Music matters : YESTERDAY/WILD ROSE

En ces temps moroses, hors de question de bouder la sortie, en DVD/Blu-ray, de ces deux feel-good movies venus d’Albion, qui quoi qu’on en dise, n’est pas toujours perfide. Yesterday, de Danny Boyle, est l’histoire d’un jeune musicien seul au monde à connaître les Beatles, et Wild Rose, de Tom Harper, porté par l’incandescente Jessie Buckley (une révélation), narre les tribulations d’une jeune mère de famille de la banlieue de Glasgow qui se rêve en Dolly Parton.

 

« Miracles happen all the time !
– Like what ?
– Benedict Cumberbatch becoming a sex symbol ! »

 

YESTERDAY

Danny Boyle
2019
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray, Ultra-HD 4K + Blu-ray et DVD chez Universal depuis le 13 novembre 2019

Dans une petite ville côtière du Suffolk, Jack Malik (Himesh Patel) est un auteur-compositeur et musicien sans succès. Ses chansons ne séduisent que ses indéfectibles copains dont Ellie (Lily James), sa meilleure amie et manager. Une nuit, alors qu’il rentre chez lui à vélo après une déconvenue de plus, Jack percute un bus qu’il n’avait pas vu venir, à cause d’une étrange panne d’électricité. Le lendemain, il va découvrir en chantant « Yesterday » à ses amis qu’il est le seul à connaître les Beatles. Même sur Internet, il n’y a plus aucune trace de leur existence…

C’est le scénariste et producteur Jack Barth (The Fabulous Picture Show) qui a soufflé à Richard Curtis, auteur, entre autres, de Quatre mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill et réalisateur du joyau Love Actually, cette idée folle : rendre hommage à la musique des Beatles dans un monde où le groupe n’aurait pas existé. Leur compatriote Danny Boyle (Transpotting, Slumdog Millionnaire…) à qui Curtis a envoyé le scénario, a immédiatement été emballé. De cette équipe de choc, on attendait monts et merveilles, d’autant que, une fois n’est pas coutume, Paul McCartney et Ringo Starr avaient donné leur accord. Le résultat, hélas, n’est pas tout à fait à la hauteur, même si Yesterday a « ses moments ». Le parti pris de confier le rôle principal à Himesh Patel, choisi pour ses qualités de musicien (il joue et chante vraiment les chansons) est assez dommageable. Peu charismatique et acteur plutôt limité, il ne fait pas le poids face à la talentueuse Lily James. Les atermoiements de cet artiste qui vit mal l’imposture de devenir célèbre grâce à un talent qui n’est pas le sien, tout comme l’histoire sentimentale, à la fois cliché et invraisemblable, plombent ce long-métrage qui passe un peu à côté de sa bonne idée de départ (contrairement au film français Jean-Philippe, de Laurent Tuel). Reste de chouettes trouvailles : Ed Sheeran (dans son propre rôle) le copain star sympa qui veut changer « Hey Jude » en « Hey Dude » ; la difficulté pour Jack de retrouver de mémoire les paroles d’« Eleanor Rigby » ou le fait qu’Oasis n’existe pas non plus, forcément… On aime que la plus grande partie des scènes soit filmée dans les décors naturels des petites villes côtières bourrées de charme du Suffolk et du Norfolk. Et puis bien sûr, il y a cette séquence, magique, dans laquelle le héros chante et joue « Yesterday » pour la première fois à ses amis, et eux de chavirer instantanément.
1 h 56 Et avec Joel Fry, Kate McKinnon, Alexander Arnold, Sophia Di Martino, Ellise Chappell…

 

Test Blu-ray :

Interactivité ***
Dans le commentaire audio – truffé d’anecdotes – de Richard Curtis et Danny Boyle, on apprend, entre autres, que le rôle tenu par Ed Sheeran avait été proposé à Chris Martin, qui l’a refusé (en arguant du fait qu’il est très mauvais acteur). Mais d’après Richard Curtis, Ed Sheeran, qui a grandi dans le Suffolk et est toujours prêt pour l’autodérision, était l’interprète parfait. Au menu de ces bonus, on trouve également une fin et une ouverture alternatives, une douzaine de scènes coupées amusantes, un bêtisier, des featurettes sur les coulisses du tournage, dont un éclairage sur l’enregistrement des chansons interprétées par Himesh Patel, aux studios Abbey Road…évidemment.

Image ****
Format : 2.35
Un piqué sensationnel, des couleurs vibrantes, un sans-faute !

Son ****
Dolby TrueHD 7.1et DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais
DD 5.1 en français et espagnol
Nombreux sous-titres non imposés
Pure et sensible, la piste TrueHD sied idéalement au film. Les passages musicaux comme les bruits d’ambiance exploitent parfaitement toutes les enceintes. Que les adeptes de versions doublées se rassurent, la piste DD 5.1 est très efficace.

 

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« Nobody wants to see a convicted criminal up there !
– Johnny Cash was a convicted criminal you ball bag ! »

 

WILD ROSE

Tom Harper
2018
Dans les salles françaises en juillet 2019
Disponible en Blu-ray et DVD chez M6 Vidéo depuis le 17 novembre

A Glasgow, la jeune Rose-Lynn (Jessie Buckley) sort de prison après y avoir passé un an pour une affaire de drogue. Dans une triste banlieue de la ville, elle retrouve ses deux enfants dont sa mère (Julie Walters) s’est occupée en son absence. Mais au grand dam de cette dernière qui aimerait que sa fille soit plus responsable et moins égoïste, la jeune femme n’a qu’une idée en tête, qui l’obsède depuis toujours : quitter Glasgow pour devenir chanteuse de country à Nashville….

« Oubliez A star Is Born et Lady Gaga ! La vraie star, c’est elle » clame la bande-annonce du film, tant la performance de Jessie Buckley a ébloui les critiques outre-Manche et outre-Atlantique. Wild Rose est peut-être passé inaperçu en France, mais il a fait un tabac chez les Anglo-Saxons. Il faut reconnaître qu’avec ses bottes de cow-girl, sa minijupe et son franc-parler typiquement écossais, Rose-Lynn suscite une sympathie immédiate. En dépit de ses choix souvent malheureux, cette mère indigne et immature conserve ce capital auprès du spectateur, car, en bonne tête brûlée, elle possède un courage et une détermination à toute épreuve. Excellente actrice, qu’on a pu apprécier dans les séries Tchernobyl, Taboo ou le film Jersey Affair, l’Irlandaise Jessie Buckley est aussi une remarquable chanteuse (elle avait terminé deuxième au concours de l’émission de la BBC I’d Do Anything en 2008). Elle habite littéralement toutes les chansons, reprises de standards ou titres originaux (la BO a également fait un carton). En s’inspirant de sa propre passion pour la country, la scénariste Nicole Taylor (Journal intime d’une call-girl, The Hour, Indian Summers), originaire de Glasgow, a donné à cette fable mise en scène par le jeune réalisateur de télévision Tom Harper, un caractère formidablement authentique. Elle a d’ailleurs coécrit plusieurs chansons avec Jessie Buckley, mises en musique par Ian W. Brown et Simon Johnson. Mais s’il est beaucoup question de country dans le film (on apprend au passage que le genre est très populaire à Glasgow – la country se danse et s’écoute dans les pubs, et il s’y tient chaque année des festivals prestigieux), Wild Rose parle surtout de la difficulté de concilier ses rêves et la réalité. Certes, on pourra reprocher aux auteurs d’avoir un peu chargé la mule, de faire un peu trop dans le mélo, mais ces petits défauts n’altèrent pas l’effet galvanisant exercé par ce film et sa fougueuse héroïne.
1 h 41 Et avec Sophie Okonedo, James Harkness, Jamie Sives, Craig Parkinson, Bob Harris…

 

Test Blu-ray

Interactivité ***
Il ne faut pas négliger le montage d’interviews, tant la passion et la générosité des créateurs, la scénariste Nicole Taylor en tête, sont palpables à chaque intervention. On y découvre que la chanson « Glasgow », sommet de Wild Rose, a été cosignée spécialement pour le film par Caitlyn Smith, Kate York et l’actrice Mary Steenburgen.

Image ***
Format : 2.39
L’image, contrastée et naturelle, est dotée d’un joli grain. La définition est rarement prise en défaut.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en français
Sous-titres français non imposés
Sans esbroufe, la piste 5.1 est efficace et enveloppante, et le caisson de basses ne fait pas dans la retenue. Une belle mise en valeur des chansons.

 

LA FAVORITE/MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES

CRUAUTÉS FÉMININES

Dans La favorite, l’audacieux Yorgos Lanthimos met en scène avec faste et extravagance un jeu de pouvoir entre les deux favorites de la reine Anne, dans l’Angleterre du début du 18ème siècle. En lice pour les Oscars 2019, cette production américano-irlando-britannique est portée par un trio d’actrices tout bonnement bluffantes. La manipulation est également au cœur de Mademoiselle de Joncquières, paru le mois dernier en DVD. Adaptation raffinée et moderne de Diderot par Emmanuel Mouret, il révèle une Cécile de France époustouflante en amoureuse blessée et vengeresse.

 

« Sometimes, a lady likes to have some fun ! »

 

La favorite (The Favorite)

Yorgos Lanthimos
2018

Dans les salles françaises depuis le 6 février 2019
Dix nominations aux Oscars 2019
Golden Globe 2019 de la Meilleure actrice (Olivia Colman)
Oscar 2019 de la Meilleure actrice (Olivia Colman)

Dernière de la lignée des Stuart, Anne, reine d’Angleterre, (Olivia Colman, un vrai numéro !) est en ce début du 18èmesiècle une monarque instable, capricieuse et malade (de la goutte). Elle entretient depuis longtemps une relation particulière et intime avec Sarah Jennings (Rachel Weitz), dont l’époux, John Churchill, Duc de Malborough, est un soldat émérite. Cette confidente omniprésente est aussi sa conseillère politique, au grand dam de Robert Harley (Nicholas Hoult), chef du clan des Tories, qui aimerait avoir l’oreille de la reine, notamment pour la convaincre de cesser la guerre interminable et ruineuse qu’elle mène contre les Français. C’est alors que débarque à la cour la jolie Abigail Hill (Emma Stone), lointaine cousine de Sarah, aristocrate déchue de son rang à cause d’un père inconséquent et joueur invétéré. Reléguée par Sarah aux tâches les plus ingrates, Abigail va élaborer une stratégie pour évincer sa cousine et s’assurer une position plus confortable…

Plusieurs fois honoré à Cannes — avec l’horrifique Canine en 2009 (Prix Un Certain Regard), puis les fables surréalistes dérangeantes The Lobster (Prix du Jury en 2015) et La mise à mort du cerf sacré (Prix du Scénario en 2017) — le cinéaste grec Yorgos Lanthimos signe avec La favorite un film plus conventionnel, mais tout aussi vénéneux. La cour de la reine Anne d’Angleterre, monarque quelque peu oubliée qui régna de 1702 à 1714, fait un terrain de jeu idéal pour ce maître de l’absurde et de l’humour noir. Emmenée par trois actrices sensationnelles (Olivia Colman et Karen Weisz figuraient déjà au générique de The Lobster), cette lutte de pouvoir féroce (à la fois politique et sexuel) reflète la cruauté ordinaire et l’hypocrisie en vigueur dans les relations sociales d’une époque rigide. Le scénario de Deborah Davis et Tony McNamara s’inspire d’ailleurs librement de la correspondance des véritables protagonistes. Une leçon d’histoire qui n’est cependant pas académique. Comme Stanley Kubrick ou Peter Greenaway avant lui (impossible de ne pas penser à Meurtre dans un jardin anglais), Yorgos Lanthimos multiplie les audaces formelles pour accentuer le grotesque des situations et l’impression de claustrophobie. Panoramiques, effets de fish-eye, ralentis, contre-plongées, éclairages à la bougie… tout est bon pour mettre en exergue le sentiment d’écrasement des personnages, pris au piège de ce palais labyrinthe aux pièces gigantesques, aux couloirs sans fin. Certains jugeront l’exercice (de style) un peu trop tape à l’œil, les ressorts narratifs un peu trop attendus… Il n’en est rien ! Le jeu de massacre  va s’avérer plus surprenant que prévu. Si le cynisme et l’ironie sont de mise, la nuance et l’humanité aussi. Comme Lady Susan dans le jubilatoire Love & Friendship de Whit Stillman, adapté de Jane Austen, ces Machiavels en jupons sont des femmes blessées qui souffrent et aiment dans un univers d’hommes (ici ridicules ou grotesques) : condamnées à dominer, coûte que coûte, pour ne pas l’être, elles les surpassent en intelligence. Selon Balzac, ce sont les plus dangereuses.
1h 59 Et avec James Smith, Mark Gatiss, Joe Alwyn, Carolyn Saint-Pé…

BANDE-ANNONCE

 

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« Si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes, comment espérer de meilleure société ? »

Mademoiselle de Joncquières

Emmanuel Mouret
2018

Sur les écrans en septembre 2018,
En DVD depuis le 16 janvier 2019 chez France Télévisions Distribution
Six nominations aux César 2019

Au 18èmesiècle, Madame de La Pommeraye (Cécile de France), jeune et jolie veuve, vit à l’écart du monde, à la campagne. Elle ne reçoit guère que sa meilleure amie Lucienne (Laure Calamy) ainsi que le Marquis des Arcis (Edouard Baer) un libertin dont elle goûte l’esprit et qui lui fait une cour pressante. Elle finit par céder à ses avances et les deux amants vivent quelque temps un bonheur sans faille. Mais bientôt, Madame de La Pommeraye découvre un changement d’attitude chez le Marquis qui lui fait dire que celui-ci s’est lassé de leur union. Blessée, amoureuse et trahie, elle va fomenter sa vengeance…

L’épisode édifiant de Madame de La Pommeraye, inclus dans le roman Jacques le Fataliste et son maître, de Denis Diderot, avait inspiré en 1945 à Robert Bresson un chef-d’œuvre, Les dames du bois de Boulogne, avec une mémorable Maria Casarès et des dialogues signés Jean Cocteau. Soixante-treize ans après, Emmanuel Mouret, spécialiste de la comédie sentimentale et du marivaudage moderne, se distingue de son prédécesseur en demeurant plus fidèle au livre, à l’exception du personnage de Lucienne, inventé de toutes pièces. Savamment découpée en tableaux épurés, lui donnant parfois un air d’équation mathématique, cette nouvelle adaptation, plus solaire, est de toute beauté. On savoure les joutes verbales raffinées et chaque réplique empoisonnée qui émane de la jolie bouche de Cécile de France, remarquable dans ce rôle à contre-emploi de vengeresse manipulatrice que le malheur rend impitoyable. Face à elle, tout sourire espiègle, Edouard Baer fait un charmeur de haute volée mais sincère, qui émeut en devenant à son insu le dindon de la farce. Entre l’univers de Choderlos de Laclos et celui de Woody Allen, Mademoiselle de Joncquières s’inscrit idéalement dans la filmographie du réalisateur des épatants Changement d’adresseUn baiser s’il vous plaît et Caprice. Un régal !
1h 49 Et avec Alice Isaaz, Natalia Dontcheva…

BANDE-ANNONCE

Test DVD :

Interactivité**
On n’apprendra rien sur les coulisses du tournage. En revanche, on ne négligera pas les intéressantes scènes inédites ni Aucun regret, court-métrage très rohmérien réalisé par Emmanuel Mouret en 2016.

Image ***
Format : 2.35
Pas de Blu-ray hélas pour ce film qui brille aussi par sa splendide photographie. Elle est signée Laurent Desmet, complice de longue date du réalisateur. Heureusement, l’image est ici lumineuse et parfaitement contrastée.

Son : ****
DD 5.1 en français
Sous-titres pour sourds et malentendants
Audiodescription
Une belle spatialisation et un équilibre parfait entre la musique (classique et baroque) et les dialogues.

LES AVENTURES DE JACK BURTON DANS LES GRIFFES DU MANDARIN

S’il n’a plus réalisé un film pour le grand écran depuis 2010 (The Ward), John Carpenter n’a jamais été aussi « branché » qu’en ce moment. Il s’est produit en concert le 11 octobre à la Salle Pleyel, suite à la parution de son dernier album en date, Anthology, recueil de ses plus grands thèmes composés pour le cinéma, et il est le producteur exécutif du remake d’Halloween, signé du talentueux David Gordon Green (Délire ExpressJoe…), qui fait un tabac ce mois-ci dans les salles. Cerise sur le gâteau, son film culte, Big Trouble In Little China, vient de ressurgir dans une édition Blu-ray truffée de suppléments, et avec une restauration en 2K qui remet tout simplement les pendules à l’heure !

 

 « Bon ! Vous allez tous attendre ici ! Gardez la boutique, remettez des bûches dans la cheminée et si on n’est pas revenu au petit matin, appelez le Président ! » Jack Burton « savant mélange de Jack Nicholson et John Wayne », dixit Kurt Russell.

 

Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin (Big Trouble In Little China)

John Carpenter
1986
En Edition Collector Blu-ray chez l’Atelier d’images depuis le 16 octobre 2018

A San Francisco, Jack Burton (Kurt Russell), camionneur musclé et grande gueule, accompagne son ami Wang Chi (Dennis Dun) à l’aéroport afin d’y accueillir la fiancée de ce dernier qui arrive de Chine. Hélas, à peine apparue, la jeune fille (Suzee Pai) est enlevée sous leurs yeux par les Seigneurs de la Mort, un gang redoutable de Chinatown. Jack et Wang se lancent aussitôt à leur poursuite, suivis par une jolie avocate (Kim Cattrall), mais ce qui les attend va défier leur imagination…

« Quand je rencontre quelqu’un, dit John Carpenter, je sais s’il a le sens de l’humour selon qu’il aime le film ou pas ! » Et Dieu sait s’il en faut pour apprécier Les aventures de Jack Burton. Car l’humour qu’il véhicule, à la fois bon enfant et foutraque, a laissé en 1986 beaucoup de spectateurs sur le bord du chemin. A cette époque, l’Amérique raffole de RamboMad Max et Top Gun. L’heure est aux héros. Et Jack Burton est tout le contraire. Plus balourd que costaud, fort en gueule, le personnage ne doute jamais de sa supériorité alors qu’il est constamment dépassé par les événements (un comportement typiquement américain selon le réalisateur). John Carpenter a exhorté Kurt Russell à s’auto-parodier, ce que l’interprète du fameux Snake Plissken, dont la carrière était alors au creux de la vague, a fait avec jubilation. En effet, Burton, un type « sensé »comme il aime à le rappeler, est soudainement confronté à la mythologie chinoise qui surgit des souterrains de Chinatown : sorciers, fantômes bondissants, créatures monstrueuses (et kitschissimes… ). Le film reflète la passion de John Carpenter pour le cinéma de Hong Kong qui allait bientôt envahir l’Occident. Notamment très admiratif du travail de Tsui Hark dans Les guerriers de la montagne magique (1982), le cinéaste, qui s’était vu refuser son ambitieux projet de mettre en scène The Ninja (un roman de Eric van Lustbader) tenait à porter à l’écran un film qui lui allait lui permettre de conjuguer ses deux genres de prédilection, le western et le fantastique, en y mêlant les légendes populaires chinoises. Le scénario de Gary Goldman et David Z. Weinstein, revisité par D.W. Richter, réalisateur en 1984 du délirant Les aventures de Buckaroo Banzaï à travers la 8ème dimension, va lui fournir la matière première. Richter lui conseillera de laisser de côté l’aspect western et de situer l’histoire dans un contexte contemporain. Pour les arts martiaux, John Carpenter va solliciter les meilleurs en leur domaine qui contribueront à faire de la comédie un monument d’heroic fantasy, dans la tradition des grands films de wu xia pian. Hélas, trop en avance sur son temps, ce cocktail détonant n’a pas trouvé son public et la Fox qui a espéré, jusqu’au dernier moment, tenir un émule d’Indiana Jones, n’a su que faire de cet OVNI et en a littéralement « saboté » (selon les dires de Kurt Russell) la promotion. Redécouverte, comme c’est souvent le cas, avec l’arrivée de la vidéo, l’œuvre a été réhabilitée et fait aujourd’hui l’objet d’un véritable culte. Et ce n’est que justice car Les aventures de Jack Burton est un film d’action spectaculaire, hilarant et gorgé des influences d’un des réalisateurs les plus inventifs et perfectionnistes de son siècle qui, en plus, a eu ici le bon goût de ne pas se prendre au sérieux.
1 h 39 Et avec Kate Burton, James Hong, Victor Wong, Donald Lee, Jeff Imada…

A noter qu’une suite de Big Trouble In Little China est en cours de développement aux Etats-Unis, mais qu’on se rassure, Dwayne Johnson, qui devrait en être la star, ne se risquera pas à incarner Jack Burton, indissociable de son interprète original.

BANDE-ANNONCE



Test Blu-ray Edition Collector
Boîtier Steelbook avec, au recto, un nouveau visuel exclusif signé Paul Shipper

Interactivité ****
L’édition regroupe quasiment tous les suppléments existants dont certains sont inédits en France. Parmi ces cinq heures de bonus, on retrouve le commentaire audio hilarant de John Carpenter et Kurt Russell qui abordent l’exercice façon partie de rigolade, tout en glissant des anecdotes intéressantes. Les deux compères adorent le film et continuent à se tenir les côtes à chaque gaffe de ce bon vieux Jack. Au cours des interviews proposées en sus réalisées en 2013 pour l’édition anglaise Arrow, ils évoquent également leur collaboration artistique et Kurt Russell ne tarit pas d’éloges à propos de ce réalisateur hors normes qui lui a offert ses plus beaux rôles. On peut également entendre le point de vue pertinent d’autres collaborateurs récurrents du cinéaste (Jeff Imada, responsable des scènes d’action, le producteur Larry J. Franco, le directeur photo Dean Cundey…). Le programme comprend aussi les featurettes d’époque, des scènes coupées ou alternatives, des bandes-annonces etc.

Image ****
Format : 2.35
Cette restauration en 2K est une vraie claque ! Les couleurs sont naturelles. La définition est splendide, les contrastes et le piqué convaincants. Un bonheur !

Son ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en anglais et français
Une piste 5.1 dynamique, qui, certes, ne décollera pas le papier peint, mais produit de jolis effets et se révèle très équilibrée. A noter que les sous-titres français sont optionnels.

 

 

L’édition DVD est également disponible et comprend une jaquette réversible 

Halloween, la nuit des masques critique AFAP