STAR WARS : L’ascension de Skywalker

A propos d’une série qui n’avait pas tenu toutes ses promesses, quelqu’un d’avisé m’a récemment confié : « Il y a longtemps que je ne la regardais plus pour ses qualités propres, mais pour “retrouver mes amis”. » C’est un peu le sentiment que l’on éprouve devant le dernier épisode de la dernière trilogie de la saga Star Wars. Quarante-deux ans après Un nouvel espoir, L’ascension de Skywalker fait plus que jamais vibrer la fibre nostalgique, malgré un évident manque d’audace narrative et d’inventivité de la part d’une jeune génération de créateurs trop respectueux de l’œuvre et de sa horde de passionnés fétichistes. (pas de spoilers dans cette critique)

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« We had each other, that’s how we won. »

 

Star Wars : L’ascension de Skywalker (Episode IX – The Rise Of Skywalker)

J. J. Abrams
2019
Dans les salles françaises depuis le 18 décembre 2019

Après la mort de Luke Skywalker, Rey (Daisy Ridley), dernier espoir des Jedi, s’entraîne auprès de la Générale Leia Organa (Carrie Fisher), toujours à la tête de la Résistance. Mais alors que le maléfique Kylo Ren (Adam Driver) tient désormais les rênes du Premier Ordre, une menace encore plus terrible plane sur la Galaxie…

Le réveil de la force (lire critique), réalisé en 2015 par J. J. Abrams sous l’égide de Disney, avait redonné du peps à une saga qui s’était quelque peu fourvoyée au début du nouveau millénaire. En renouant avec la recette éprouvée avec succès dans les épisodes originaux, la nouvelle trilogie semblait partir du bon pied. Las, Les derniers Jedi, le deuxième épisode mis en scène en 2017 par Rian Johnson, s’est avéré franchement décevant, la présence envahissante des « anciens » pesant lourdement sur un film qui semblait vouloir absolument tourner le mythe en ridicule (les personnages de Luke Skywalker et Leia en tête). Conscient du problème et soucieux de clore l’histoire avec panache, J. J. Abrams est retourné au charbon. Si L’ascension de Skywalker n’est pas le chef-d’œuvre espéré (trop de recyclage de plans, de personnages et de punchlines issus de la première trilogie, sans compter un emprunt éhonté au discours d’Aragorn dans Le Retour du Roi), il tient ses promesses sur les plans de l’action, de l’aventure et de l’émotion, et offre un final sinon grandiose, du moins très satisfaisant. Emaillé de séquences spectaculaires et souvent magnifiques, le film insiste sur la rivalité et relation ambiguë entre Rey et Kylo Ren, permettant à Adam Driver de faire montre de son infini talent. Indiscutablement, la présence de l’acteur nommé aux Oscars pour Marriage Story cette année est un atout de taille. Constamment habité par son personnage déchiré entre le bien et le mal, il insuffle de la tragédie grecque et du lyrisme dans cette épopée galactique en mal de scénario où l’humour bon enfant tient trop souvent lieu de dialogues. Mais qu’importe. Puisque pour des millions de spectateurs, Star Wars, c’est bien plus que du cinéma, J. J. Abrams n’a pas lésiné sur les références flatteuses de nostalgie. Et ça marche. Il y a quelque chose d’étrange dans le fait d’avoir assisté à la naissance d’une saga et d’avoir vieilli avec elle. Nul doute que d’autres intrigues verront le jour, mais cet épisode IX imparfait boucle miraculeusement la boucle et force à faire le deuil, de la saga et pas seulement. Après ça, rien ne sera plus jamais pareil.
2 h 22 Et avec John Boyega, Oscar Isaac, Domnhall Gleeson, Richard E. Grant, Keri Russell, Mark Hamill, Joonas Suotamo, Naomi Hackie, Anthony Daniels, Harrison Ford…

 

MESSIAH Saison 1

Et si Jésus revenait aujourd’hui, à l’heure d’Instagram, Twitter, Daech et des fake news ? Parviendrait-il à unir les peuples ou, au contraire, engendrerait-il un chaos de masse ? C’est la question que pose cette passionnante série écrite par Michael Petroni pour Netflix, sans nul doute le choc télévisuel de ce début d’année. (pas de spoiler dans cette chronique)

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« This is bigger than what you can imagine. »

 

Messiah Saison 1

Michael Petroni
2020
10 épisodes diffusés sur Netflix depuis le 1er janvier 2020

En Syrie, un jeune prêcheur (Mehdi Dehbi) parvient à empêcher une attaque djihadiste en invoquant une tempête de sable. Les témoins de l’événement, convaincus qu’il est un nouveau messie, entreprennent de le suivre dans le désert jusqu’à la frontière israélienne. Les médias du monde entier se focalisent sur cet homme extrêmement charismatique qui semble venu de nulle part. Tandis que beaucoup s’emballent, d’autres sont méfiants, tels Eva Geller (Michelle Monaghan), agent de la CIA, et Aviram Dahan (Tomer Sisley) du Mossad. Convaincus qu’il est un imposteur, voire un terroriste, ils vont remuer ciel et terre pour le démasquer…

A peine Messiah avait-elle commencé sur Netflix qu’elle suscitait les polémiques. Un boycott de la série est réclamé par ceux qui la jugent anti-islamique, propagandiste ou carrément blasphématoire, tandis que la Jordanie, qui avait pourtant autorisé le tournage sur ses terres, en a purement et simplement interdit la diffusion. Cependant, le discours du mystérieux Al Massih, formidablement campé par le bel acteur belge d’origine tunisienne Medhi Dehbi (remarqué dans Le fils de l’autre et  Un homme très recherché) n’a rien d’offensant. Dans un contexte constamment tendu, et notamment celui du conflit israélo-palestinien, sa sagesse, sa sérénité à toute épreuve et sa manière d’éluder les questions ont quelque chose de fascinant. Le scénariste australien Michael Petroni, déjà à l’œuvre sur La voleuse de livres, Le monde de Narnia ou la série Miracles, a échafaudé une intrigue astucieuse (« fourre-tout » selon ses détracteurs…), et sa neutralité religieuse ne saurait être mise en doute. C’est ce qui fait tout le sel de ce show multilingue qui parle surtout de spiritualité. Entre le thriller géopolitique façon Homeland et le drame mystique, le spectaculaire et l’intime sont savamment enchevêtrés pour faire vaciller les convictions du téléspectateur, confronté à ses propres croyances. La saison 1 s’achève en beauté, de manière on ne peut plus intrigante. On espère une saison 2.
10 épisodes de 40 minutes Et avec John Ortiz, Beau Bridges, Michael O’Neill, Dermot Mulroney, Emily Kinney, Assaad Bouab, Sayyid El Alami…

 

 

GOLDEN GLOBES 2020

Comme un avant-goût des Oscars, les Golden Globes…

Les Golden Globes récompensent depuis 1943 les meilleurs films et séries de l’année écoulée aux Etats-Unis (certains d’entre eux sont encore inédits en France). Les prix sont décernés par la Hollywood Foreign Press Association (Association hollywoodienne de la presse étrangère), et distinguent séparément drames et comédies, ce qui a pour effet de multiplier par deux le nombre de nommés et de récompenses.

Hier soir, au Beverly Hilton de Beverly Hills, la cérémonie présentée par l’impétueux Ricky Gervais a célébré le meilleur du cinéma et des séries de 2019, toutes catégories confondues. Hilarant et abrasif, bière sous le coude, Ricky Gervais n’y est pas allé de main morte pour tacler tous azimuts, et notamment les prédateurs sexuels de l’industrie du cinéma qu’il a mis en garde : « Ronan Farrow viendra vous chercher. » Curieusement, The Irishman, le bijou de Scorsese exclusivement diffusé sur Netflix et donc snobé par l’Académie, est resté sur le carreau, mais le palmarès est plutôt réjouissant parce que :

Si le Golden Globe du Meilleur film dramatique est allé à 1917 de Sam Mendes, sur les écrans français le 15 janvier et qui promet (le cinéaste a également raflé celui du Meilleur réalisateur dans la foulée), c’est Once Upon A time… In Hollywood qui remporte le trophée du Meilleur film catégorie comédie. Brad Pitt reçoit quant à lui le Golden Globe du Meilleur second rôle et Quentin Tarantino celui du Meilleur scénariste. Et Bam !

«Je ne serais pas ici sans toi. Je te remercie. J’aurais partagé le radeau avec toi. » illusion à Titanic à l’adresse de son partenaire Leonardo DiCaprio, qu’il surnomme LDC.

Sans surprise c’est le monstre Joaquin Phoenix qui est honoré pour sa performance dans Joker (même si Adam Driver dans Marriage Story a fait du beau boulot…). Le film de Todd Phillips a également remporté le Golden Globe de la Meilleure musique (de l’Islandaise Hildur Guõnadóttir, collaboratrice de feu Jóhann Jóhannsson).

 

Attendu aussi, Taron Egerton reçoit le trophée pour Rocketman dans la catégorie comédie.

 

 

Très classe en Armani Privé, Renée Zellweger est repartie avec le Golden Globe de la Meilleure actrice dramatique pour sa prestation dans Judy, le biopic sur Judy Garland (un regret pour Scarlett Johansson, impressionnante dans Marriage Story) et côté comédie, c’est Akwafina qui gagne le trophée pour The Farewell (L’adieu, de Lulu Wang). Ces deux films paraîtront courant janvier en France.

Ô joie, Laura Dern est récompensée par le Golden Globe du Meilleur second rôle pour son numéro bluffant dans Marriage Story (un personnage non sans similitude avec celui qu’elle campait dans la série Big Little Lies). Le film est diffusé exclusivement sur Netflix.

Quant au Golden Globe du Meilleur film étranger, il est revenu à l’excellent et attendu Parasite, de Bong Joon Ho.

 

SÉRIES

Côté séries, la lauréate est Succession (si, comme moi, vous ne l’avez pas encore vue, elle est disponible sur OCS). Son interprète principal, Brian Cox, a reçu le Golden Globe du Meilleur acteur.

Sans surprise non plus, Chernobyl a raflé le Golden Globe de la Meilleure mini-série, son acteur Stellan Skarsgård, celui du Meilleur second rôle. 

On notera aussi les récompenses de Russell Crowe pour sa performance pour le moins « énormissime » dans la mini-série The Loudest Voice,

 et d’Olivia Colman, royale Elizabeth de la nouvelle saison de The Crown.

 

LOOKS

Il y eut du chic comme de l’affreux, du soutien-gorge apparent (Gwyneth Paltrow) à pas de soutien-gorge du tout (Kerry Washington), des robes façon paquet cadeau (Jennifer Lopez) et des robes arty à donner mal à la tête (Joey King). Mes deux préférées : Ana de Armas en Ralph & Russo et Kaitlyn Dever en Valentino Couture.

 

 

 

 

 

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BONNE ANNÉE 2020 À TOUS MES LECTEURS ! 

Crédits photos : Getty Images.

Articles connexes :

Once upon A Time… In Hollywood
Joker
Parasite