The Game de David Fincher, qui épouse les visuels d’applications smartphone et profite d’une bande son electro-pop underground plutôt soignée. Course échevelée dans un beau New York nocturne, le film, souvent fun malgré une narration parfois pataude, met en garde contre les dangers d’Internet et le pouvoir des réseaux sociaux sans se départir de son côté film pour ado, incluant romances lycéennes, jalousies et petites traitrises entre amies. Dans une société où le voyeurisme et l’exhibitionnisme sont rois, ce thriller éveillera peut-être les jeunes âmes inconscientes et accros à leur portable, qui, au départ, étaient juste venues pour le sourire de Dave Franco.
1h 36 Et avec Emily Meade, Miles Heizer, Juliette Lewis, Machine Gun Kelly, Brian ‘Sene’ Marc…

BANDE-ANNONCE

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NERVE
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Nerve 1
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« Internet, ce n’est pas votre truc. Pourquoi vous ne communiquez pas ?
– A force de donner dans le virtuel, tu perds en densité… L’énergie, c’est éphémère… »
– A moins d’être Iggy Pop. »

 

 Green Room

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Jeremy Saulnier
2015
Paru dans les salles françaises en avril 2016 — En Blu-ray et DVD chez M6 Vidéo depuis le 7 septembre

Furieux après que la dernière date de sa tournée, déjà guère fructueuse, a été annulée, le groupe punk-rock The Ain’t Rights accepte de se produire au pied levé dans un club du fin fond l’Oregon. L’endroit, paumé en pleine forêt, est en fait un repaire de skinheads et de néo-nazis. Et pour avoir vu ce qu’ils n’auraient pas dû voir, les membres du groupe vont se retrouver la cible du patron du club (Patrick Stewart) et de ses sbires, déterminés à éliminer tout témoin gênant…

L’Américain Jeremy Saulnier a été repéré en 2013 avec le percutant Blue Ruin, un film de vengeance produit grâce à une plateforme de financement participatif, qui a fait du bruit dans les festivals internationaux et remporté, entre autres, le Prix FIPRESCI (critique internationale) à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Paru deux ans plus tard, ce Green Room n’a certes pas la même puissance, ni originalité, mais se distingue par ses atmosphères glauques et poisseuses (le verdâtre est à la fête !), et sa violence gore et brutale qui en appelle à Romero et au Boorman de Délivrance. Pas de montage hystérique ni d’effets spéciaux high-tech ici. Le passé de musicien punk de Jeremy Saulnier, qui sait ce que signifie la vie d’un groupe sur la route, permet à cette immersion dans le quotidien d’une formation fauchée, pour qui la tournée signifie surtout galères en série, de revêtir une authenticité saisissante. La musique autorise d’ailleurs un certain humour noir, marque de fabrique du réalisateur. Ainsi, la première chanson du concert des Ain’t Rights dans le film n’est autre qu’une reprise de « Nazi Punks Fuck Off », des Dead Kennedys, qui a pour effet d’agacer fortement les extrémistes de la salle. Mais les musiciens ont beau vociférer avec conviction sur scène, ils sont totalement désarmés face à la violence et la barbarie à laquelle ils vont être confrontés ensuite. Assiégés dans leur loge par des fous furieux adeptes de pitbulls et d’armes de guerre, ils devront avoir recours à leur intelligence et au système D, dans un combat qui s’annonce perdu d’avance. Si Jeremy Saulnier filme ce jeu de massacre avec une âpreté et un réalisme impressionnants, il manque à son film un peu de profondeur et d’émotion pour être davantage qu’une série B de genre, bien fichue au demeurant.
On notera que l’acteur Anton Yelchin (interprète de Pat dans le film), bien connu des fans de la nouvelle saga Star Trek et membre du groupe punk The Hammerheads, est décédé à la suite d’un tragique accident en juin dernier. Il avait vingt-sept ans.
1h 32 Et avec Imogen Poots, Joe Cole, Alia Shawkat, Callum Turner, Patrick Stewart, Mark Webber, Macon Blair…

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Test DVD :  

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Interactivité
DVD comme Blu-ray sont exempts de bonus, hormis la bande-annonce.

Image ***
Format : 2.39
Glauque à souhait, elle retranscrit idéalement la volonté artistique des créateurs, tout en restant d’une définition convaincante.

Son ***
DD 5.1 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres non-imposés
La piste DD 5.1 est harmonieuse et détaillée. Elle manque néanmoins un peu de puissance dans les enceintes-arrière.

A la différence du DVD, le Blu-ray présente la version Director’s cut non-censurée, augmentée de quelques minutes d’images gore et violentes.

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SIX DVD/BLU-RAY pour prolonger l’été

De Everybody Wants Some!! à Café Society, en passant par Ce sentiment de l’étéI Origins, The Finest Hours et Ave César, six DVD/Blu-ray pour rêver, rire, s’émouvoir et en prendre plein les yeux. 


« Frontiers are where you find them. »

 

Everybody Wants Some!!


Richard Linklater
2016 (En Blu-ray et DVD chez Metropolitan depuis le 20 août)

Fin août 1980, Jake (Blake Jenner) s’apprête à débuter sa première année d’étudiant dans l’équipe de base-ball de l’université. Il rencontre ses coéquipiers et colocataires. Trois jours avant la rentrée, tous se préparent à passer un week-end de folie, entre soirées arrosées sur le campus, bizutages, disco et drague…

Impossible de ne pas tomber sous le charme du dernier film en date du réalisateur de l’encensé Boyhood, qui pourrait constituer la suite de son Génération Rebelle (Dazed And Confused) de 1993. Everybody Wants Some!!, chronique de la jeunesse volontairement dénuée d’enjeux dramatiques, suspend le temps et immerge dans ce début des années 80. Il y a du fétichisme dans la manière dont Richard Linklater reconstitue ces scènes de vie, ne laissant aucun détail au hasard (voitures, musique, vêtements, coupes de cheveux, langage, attitudes… ), comme s’il avait capté pour l’éternité l’air de cette période d’insouciance, avant les années Reagan et le sida. Succession de blagues potaches, de bizutages, de compétitions viriles, de discussions existentielles autour du bong, de virées en boîtes et de fêtes arrosées, les tribulations de ces garçons qui aiment jouer les grandes gueules n’ont pourtant rien en commun avec celles des personnages d’American Pie. Les protagonistes, tous attachants, ont du bagout et une énergie communicative. Ils sont interprétés par une brochette de jeunes d’acteurs quasi-inconnus et excellents — caution ultime, Zoey Deutch est la fille d’Howard Deutch et Lea Thompson, réalisateur et actrice de la comédie romantique culte des eigthies Some Kind Of Wonderful, écrite par John Hugues). Linklater célèbre l’instant présent, la fugacité du bonheur, et il émane de son film une nostalgie et une pureté singulières. Quant à la bande-son, de « My Sharona » à « Good Times Roll », en passant par « Rapper’s Delight », elle décoiffe, tout simplement.
1 h 57 Et avec Tyler Hoechlin, Ryan Guzman, Juston Street, Glen Powell, J. Quinton Johnson, Will Britain…

BANDE-ANNONCE



 

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Les amoureux du film se réjouiront de la présence d’un enchaînement de 25 minutes de scènes coupées ou alternatives. Quatre courts reportages sur les coulisses du tournage figurent également au menu. On peut y découvrir les vidéos des auditions des acteurs, les répétitions des scènes dansées, le travail sur le style des années 80, et l’érudition en la matière de Richard Linklater appelé « Rickipedia » par ses comédiens. Le réalisateur a choisi de tourner en numérique, mais l’image proposée par le Blu-ray n’est pas lisse pour autant. Elle a même un aspect désaturé de toute beauté, et les couleurs sont éclatantes. Côté son, la piste DTS-HD Master Audio 5 .1 de la version originale fait parfaitement le job. Bonne idée, l’option Liner Notes (dans les sous-titres) permet de visionner le film avec le titre des chansons inscrit à l’écran.
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“Mon Dieu, regarde tous ces gens ! Tu réalises qu’ils ont tous des vies compliquées. Avec leur lot de peurs, d’amour, de haine. Ils ont des crises existentielles. T’imagines, ils ont des crises existentielles. On n’est pas les seuls.”

 

Ce sentiment de l’été

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Mikhaël Hers
2016 (En Blu-ray et DVD depuis le 21 juin chez Pyramide Distribution)

A Berlin, au beau milieu de l’été, en revenant de l’atelier où elle travaille, Sasha (Stéphanie Daub-Laurent), trente ans, s’écroule dans un parc, et décède peu après. Son compagnon, Lawrence (Anders Danielsen Lie), est dévasté. La famille française de Sasha arrive aussitôt, et Lawrence fait la connaissance de Zoé (Judith Chemla), la sœur de Sasha. Entre Berlin, Paris et New York, tous deux vont tenter de survivre à leur chagrin…

Le deuxième long-métrage du Français Mikhaël Hers, remarqué par ses courts et moyens métrages, puis son premier long, Memory Lane, a beaucoup de points communs avec Oslo, 31 août, de Joachim Trier, et pas seulement son acteur principal, le formidable comédien Norvégien Anders Danielsen Lie. Ici aussi, on suit les errances d’un homme qui tente de se reprendre contact avec le monde. Lawrence s’appuie sur la sœur de sa compagne, perdue également après ce deuil improbable (touchante Judith Chemla). Elle lui fait découvrir Paris, il lui montrera New York. Il croise des gens, retrouve des amis, tombe amoureux, se balade beaucoup. On pourrait s’ennuyer. Au contraire. On se laisse porter par ce film mélancolique et lumineux, par ses images d’été qui s’enfuit, son soleil qui décline, ses éclats de rires, ses instants de grâce, les vues insolites et magiques de Berlin, Paris, New York. Mikhaël Hers capture merveilleusement la vie, le temps en suspens, et aussi les incertitudes, les hésitations et l’émerveillement de ses protagonistes. On en ressort, apaisé, ébloui et heureux.
1 h 46. Et avec Marie Rivière, Feodor Atkine, Dounia Sichov, Lana Cooper, Joshua Safdie, Marin Ireland, Jean-Pierre Kalfon…

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En prolongement de ce film tourné en 16 mm, on peut découvrir deux très jolis clips du groupe Amor de Días réalisés par Mikhaël Hers, qui a travaillé une image très vintage. Au programme des bonus également : les scènes intégrales de deux chansons du concert de Mac DeMarco, dont on voit des extraits durant le film. Très fidèle à l’esprit de la photographie de Sébastien Buchmann, l’image proposée par le DVD est naturelle, lumineuse, dotée d’un grain parfois un peu trop prononcé. La piste DD 5.1, harmonieuse et ample, sert idéalement la bande originale mélancolique composée par le Français Tahiti Boy.
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« Pourquoi cherches-tu autant à réfuter l’existence de Dieu ?
– Réfuter ? Quelqu’un a-t-il déjà prouvé son existence ? »

 

I Origins


Mike Cahill
2014 (En Blu-ray et DVD chez Koba Films depuis le 7 septembre)

Ian Gray (Michael Pitt), jeune docteur en biologie moléculaire qui mène depuis plusieurs années des recherches sur l’œil, tombe fou amoureux de Sofi (Astrid Berges-Frisbey), mannequin dont l’iris des yeux le fascine. Ils filent le parfait amour même si la jeune femme, qui croit à la spiritualité de l’âme, tente sans succès d’ébranler les convictions scientifiques bien arrêtées de Ian. Un mauvais tour du destin va permettre au jeune homme de faire une découverte qui pourrait non seulement gommer ses certitudes, mais également changer la face de l’humanité…

Repéré à Sundance puis au festival de Deauville 2014 où il était en compétition, le deuxième long-métrage du réalisateur de l’épatant Another Earth n’a eu droit qu’à une sortie confidentielle dans les salles françaises. Il est heureux que Koba Films, deux ans après, permette de découvrir ce long métrage audacieux, controversé et moins abouti peut-être que son prédécesseur, qui mérite néanmoins le détour. Fasciné par la fameuse photo prise par Steve McCurry de la jeune Afghane aux yeux verts parue en couverture de National Geographic en 1985, Mike Cahill, qui a deux frères scientifiques, s’est intéressé aux yeux et au programme d’identification basé sur la biométrie de l’iris (d’où le titre I Origins – Eye Origins). Ses recherches lui ont inspiré cette fable romantique new-age qui oppose spiritualité et science. Elles sont symbolisées par deux femmes, Sofi et Karen, la jeune laborantine assistante de Ian, campée par la toujours juste Brit Marling, l’inoubliable héroïne d’Another Earth. On ne dévoilera pas davantage de l’intrigue, véritable jeu de piste, au propre comme au figuré, et qui réserve des surprises parfois cruelles. Le film, très proche de l’univers de M. Night Shyamalan, paraîtra pour certains un peu trop éthéré. Mais pour peu qu’on se laisse embarquer par ce cocktail de mystère, de poésie et d’émotion, on tombera immanquablement sous le charme. Ne manquez pas la séquence post-générique de fin.
1 h 46 Et avec Steven Yeun, Archie Panjabi, Kashish, William Mapother…

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Comme le DVD, le Blu-ray n’est doté d’aucun supplément. Il bénéficie en revanche d’une belle image, naturelle, qui rend hommage à la photo de Markus Förderer. Généreuse, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 favorise une immersion totale, et permet d’apprécier l’excellente bande originale (la musique est signée Will Bates et Phil Mossman, mais on y trouve aussi The Dø ou Radiohead)
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« Chez les garde-côtes, on vous oblige à y aller. On ne vous oblige pas à revenir. C’est la règle. »

 

The Finest Hours

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Craig Gillespie
2016 (En DVD depuis le 6 juillet chez Disney)

En février 1952, une tempête effroyable s’abat sur la côte Est des Etats-Unis. Au large de Chatham, près de Cape Cod, un navire, brisé en deux par une lame, réclame le soutien des garde-côtes les plus chevronnés. Mais quelques heures après, dans un secteur tout proche, un second pétrolier, le S. S. Pendleton, subit la même avarie. Le premier-maître (Eric Bana) ordonne alors au timonier timide et controversé Bernie Webber (Chris Pine), de monter une mission de secours. Trois matelots, dont deux bleus, se portent volontaires. Malgré les supplications de la fiancée de Bernie (Holliday Grainger), l’équipage se prépare pour une véritable mission suicide, tandis que sur le S. S. Pendleton, l’ingénieur Ray Sybert (Casey Affleck) tente de maintenir la moitié du navire à flot pour sauver les trente hommes à bord…

Adapté du roman de Casey Sherman et Michael J. Tougias inspiré de l’histoire vraie du sauvetage du S. S. Pendelton, le film de Craig Gillespie (Fright Night) renoue avec brio avec un certain cinéma à l’ancienne, romanesque et héroïque. Le classicisme hollywoodien est de rigueur, et les scènes de bravoure en haute mer sont spectaculaires. On est tenu en haleine durant toute la durée de ce survival qui se révèle très fidèle à la véritable histoire. Si le charismatique Chris Pine ne semble pas toujours à sa place dans ce contre-emploi, le reste de la distribution fait un sans-faute. On saluera particulièrement la prestation de Casey Affleck, excellent en McGyver courageux, et celle de Ben Foster, taciturne et pince-sans-rire. Les images du générique de fin, dévoilant les véritables portraits des personnages, donnent le frisson.
1 h 57 Et avec John Ortiz, Kyle Gallner, Graham McTavish, Josh Stewart, Rachel Brosnahan…

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The Finest Hours
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THE FINEST HOURS

 

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Le film était passé inaperçu en salles, il ne fait pas non plus de vagues en vidéo puisqu’il ne bénéficie même pas d’une sortie Blu-ray. Il faudra se contenter d’un DVD sans supplément, heureusement doté d’une image de très bonne tenue, et d’une piste DD 5.1 décoiffante dans les scènes d’action.
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« Would that it were so simple. »

 

Ave César (Hail, Cesar!)
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Ethan et Joel Coen
2016 (En Blu-ray et DVD depuis le 28 juin chez Universal)

Dans les années 50. Eddy Mannix (Josh Brolin) est « fixer » pour l’un des studios les plus prolifiques d’Hollywood. Son job consiste à résoudre tous les problèmes. Jour et nuit, au grand dam de son épouse, il n’a de cesse de gérer les embrouilles de la vie privée des acteurs, leurs caprices, les griefs des metteurs en scène, les problèmes avec la censure, les indiscrétions des journalistes… Et lorsque la star Baird Witlock (George Clooney) est kidnappée, en plein tournage de péplum, c’est encore à Eddy Mannix de répondre à la demande de rançon…

La bande-annonce avait fait du personnage incarné par George Clooney le héros du film. Or, le kidnapping de Baird Witlock n’est qu’une des multiples intrigues qui nourrissent ce pastiche éblouissant de l’âge d’or d’Hollywood, vu côté coulisses, sur lequel plane le spectre de la Guerre froide et du maccarthysme. Entre des reconstitutions sublimes de péplum, de ballet aquatique (Scarlett Johansson est une jolie émanation d’Esther Williams), de western, de comédie musicale (Channing Tatum se fend d’un épatant numéro de claquettes façon Un jour à New York), et de comédie sophistiquée, on découvre les tracasseries auxquelles Eddy Mannix est confronté, comme lorsqu’une star du western est engagée pour jouer dans un drame de salon dirigée par un croisement de Noël Coward et Laurence Olivier, et que cet as du lasso est incapable d’aligner une réplique. Cette séquence désopilante interprétée à merveille par Alden Ehrenreich (une révélation !) et Ralph Fiennes, est le sommet du film. Pourtant, malgré ses dialogues percutants et ses performances d’acteurs hilarantes, Ave César fait surtout l’effet d’un joyeux méli-mélo, souvent bavard et parfois déroutant. Les frères Coen se sont visiblement davantage amusés à travailler la forme que le fond et le film n’est pas tout à fait abouti. Il n’empêche que pour les amoureux du 7ème art, cette déclaration d’amour au cinéma, truffée de clins d’œil aux cinéphiles, est franchement jubilatoire.
1 h 46 Et avec Tilda Swinton, Frances McDormand, Jonah Hill, David Krumholtz, Alison Pill, Christophe Lambert…

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Ave 18Le film est suivi de quatre featurettes sur les coulisses du tournage, ponctuées d’interventions des comédiens (George Clooney admet n’avoir jamais joué un personnage aussi débile). Techniquement, le Blu-ray frise la perfection. La définition de l’image est renversante et met en valeur la photo de Roger Deakins. Côté son, avantage à la version originale, dotée d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1 ample et généreuse (la piste française est en DTS 5.1).
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« La vie est une comédie, écrite par un auteur sadique. »

 

Café Society
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Woody Allen
2016 (En Blu-ray et DVD depuis le 13 septembre chez Studiocanal)

A la fin des années 30 à Hollywood, le jeune Bobby Dorfman (Jesse Eisenberg) débarque de son Bronx natal pour échapper à sa famille juive envahissante, à la bijouterie de son père et à son frère gangster (Corey Stoll). Son oncle (Steve Carell), prestigieux agent de stars, lui offre un job de coursier et demande à sa secrétaire, la jolie Vonnie (Kristen Stewart) de lui faire visiter la ville. Les deux jeunes gens ne tardent pas à tomber amoureux, mais Vonnie n’est pas disponible. Elle entretient une liaison secrète avec un homme plus âgé…

Après le noir et cynique L’homme irrationnel, Woody Allen renoue avec les ambiances un peu foutraques de Broadway Danny Rose ou Radio Days. C’est en effet la famille juive de Bobby qui offre les meilleures réparties de ce Café Society, présenté en ouverture officielle du festival de Cannes 2016. Cette histoire d’amour contrariée permet surtout au cinéaste d’y aller de ses petites phrases et aphorismes sur la vie, dont certains sont déjà des classiques : « Vis chaque jour comme si c’était le dernier. Un jour ça le sera. », « Pas de réponse, c’est aussi une réponse. », « Je n’ai pas peur de mourir — Tu es trop idiot pour comprendre ce que ça implique. » ou encore « C’est bête que le judaïsme ne propose pas de vie après la mort, ils auraient beaucoup plus de clients. ». L’intelligence des dialogues, la beauté de Kristen Stewart, constamment sublimée par la photo de Vittorio Storaro (qui a signé celles de chefs-d’œuvre comme Apocalypse Now ou Le dernier empereur…) et la splendeur des décors ne suffisent cependant pas à faire de Café Society un grand cru allenien. La faute à une histoire d’amour sans véritable enjeu, et à un Jesse Eisenberg pas assez charismatique pour susciter la moindre émotion. La fluidité de la mise en scène, les numéros d’acteurs sont certes délectables, mais le film finit par apparaître un peu superficiel.
1 h 36 Et avec Jeannie Berlin, Ken Stott, Parker Posey, Blake Lively, Paul Schneider, Anna Camp…

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Comme il est d’usage avec Woody Allen, le Blu-ray ne propose pas de suppléments, mais une définition d’image somptueuse et une piste en DTS-HD Master Audio 5.1 toute en finesse, et idéale.
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Les amateurs de classiques noteront que la collection Hollywood Legends Premium, initiée par ESC Conseils, s’enrichit ce mois-ci de titres incontournables en DVD et Blu-ray, tels Carrefour de la mort, d’Henry Hathaway, Back Door To Hell, de Monte Hellman (DVD) et Allez Coucher ailleurs, d’Howard Hawks (DVD). Les films disposent de nouveaux masters HD et d’entretiens ou présentations par des spécialistes tels Olivier Père, Jean-Loup Bourget ou Jacky Goldberg.