KEANU REEVES HOMMAGE

OUVERTURE DU FESTIVAL DU FILM AMÉRICAIN DE DEAUVILLE, 41ème EDITION DU 4 AU 13 SEPTEMBRE 2015

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« My name can’t be THAT tough to pronounce ! »
Keanu (« Petite brise fraîche au-dessus des montagnes ») Reeves

S’il avait été plus inspiré, ou plus informé, Lionel Chouchan, vénérable cofondateur du festival du Film Américain de Deauville, aurait fait un discours sur Keanu Reeves autrement plus pertinent que cette évocation, façon pêle-mêle, de sa filmographie. Car Keanu Reeves, auquel la 41ème édition du festival rendait hommage lors de sa cérémonie d’ouverture vendredi, est un acteur inclassable, « taiseux », déroutant, capable du meilleur comme du pire et qui conserve, contrairement à ses pairs beaux gosses de la même génération (Tom Cruise, Brad Pitt, Johnny Depp) un caractère éminemment énigmatique, accentué par un timbre de voix follement grave. Les locomotives Point Break, Speed et surtout le cultissime et cyberpunk Matrix qui l’a porté au firmament en 1999, ne doivent pas faire oublier qu’il a débuté dans le cinéma indépendant (River’s Edge, My Own Private Idaho…), vers lequel il revient invariablement, et généralement lorsqu’on s’y attend le moins (A Scanner Darkly, Les vies privées de Pippa Lee…). Certes, sa carrière post-Matrix n’a pas eu le retentissement escompté, pour cause de choix malheureux et de prestations parfois médiocres, mais « le plus asiatique des acteurs américains » (selon Les Cahiers du cinéma *) est toujours prêt à en découdre, à prendre des risques, à mettre à mal son image, démontrant par là que contrairement aux apparences, il est « bosseur » et amoureux fou de son art. Et si on peut émettre des réserves sur le récent Man Of Tai Chi (sa première réalisation dans laquelle il livre l’une des plus mauvaises performances de sa carrière), Side By Side, le documentaire qu’il a produit en 2014 et dont il est l’initiateur, a révélé une facette inattendue de sa personnalité. On le savait passionné de rock, de moto et d’arts martiaux, mais dans ce film où il interpelle les plus grands de l’industrie du cinéma américain au sujet de la mort de l’argentique, il se révèle en cinéphile curieux et averti. Cet homme discret qu’on pensait timide a même bluffé les critiques les plus sceptiques lors de la master class qu’il a donnée à Paris en juin 2014 (Libération l’a jugé avec une certaine condescendance « plus tranchant qu’envisagé »). Et sur les mythiques planches de Deauville ce vendredi après-midi, où était inaugurée sa cabine de plage, juste à côté de celle de Salma Hayek, l’acteur canadien s’est mis dans la poche le public de fans et de curieux.

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Photo PJB/SIPA

04092015-DSC_4702Photo Sophie Dancourt

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Le service de presse du festival n’ayant sottement pas donné suite à la demande d’interview de Rock & Folk (Keanu Reeves est, entre autres, l’ex-bassiste du groupe Dogstar), on s’est sagement contentés du privilège d’assister à cet hommage. Le ciel de Deauville avait beau être plombé et les températures dignes d’un mois d’octobre, ce vendredi était radieux lorsque Keanu Reeves est entré dans la salle, au son de la musique de Rage Against The Machine (un extrait de la bande originale de Matrix dont le héros du soir n’a pas manqué de souligner la qualité), après une flamboyante rétrospective en images de sa carrière. Toujours beau gosse, mais plus rugueux (et barbu), souriant et étonnamment à l’aise, Keanu Reeves, visiblement ému par ce témoignage de reconnaissance du cinéma français, a livré un discours aussi touchant que drôle, en se remémorant ses débuts et le soutien indéfectible de sa mère,

« So I asked my mother, at fifteen years old, if I can be an actor, and she said : ‘Of course, Keanu, you can do ever you like !’.
Merci Maman ! »

… les déboires liés à son prénom jugé impossible par les gens de l’industrie hollywoodienne, et qui lui a valu de débuter sous le nom de K. C. Reeves (Charles est son deuxième prénom). Il a eu un mot (et un regard vers l’écran) pour River Phoenix, son ami et partenaire de My Own Private Idaho fauché en pleine jeunesse, et Keanu a également parlé avec ferveur de cette passion pour le cinéma qui l’anime depuis qu’il est môme : « Je me dis que cet homme de cinquante et un ans qui se tient devant vous se sent très chanceux d’avoir pu vivre jusqu’ici les rêves du gamin qu’il était à quinze. »

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avec River Phoenix dans My Own Private Idaho de Gus Van Sant (1991)

Samedi, son dernier film en date, le thriller horrifique Knock Knock, du trublion Eli Roth (Hostel), a été projeté en Première de cette 41ème édition. Critique à venir…

BANDE-ANNONCE

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Site officiel du festival de Deauville
* n°547, juin 2000

04092015-DSC_4748Photo Sophie Dancourt

ROBIN WILLIAMS : HOMMAGE

« La réalité… quel drôle de concept ! » Robin Williams

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« O Captain! My Captain! »

Disparu tragiquement le 11 août 2014 à 63 ans, l’inoubliable interprète du professeur Keating du Cercle des poètes disparus fut tout aussi remarquable en psychologue éclairé dans Will Hunting (rôle qui lui a valu l’Oscar du Meilleur second rôle masculin, le seul de sa carrière) ou en Peter Pan vieillissant dans l’attachant Hook de Steven Spielberg. Acteur caméléon, Robin Williams, né dans une famille aisée de Chicago, excellait dans tous les registres. Et si la comédie restait le domaine de prédilection de ce clown lunaire, il s’est également distingué dans des rôles plus sombres. En 2002, il campait un assassin retors dans l’hitchockien Insomnia, de Christopher Nolan, et la même année, il était cet employé solitaire du méconnu Photo Obsession, réalisé par le vidéaste Mark Romanek, à la croisée du thriller à suspense et de la tragédie humaine.

 

Photo Obsession (One Hour Photo)
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De Mark Romanek
2002

Technicien de labo photo efficace, Seymour Parrish (Robin Williams) est responsable du rayon photo d’un supermarché. Son travail constitue le seul bonheur de sa vie solitaire et misérable. Seymour est particulièrement fasciné par les photos de famille des Yorkin, qu’il développe depuis déjà quelques années et dont il n’oublie jamais de conserver un tirage pour son propre plaisir. Cette famille modèle de la banlieue chic représente pour lui un tel idéal de bonheur, qu’un jour, cédant à une pulsion irrépressible, il entre en contact avec Nina Yorkin (Connie Nielsen)…

Lauréat du Prix du Jury à Deauville en 2002, Photo Obsession a enthousiasmé le public et la critique à sa sortie. Après un premier long-métrage passé inaperçu en 1985 (Static), Mark Romanek, réalisateur de clips surdoué et renommé (pour David Bowie, Madonna, R.E.M. …) réussissait ici un coup de maître en mêlant adroitement les genres (drame de la solitude et thriller à suspense). Si le cinéaste du futur Never Let Me Go a reconnu s’être inspiré des anti-héros schizophréniques et paranoïaques de Taxi Driver et du Locataire, sa mise en scène affiche quant à elle des accents kubrickiens frappants (décors cliniques, lumière soignée, minutie des détails). Robin Williams, méconnaissable, est magistral dans ce rôle sombre et subversif, et ce thriller dérangeant et tragique se révèle plus brillant et intelligent que la moyenne.

Rédigé pour Fnac.com en 2003

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Robin Williams en dix leçons :

 1978-1982 Mork et Mindy (série TV)
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1982 Le monde selon Garp (The World According To Garp) de George Roy Hill
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 1987 Good Morning Vietnam de Barry Levinson
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1989 Le cercle des poètes disparus (Dead Poets Society) de Peter Weir
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1991 Fisher King (The Fisher King) de Terry Gilliam
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1991 Hook ou la revanche du Capitaine Crochet (Hook) de Steven Spielberg
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1993 Madame Doubtfire (Mrs Doubtfire) de Chris Columbus
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1995 Jumanji de Joe Johnston
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1997 Will Hunting (Good Will Hunting) de Gus Van Sant
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2002 Insomnia de Christopher Nolan
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