VELVET GOLDMINE

Le poème d’amour au glam rock, signé Todd Haynes en 1998, s’offre la Haute Définition. Inspirée des véritables héros de la légende — David Bowie, Iggy Pop et Bryan Ferry en tête — cette fantaisie pailletée, culte et magique, est à savourer d’urgence en Blu-ray, DVD et VOD.

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« Il était une fois une époque absolument fabuleuse.
Nous vivions nos rêves.
Mais tout cela s’est envolé. »

 

Velvet Goldmine

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Todd Haynes
1998 (en version remasterisée Blu-ray, DVD, VOD chez Carlotta depuis le 28 mai 2014)

En 1984, le jeune journaliste anglais Arthur Stuart (Christian Bale) est chargé d’écrire un article sur l’ex-icône de la pop Brian Slade (Jonathan Rhys Meyers), l’idole de son adolescence. La star flamboyante avait mystérieusement disparu il y a dix ans, après avoir mis en scène son propre assassinat, devant des millions de fans…

Le cinéaste américain Todd Haynes, auteur des remarquables Safe et Loin du paradis, a accompli un tour de force en 1998, en parvenant à capturer l’essence même du glam rock. S’inspirant des véritables héros de l’époque (Brian Slade est une émanation de David Bowie, Mandy Slade d’Angela Bowie, Curt Wild d’Iggy Pop etc.), le cinéaste a orchestré un conte de fées surréaliste, une célébration de l’esprit d’Oscar Wilde dans le contexte de la pop. La quête du jeune Arthur Stuart, qui le ramène une décennie en arrière, propulse le spectateur dans la période la plus excitante des seventies à Londres, où la pop rimait avec paillettes, maquillage outrancier et ambivalence sexuelle. Mettant à nu certaines vérités cruelles, le film kaléidoscope de Todd Haynes propose plusieurs niveaux de lecture, et nul besoin d’être un initié pour se laisser séduire par ce fantastic voyage, empreint de mélancolie et d’une réelle nostalgie. « On voulait changer le monde, on a juste changé, nous. » dit Curt Wilde. Ode à la jeunesse et aux libertés qu’elle s’autorise, Velvet Goldmine (titre emprunté à une chanson de David Bowie écrite en 1972) jouit en outre d’une distribution exceptionnelle (Jonathan Rhys Meyers, Toni Collette, Ewan McGregor, Christian Bale, Eddy Izzard…) et d’une bande originale réussie en dépit des obstacles de taille, David Bowie ayant refusé toute coopération, et notamment l’utilisation de sa chanson « All The Young Dudes » popularisée par Mott The Hoople, qui devait être l’hymne du film. Tout le mérite revient à Michael Stipe qui a supervisé ce mélange de titres originaux (« Satellite Of Love » de Lou Reed, « Virginia Plain » de Roxy Music), de reprises interprétées par des groupes formés pour l’occasion, tel The Venus In Furs (Bernard Butler, Andy Mackay, Thom Yorke), et Wylde Ratzz (Ron Asheton, Thurston Moore) ou encore du flamboyant Placebo, qui s’empare avec brio de « 20th Century Boy » de Marc Bolan (Brian Molko campe un des jeunes fans de glam dans une séquence au début du film). Enfin, quelques chansons originales ont été idéalement composées “dans l’esprit”, par le groupe Shudder To Think. A noter que Jonathan Rhys Meyer et Ewan McGregor interprètent eux-mêmes certains morceaux. Honteusement passé inaperçu en France à sa sortie, ce film, aujourd’hui culte, a reçu le Prix de la Meilleure contribution artistique à Cannes, ainsi qu’une nomination à l’Oscar en 1999 pour les costumes, remarquables, signés Sandy Powell.

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Ceux qui désireraient en savoir plus sur l’histoire du film se tourneront vers le livre – en anglais — de la productrice Christine Vachon, Shooting To Kill, sous-titré How independant producer blasts through the barriers to make movies that matter.
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Bien qu’épuisé (mais « trouvable” sur de nombreux sites de vente – eBay), le hors-série N° 40 de Rock&Folk, consacré au film et au glam, et paru fin 1998, est une mine d’or d’informations sur le sujet. On y trouve notamment, en exclusivité mondiale, la seule interview jamais accordée par David Bowie à propos du film. 
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Test Blu-ray :

 

Interactivité**
Le Blu-ray reprend le making of de 25 minutes, un peu foutraque, déjà présent sur la précédente édition DVD, réalisé durant le tournage et ponctués des interventions souvent pertinentes des acteurs et du réalisateur. Michael Stipe parle d’une époque « qui avait de la classe et de l’humour, et qui savait se moquer d’elle-même. » Todd Haynes confie « avoir voulu créer une nostalgie d’un passé oublié, mais aussi un sentiment de danger et d’excitation, comme dans un voyage dans l’inconnu. » La bande-annonce originale complète le programme. Le commentaire audio de Todd Haynes qui figure sur l’édition américaine n’est pas repris ici.

Image ***
Format : 1.85
Cette image remasterisée Haute Définition ne surclasse pas vraiment celle du DVD paru en 2003, même si elle est plus précise et plus propre. Les contrastes et la profondeur des noirs sont dans l’ensemble bien gérés, mais certains plans sont un peu doux et manquent de précision, et paraissent même un peu neigeux (sachant que les couleurs un peu délavées de certaines périodes sont aussi un parti pris de la photographie).

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais
DTS-HD Master Audio 2.0 en français
Sous-titres français non imposés
On se réjouit de la présence d’une piste 5.1 qui faisait défaut sur la précédente édition. Cependant, ce 5.1 se contente de gonfler la piste d’origine, afin de donner plus d’ampleur et de tonus aux passages musicaux. Ce n’est pas la panacée, mais c’est mieux qu’un 2.0 riquiqui.

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BREAKFAST AT TIFFANY’S

Les filles averties le savent : toutes les occasions sont bonnes pour se plonger, encore et encore, dans le chef-d’œuvre de Blake Edwards. Et à l’heure où les médias les plus éclairés accordent du crédit à des Kim Kardashian et autres Enora Malagré, Audrey Hepburn, dans son incarnation de la call-girl Holly Goligthly, demeure l’ultime défi à la vulgarité ambiante. Paru pour la première fois en Blu-ray en 2011, dans une version soigneusement restaurée HD, le film revient dans une nouvelle édition digibook assortie d’un livret très glamour et de nombreux suppléments. Un cadeau idéal !

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« Vous savez, ces jours où vous êtes dans le cirage ?
      Autrement dit le cafard ?
      Non, le cafard, c’est quand on se trouve grosse et qu’il pleut pendant trop longtemps. On est triste, c’est tout. Mais le cirage, c’est horrible. Soudain, on a peur et on ne sait pas de quoi… »

 

Diamants sur canapé (Breakfast At Tiffany’s)

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Blake Edwards
1961 (Blu-ray Digibook Paramount paru le 25 mars 2014)

Mais qui est vraiment cette Holly Golightly (Audrey Hepburn), adorable call-girl new-yorkaise, qui a le don de ne rien prendre au sérieux ? C’est la question que se pose Paul Varjak (George Peppard), qui vient d’emménager dans l’appartement voisin de la jeune femme. Ce jeune écrivain, plutôt beau gosse, est lui-même entretenu par une quadragénaire fortunée (Patricia Neal). Tout naturellement, il va tomber sous le charme de la personnalité hors du commun de sa mystérieuse voisine…

Comme dans l’irrésistible La Panthère rose, que Blake Edwards allait mettre en scène deux ans plus tard, Diamants sur canapé, plus connu sous titre original Breakfast At Tiffany’s, possède ce grain de folie qui est la marque du cinéaste et atteindra son apothéose dans La Party, en 1968. Son dada : les soirées mondaines extravagantes avec délires à tous les étages. Toujours sublimes, les femmes sont chez lui complètement idiotes ou invraisemblablement spirituelles. Pour Breakfast At Tiffany’s, Blake Edwards a fait sien l’univers de Truman Capote (bien plus cynique) en lui conférant une incroyable fantaisie, tout comme Audrey Hepburn s’est approprié le personnage de Holly Golightly. Capote avait écrit la nouvelle en pensant à Marilyn Monroe. Ironiquement, ce fut une actrice à l’opposé des vamps hollywoodiennes qui rendit son héroïne inoubliable. Audrey Hepburn en fit une call-girl fantasque et romantique (la sexualité présente dans le livre est ici simplement suggérée). Non seulement la comédienne imposa son style en matière de mode (aidée par son ami et complice Hubert de Givenchy), toujours en vogue aujourd’hui, mais elle a révélé un nouveau genre d’actrice, rappelant un peu la Katharine Hepburn (même les noms coïncident) de L’impossible Monsieur Bébé : une femme indépendante, moderne, drôle, jamais vulgaire, faisant rimer sexy avec esprit et dissimulant sous une tonne de détachement et de fantaisie, une attachante vulnérabilité. Car derrière sa légèreté apparente, Holly Golightly cache des blessures profondes et une peur viscérale de la vie. « C’est une truqueuse », se plaît à dire l’agent de Holly (interprété par Martin Balsam). Audrey Hepburn a transcendé le rôle en prêtant sa fragilité et sa grâce naturelle à cette petite campagnarde devenue la call-girl sophistiquée la plus incontournable de New York. Comme Paul Varjak, le jeune écrivain sans le sou (sorte de Truman Capote jeune), interprété par le très séduisant George Peppard, le spectateur fond sous le charme de Holly qui semble ne rien prendre au sérieux et vit son désordre existentiel avec une élégance et un style incomparables. Petit à petit, Paul va amener la jeune femme à voir la réalité en face en l’apprivoisant, comme on le ferait d’un animal sauvage. Si le film remporta, à sa sortie, un succès immédiat, son tournage ne fut pas des plus sereins. Audrey Hepburn n’était pas certaine d’être à la hauteur du personnage, même si elle était consciente que ce rôle de femme de caractère, extravertie (et donc nouveau pour elle), était une vraie opportunité. Si elle se réjouissait à l’idée d’avoir pour partenaire un acteur de son âge (après avoir donné la réplique à Fred Astaire, Humphrey Bogart ou Burt Lancaster), elle était tétanisée par l’expérience de ce dernier, formé à  l’Actors Studio. En actrice d’instinct, Audrey Hepburn souffrait d’un réel complexe d’infériorité en matière de technique de jeu. Ce fut pourtant à son contact que le film de Blake Edwards prit toute sa dimension pour devenir résolument romantique. Même le compositeur Henry Mancini, grand complice de l’œuvre du cinéaste (il a signé le fameux thème de La panthère rose), a avoué s’être inspiré de la personnalité de la comédienne pour la chanson « Moon River », qu’elle interprète divinement dans le film. Qu’importent alors le choix malheureux de Mickey Rooney en improbable voisin japonais, la suffisance de George Peppard sur le plateau, la puanteur du chat, le mécontentement de Capote et les multiples dissensions avant et pendant le tournage. Breakfast At Tiffany’s est un chef-d’œuvre. Et un demi-siècle après, il reste d’une éclatante modernité.

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Test Blu-ray :

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Interactivité***
On retrouve les suppléments présents sur la précédente édition Blu-ray du 50ème anniversaire du film. Le commentaire audio du producteur Richard Shepherd recèle des anecdotes, même si le producteur, d’un certain âge, a parfois des difficultés à se souvenir de tout. On retrouve la plupart de ses propos dans le making of de16 minutes (on peut également y entendre Blake Edwards, décédé en 2010). Une soirée de retrouvailles des comédiens présents lors de la séquence de la fête délirante chez Holly, un portrait d’Audrey Hepburn, un autre de Henry Mancini, un focus sur le personnage du Japonais incarné par Mickey Rooney, un reportage sur Tiffany, suivi de la lecture de la lettre écrite par Audrey Hepburn en hommage à la célèbre joaillerie de luxe, et une courte visite des studios Paramount complètent le programme, qui comprend également des galeries de photos et la bande-annonce originale.

Image ***
Format : 1.78
Ce master HD restauré en 2011 permet de revoir le film dans des conditions idéales. Le grain a été atténué, même s’il persiste encore dans certaines scènes. On pourra reprocher les visages parfois trop roses, le flou sur certains plans (dû aux partis pris esthétiques du film), mais dans l’ensemble, l’image est propre, magnifiquement contrastée et les couleurs sont éclatantes.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et mono restauré en anglais
Mono en français
Sous-titres français non imposés
La piste mono restaurée ravira les puristes, mais le mixage en DTS-HD 5.1 est réjouissant. L’amplification est harmonieuse. Les dialogues sont clairs et les passages musicaux sont magnifiquement mis en valeur. Une piste qui ne dénature pas le film, mais au contraire, permet une meilleure immersion.

A noter que Paramount a publié à la même date deux autres éditions digibook, consacrées à Star Trek de J.J. Abrams, et Samson et Dalila, de Cecil B. deMille, pour la première fois en Blu-ray.

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BLOOD

Porté par un quatuor d’acteurs sensationnels dont un Paul Bettany totalement habité, ce thriller psychologique britannique aux accents shakespeariens, passé inaperçu lors de sa sortie en 2012, profite d’un Blu-ray techniquement parfait.

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« Moi, j’ai de la peine pour les types qui s’en tirent. Quand tu mens à tes amis, à ta famille, leur amour doit être une torture. Je ne souhaite à personne de s’en sortir impunément. »

 

Blood

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Nick Murphy
2012 (DVD/Blu-ray Metropolitan paru le 12 mars 2014)

Dans le skate-park d’une petite ville de l’estuaire de la Mersey, proche de Liverpool, le cadavre d’une adolescente est retrouvé transpercé de coups de couteau. Deux policiers locaux, Joe et Chrissie Fairburn (Paul Bettany et Stephen Graham), fils d’un flic autoritaire et réputé, aujourd’hui retraité et atteint de la maladie d’Alzheimer (Brian Cox), sont sur l’affaire. Joe, père d’une adolescente du même âge, est particulièrement éprouvé par ce drame. Lorsqu’un bracelet et des photos de la victime sont retrouvés chez Jason Buleigh (Ben Crompton), un homme psychologiquement instable, Joe est convaincu qu’il tient le coupable. Aussi, lorsque ses supérieurs relâchent Buleigh pour insuffisance de preuves, il voit rouge et décide de le faire avouer, en utilisant les bonnes vieilles méthodes de la famille…

Selon Nick Murphy, réalisateur issu de la télévision britannique et auteur en 2011 de l’horrifique La maison des ombres (The Awakening), Blood est une fable, une tragédie grecque. Le film est le libre remake de la mini-série Conviction, produite par la BBC en 2004, et écrite par Bill Gallagher, auteur du scénario ici. L’intrigue policière est prétexte à explorer la complexité de la nature humaine. Dans cette petite ville aux ciels plombés de l’estuaire de la Mersey, battue par les vents, deux frères marqués par l’éducation autoritaire et tyrannique d’un père policier, dérapent. Joe commet l’irréparable, et ce crime monstrueux, spontané et irréfléchi, sur lequel il doit enquêter, va le détruire. C’est une descente aux enfers qui s’annonce pour ce père de famille sans reproche. Le poids de la culpabilité devient à chaque instant plus lourd à porter, et Joe ne parvient plus à affronter le regard de ses proches et de ses collègues. Paul Bettany, comédien éclectique et invariablement excellent (il était formidable dans Un homme d’exception), livre ici une véritable performance. A ses côtés, Stephen Graham (This Is England) et le vétéran Brian Cox (The Boxer)  se révèlent attachants, tandis que le charismatique Mark Strong, en justicier bienveillant, crève l’écran. Passée inaperçue à sa sortie en 2012, cette série B britannique à petit budget (Sam Mendes est l’un des producteurs exécutifs), riche en atmosphères, tire profit, en outre, d’une remarquable photographie, signée George Richmond.
Avec Natasha Little et Zoë Tapper
92 minutes

BANDE-ANNONCE

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Test Blu-ray :

Interactivité**
On découvre avec plaisir une interview du cinéaste en compagnie de Paul Bettany. Entre deux plaisanteries de Bettany, très en verve, et qui ne cesse de clamer son admiration pour ses partenaires (« Quand je vois la filmographie de Mark Strong, je me dis ‘Dieu que j’aimerais être lui’ »), Nick Murphy revient sur les partis-pris de la mise en scène et les ambitions du film (10 minutes). Un lot de bandes-annonces figure également au menu.

Image ****
Format : 2.35
Grand atout du film, la photo aux teintes métalliques, dominée par les bleus et les verts, est idéalement retranscrite. La définition est précise et les contrastes très probants.

Son : ****
DTS-HD Master Audio 5.1 en anglais et français
Sous-titres français non imposés
Une piste non-compressée dynamique et ample, qui met en valeur les montées de tension et la musique très inspirée, signée Daniel Pemberton.

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