TRUE DETECTIVE

Trois épisodes de la série de Nic Pizzolatto auront suffi pour mettre le monde à ses pieds. Diffusée en ce moment sur la chaîne OCS City, la première saison de True Detective est à peine entamée qu’elle fait déjà l’effet d’une claque. Ne passez pas à côté !

 

True Detective 

HBO's "True Detective" Season 1 / Director: Cary Fukunaga

Série créée en 2014 par Nic Pizzolatto
Première saison de huit épisodes diffusée aux Etats-Unis depuis le 12 janvier sur HBO, en France depuis le 13 janvier sur OCS City.

La Louisiane en 2012. Deux inspecteurs, Rust Cohle (Matthew McConaughey) et Martin Hart (Woody Harrelson) font l’objet d’interrogatoires séparés au sujet d’une affaire de tueur en série dont ils avaient la charge en 1995. Dora Lange, une prostituée, avait été sauvagement assassinée, et son cadavre mis en scène selon des rites occultes. Pour les deux inspecteurs de la Division des enquêtes criminelles de Louisiane, l’enquête avait tourné à l’obsession…

A n’en pas douter, 2014 sera l’année de Matthew McConaughey. Qu’il soit un acteur doué n’est certes pas une découverte, en témoignent ses performances dans Lone Star, La défense Lincoln ou Killer Joe. Mais ses incartades dans des bluettes telles que Hanté par ses ex ou Sahara ont quelque peu écorné sa filmographie des années 2000. Conscient d’avoir passé l’âge de jouer les beaux gosses, l’acteur texan semble avoir envie de renouer avec les personnages plus ambigus de ses débuts. Depuis 2012, il a ainsi enchaîné Paperboy, Mud, les rives du Mississippi, Magic Mike, Dallas Buyers Club et Le loup de Wall Street. Un sans-faute qui semble bien parti pour durer en 2014. Nominé aux Oscars pour son rôle d’homophobe atteint du SIDA dans Dallas Buyers Club, il figure au générique des prochains Christopher Nolan (Interstellar) et Gus Van Sant (See Of Trees), et il se distingue aussi, aux côtés du solide Woody Harrelson, dans cette série puissante concoctée par l’écrivain Nic Pizzolatto, qui suscite un véritable enthousiasme. Originaire de Louisiane, Nic Pizzolatto, remarqué pour son premier roman, Galveston (récompenséen France par le Prix du premier roman étranger en 2011), est un fin connaisseur de la culture locale, de ses légendes et de ses mythes. Nul besoin de goules façon True Blood pour déstabiliser et impressionner. Le flic tordu que campe McConaughey fait ça très bien. Bavarde, contemplative et mystique, la série joue sur un rythme lent très particulier, et des allers et retour dans le temps plutôt habiles. On y assiste à la rencontre houleuse entre deux inspecteurs aux personnalités opposées, contraints de faire équipe. Malgré son caractère tourmenté et dépressif, Cohle en impose à son partenaire, bonhomme et terre à terre, grâce à son intelligence et son instinct de déduction hors du commun. La traque du tueur les oblige à s’interroger sur la nature humaine et sa noirceur, et leurs échanges verbaux sont un régal. Brillamment écrite, intense et déstabilisante, True Detective est une immersion dans une Louisiane mystérieuse et hostile, à l’atmosphère poisseuse, magnifiquement filmée, entre rêve et cauchemar, par Cary Joji Fukunaga, le réalisateur de Sin Nombre et du récent Jane Eyre. Cerises sur le gâteau, Michelle Monaghan est de la partie, T-Bone Burnett a supervisé la musique, et le générique, sur la chanson « Far From Any Road » de The Handsome Family, est juste à se damner !

Il est indispensable de visionner les épisodes en version originale, les accents des acteurs (dont celui, texan et traînant, de Matthew McConaughey) font partie intégrante de la série.

GÉNÉRIQUE

BANDE-ANNONCE

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MENTALIST

Le joueur de flûte 

(Click on the planet above to switch language.)

Mentalist (The Mentalist) Saison 5

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Série américaine créée par Bruno Heller en 2008
DVD/Blu-ray Saison 5 Warner Home Video

Depuis la mort tragique de son épouse et sa fille, Patrick Jane (Simon Baker), ex-médium à la télévision, consacre son existence à la traque de leur meurtrier, le tueur en série Red John, qui signe ses crimes d’un smiley. L’équipe du CBI (California Bureau of Investigation) dirigée par l’agent Teresa Lisbon (Robin Tunney) lui permet de profiter des ressources de la police contre sa collaboration en tant que consultant. Ses facultés d’analyse et ses talents d’illusionniste sont en effet un atout précieux pour élucider les enquêtes les plus épineuses…

Le fait qu’en France, elle soit diffusée sur TF1 à une heure de grande écoute, et visionnée la plupart du temps en français, ne doit pas banaliser cette série foncièrement remarquable. Elle est curieusement davantage appréciée dans l’Hexagone qu’aux Etats-Unis, où son avenir est incertain après les chutes d’audiences constatées lors de la diffusion de la saison 6 sur CBS, sa chaîne d’origine. Admirablement ciselée, Mentalist (la version française a bizarrement éludé l’article du titre original) adopte un ton et un rythme envoûtants, à l’image de son héros, Patrick Jane, incarné à la perfection par Simon Baker. Etonnante carrière que celle de ce beau gosse australien au parcours hétéroclite dans lequel on distingue pêle-mêle L. A. Confidential, Sunset Strip, Le territoire des morts (Land Of The Dead), Le Diable s’habille en Prada, Margin Call et le récent Mariage à l’anglaise. The Mentalist, créée en 2008 par Bruno Heller, un des scénaristes de la fameuse série Rome, lui a probablement offert le rôle de sa vie. Manipulateur facétieux et séducteur torturé, Patrick Jane est bien trop spirituel, intelligent et humaniste pour être vrai. S’il ne se montrait pas parfois ridiculement froussard, il pourrait même être l’homme idéal. C’est probablement ce que pense Lisbon, qui semble constamment partagée entre agacement et admiration, mais finit toujours, et souvent malgré elle, à le protéger contre vents et marées. Les sentiments enfouis de Lisbon sont d’ailleurs une source d’amusement inépuisable, et les scénaristes ne se privent pas de pimenter les épisodes de petites allusions équivoques, qui font parfois ressembler le show à de la comédie screwball. Cet aspect comique est renforcé par les tribulations des membres de l’équipe du CBI, Rigsby (Owain Yeoman), Cho (Tim Kang), et Van Pelt (Amanda Righetti était enceinte durant le tournage de la saison 5, ce qui a compliqué ses apparitions), pieds nickelés attachants. Après un final de saison 4 explosif, où l’arrestation de Red John n’a tenu qu’à un fil, ce début de cinquième saison est marqué par la frustration légitime de Jane, dont le personnage se fait plus sombre. Même si les critiques ont pointé du doigt l’aspect répétitif de la traque (plus Jane s’approche de Red John, plus il semble s’éloigner), force est de constater que l’étau se resserre, et cette saison plus que les précédentes est riche en révélations. Cependant, et contrairement à ce qu’en pensent les téléspectateurs outre-Atlantique, l’intérêt de Mentalist ne saurait reposer sur Red John, mais sur la manière dont Jane élucide les affaires en cours, plus proche de la méthode de Columbo ou de Sherlock Holmes que de celle des Experts. Et si la série semble « ronronner », c’est uniquement dû à sa petite musique, au propre (composée par Blake Neely) comme au figuré, qui rassure et ensorcelle. Du grand art, qui ferait presque espérer que Jane n’attrape pas Red John de sitôt.

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Test DVD :

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Interactivité **
Très joliment présenté, le coffret 5-DVD propose les 22 épisodes de 42 minutes suivis de deux reportages consacrés aux aspects techniques de la création de la série : les cascades et le réalisme des scènes policières (12 et 14 minutes). Tout cela n’est pas sans intérêt, mais on aurait préféré en savoir plus sur les ambitions des scénaristes, et sur l’évolution du personnage de Jane, d’autant que le 5ème épisode (le 100ème de la série) dévoile la première rencontre entre le mentaliste et l’équipe du CBI.

Image ***
Format : 1.78
L’image est correctement définie et contrastée, quoiqu’un peu sombre, notamment dans les séquences intérieures. Le Blu-ray devrait être plus performant.

Son ***
DD 5.1 en anglais
DD 2.0 en français
Sous-titres français non imposés
La piste 5.1, plus enveloppante, est réservée à la version originale, celle qu’il faut privilégier pour profiter de la voix séduisante de Simon Baker. Les effets surround à l’arrière sont cependant subtils et la piste en 2.0 n’en est pas si éloignée.

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IN THE FLESH

Top Of The Lake, Generation War, Tunnel, In The Flesh : les mini-séries qui ont tout des grandes ! (4/4)

Zombies en famille

 In The Flesh 

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Mini-série britannique créée par Dominic Mitchell
2013 (1ère diffusion mars 2013 sur BBC Three)

A dix-huit ans, Kieren Walker (Luke Newberry, très attachant) compte parmi les infortunés atteints du syndrome PDS « Partially Deceased Syndrome » qui a fait de lui un zombie. Après des années de guerre entre humains et morts-vivants, les scientifiques ont mis au point un traitement efficace permettant à ces derniers de renouer avec leur humanité. Devenus inoffensifs, les zombies sont à même de retourner dans leur famille et de se réinsérer. Mais la population n’est pas prête à fraterniser aussi facilement. Et Kieren n’a décidément pas de chance : Roarton, la petite ville rurale du Lancashire où vit sa famille, est aussi le siège de la HVF (Armée Volontaire Humaine), dont les membres, armés jusqu’aux dents (et dont fait partie sa propre sœur) n’ont aucune intention de jouer le jeu…

Il se passe toujours quelque chose chez les zombies. Après avoir été immortalisés dès 1968 par George A. Romero, leur maître, et trouvé un nouveau souffle dans l’excellente série The Walking Dead, désormais référence, les morts-vivants constituent un thème inépuisable qui inspire régulièrement les scénaristes tous horizons confondus. Le plus souvent caricaturés comme des créatures enragées et décérébrées dont l’unique motivation est de dévorer les vivants, les zombies ont aussi des représentants plus sophistiqués et plus évolués. En 2005, dans l’excellent Le territoire des morts (Land Of The Dead), Romero évoquait l’idée d’un zombie doté d’intelligence, et récemment, dans le charmant Warm Bodies, de Jonathan Levine, un zombie mélancolique, hanté par ses souvenirs d’humain, faisait part de son mal-être et tombait amoureux de la fille venue pour l’exterminer. Comme dans le film de Levine, In The Flesh a la particularité de s’attacher au point de vue du mort-vivant. Kieren est un gentil garçon, rêveur et trop sensible (il s’était suicidé quatre ans plus tôt) qui se retrouve jeté dans la fosse aux lions, soit un village anglais rustique, peuplé de brutes et de fanatiques. Son retour à la maison ne manque pas de sel. Est-il seulement possible entre des parents bienveillants mais dépassés par la situation, et une sœur qui le rejette totalement, comme la moitié des habitants du village ? Ici, pas de gore à outrance (il n’est présent que dans quelques flash-backs), l’histoire se situant après l’apocalypse. On est davantage dans le drame social anglais teinté d’horreur, de SF et d’humour noir. Cette vision inédite du thème du mort-vivant traite avant tout de la quête d’identité et du rejet dans une société qui n’est pas prête à accepter les différences. En cela (comme chez Romero souvent) elle s’ouvre à moult métaphores (racisme, homophobie, conflits familiaux… ). Conçus comme une mini-série, ces trois épisodes de 60 minutes mis en scène par Jonny Campbell sont l’œuvre de Dominic Mitchell, révélé par la BBC Writersroom, un réservoir de talents susceptibles d’enrichir les programmes du groupe. La qualité du show, sa richesse narrative ainsi que la belle adhésion du public ont encouragé la BBC à produire une deuxième saison, qui devrait être diffusée courant 2014. On ne peut que s’en réjouir.

Diffusée sur Canal+ Séries en décembre 2013

BANDE-ANNONCE

In The Flesh

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