LE JEU DU FAUCON (The Falcon And The Snowman)

S’il n’est pas forcément connu du grand public, Le jeu du faucon est pourtant culte dans la sphère bowienne. Paru en 1985, ce film de John Schlesinger, porté par deux jeunes acteurs talentueux, dont un Sean Penn à l’aube de sa carrière, et qui fait une performance hallucinée, bénéficie d’une chanson créée spécialement pour le film par David Bowie, avec Pat Metheny et Lyle Mays. « This Is Not America », ajoutée à la set-list des dernières tournées de Bowie en 2003 et 2004, cartonnera dans de nombreux pays, mais le film, sous-estimé à l’époque, sera vite oublié. Il raconte pourtant l’histoire vraie et incroyable de Christopher Boyce, sorte d’Edward Snowden avant l’heure, et de son ami d’enfance, un dealer à la petite semaine qu’il a, pour leur malheur, entraîné dans son aventure. On salue l’initiative de Wild Side Video, qui a exhumé fin 2015 ce portrait pertinent d’une Amérique des 70’s en proie à ses démons, traumatisée par l’affaire du Watergate et prête à sacrifier sa jeunesse insoumise.

Faucon

A little piece of you
A little piece in me
Will die
(This is not a miracle)
For this is not America
« This Is Not America » (David Bowie, Pat Metheny, Lyle Mays)

Le jeu du faucon (The Falcon And The Snowman)

Banc

John Schlesinger
1985
En Blu-ray et DVD restaurés chez Wild Side Video depuis le 4 novembre 2015

En 1974, aux Etats-Unis, l’affaire du Watergate contraint Nixon à démissionner. Au même moment, Christopher Boyce (Timothy Hutton) a vingt ans et des doutes. Il décide de quitter le séminaire et d’abandonner la prêtrise à laquelle il se destinait. Issu d’une famille aisée, le jeune homme, passionné de fauconnerie, est aussitôt prié par son père, ex-fonctionnaire du FBI, d’accepter un job chez RTX, une société d’électronique de pointe, proche de la CIA. Chargé de réceptionner les messages provenant des satellites espions, Christopher va intercepter régulièrement des informations ultra-secrètes. Révolté en découvrant les agissements et les actions illicites de son gouvernement, il décide de rétablir la balance, en s’improvisant espion, et en transmettant ces renseignements aux Russes. Hélas, il choisit de prendre comme intermédiaire son ami d’enfance, Andrew Daulton Lee (Sean Penn), petit dealer, qui va vite devenir incontrôlable…

Cinéaste britannique qui a débuté en tant qu’acteur dans les années 50, John Schlesinger a été l’un des fers de lance de la Nouvelle Vague anglaise avec sa trilogie (Un amour pas comme les autres, Billy le menteur et Darling). Il y explorait avec force et caractère les tribulations d’une jeunesse désenchantée, prisonnière des villes industrielles mornes de l’Angleterre. Peut-être à cause de son homosexualité qui le faisait se sentir en marge, on y dénotait déjà son attachement aux rêveurs, révoltés et autres anticonformistes, tels les héros de Macadam Cowboy, film qui lui vaudra l’Oscar en 1970. Le monde du secret et de l’équivoque le fascine également. En 1976, il sera celui de Marathon Man, son plus grand succès populaire, puis de ce Jeu du faucon, qui paraît en 1985, en pleine ère Reagan. Drame aux allures de thriller d’espionnage, le film revient sur un fait réel ayant défrayé la chronique dix ans plus tôt aux Etats-Unis. Deux jeunes gens issus d’un milieu privilégié s’étaient improvisés espions, l’un par idéalisme, l’autre par forfanterie et appât du gain, et avaient mis les services secrets en échec avant de se retrouver dépassés par leur petit jeu dangereux. John Schlesinger prend son temps pour introduire ses deux personnages, tous deux ex-séminaristes issus de familles bourgeoises, et amis malgré des choix de vie totalement opposés. Avec une mise en scène volontairement anti-spectaculaire et par endroits presque clinique (c’est le plus gros reproche qu’on puisse faire au film), le cinéaste porte un regard ironique sur cette Amérique glorieuse (le générique en lui-même est très parlant) et met en exergue les absurdités et les revers du rêve américain. Il y a du ridicule dans les dirigeants, les employés et le fonctionnement même de la société RTX. Christopher est constamment effaré des failles dans la sécurité de ce système pourtant réputé pour son efficacité. La désinvolture et l’inconscience avec laquelle les deux protagonistes mènent leur action ont même quelque chose d’amusant. Le jeune Timothy Hutton, lauréat de l’Oscar du Meilleur second rôle quatre ans plus tôt pour Des gens comme les autres, de Robert Redford, est parfait en jeune homme en apparence bien sous tous rapports, mais rongé par le ressentiment envers son pays et son propre père. Face à lui, Sean Penn, après ses prestations remarquées dans Taps, Bad Boys, Fast Times At Ridgemont High et Les moissons du printemps, effectuait une belle performance dans la peau de bon à rien aussi tête à claques qu’attachant. Heureusement, à l’épilogue un peu trop prosaïque, « This Is Not America », interprétée par David Bowie, amène un souffle, une grâce et une émotion inégalables.
2 h 11 Et avec Lori Singer, Pat Hingle, David Suchet, Priscilla Pointer, Nicholas Pryor, Dorian Harewood…

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« Clip This Is Not America »

Test Blu-ray : 

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Interactivité ***
Le film est enrichi d’une interview de Philippe Rouyer (17 minutes) qui réhabilite ce film sous –estimé dont il analyse les enjeux avec pertinence.

Image **
Format : 1.85
Récemment restauré en HD, le film propose une image un peu inégale, mais globalement très satisfaisante. Seules quelques séquences en basse lumière demeurent ternes et granuleuses.

Son : **
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 convenable, mais curieusement plus claire et dynamique en français.

A noter qu’un autre film méconnu de John Schlesinger, Les envoûtés (The Believers), thriller angoissant et horrifique, est parue à la même date chez les mêmes éditeurs.

RTX
Penn
Table
Pleurs
Sean
Tim
Lorie

MISSION IMPOSSIBLE 5 et Sélection DVD-Blu-Ray

Avion
« Sir, Hunt is the living manifestation of destiny. »

 

Mission impossible : Rogue Nation

Woo

Christopher McQuarrie
2015 – En DVD et Blu-ray depuis le 16 décembre chez Paramount

Alors qu’Alan Hunley (Alec Baldwin), directeur de la CIA, vient de convaincre le Sénat de dissoudre la section IMF (Impossible Mission Force), Ethan Hunt (Tom Cruise) découvre l’existence d’une organisation terroriste, le Syndicat, déterminée à instaurer un nouvel ordre mondial. Désormais isolée, l’équipe d’IMF va devoir se serrer les coudes pour déjouer les plans du redoutable Solomon Lane (Sean Harris) et déterminer dans quel camp se situe la belle et dangereuse Ilsa Faust (Rebecca Ferguson), qui ne cesse de croiser la route d’Ethan…

Trois ans après l’excellent épisode Protocole fantôme, signé Brad Bird, et dix-neuf après le film de Brian De Palma (toujours le meilleur de la saga à ce jour), la franchise Mission Impossible est revenue sur chapeaux de roues en 2015, bien décidée à enfoncer le clou. Ethan Hunt a pris de la bouteille (sur certains plans, le visage empâté de Tom Cruise semble un peu, hum… étrange), mais il se rue toujours, et avec davantage de fougue encore, sur des avions, des voitures, des motos… Car Tom Cruise est fou, c’est à ça qu’on le reconnaît. Il aime prendre des risques. L’adrénaline, il n’en a jamais assez, comme il le confie lui-même dans le commentaire audio au menu des bonus du DVD. Fou, mais pas moins perspicace. Et s’il n’est pas encore prêt à laisser sa place à Jeremy Renner, toujours cantonné ici à jouer les seconds couteaux, il sait qu’Ethan Hunt n’est plus invincible. Tom Cruise a beau avoir un physique d’athlète (le bougre ne loupe pas une occasion de l’exhiber), il n’hésite pas à montrer ses failles, quitte à se rendre ridicule (la scène dans laquelle il tente de sauter sur une voiture et s’affale lamentablement est plutôt comique). L’acteur semble même prendre un tel plaisir à s’autoparodier que, par endroits, Rogue Nation n’est pas loin de la comédie (les facéties de Simon Pegg ne font rien à l’affaire). Heureusement, un élément rend le film imparable : Rebecca Ferguson. L’actrice suédoise de trente-deux ans, révélée en 2013 par la mini-série anglaise The White Queen, fait une guerrière inattendue. Son élégance naturelle, son glamour et ses faux airs d’Ingrid Bergman (son personnage se prénomme Ilsa, comme son illustre compatriote dans Casablanca) ne l’empêchent pas d’être très crédible dans les scènes d’action. Avec un fusil, sur une moto ou dans un combat au corps à corps, elle se révèle incroyablement efficace. Ilsa Faust est en quelque sorte l’alter ego d’Ethan Hunt, et Tom Cruise, très intelligemment, n’hésite pas à la laisser lui voler la vedette à plusieurs reprises. Car oui, si le film est mis en scène (plutôt platement) par Christopher McQuarrie (réalisateur de Way Of The Gun, Jack Reacher, et scénariste, entre autres, de Usual Suspects et Edge Of Tomorrow), Tom Cruise, producteur de la franchise depuis le premier opus, est plus qu’impliqué. Dans les scènes d’action, les cascades (il fait tout lui-même, dont la fameuse séquence d’ouverture, dans laquelle il est accroché à l’aile d’un Airbus A400M en plein décollage), mais aussi dans les choix artistiques. L’idée de l’air d’opéra, en fond d’une longue scène en clin d’œil à L’homme qui en savait trop, c’est lui. Son costume façon Cary Grant dans La mort aux trousses, pour la séquence de l’avion, c’est lui. Tom Cruise assouvit ses fantasmes de cinéphile, et visiblement, il aime Alfred Hitchcock. Vienne a remplacé Prague, mais on ne s’étonnera donc pas de trouver moult ressemblances avec le premier épisode de Brian De Palma, lui-même grand admirateur du réalisateur des Enchaînés. Pour tout cela, mais aussi ses jeux de dupes réussis et ses morceaux de bravoure, Rogue Nation, romantique et échevelé, ne démérite pas, même s’il n’est pas tout à fait à la hauteur du précédent épisode. Quant à savoir ce que ce diable nous réserve pour le numéro 6, rendez-vous probable en 2017. A Tom Cruise, rien d’impossible !
2 h 11 Et avec Ving Rhames, Simon McBurney, Tom Hollander, Jens Hultén…
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Test DVD :

MI

Interactivité **
Le commentaire audio met en exergue la complicité de Tom Cruise et Christopher McQuarrie, qui ne cessent de s’envoyer mutuellement des fleurs. McQuarrie révèle aussi qu’il a dû souvent batailler pour empêcher son acteur vedette de prendre des risques inconsidérés (Tom Cruise souhaitait faire la course-poursuite à moto pieds nus). Quant à ce dernier, il jubile en renvoyant chaque scène d’action, chaque explosion, comme si c’était le plus beau jour de sa vie. Fou, on vous dit… Enfin, un petit reportage de six minutes fait l’éloge de Tom Cruise, producteur généreux et impliqué.

Image ****
Format : 2.35
La définition, quasi parfaite hormis un peu de grain dans quelques séquences d’intérieur, met en valeur la photographie très léchée de Robert Elswit, chef opérateur attitré de Paul Thomas Anderson. Les couleurs sont explosives, les noirs, profonds.

Son : ****
DD 5.1 en anglais sous-titré et français
Un sans-faute pour cette piste DD 5.1 ample et très efficace

Faust
 Tom
Sean
Jeremy
moto
Phone

 

Much Loved

Loubna

Nabil Ayouch
2015 – En DVD depuis le 2 février 2016 chez Pyramide Vidéo

A Marrakech, le quotidien de quatre prostituées, colocataires et amies, qui surmontent la violence et les humiliations par une complicité et une solidarité à toute épreuve…

Portrait très réaliste de quatre prostituées de Marrakech, Much Loved est l’accomplissement d’un désir de cinéaste, qui traite ici d’un sujet qui lui tenait à cœur depuis longtemps. Interprété par des comédiennes non professionnelles et épatantes (Loubna Abidar, nominée pour le César 2016 de la Meilleure actrice, est une révélation), ce film courageux, réalisé avec le cœur et les tripes, est le résultat d’un soigneux travail de recherche et d’écriture. Nabil Ayouch s’attache à montrer ces femmes dans toute leur complexité, avec leurs problèmes et leurs rêves d’avenir meilleur. Rejetées par des familles, qu’elles portent parfois à bout de bras et qui ne refusent pourtant par leur « argent sale », et par la société hypocrite tout entière (Ayouch dénonce au passage la corruption de la police), elles se créent une bulle d’amitié partagée, de tendresse et de solidarité, qui leur permet de rester dignes et d’affronter leur destinée. S’il les filme comme des amazones magnifiques et souvent drôles (leurs échanges verbaux avec les riches Saoudiens ne manquent pas de sel), le réalisateur franco-marocain de Ali Zaoua, prince de la rue, Whatever Lola Wants et Les Chevaux de Dieu montre sans détour les moments d’avilissement, les humiliations, la violence et la solitude. Le caractère frontal et choquant de certaines séquences, pourtant jamais complaisantes ni voyeuristes, a valu au film après sa projection au festival de Cannes 2015 une interdiction au Maroc (« pour outrage grave aux valeurs morales et à la femme marocaine »). Des menaces de mort ont également été proférées à l’encontre du réalisateur et de la comédienne Loubna Abidar, qui s’est réfugiée en France après avoir été physiquement agressée à Casablanca.
1 h 44 Et avec Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Sara Elhamdi Elalaoui, Abdellah Didane, Danny Boushebel, Carlo Brandt…

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Le DVD de très belle facture est enrichi d’un excellent making of de 28 minutes, qui permet d’assister aux répétitions des comédiens, souvent submergés par l’émotion, et propulse sur le vif du tournage. Il est suivi d’une interview pertinente du cinéaste, qui explique avoir voulu donner une voix à ces femmes, et a été très étonné du scandale suscité à Cannes par ce film humaniste avant tout. Il confie aussi ses craintes pour ses actrices, visées comme lui par des menaces.

 

Hell Town (Cut Bank)

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Matt Shakman
2014 – En Blu-ray et DVD depuis le 18 janvier chez Seven7

Cut Bank, Montana, réputée pour être la plus froide du pays, est une petite ville sans histoire. C’est bien ce qui chagrine Dwayne (Liam Hemsworth), qui aimerait aller s’installer ailleurs avec sa petite amie Cassandra (Theresa Palmer), la plus jolie fille du coin. Un jour, alors qu’ils traînent dans leur endroit préféré dans la campagne, les deux tourtereaux assistent à l’assassinat du facteur local. Dwayne filme tout avec sa caméra amateur. Or, la Poste offre 10 000 dollars de récompense pour tout indice sur un meurtre d’employé fédéral. Pour Dwayne, c’est la chance qui pourrait lui permettre de quitter Cut Bank. Mais rien ne va se passer comme prévu…

Paru directement en vidéo, ce premier long-métrage de Matt Shakman, acteur reconverti en réalisateur de séries télé (on lui doit notamment l’hilarante Philadelphia (It’s Always Sunny In Philadelphia) lorgne indéniablement vers le cinéma des frères Coen. Cette peinture d’une petite ville du Midwest (Cut Bank existe vraiment) et sa brochette de péquenauds, détraqués ou doux-dingues, n’a rien à envier à celle de Fargo. Autour de Dwayne, beau gosse sans grande envergure, et de sa jolie petite amie qui rêve de remporter l’élection de Miss Cut Bank, gravitent un shérif romantique, timide et trop sensible (hilarant John Malkovich), un beau-père cassant (Billy Bob Thornton), un vieux filou totalement inconscient (Bruce Dern), un attardé aux tendances psychopathes (Michael Stuhlbarg) et un inspecteur fédéral badin, qui ne cesse de s’extasier sur la nourriture locale (Oliver Platt). On peut reprocher à cette série B son petit manque de rythme, mais son humour noir, absurde et un brin loufoque, qui contraste avec l’aspect sombre et violent des événements, en fait un thriller excentrique plutôt jubilatoire.
1 h 33 Et avec Ty Olsson, Sonya Salomaa, Peyton Kennedy…

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Sans adjonction de bonus, DVD et Blu-ray proposent une image bien définie, vive et contrastée dans les séquences en extérieur jour, et un son plus que convenable.

 

 

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Le prodige (Pawn Sacrifice)

Tobey

Edward Zwick
2014 – En Blu-ray et DVD chez Metropolitan depuis le 18 janvier 2016

L’histoire vraie de Bobby Fischer (Tobey Maguire), le prodige américain des échecs. En 1972, en pleine Guerre froide, à l’âge de vingt-neuf ans, il se prépare à affronter en Islande le Russe Boris Spassky (Liv Schreiber), champion du monde en titre, lors de ce qui s’annonce déjà comme le match du siècle. Certain d’être invincible, Bobby doit cependant affronter une paranoïa galopante, qui le rend totalement ingérable…

On lui reproche souvent son académisme, mais sa mise en scène aspire surtout à servir les histoires qu’il raconte. Et Edward Zwick, réalisateur de Glory, Légendes d’automne, Le dernier samouraï, Blood Diamond, Les insurgés… aime le romanesque. Ainsi, même s’il revêt des atours classiques, son biopic sur Bobby Fischer se révèle un film intense et passionnant, hanté par le conflit mental de son héros paranoïaque, toujours sur le fil entre le génie et la folie. Conscient de l’aspect peu cinématographique de son sujet, le cinéaste replace constamment l’action dans le contexte géopolitique et culturel, et insiste sur le côté « rock star » de Fischer, n’hésitant pas à le montrer sous ses jours les plus antipathiques. Doté d’un titre bien plus inspiré en version originale (Pawn Sacrifice, « le sacrifice du pion »), Le prodige réussit à allier brillamment la paranoïa associée à la Guerre froide avec celle du gosse de Brooklyn, adulé du monde entier, mais prisonnier de ses obsessions.
1h 55 Et avec Peter Sarsgaard, Michael Stuhlbarg, Lily Rabe, Robin Weigert, Evelyn Brochu…

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Passé inaperçu dans les salles françaises à l’automne 2015, le film profite d’un Blu-ray très performant, auquel on ne reproche que l’absence de suppléments.

 

Le prodige

 

 

Un Français
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Diastème
2015 – En Blu-ray et DVD depuis le 21 octobre chez Francetv distribution

La rédemption d’un skinhead récupéré par l’extrême droite (Alban Lenoir), qui va peu à peu tourner le dos à la violence et à ses convictions de jeunesse…

Violemment chahuté sur les réseaux sociaux lors de sa sortie en juin 2015, le film de Diastème, qui a écrit le scénario après la mort de Clément Méric, a même été boycotté par des exploitants de salles, inquiets d’éventuelles émeutes durant les projections. Ici, pas de contrepoint, ni de jugement moralisateur de la part de l’auteur, mais une immersion dans trente ans d’extrême droite française, à travers le parcours d’un jeune homme et de ses prises de conscience. Si on regrette que les personnages soient un peu trop effleurés (l’évolution du principal, jalonnée d’ellipses temporelles, apparaît un peu superficielle), on ne peut que saluer la justesse des comédiens, la représentation très réaliste de la violence, et l’infinie tristesse qui émane de film humain et courageux, d’une triste actualité.
1 h 38 Avec Alban Lenoir, Samuel Jouy, Paul Hamy, Olivier Chenille, Jeanne Rosa, Lucie Debay
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DVD et Blu-ray, exemplaires, profitent d’un excellent making of de 35 minutes, dans lequel Diastème revient sur ses ambitions. On y découvre également comment les comédiens ont abordé le tournage de ce film «risqué ».

 

 

Ex-Machina

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Alex Garland
2015 – En Blu-ray et DVD depuis le 6 octobre chez Universal

Caleb (Domnhall Gleeson) est brillant codeur chez Bluebook, société informatique qui a mis au point le moteur de recherche le plus performant au monde. Lorsqu’il apprend qu’il a gagné le concours interne lui permettant de passer une semaine chez Nathan (Oscar Isaac), le grand patron et cerveau de Bluebook, il saute de joie. Mais il comprend vite qu’il est là pour participer à une expérience inédite : tester le dernier prototype d’intelligence artificielle conçu par Nathan, qui se présente sous les traits d’une jeune femme troublante (Alicia Vikander)…

Le premier long-métrage de l’écrivain et scénariste Alex Garland, auquel on doit, entre autres, le roman La plage et le scénario de 28 jours plus tard, explore l’un des thèmes récurrents de la science-fiction, magnifiquement illustré dans A. I. et le récent Her. On est immanquablement fasciné par ce huis clos troublant bariolé d’érotisme, où on ne sait jamais qui manipule l’autre. On s’identifie très vite au jeune Caleb, chargé de démasquer les failles de cet androïde dont la beauté et l’intelligence altèrent inévitablement le jugement. Conçu comme une fable et imprévisible jusqu’au bout, ce thriller paranoïaque et cynique aux visuels épurés est hanté par la figure inquiétante (très Barbe Bleue) d’Oscar Isaac.
1 h 48 Et avec Sonoza Mizuno…

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Ex-Machina est enrichi dans cette belle édition Blu-ray de quelques featurettes, qui n’omettent pas de se pencher plus longuement sur le test de Turing abordé dans le film.

 

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VERSAILLES la série

En 2015, il fallait être fou, aveugle ou historien, pour ne pas être ébloui par cette série incroyablement fascinante. Emanation de l’histoire de Louis XIV en son lieu de résidence favori, comme le fut Velvet Goldmine avec le David Bowie glam, Versailles sublime les décors du célèbre palais, et introduit des acteurs sexy et charismatiques, qui emmènent le show vers une modernité éclatante. Pas de panique ! Si vous l’avez ratée, cette merveille vient de paraître en Blu-ray et DVD.

(Click on the planet above to switch language.) 

 

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« Tout est dans l’apparence ! Tout ! »

 

Versailles Saison 1

Vers 2

Série franco-canadienne créée par Simon Mirren et David Wolstencroft
2015 (diffusée pour la première fois le 16 novembre sur Canal+)
En Blu-ray et DVD chez Studiocanal depuis le 15 décembre

En 1667, Louis XIV (George Blagden) a vingt-huit ans, et est un brin paranoïaque. Pour soumettre la noblesse et asseoir son pouvoir, il décide de s’installer à Versailles, l’ancien pavillon de chasse de son père, qu’il entreprend de transformer pour en faire le plus beau palais du monde, et le symbole de sa gloire et de sa puissance. Mais les nobles ne vont pas tarder à lui mettre des bâtons dans les roues…

La première saison de la série française annoncée comme la plus chère de l’histoire (dépassée récemment par Panthers), création originale de la chaîne Canal +, et coproduite par Capa Drama, s’est achevée sur un dixième épisode plein de suspense. Les réserves suscitées par le pilote, un tantinet confus, se sont vite envolées devant l’intensité dramatique et la beauté stupéfiante de cette production franco-canadienne écrite par des transfuges de MI-5 et Esprits criminels, et tournée en anglais pour séduire le public international. A ce titre, Versailles pousse encore plus loin l’audace de ses aînées Les Tudors et autres Borgias, en assumant des ambitions esthétiques extravagantes et un caractère résolument rock. Jalil Lespert, réalisateur des deux premiers épisodes, a défini le style visuel, épaulé par le chef opérateur Pierre-Yves Bastard (déjà à l’œuvre sur la belle Maison Close). L’idée de la série ayant été inspirée par la splendeur de la galerie des Glaces restaurée en 2007, le travail sur la lumière y est particulièrement remarquable. Les extérieurs (la série a été tournée en France et notamment à Versailles et Vaux-le-Vicomte), les décors et les costumes sont un éblouissement permanent, à l’instar de la distribution, flamboyante. Mais voilà, Versailles, infidèle et peu respectueuse de l’Histoire, a fâché les plus fervents défenseurs de celle-ci. Arguant que « tout ne s’est pas déroulé de cette façon, mais ça aurait pu », les auteurs ont pris leurs distances avec la vérité, en s’appuyant néanmoins sur l’érudition de l’historien Mathieu da Vinha, directeur scientifique du Château de Versailles. Promu conseiller historique de la série, ce dernier a défini un cadre dans lequel les auteurs ont laissé jouer leur imagination. Sans pour autant verser dans l’anachronisme, les entorses à la chronologie, à la vérité et quelques personnages inventés de toutes pièces pimentent les intrigues d’un divertissement fictionnel avant tout, qu’il faut appréhender comme une interprétation et non une leçon d’histoire (il serait plutôt une incitation à se cultiver). Attention tout de même ! les choses les plus invraisemblables ne sont pas forcément les moins vraies. Complots, perfidies, trahisons pullulent. Tout le monde s’épie, se jalouse et lutte pour sa survie. Les femmes de la cour ont le verbe haut et la cuisse légère. Les états d’âme des personnages sont complexes. Il émane un parfum de soufre de la relation entre le roi et son frère Philippe d’Orléans campés par les épatants et souvent émouvants George Blagden (repéré dans Vikings), et la révélation Alexander Vlahos (vu dans Merlin), dont la rivalité est au cœur de la série : « Tu crois que c’est dur d’être roi. Essaie d’être le frère du roi pour voir ! ». A la croisée de David Bowie et de l’Al Pacino du Parrain, le futur Roi Soleil, stratège, visionnaire, mégalomane et génie de la communication, est aussi terriblement humain. Que les férus d’histoire enragent donc dans leur coin, Versailles, c’est sexy, c’est glam, c’est passionnant, et on a hâte de voir la suite.
Et avec Tygh Runyan, Stuart Bowman, Evan Williams, Anatole Taubman, Amira Casar, Noémie Schmidt, Lizzie Brocheré…

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Test Blu-ray :

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Interactivité*
Les dix épisodes de 52 minutes sont enrichis d’un making of promotionnel de 18 minutes (il était diffusé en simultané sur Canal+). C’est bien joli, mais on aurait aimé en savoir un peu plus sur la création.

Image ****
Format : 1.77
Le support Blu-ray rend particulièrement justice à la splendeur de la photo. Le piqué est parfait, l’image contrastée et lumineuse à souhait. On en prend plein les yeux.

Son : ****
DD Master Audio 5.1 en anglais sous-titré et français
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Là aussi, c’est Byzance ! La piste non-compressée permet d’apprécier la subtilité de la bande-son moderne composée par Eduardo Noya Schreus, collaborateur récurrent de Xavier Dolan (la chanson du générique est du groupe electro français M83). On notera la bonne tenue du doublage français.

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Canal+
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