JAMES BOND : LES ARCHIVES

Parce que Bond sera toujours Bond, qu’importe l’interprète, il fascine comme au premier jour. Depuis 1962 et James Bond 007 contre Dr. No, le célèbre agent secret imaginé par Ian Fleming a traversé cinq décennies. Chaque film étant un reflet de son époque, la saga, à la fois moderne et vintage, fait l’objet d’un culte, et nostalgie aidant, emballe toutes les générations. Publié par Taschen pour la première fois en 2012 pour la sortie de Skyfall et le cinquantenaire de James Bond au cinéma, ce livre au format XXL se penche sur les vingt-six aventures cinématographiques de Bond, produites par la société EON fondée en 1961 par Harry Saltzman et Albert R. Broccoli. L’éditeur Paul Duncan a eu accès à plus d’un million de photos, d’interviews et de documents inédits, provenant des archives de EON et de la MGM. Remis à jour pour la parution de Spectre, il revient à un prix plus abordable. Une aubaine, que les fans de l’agent 007 feraient bien de ne pas laisser filer.

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« Bond incarne les durs romantiques en habits du XXème siècle et parlant la langue du XXIème siècle. Je pense qu’il est plus proche des héros modernes, des membres de commandos de la dernière guerre et ainsi de suite, et de certains agents du renseignement que j’ai croisés, que des personnages de carton-pâte des romans policiers d’autrefois. » Ian Fleming

  

Les archives James Bond. Edition Spectre

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Paul Duncan
Paru en 2016 chez Taschen (Relié 33,7 x 24,6 – 624 pages)
Nouvelle édition 44,99 € (Edition originale 150 €)

Après la préface de Michael G. Wilson et Barbara Broccoli, les deux producteurs actuels de la saga, puis l’introduction de Paul Duncan, qui a supervisé ce livre hommage, c’est par une instructive interview de Ian Fleming, parue en 1964, quatre mois avant sa mort, dans le magazine Playboy, que l’on pénètre dans le monde merveilleux de 007. L’écrivain né en 1908, qui fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, adjoint du directeur du renseignement au ministère britannique de la Marine, a puisé dans son expérience la matière de ses romans. Il rappelle que le choix du nom de son héros repose sur la banalité même du patronyme. Il lui a été inspiré par l’ornithologue James Bond, dont il avait apprécié l’ouvrage de référence A Field Guide To The Birds Of The West Indies (Ian Fleming était lui-même passionné d’ornithologie). Il souhaitait faire de son héros un personnage similaire à ceux de son ami Raymond Chandler ou Dashiell Hammett : privilégier l’aspect anonyme pour le rendre plus crédible. L’écrivain y mentionne également « que l’âge de Bond est et sera toujours trente-cinq ans. »

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Vingt-cinq à trente pages au design de toute beauté sont consacrées à l’évocation de chaque film et ses secrets de création. Huit auteurs ont été conviés par Paul Duncan à sélectionner les extraits d’interviews les plus pertinents des créateurs, réalisateurs, acteurs, producteurs ou membres de l’équipe technique. On peut ainsi y trouver des propos entrelacés des directeurs artistiques, des cascadeurs, monteurs, spécialistes des effets spéciaux… Les photos iconiques et de plateau, souvent inédites, côtoient l’artwork sous toutes ses formes (dessins de production, projets d’affiches…). A noter que pour la France, les éditeurs ont judicieusement annexé à ce livre présenté en langue anglaise, un appendice comprenant l’intégralité des textes traduits en français.

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C’est au producteur Cubby Broccoli et au cinéaste Terence Young de relater la recherche de l’interprète de Bond dans le premier film James Bond contre Dr No : « A mon avis, il nous fallait un inconnu, pas une vedette. Et surtout, un homme crédible en James Bond… On nous a suggéré Patrick McGoohan qui aurait pu faire un Bond convaincant. Mais il était pieux. Il était mal à l ‘aise avec les scènes de violence et de sexe. On a aussi envisagé James Fox, qui a décliné en raison des mêmes scrupules. Nous avons pensé à Roger Moore, mais, à l’époque, je le trouvais encore trop jeune et un tantinet trop mignon. Il ressemblait trop à la publicité pour les cols de chemise Arrow, trop tiré à quatre épingles. »

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George Lazenby, interprète d’un seul film de la saga, Au service secret de Sa Majesté, mais qui reste l’un des épisodes préférés des aficionados (présence de Diana Rigg oblige, mais aussi pour son aspect romantique et son intrigue particulièrement bien ficelée), narre avec humour la manière dont il s’est imposé pour le rôle après le départ de Sean Connery. Mannequin devenu célèbre en Angleterre en vantant les mérites d’une barre chocolatée dans une publicité, il parvint à entrer en douce dans le bureau du directeur de casting Dyson Lovell, en profitant d’un moment d’inattention de la réceptionniste. « Je lui ai raconté que j’étais moniteur de ski, karatéka de haut niveau, que j’avais tourné à Hong Kong, en Allemagne… partout où ils ne pourraient pas vérifier. » Mais si George Lazenby réussit à se mettre la production dans la poche, son jeu d’acteur ne convaincra ni la critique ni le public. Et son arrogance alliée à une bonne dose d’arrivisme lors des négociations pour le contrat suivant lui coûtera ce rôle prestigieux qu’il avait pourtant astucieusement décroché.

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Le livre, doté d’une chronologie des moments clés de l’histoire de la saga, se clôt sur Spectre, et parmi le flot d’informations techniques, jaillit cette sentence de Barbara Broccoli :

« Dans Casino Royale, Bond tombait amoureux, était trahi et renonçait à toute vie sentimentale. Dans Spectre, il rencontre Madeleine Swann, qui lui demande : ‘C’est vraiment ça que vous voulez ? Vivre parmi les ombres. Chasser. Être chassé. Toujours regarder derrière vous ? Toujours seul ?’ Pour la première fois depuis Vesper Lynd, il entrevoit la possibilité d’une autre vie. »

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Mes Tops JAMES BOND

Top films

Au service

1 Au service secret de Sa Majesté – 1969 (On Her Majesty’s Secret Service)
2 Goldfinger – 1964
3 Skyfall – 2012
4 Casino Royale – 2006
5 Vivre et laisser mourir – 1973 (Live And Let Die )

Top James Bond

Sean

1 Sean Connery
2 Daniel Craig
3 Timothy Dalton
4 Pierce Brosnan
5 Roger Moore

Top James Bond girls
Ursula

1 Ursula Andress (Honey Rider – James Bond 007 contre Dr. No)
2 Diana Rigg (Teresa « Tracy » Di Vincenzo – Au service secret de Sa Majesté)
3 Honor Blackman (Pussy Galore – Goldfinger)
4 Famke Janssen (Xenia Onatopp – GoldenEye)
5 Halle Berry (Jinx Johnson – Meurs un autre jour)

Top vilains

Javier

1 Javier Bardem (Raoul Silva – Skyfall)
2 Gert Fröbe (Auric Goldfinger – Goldfinger)
3 Mads Mikkelsen (Le Chiffre – Casino Royale)
4 Donald Pleasence (Blofeld – On ne vit que deux fois)
5 Famke Janssen (Xenia Onatopp – GoldenEye)

Top génériques (chanson+design)

1 Demain ne meurt jamais («Tomorrow Never Dies » – Sheryl Crow – Design Daniel Kleinman)
2 Skyfall («Skyfall » – Adèle – Design Daniel Kleinman)
3 L’espion qui m’aimait (« Nobody Does It Better » – Carly Simon – Design Maurice Binder)
4 Vivre et laisser mourir (Live And Let Die – Paul McCartney & Wings – Design Maurice Binder)
5 Au service secret de Sa Majesté (John Barry – Maurice Binder)

2001, l’odyssée de l’espace : Making of

En 1968, un an avant le premier pas de l’homme sur la lune, bond prodigieux pour l’humanité et les esprits, Stanley Kubrick tissait un fil d’Ariane entre l’être humain et l’espace, marquant à jamais l’histoire du cinéma et de la science-fiction. En 2014, l’éditeur Taschen avait consacré à 2001, l’odyssée de l’espace un remarquable ouvrage, présenté dans un coffret métallique reproduisant le monolithe noir. Il réunissait quatre volumes abondamment illustrés de photos et documents inédits, truffés d’entretiens et de témoignages, ainsi que les fac-similés du scénario original et des notes de production. Limitée à 1500 exemplaires et plutôt onéreuse (1 000 € selon le site de Taschen), cette édition collector monumentale réalisée en étroite collaboration avec le Kubrick Estate et la Warner Bros est aujourd’hui déclinée en version allégée et beaucoup plus abordable.

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Dave : « I don’t know what you’re talking about, HAL.
HAL : I know that you and Frank were planning to disconnect me, and I’m afraid that’s something I cannot allow to happen. »

 

The Making Of Stanley Kubrick’s 2001 : A Space Odyssey

Kubrick

De Piers Bizony et M/M Paris
Publié par Taschen en septembre 2015
En anglais, relié (16,9 x 37,8) 562 pages (59,99 €)

Piers Bizony est bien connu des amoureux du chef-d’œuvre visionnaire de Stanley Kubrick. Cet écrivain spécialisé dans la science et l’histoire de la technologie est l’auteur de l’ouvrage de référence 2001 : Filming The Future, dont la version française, 2001 : le futur selon Kubrick, éditée en 2000, est aujourd’hui épuisée. C’est une version enrichie de ce livre que l’on trouve ici, dans cette nouvelle édition, proposée uniquement en anglais (comme la précédente), du monumental coffret collector paru en 2014 chez Taschen, dont le design est signé M/M (Paris). Ce studio graphique français d’art et de design fondé en 1992 par Mathias Augustyniak et Michael Amzalag collabore régulièrement avec des créateurs de mode (Yohji Yamamoto, Marc Jacobs…), des musiciens (Benjamin Biolay, Etienne Daho, Madonna, Björk, Kanye West…), et des artistes contemporains (Pierre Huyghe, Inez & Vinoodh…). Selon l’éditeur, Mathias Augustyniak et Michael Amzalag ont conçu le livre (en forme de monolithe) « comme une symphonie, entièrement composée de pages dépliantes, à expérimenter si possible avec Le beau Danube bleu en fond sonore ». Le format inhabituel (et très controversé) n’est pas un hasard. Aussi insolite et imposant que le monolithe noir du film, l’ouvrage « qui n’a jamais été pensé comme expérience ordinaire ou un plaisir superficiel » est une œuvre d’art à part entière, au service de son sujet, et dont la manipulation doit interpeller le lecteur et le bousculer. Illustrant les propos de Piers Bizony, qui relate l’aventure que fut la création du film — de la genèse jusqu’à son héritage — les photos de plateaux et des coulisses du tournage, croquis, tableaux préparatoires et éléments publicitaires trouvent subtilement leur place. Le lecteur va de découverte en découverte en dépliant les pages de ce coffre au trésor. Hommage au génie de Kubrick et Arthur C. Clarke, ce livre permet de plonger au cœur d’un film révolutionnaire, et d’en découvrir non seulement les secrets, mais aussi les acteurs, les chefs-décorateurs, les experts en effets spéciaux… tous ceux qui ont contribué à cet éblouissement.

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2001, l’odyssée de l’espace

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Stanley Kubrick
1968

Des grands singes peuplant la terre il y a quatre milliards d’années à la conquête de l’espace en 2001, l’évolution de l’homme est une aventure vertigineuse et mystérieuse dont la clé semble être un étrange monolithe…

En 1963, après Docteur Folamour, son film déjanté sur l’amorce de la troisième guerre mondiale, le cinéaste américain Stanley Kubrick s’attelle à l’élaboration du projet le plus ambitieux jamais réalisé au cinéma : tenter d’élucider le mystère de l’humanité. Mais au cours des cinq années que dura sa création, ce programme audacieux prit des proportions démesurées. S’étant allié avec l’écrivain de science-fiction de renom Arthur C. Clarke, qui adapta pour la cause sa nouvelle intitulée The Sentinel, le cinéaste avait envisagé au départ de réaliser un semi-documentaire, qui aurait recours à des voix-off et des interviews scientifiques et métaphysiques. Cependant, soucieux de mettre en évidence sa vision de la relation de l’homme avec l’univers, Stanley Kubrick finit par opter pour la représentation purement cinématographique, prouvant ainsi que l’art, dépourvu de limites, peut explorer des domaines situés bien au-delà de la raison. Dans le même dessein, le réalisateur se débarrasse de la parole (« les mots étant un terrible carcan »). De fait, ce film de plus de deux heures ne comporte pas plus de quarante minutes de dialogues. Pour y suppléer, le cinéaste choisit avec une inspiration de génie une bande-son des plus originale. En effet, alors que l’usage dans le cinéma de science-fiction était de recourir à de la musique à connotation expérimentale, tentative de se rapprocher au maximum d’une certaine idée du modernisme, 2001, l’odyssée de l’espace va être transcendé par des chefs-d’œuvre de la musique classique, dont Le beau Danube bleu (qui accompagne à merveille les mouvements du vaisseau dans l’espace), de Johann Strauss et Ainsi parlait Zarathoustra, de Richard Strauss. Ce décalage crée une osmose foudroyante, et s’offre l’assurance de l’intemporalité (voir interview Nicolas Godin). Le lyrisme échevelé allié avec l’expérimentation scientifique et l’intelligence de la mise en scène font de ce film une vision de génie encore jamais égalée, posant par là même les bases du cinéma de science-fiction moderne. Les effets spéciaux innovateurs (soixante pour cent du budget du film), créés par une équipe de quatre techniciens chevronnés (dont Douglas Trumbull, réalisateur de Brainstorm en 1983) furent supervisés par Stanley Kubrick lui-même, qui effectua un travail très minutieux sur les modèles réduits. L’académie des Oscars lui offrira pour cela la seule statuette de sa carrière (suprême ironie !), bien que le film ait été nominé dans les catégories Meilleur réalisateur, Meilleur scénario et Meilleure direction artistique. Qu’importe ! Le cinéaste obtint avec ce film sa consécration définitive en même temps qu’un statut de mégalomane. Mais ce qui fait la puissance de ce chef-d’œuvre ne réside pas seulement dans la magnificence et l’inventivité visuelle. Parce qu’il touche à l’essentiel et à l’intouchable, 2001, l’odyssée de l’espace provoque chez le spectateur un sentiment indéfinissable de terreur. La solitude de l’homme devant l’immensité de l’univers et le pouvoir grandissant des machines représenté par l’implacable ordinateur HAL (les trois lettres précédant IBM) sont un sombre présage pour le destin de l’humanité, que la fin romantique (le fœtus astral) ne parvient pas à estomper. Le pessimisme exacerbé de Stanley Kubrick, dont la réputation de misanthrope ne cessera de croître avec les années, est à fleur du film. Bien des questions restent sans réponse. Car, si le monolithe est la clé de l’univers, qu’est-il vraiment ? Dieu ? Le néant ? « Chacun est libre de spéculer à son gré sur la signification philosophique et allégorique du film. J’ai essayé de créer une expérience visuelle » affirmait le cinéaste. Tout comme Hitchcock avec le suspense, Stanley Kubrick a révolutionné avec 2001 le cinéma de science-fiction si intensément que les autres réalisateurs préfèrent s’y référer plutôt que de se risquer à le contourner. Suprême ironie encore, Stanley Kubrick, disparu le 7 mars 1999, n’aura jamais vu l’année 2001.
Avec Keir Dullea, Gary Lockwood, William Sylvester, Robert Beatty…

BANDE-ANNONCE

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Chronique rédigée pour fnac.com en 2001

LES MEILLEURES SÉRIES SELON TASCHEN

Parce qu’elles ne cessent de nourrir notre imaginaire et qu’elles ont, depuis quelques années, placé la barre si haut que le cinéma peine à rivaliser, les séries télévisées n’ont jamais pris autant d’importance dans nos vies. En quinze ans, la prolifération des chaînes câblées aidant, leur nombre a littéralement explosé, et les genres sont si variés que chacun y trouve forcément son bonheur. Et puisque chaque génération a ses séries culte, de Lost à Game Of Thrones en passant par The Sopranos et Sex And The City, Taschen a eu la bonne idée de revenir sur les plus marquantes de ces vingt-cinq dernières années dans un ouvrage monumental et de toute beauté. Mais s’il fera joli sur la table du salon, ce livre donnera surtout envie aux néophytes de découvrir quelques-uns de ces chefs-d’œuvre de la culture populaire, et séduira également les affranchis, qui en apprendront davantage sur leurs séries préférées.

 

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« Aujourd’hui, les séries télévisées ne se contentent plus d’utiliser les prises de vues comme instruments d’une action linéaire, mais mettent en avant leur nature énigmatique. Cette façon d’aborder le langage visuel est remarquable, parce qu’elle délègue le monopole de l’interprétation à la communauté des fans. » Jürgen Müller

 

L’univers des séries TV : Le meilleur de ces 25 dernières années selon Taschen
Supervisé par Jürgen Müller (éditeur)
Paru le 5 juin 2015 (Relié – 33 x 4,7 x 25 cm — 744 pages)
49,99 €

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Soixante-huit séries parmi les plus marquantes depuis 1989 figurent dans cet ouvrage, qui ne se prétend en aucun cas exhaustif (le « selon Taschen » en témoigne). La sélection n’est pourtant pas passée loin du sans-faute, même si à la place de Revenge, on aurait préféré Mentalist, Justified, Sons Of Anarchy, The Gilmore Girls, Life On Mars ou encore Dawson, la cultissime série ado. Et si on se félicite de la présence de Top Of The Lake ou de l’anglaise The Office (l’originale), on mettra en revanche un petit bémol au design de la couverture du livre, qui manque un peu de subtilité, même si elle est illustrée par une photo de la mythique Twin Peaks.

Cela étant dit, le contenu ne réserve que de bonnes surprises. A commencer par « Bienvenue dans la famille », la préface de Jürgen Müller et Steffen Haubner. En s’appuyant notamment sur la récente Breaking Bad, les deux auteurs évoquent l’évolution de la série télévisée, qui se fait le miroir des changements sociaux.

« Dans une série familiale classique, chaque spectateur trouve parmi les protagonistes exactement le membre de la famille qui lui convient. Toutefois, les producteurs d’aujourd’hui ne trouvent plus de cadre de réception homogène et prévisible. Ils ont affaire à un public complètement hétérogène qui appréhende les contenus proposés à des niveaux de réflexion très différents. »

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Pas moins de douze pages sont ensuite consacrées à chaque série. Elles bénéficient d’un éventail de photos magnifiques et superbement mises en valeur, et d’un texte analytique fourmillant d’informations. Sous la direction de l’Allemand Jürgen Müller, critique d’art et auteur de nombreux ouvrages sur le cinéma (dont le fameux Film Noir, 100 All-Time Favourite, déjà chroniqué ici), vingt-neuf auteurs (professeurs, psychanalystes, spécialistes en sciences politiques, journalistes, historiens…) se sont partagé les dissections de ces œuvres d’art à part entière, sans oublier de se pencher sur les sources littéraires et l’étude des enjeux et des personnages. Leurs glossaires sont particulièrement savoureux. Les auteurs s’attardent ainsi sur « la main à la cravate » de David Brent (Ricky Gervais) dans The Office, « les chaussures » des héroïnes de Sex And The City, « les caméos » d’Entourage, le fameux « projet Dharma » de Lost, « la voix off » de Veronica Mars, « la grève des scénaristes » pour Desperate Housewives ou… « Mads Mikkelsen » dans Hannibal

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Le panorama respectant l’ordre chronologique de création, le livre se clôt sur True Detective (saison 1). C’est pourtant au sujet d’ Hannibal que l’on retiendra la réflexion la plus pertinente concernant les séries les plus récentes, celles dont le savant cocktail « violence/immoralité » est la clé du succès.

« Hannibal fait un peu l’effet d’un protocole expérimental visant à pousser jusqu’à leurs limites certaines caractéristiques des nouvelles séries américaines… Bryan Fuller semble vouloir tester la durée pendant laquelle les spectateurs continueront à suivre une série dénuée de véritable possibilité d’identification. En combien de temps seront-ils prêts à tenir avant que le mal ne reçoive la punition toujours prévue par les règles du polar, de l’horreur et du thriller ? C’est particulièrement cet aspect, qu’Hannibal, impitoyablement, porte à son paroxysme… »

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