La plus belle histoire de vengeance jamais écrite trouve dans cette superproduction française une vraie dimension épique et romanesque. Classique et flamboyant, emmené par une distribution éblouissante, dont un Pierre Niney incandescent, ce majestueux film de cape et d’épée embarque dans un voyage de trois heures et tient en haleine jusqu’au bout.(Pas de spoiler dans cet article)
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« Ce n’est pas de la vengeance, c’est de la justice. »
LE COMTE DE MONTE-CRISTO
Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière
2024
En salles depuis le 28 juin
À Marseille, le jeune marin Edmond Dantès (Pierre Niney) est sur un nuage : pour avoir sauvé une naufragée, au péril de sa vie, il vient d’être promu capitaine. Il peut désormais épouser sa bien-aimée, la belle Mercédès (Anaïs Demoustier) qui l’aime en retour. Il ne sait pas que Fernand de Morcef (Bastien Bouillon), son ami et cousin de celle-ci, la convoite aussi. Il ignore également que Fernand n’est pas son seul ennemi et que dans l’ombre, un complot se trame. Le jour de son mariage, en pleine cérémonie, Edmond est arrêté. Accusé d’un crime qu’il n’a pas commis, il est incarcéré sans autre forme de procès dans la prison du château d’If, au large de Marseille, dont personne ne s’est jamais évadé…
Après le ratage Milady, deuxième volet des Trois Mousquetaires très loin d’être à la hauteur des attentes suscitées par le premier, cette nouvelle adaptation d’un monument d’Alexandre Dumas (d’abord publié en feuilleton dans Le Journal des débats en 1844) se révèle étonnamment réjouissante. Elle a pourtant été conçue par les mêmes scénaristes, ici également réalisateurs. Force est de constater que tout ce qu’on pouvait reprocher au film de Martin Bourboulon a disparu. Ici, le récit est fluide, limpide, et les protagonistes sont à la hauteur de leur réputation. Les entorses au roman elles-mêmes (personnages condensés en un seul, péripéties quelque peu différentes…), ont été validées par les spécialistes de Dumas, ravis de retrouver malgré tout dans le film l’essence de l’œuvre originale. Le défi d’incarner à l’écran un des plus fascinants héros de la littérature mondiale a été relevé haut la main par Pierre Niney. L’acteur prodige du cinéma français traduit magnifiquement la dualité du personnage, qui passe de solaire à cruel avec la même conviction. Le comédien amène en outre une touche de romantisme noir au rôle auquel se sont déjà frottés, entre autres et avec plus ou moins de réussite, Jean Marais, Louis Jourdan, Jacques Weber, Gérard Depardieu ou Jim Caviezel. Car ce qui motive la vengeance d’Edmond Dantès et alimente sa haine, c’est avant tout la perte de son grand amour, qui, pense-t-il, l’a oublié un peu vite. À ses côtés, Laurent Lafitte et Patrick Mille font de truculentes crapules, les jeunes et séduisants Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider (petit frère de Niels) et la révélation Julien De Saint Jean, excellent, tandis qu’Anaïs Demoustier fait une Mercédès idéale. Pas de temps mort dans ces presque trois heures de récit d’aventures plein de panache, dont chaque plan émerveille. Ce beau film populaire, à la fois classique et moderne, et non sans portée philosophique, retrouve même les accents gothiques et merveilleux du roman. Dumas peut dormir tranquille. Le genre cape et d’épée n’a jamais aussi bien porté son nom.
2 h 58 Et avec Pierfrancesco Favino, Julie De Bona, Adèle Simphal, Bruno Raffaelli, Stéphane Varupenne, Bernard Blancan, Oscar Lesage…