LA VILLE ABANDONNÉE (Yellow Sky)

Quand Bertrand Tavernier parle de western, c’est un peu comme lorsque Raymond Depardon évoque la France profonde : c’est un régal. Non seulement le réalisateur connaît le genre comme sa poche, mais il a rencontré ses légendes (réalisateurs, acteurs, directeurs photo…). Une mémoire précieuse pour un genre fabuleux, dont on ne se lasse pas de revoir les chefs-d’œuvre, et qui est l’une des spécialités de l’éditeur vidéo Sidonis Calysta. Plusieurs fois par an, sa collection Western de légende, dirigée par Alain Carradore, propose, en Blu-ray ou DVD, une rivière de joyaux en versions restaurées. Parmi ces éditions remarquables, enrichies d’interventions de Bertrand Tavernier et/ou Patrick Brion, autre grand amoureux du western, on retient particulièrement celle de La ville abandonnée. En premier lieu parce que le film est un bijou, ici superbement restauré, mais aussi parce que le documentaire sur son génial réalisateur, William A. Wellman, est passionnant et donne envie de jeter immédiatement sur toute sa filmographie.

Yellow 

 La ville abandonnée (Yellow Sky)

Yellow 1

William A. Wellman
1948
En Blu-ray et DVD restaurés chez Sidonis depuis le 28 février

En 1867, au Nevada… Après avoir cambriolé la banque de Rameyville, des renégats menés par James « Stretch » Dawson (Gregory Peck) sont pris en chasse par la cavalerie à laquelle ils échappent en traversant la Vallée de la mort. Au bout de quelques jours, sous un soleil de plomb et assoiffés, les six bandits parviennent à Yellow Sky, une petite ville fantôme, où ne vivent plus qu’un vieux chercheur d’or et sa petite-fille (Ann Baxter), au caractère bien trempé. Si cette dernière sème le trouble parmi les hommes, c’est l’or qui tente davantage Dude (Richard Widmark), qui ne va pas tarder à s’opposer à Stretch…

Classique du western, La ville abandonnée, qui a parfois pris le titre Nevada, est paru la même année que Le trésor de la Sierra Madre, de John Huston, dans lequel les personnages sont aveuglés par la cupidité, comme l’est ici celui qu’interprète, avec le brio qu’on lui connaît, Richard Widmark. Le film est dirigé par William A. Wellman, cinéaste éclectique de l’âge d’or d’Hollywood, qui avait servi dans la fameuse Escadrille Lafayette durant la Première Guerre mondiale, et qui a signé, au cours de sa prolifique carrière, quelques œuvres parmi les plus belles du cinéma américain : des Ailes (Wings) en 1927 à Convoi de femmes, écrit en 1951 avec son ami Frank Capra, en passant par L’ennemi public, Une étoile est née (version originale de 1937), La joyeuse suicidée, Beau geste, L’étrange incident ou Les forçats de la gloire. Western atypique parce qu’étonnamment âpre et dépouillé, La ville abandonnée se distingue aussi par ses paysages naturels magnifiques, sa lumière presque aveuglante, et son noir et blanc savamment contrasté. Wellman dirige de main de maître ce récit imaginé par W. R. Burnett auquel on doit aussi ceux de Quand la ville dort ou La grande évasion. Les dialogues sont réduits à l’essentiel, et les acteurs eux-mêmes affectent une certaine brutalité. L’élégant Gregory Peck trouve là un de ses rares rôles de bad guy, deux ans après celui du fils cynique et vaurien de Duel au soleil de King Vidor. Au début du film, Stretch apparaît cruel, un tantinet sadique, ce qui rend son changement radical d’attitude par la suite un peu artificiel. Même si on ne peut s’empêcher d’y voir l’influence du studio, il faut aussi y reconnaître la patte de Wellman et son humanisme à tous crins, qui le pousse à « sauver » ses personnages. Très attaché aux personnages féminins de tempérament, le cinéaste a particulièrement soigné celui d’Ann Baxter, actrice douée et future Eve de Mankiewicz. Les joutes entre la jeune Constance Mae, dite Mike, et Stretch ne manquent pas de piquant, et débordent d’une sensualité anachronique. En défiant son autorité, et en le remettant vertement à sa place, la jeune femme gagne non seulement le cœur du renégat, mais lui rend aussi son humanité et sa sagesse. Stretch cédera peu à peu sa place de salaud à Dude, Richard Widmark, le méchant qu’on adorait détester depuis le mémorable Carrefour de la mort d’Hathaway. La ville abandonnée avait valu à William A. Wellman le Prix du Meilleur réalisateur au festival de Locarno en 1949, et son scénario (de Lamar Trotti) avait remporté en 1950 celui du Meilleur western, décerné par la vénérable Writers Guild Of America.
1 h 38 Et avec Robert Arthur, John Russell, James Barton, Charles Kemper…

Horse

Yellow 3
Yellow 6
Yellow 4

Test Blu-ray :  

blu-ray-la-ville-abandonnee-sidonis-calysta

Interactivité ****
Le Blu-ray reprend le programme de l’édition DVD parue il y a cinq ans chez les mêmes éditeurs. Bertrand Tavernier évoque le film et son réalisateur avec passion durant une vingtaine de minutes. On se réjouit ensuite de découvrir l’hommage à William Wellman intitulé Wild Bill : Hollywood Maverick, produit en 1995 par le fils du cinéaste. Truffé de témoignages de proches, de réalisateurs (Scorsese, Clint Eastwood…) et d’acteurs (Gregory Peck, Richard Widmark, Sidney Poitier, Jane Wyman, Robert Redford…), le documentaire d’une heure est tout bonnement fabuleux. L’incroyable et prolifique carrière de Wellman retrace aussi une page fondamentale de l’histoire du cinéma américain et de l’Amérique elle-même.

Image ***
Format : 1.33
La restauration n’est pas 4K, mais la définition est superbe dans son ensemble. Les contrastes sont magnifiquement gérés. Une splendeur !

Son ***
DD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 claire et profonde. Beau travail de restauration ici aussi.

 a

Parmi les autres pépites du western parues cette année en Blu-ray chez Sidonis, il ne faut pas manquer :

blu-ray-la-derniere-caravane-sidonis-calysta

La dernière caravane (The Last Wagon) 1956, de Delmer Daves, qui donne, pour une fois, le beau rôle à Richard Widmark.

Wid


blu-ray-comanche-station-sidonis-calysta

Comanche Station, l’un des chefs-d’œuvre de Budd Boetticher, avec son acteur fétiche Randolph Scott (1960)

Scott

arton33120

L’homme de la plaine (The Man From Laramie), chef-d’œuvre du genre par l’un de ses maîtres, Anthony Mann, avec le génial James Stewart (1955)

Richie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Site officiel de l’éditeur Sidonis Calysta

Blog de Bertrand Tavernier

L’ANNÉE DU DRAGON et Sélection DVD/Blu-ray

Pont 
« I guess if you fight a war long enough, you end up marrying the enemy. »

 

L’année du dragon (Year Of The Dragon)

Rourke

Michael Cimino
1985 (en DVD et Blu-ray restaurés depuis le 9 mars 2016 chez Carlotta)
Nommé pour le César du Meilleur film étranger en 1986

Vétéran du Vietnam et policier le plus décoré de New York, Stanley White (Mickey Rourke) est muté à Chinatown où un parrain de la mafia chinoise vient de se faire assassiner. Conronté à la vague de violence qui s’abat sur le quartier, White, qui ne fait pas dans la dentelle, entreprend de déclarer la guerre aux bandes criminelles et trafiquants de drogue à la solde des triades qui gangrènent Chinatown. Il soupçonne notamment Joey Tai (John Lone), un jeune et ambitieux homme d’affaires, de vouloir s’approprier le territoire…

Après quatre années de purgatoire, consécutives au fiasco de La porte du Paradis, Michael Cimino se voit confier par le célèbre producteur Dino De Laurentiis l’adaptation de L’année du dragon, roman publié en 1981 par Robert Daley, journaliste au New York Times (il est également l’auteur du Prince de New York). Cimino saute sur l’occasion, mais obtient la liberté de revoir le scénario, avec la complicité d’Oliver Stone. Ainsi, si L’année du dragon, qui paraît en 1985, brosse un tableau très authentique de ce Chinatown aux mains des triades chinoises, il est également empreint des obsessions du réalisateur et de son scénariste, hantés par la guerre du Vietnam, la question de l’idéal américain et du rôle néfaste des médias dans la société américaine. Conçu comme un western urbain, le film tourne vite à l’affrontement entre deux hommes : un flic d’origine polonaise, arrogant et tête brûlée, et un gangster d’origine chinoise déguisé en homme d’affaires raffiné et élégant. Pour coincer Joey Tai, Stanley White ne fait pas de quartier, et refuse les petits arrangements avec l’ennemi suggérés par sa hiérarchie, quitte à mettre en danger sa femme, sa maîtresse, son équipe, et bien sûr, au mépris de sa propre vie. Dès la scène d’ouverture, spectaculaire, dans un Chinatown sublimé par sa reconstitution en studio, on est subjugué par la beauté des images (le film a été tourné en Scope), et des couleurs, explosives. Toute cette splendeur — les vues de New York sont à couper le souffle, à l’image de l’appartement de la belle journaliste Tracy Tzu — forme un contraste saisissant avec la violence et la sauvagerie des règlements de comptes. Mickey Rourke, alors en pleine gloire, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles face à un John Lone extrêmement séduisant, qui campera deux ans plus tard le héros du merveilleux Le dernier empereur, de Bernardo Bertolucci. La rage et la folie des deux personnages confèrent à leur confrontation finale un caractère épique et grandiose, entre le western et le film noir. A sa sortie, L’année du dragon fera les frais de critiques injustifiées, accusant Cimino de racisme éhonté envers la communauté asiatique, assimilant ses convictions à certaines paroles proférées par Stanley White. L’année du dragon essuiera un échec au box office américain (il écopera même de cinq Razzie Awards !), mais obtiendra un joli succès en France. Le film s’impose à ce jour, après Voyage au bout de l’enfer et La porte du Paradis, comme le dernier chef-d’œuvre flamboyant du cinéaste maudit.
2 h 14 Et avec Ariane, Raymond J. Barry, Caroline Cava, Dennis Dun, Victor Wong…

 TracyLone

Test Collector :

The Year DVD

Interactivité ****
Après la magnifique édition Collector consacrée à Body Double de Brian De Palma, Carlotta réitère avec ce beau coffret comprenant le double-DVD et le Blu-ray du film en version restaurée ainsi qu’un livre de 208 pages intitulé L’ordre et le chaos incluant une analyse de François Guérif, des extraits du scénario original, des interviews de Michael Cimino, Mickey Rourke et Robert Daley publiées dans les revues de cinéma à l’époque de la sortie du film, des photos inédites et des notes de production. Les suppléments à proprement dit consistent en une introduction très pertinente de Jean-Baptiste Thoret, et un entretien audio d’environ 30 minutes avec Michael Cimino, qui se remémore le tournage et parle sans langue de bois de ses fiertés et de ses déceptions. L’un des plus grands regrets de sa carrière réside dans le refus de la part du studio de sa réplique finale (« Quand on fait une guerre assez longtemps, on finit par épouser son ennemi. »), qui contenait toute l’essence du film, pour la remplacer par un dialogue d’une banalité confondante.

Image ****
Format : 2.35
La restauration, récente, a fait des merveilles. Il suffit de jeter un œil à la bande-annonce d’époque pour le constater. La définition est quasi parfaite. On ne décèle que de rares flous et fourmillements. Les contrastes sont impressionnants, les couleurs flamboyantes.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais sous-titré
DTS-HD Master Audio 2.0 en français
Net avantage à la version originale, la seule à disposer d’une piste remixée en 5.1, mais on ne s’en plaindra pas ici. Les puristes préféreront peut-être la version d’origine en 2.0, mais la piste en 5.1 se révèle immersive et harmonieuse. Le caisson de basses soutient efficacement les montées de tension et les effets ajoutés mettent le spectacle en relief.

Rue
Glasses
The Year 2

A noter que le film est également disponible en édition Blu-ray simple.

3D-DESPERATE-HOURS-(LA-MAISON-DES-OTAGES)-BD-DEF

 

 

Carlotta a publié à la même date, en Blu-ray et DVD, Desperate Hours (La maison des otages), réalisé par Michael Cimino, cinq ans après L’année du dragon, avec le même Mickey Rourke en vedette. Ce film méconnu (et de commande), remake de La maison des otages de William Wyler, a bénéficié lui aussi d’un nouveau master restauré, et est accompagné d’une préface instructive de Jean-Baptiste Thoret.

Desperate

 

***********

 

Dragon Hoku

« Je connais un vieil excentrique. Tantôt il dessine un Bodhidharma géant sur une surface de cent vingt tatamis. Et tantôt il dessine deux moineaux sur un grain de riz. »

Miss Hokusai

Seule

Keiichi Hara
2015 (En DVD depuis le 20 janvier 2016 chez Anime)
Prix du Jury 2015 du Festival du film d’animation d’Annecy

En 1814 dans la ville bouillonnante d’Edo (l’actuelle Tokyo), O-Ei, jeune femme indépendante d’une vingtaine d’années, au caractère bien trempé, vit avec son père, le célèbre peintre d’estampes Katsushika Hokusai, qu’elle n’hésite pas à traiter de vieux fou. O-Ei a elle-même un véritable talent de peintre et travaille très souvent sur les œuvres de son père. Elle tente aussi de le convaincre de s’intéresser à son autre fille, la petite O-Nao, aveugle de naissance qui vit dans un temple auprès de religieuses et souffre de l’indifférence de son père à son égard…

Miss Hokusai est adaptée du manga Sarusuberi, de la mangaka et historienne Hinako Sugiura, disparue prématurément en 2005, à l’âge de quarante-six ans. Keiichi Hara, réalisateur des remarqués Un été avec Coo et Colorful, rend hommage à l’œuvre originale publiée dans les années 80, en y ajoutant sa patte (dont l’utilisation du rock dans la bande-son) et ses propres réflexions sur l’art, la mort, la religion. Contrairement au biopic traditionnel, le film d’animation se concentre sur quatre saisons de la vie de O-Ei, et immerge dans le quotidien bohème de la jeune fille, troisième des quatre filles du maître, artiste talentueuse et déterminée, gauche dans les relations humaines, et très protectrice envers sa petite sœur malade. C’est par ses yeux que l’on découvre la personnalité fantasque de son père célèbre (notamment pour la série des Trente-six vues du Mont Fuji, où figure la fameuse estampe Sous la vague au large de Kanagawa, plus connue sous le titre La grande vague et à laquelle le film fait un joli clin d’œil). A l’image de la maison-atelier, véritable fourbi, où sa fille et lui dessinent et dorment sur le sol, à même leurs travaux, Katsushika Hokusai apparaît comme un homme excentrique, obsédé par son art, n’ayant que faire de l’argent, et plutôt indifférent aux problèmes de sa famille. Les va-et-vient incessants de O-Ei à travers Edo, ses rêveries sur le pont, ses incursions dans le Yoshiwara (quartier des plaisirs ou « monde flottant ») permettent de découvrir ce pré-Tokyo déjà grouillant de vie, et sujet aux incendies à cause du bois des habitations (une source d’inspiration pour les peintures d’O-Ei). L’humour, la mélancolie et le fantastique s’entremêlent dans cette chronique intime, ponctuée de scènes sublimes et accompagnée par une bande-son anachronique de toute beauté. Si le rythme lancinant et l’aspect un peu décousu de la narration peuvent déstabiliser, Miss Hokusai est une formidable introduction à l’histoire de cette saga familiale artistique et rend justice à une artiste accomplie, restée pour la postérité dans l’ombre de son père.

Fleur Hoku
Pont Hoku
Fourbi

 

MissHokusai-DVD_3D-570_1024x1024 

 

 

Le film est disponible en DVD et Blu-ray, éditions Simple ou Collector. Seules ces dernières sont enrichies de suppléments, comprenant notamment un making of de deux heures ainsi qu’une interview de Keiichi Hara.

Wave

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

***********

 

Lance
« He recovered from cancer and turned into bloody Superman. Do you think that’s natural ?
– Why are you so obsessed with this ?
– Why are you NOT obsessed with this ? »
 

The Program

Vélo

Stephen Frears
2015 (En Blu-ray et DVD depuis le 26 janvier 2016 chez Studiocanal)

En 1993, Lance Armstrong (Ben Foster), a vingt et un ans et aborde son premier Tour de France. Sa forte personnalité suscite l’intérêt de David Walsh (Chris O’Down), journaliste sportif au Sunday Times, qui a tôt fait de constater qu’ Armstrong fait montre d’un véritable talent sur route, mais beaucoup moins dans les étapes de montagne, où il est invariablement distancé. Révolté en comprenant qu’il n’a aucune chance contre les coureurs consommateurs d’EPO, la substance interdite que leur fournit le médecin italien Michele Ferrari (Guillaume Canet) et qui améliore les performances de manière phénoménale, Armstrong tente de se rapprocher de ce dernier. Au même moment, on lui diagnostique un cancer très virulent…

Stephen Frears n’est pas féru de cyclisme, sport auquel il a même avoué ne pas connaître grand-chose. Mais l’aspect édifiant de l’affaire Lance Armstrong ne lui a pas échappé lorsqu’il est tombé sur une critique de The Secret Race, le livre publié par Tyler Hamilton et Daniel Coyle, ex-coéquipiers du champion déchu, récompensé en 2012 par le Prix William Hill Sports Book Of The Year. The Program sera pourtant adapté d’un autre livre, celui du journaliste David Walsh, qui s’est battu seul contre tous pour que la vérité soit faite. En une heure et quarante-trois minutes, le film de Stephen Frears conte l’ascension et la chute d’un homme dont l’histoire était bien trop belle pour être vraie, et en parallèle, le combat acharné de Walsh, alors que les instances du sport et ses propres confrères préféraient fermer les yeux. Si, en infâme Michele Ferrari, Guillaume Canet tourne son personnage en dérision, l’ensemble de la distribution est un sans-faute. Ben Foster, qui s’est entraîné pour le rôle, est très convaincant en cycliste professionnel. Il l’est aussi en Lance Armstrong mégalo, rusé, calculateur, qu’il rend particulièrement antipathique. On pourra reprocher à la démonstration, étayée par de nombreuses séquences d’archives, de manquer de profondeur et d’ambition artistique, mais ce thriller efficace, nerveux et caustique brosse un tableau implacable des coulisses étonnamment sordides d’un sport pourtant réputé pour sa noblesse.
1h 43 Et avec Jesse Plemons, Lee Pace, Denis Ménochet, Dustin Hoffman, Elaine Cassidy, Edward Hogg…

Canet

Tube 

71I1txWhlmL._SL1500_
Le DVD accompagne le film d’un bouquet de suppléments un peu trop promotionnels qui ont tendance à le paraphraser. On retiendra cependant l’interview de David Walsh, qui souligne qu’Armstrong n’était pas fait pour le Tour de France mais pour « les courses classiques d’un jour », rappelant qu’il était une superstar sur route. Il parle de Michele Ferrari comme d’un « docteur Frankenstein », et ne tarit pas d’éloge sur Betsy Andreu, qui l’a aidé dans son combat. Et de conclure : « La victoire à n’importe quel prix est inacceptable… L’affaire Armstrong est un avertissement gravé dans l’histoire du sport. »

Chris

 

***********

 

Main
« Is it you ? Is it ? »

 

Quelque part dans le temps (Somewhere In Time)

Portrait

Jeannot Szwarc
1980 (en Blu-ray et DVD depuis le 24 février 2016 chez Rimini Editions)
Prix de la critique au festival fantastique d’Avoriaz en 1981
Nommé à l’Oscar 1981 des Meilleurs costumes

En 1972 à Chicago, à la fin de la représentation d’une de ses pièces, le jeune dramaturge à succès Richard Collier (Christopher Reeve) est abordé par une vieille dame qui semble le connaître. Elle lui remet une ancienne montre à gousset en lui disant « Reviens-moi ! », avant de disparaître dans la foule. Pensant avoir affaire à une excentrique, Richard n’y prête pas attention. Mais huit ans plus tard, au Grand Hôtel victorien de l’île Mackinac où il est descendu par hasard, il tombe fou amoureux de la photographie d’une jeune femme (Jane Seymour), exposée dans le musée de l’établissement. En effectuant des recherches, il découvre que cette comédienne de théâtre, célèbre au début du siècle, n’est autre que l’étrange vieille dame qui l’avait abordé huit ans plus tôt…

De la carrière du réalisateur franco-américain Jeannot Szwarc, qui s’est principalement consacré à la télévision (il a collaboré à moult séries télévisées populaires telle que Ally McBeal, Smallville, Boston Public, ou la récente Bones), on retiendra quelques films, dont Les dents de la mer 2, Enigma, Supergirl, et ce Quelque part dans le temps, devenu culte avec les années après avoir été massacré par la critique à sa sortie. Cette histoire d’amour fou et de voyage dans temps est librement adaptée du roman Le jeune homme, la mort et le temps (Bid Time Return), écrit en 1975 par Richard Matheson — maître de l’épouvante et de la science-fiction, auteur, entre autres, de Je suis une légende et L’homme qui rétrécit — qui a participé au projet et apparaît ici le temps d’une courte scène. D’un romantisme échevelé, le film, sorte de rêve éveillé, épouse le point de vue de Matheson, plus concerné par l’humain que par la science. Ainsi, plutôt que de recourir aux effets spéciaux classiques d’un voyage temporel, le cinéaste en appelle au pouvoir de la pensée et du rêve, à la manière du Peter Ibbetson d’Henry Hathaway. A l’image du Grand Hotel, personnage à part entière du film, Quelque part dans le temps distille un charme un peu suranné. La belle musique de John Barry et la prestation habitée et sensible de l’attachant Christopher Reeve, révélé deux ans plus tôt par Superman, l’ont rendu inoubliable.
1 h 43 Avec Christopher Plummer, Teresa Wright, Bill Erwin, Susan French…

Plage
Plummer

71Y3+BpUiIL._SY445_

Pour sa première sortie en Blu-ray, le film profite d’un nouveau master Haute Définition, un peu inégal (visages un peu trop rosés), mais propre, avec de jolis contrastes dans la partie contemporaine. Si côté son, on doit se contenter d’un DTS 2.0, plus harmonieux en anglais, le programme de suppléments est inespéré, même s’il est moins fourni que l’édition américaine. Jeannot Szwarc, au cours d’une interview de 35 minutes, réalisée en 2015, revient sur les aléas du tournage (pas d’argent, mais de la débrouille et un élan de solidarité incroyable) et révèle moult anecdotes (John Barry était l’époux de la meilleure ami de Jane Seymour, d’où sa présence au générique de ce film fauché…). On peut également découvrir un portrait pertinent de Richard Matheson par le professeur et spécialiste Pascal Monteville (30 minutes). Et enfin, les fans du film apprendront qu’un week-end Somewhere In Time se tient tous les deux ans depuis vingt-cinq ans au Grand Hotel de l’île Mackinac, haut lieu du tourisme du Michigan (le lien vers le site de l’hôtel est fourni).

Hotel

 

***********

 

Blunt

« Elle vient d’un monde où elle doit justifier chaque balle tirée, et elle se retrouve là où les gens tirent à tout va. »
Emily Blunt évoquant son personnage

Sicario
sicario-de-denis-villeneuve-11466686foabm

Denis Villeneuve
2015 (En Blu-ray et DVD depuis le 8 février chez Metropolitan Vidéo)
Trois nominations aux Oscars 2016

En Arizona, en recherchant des otages, une unité d’élite du FBI découvre de nombreux corps mutilés dans une maison appartenant à narcotrafiquant. Kate Macer (Emily Blunt), l’agent de terrain chargée de l’affaire, se voit aussitôt proposer d’intégrer une cellule d’intervention clandestine dirigée par la CIA et le ministère de la défense, afin d’arrêter le chef du cartel mexicain responsable des meurtres. Mais la jeune femme est vite désemparée par les méthodes de barbouzes du chef de l’opération, l’agent du FBI Matt Graver (Josh Brolin) et par la personnalité trouble du consultant colombien qui l’accompagne (Benicio Del Toro), d’autant que les deux hommes prennent un malin plaisir à la laisser dans le brouillard…

Voir ma critique du film ICI

Benicio

81JU5WfxxVL._SL1500_

Le film, doté d’une image magnifique qui restitue l’immense travail sur la photo, et d’une piste DD 5.1 au relief impressionnant, est enrichi sur le DVD d’un bouquet de suppléments courts mais instructifs. Au cours d’un entretien de 12 minutes, Denis Villeneuve revient sur la manière dont il a adapté le scénario de Taylor Sheridan, en accentuant notamment l’antagonisme entre les personnages de Kate et d’Alejandro. Il ne tarit pas d’éloges envers le chef-opérateur du film, Roger Deakins, dont il admire la puissance poétique et narrative, et rend hommage au musicien Jóhann Jóhannsson auquel il avait demandé une musique façon Dents de la mer. L’interview est étayée par un reportage de 16 minutes dans lequel le cinéaste détaille davantage les aspects techniques et le travail sur les visuels (remarquables contrastes et jeux de lumière). On peut également entendre le point de vue de l’équipe technique. Enfin, un court module donne la parole aux acteurs, et notamment à une Emily Blunt très investie.

Jack

o-SICARIO-facebook

 

MARGUERITE, MON ROI, LA TÊTE HAUTE : Les bien-nommés

En attendant le palmarès de la cérémonie des César qui se déroulera ce soir, sous la présidence de Claude Lelouch, retour sur trois films français en lice, disponibles en DVD/Blu-ray, dont ce Marguerite absolument renversant. Un vrai coup de cœur !

Piano
« Mais pourquoi a-t-elle besoin de beugler comme ça ? » (George, époux désespéré de Marguerite.)

 Marguerite
Voix
Xavier Giannoli
2015
En Blu-ray et DVD chez Francetv distribution depuis le 20 janvier 2016
Onze nominations aux César 2016

A Paris, dans les années 20, la riche et généreuse Marguerite Dumont (Catherine Frot) a une passion pour la musique et l’opéra. Elle se rêve en cantatrice et chante régulièrement devant un cercle d’habitués. Mais Marguerite chante horriblement faux. Elle l’ignore. Par délicatesse, son époux (André Marcon) et ses proches ne lui ont rien dit, et les autres, qui profitent de ses largesses, entretiennent ses illusions tout en riant sous cape. Les choses se corsent le jour où Marguerite, encouragée par un journaliste cynique (Sylvain Dieuaide) et un jeune dadaïste (Aubert Fenoy), entreprend de chanter devant un vrai public à l’opéra…

L’histoire vraie et incroyablement farfelue de l’Américaine Florence Foster Jenkins a inspiré à Xavier Giannoli un petit bijou de cinéma, probablement le meilleur film français de 2015. Baroque, moderne et formidablement émouvant, Marguerite est un fil tendu entre la tragédie et la comédie, l’intime et le grandiose, et illustre parfaitement la passion du cinéaste pour les personnages décalés (le chanteur de bal usé de Quand j’étais chanteur) et les imposteurs (l’escroc mythomane de A l’origine), qu’il sait rendre immensément attachants. Car cette excentrique à qui tout le monde ment, à des degrés divers, touche par sa sincérité alors que les vampires autour d’elle ne sont que fêlures et amertume. Aucun manichéisme chez le cinéaste, qui jongle brillamment avec la cruauté, le grotesque et un certain romantisme, afin d’étoffer son intrigue rocambolesque. La splendeur du film (costumes, décors, photo) éblouit. Délaissant le contexte de la véritable histoire — celle que Stephen Frears a restituée dans le biopic Florence Foster Jenkins, attendu sur les écrans courant 2016 (avec Meryl Street dans le rôle-titre) — Xavier Giannoli a propulsé son héroïne dans le Paris des années folles en pleine ébullition, remarquablement reconstitué, où anarchistes, artistes avant-gardistes ou non, intellectuels, escrocs et mondains se côtoient. Un éclectisme qui se retrouve également dans la bande-son, qui fait se rencontrer l’opéra, le jazz et la musique noire. Catherine Frot excelle une fois encore, comme habitée par son personnage de Castafiore touchante et délicieusement à côté de la plaque. Elle parvient à laisser sans voix ses interlocuteurs (des jeunes intellectuels fauchés) lorsqu’elle déclare sans malice : « L’argent n’a pas d’importance. L’important, c’est d’en avoir. » André Marcon et Michel Fau (tous deux nominés pour le César du Meilleur second rôle) sont épatants, et les jeunes Sylvain Dieuaide et Aubert Fenoy, des révélations. Marguerite a obtenu onze nominations méritées aux César 2011, ex aequo avec Trois souvenirs de ma jeunesse, d’Arnaud Desplechin. Verdict le 26 février.
2 h 09 Et avec Christa Théret, Denis Mpunga, Sophia Leboutte, Théo Cholbi, Vincent Schmitt…

Jeunes BANDE-ANNONCE

Test DVD :  

Unknown

Interactivité **
Le film est enrichi d’une master class de 18 minutes de Xavier Giannoli, qui revient généreusement sur les secrets de création, et notamment sur ses partis-pris esthétiques (il a utilisé des objectifs des années 60 qu’il a fait polir avec de la poudre de diamant pour obtenir une texture particulière). On peut également découvrir quatre scènes coupées dont deux sont consacrées à la relation entre Lucien (Sylvain Dieuaide) et Hazel (Christa Théret), un peu sacrifiée dans le film. La bande-annonce figure au menu.

Image ***
Format : 2.35
La définition soignée rend hommage à la photo léchée (utilisation de filtres) du Flamand Glynn Speeckaert, aux teintes un peu métalliques.

Son : ***
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et ample, qui sert à merveille les passages musicaux.

Marcon
Café
Seule

 

***************

Toit
Toi, toi mon toit
Toi, toi mon tout mon roi
Elli Medeiros

Mon roi
Pied
Maïwenn
2015
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal le 26 février 2016
Huit nominations aux César 2016

Marie-Antoinette, dite Tony (Emmanuelle Bercot), s’est gravement abîmé le genou au ski. En rééducation au centre de Capbreton, elle se remémore son histoire d’amour avec Georgio (Vincent Cassel) et tente de comprendre pourquoi elle s’est soumise toutes ces années à cette passion destructrice…

Manifestement, Maïwenn n’aime pas ce qui est tiède. Une histoire d’amour, ça passe ou ça casse. Et ici, ça casse. La première rencontre entre Tony et Georgio se place d’emblée sous le signe de l’agressivité. Entre le séducteur beau parleur et l’avocate plus discrète (on ne la voit d’ailleurs jamais travailler) naît très vite une complicité fusionnelle et une passion dévorante. Mais entre deux fous rires, il y a un trou noir qui envahit peu à peu leur vie. Georgio n’est pas celui que Tony s’imaginait. Et tandis que ce pervers narcissique révèle peu à peu ses facettes déplaisantes, elle s’accroche, se soumet, se perd. On comprend pourquoi Emmanuelle Bercot a décroché le Prix d’interprétation à Cannes en 2015. La malheureuse s’en prend plein la figure. Son jeu est proche de l’hystérie. Elle n’a rien entre les rires et les larmes, hormis un air hébété. Le film est tendu comme un arc. Toutes les situations menacent de déraper et dérapent. Cette vision de l’amour, façon montagnes russes, est pleine de bruit et de fureur. C’est un peu fatigant. On peut ne pas y être sensible, même si la cinéaste est sincère. Il y manque la puissance d’un Pialat. La métaphore (la rupture du couple en parallèle avec celle des ligaments du genou) illustrée par les séquences au centre de rééducation, n’apporte rien à l’affaire. Il faut reconnaître malgré tout à Vincent Cassel et Louis Garrel un vrai potentiel comique. Le premier dans la peau du séducteur lâche et menteur, mais doté d’un sens de l’humour irrésistible, le second en frère protecteur, tout en nonchalance et persiflage, et seul personnage sensé du film.
2 h 04 Et avec Isild Le Besco, Chrystèle Saint Louis Augustin, Norman Thavaud, Marie Guillard…

Louis

BANDE-ANNONCE

Test DVD : 
 Unknown-1

 

Interactivité**
Les amoureux du film se réjouiront de découvrir 30 minutes de scènes inédites, avec demande en mariage, et foule d’autres pitreries de Vincent Cassel. S’ensuit un bêtisier de quinze minutes, festival de fous rires tous azimuts.

Image **
Format : 2.35
Belle qualité d’image qui restitue le naturel de la lumière et le côté solaire de la photographie. On y dénote cependant un petit manque de netteté en basse lumière, et l’image n’est pas exempte de fourmillements.

Son : **
DD 5.1 et 2.0 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 harmonieuse et confortable, même si elle ne sollicite pas énormément les enceintes arrière.

Pharma

Pluie

 

***************

Cath

« On ne te demande pas de nous aimer, on te demande d’agir ! Nous non plus on n’est pas là pour t’aimer, on est là pour t’aider ! Et crois-moi, ça devient… difficile. »

La tête haute

Rod

Emmanuelle Bercot
2015
En Blu-ray et DVD chez Wild Side Video depuis le 30 septembre 2015
Huit nominations aux César 2016

Malony (Rod Paradot) a toujours été un enfant turbulent, « difficile », que sa mère (Sara Forestier), elle-même immature et paumée, n’a pas su élever. Mais à seize ans, l’adolescent, sous contrôle judiciaire, cumule les larcins, rend fous les éducateurs et plonge dans la délinquance. Malgré ses efforts, la juge pour enfants (Catherine Deneuve) qui le suit depuis des années, commence à désespérer de pouvoir le sauver…

Présenté en ouverture du festival de Cannes en 2015, La tête haute ne fait pas toujours dans la subtilité, mais, dira-t-on, c’est pour la bonne cause. Passionnée par son sujet, qui l’a poussée à effectuer des stages d’observation au Tribunal pour enfants de Paris, Emmanuelle Bercot a restitué le fruit de son expérience dans cette fiction très réaliste, qui reconstitue avec minutie le fonctionnement de la justice pour mineurs. Un enfant qui a poussé comme une herbe folle dans un contexte familial déficient a tout de l’animal sauvage, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. Le jeune Rod Paradot, acteur (de composition) débutant très convaincant, prête son visage d’ange et son corps frêle à cet adolescent au regard buté, et pétri d’une violence qui ne demande qu’à exploser. Si les ficelles de l’intrigue sont parfois un peu grosses, et quelques personnages, un peu caricaturaux (Sara Forestier en fait des tonnes), le film a le mérite de brosser un tableau très instructif des rouages de ce monde pénal méconnu du grand public. Les rendez-vous dans le bureau de la juge, qui ponctuent l’évolution de Malony, constituent les séquences les plus passionnantes du film. Car cette femme, à la fois autoritaire et bienveillante, est le seul point de repère de ce gamin livré à lui-même. Entre eux se tisse un lien fragile, mais manifeste. Catherine Deneuve se révèle d’une justesse sidérante, et Benoît Magimel est touchant en éducateur tourmenté. La réalisatrice ne s’en est pas cachée, son film est un hommage aux hommes et aux femmes qui se battent dans l’ombre pour aider ces enfants « qui ne sont pas nés délinquants ». Malgré ses imperfections, cette chronique sociale qui s’inscrit dans la veine du cinéma de Ken Loach, mérite indéniablement le détour.
2 heures Et avec Diane Rouxel, Elizabeth Mazev, Anne Suarez, Christophe Meynet, Martin Loizillon…

Ben

BANDE-ANNONCE

 Test Blu-ray : 

Unknown-3

Interactivité ****
Le film est étoffé d’un programme de suppléments plutôt exemplaire, qui permet d’en savoir plus sur la création du film, le comédien Rod Paradot, et la cinéaste. Après les intéressantes huit scènes coupées, proposées avec option de commentaires de la réalisatrice, on peut découvrir un entretien croisé d’Emmanuelle Bercot et Rod Paradot, conduit par Jean-Pierre Lavoignat (25 minutes). David Allonsius, vice-président chargé des fonctions de juge des enfants au tribunal pour enfants de Paris, et qui a été consulté par Emmanuelle Bercot pendant l’écriture du scénario, parle du réalisme et de la justesse du film (16 minutes). Les essais de Rod Paradot, l’interview de la réalisatrice, Benoît Magimel et Rod Paradot à Cannes, et deux courts-métrages d’Emmanuelle Bercot (La puce et Les vacances), tous deux consacrés à l’adolescence figurent également au menu.

Image ***
Format : 2.40
Une définition très probante. L’image est lumineuse, la lumière naturelle.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en français
Audiodescription
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste DD 5.1 équilibrée, qui met en valeur les passages musicaux.

Sara
Cather
Paradot