INTERSTELLAR : The power of love

Evénement cinématographique de la saison, le neuvième long-métrage de Christopher Nolan charrie des torrents d’émotion en plus d’être une claque visuelle. Plus proche de Spielberg que de Kubrick, ce blockbuster ambitieux et excitant jongle avec l’infiniment grand et l’intime, le spectaculaire et le mélodrame, pas toujours avec subtilité, mais avec une ferveur quasi-homérique.

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Do not go gentle into that good night,
Old age should burn and rave at close of day ;
Rage, rage against the dying of the light.

[N’entre pas sans violence dans cette bonne nuit,
Le vieil âge devrait brûler et s’emporter à la chute du jour ;
Rager et s’enrager contre la mort de la lumière.]
Dylan Thomas – 1951

 

Interstellar : The power of love

Interstellar 3 
Christopher Nolan
2014

La Terre est exsangue. La famine et la pollution condamnent l’humanité à une fin imminente. Seul espoir des scientifiques : coloniser une autre planète habitable. A la faveur d’un trou de ver récemment découvert dans l’espace-temps donnant accès à une galaxie bienveillante, un groupe d’explorateurs entreprend d’y dénicher la planète idéale. Pour les conduire, la Nasa, devenue semi-clandestine, sollicite les services de Cooper (Matthew McConaughey), ancien pilote de la maison reconverti cultivateur. Le dilemme de Cooper, c’est qu’il est aussi veuf et père de deux enfants et qu’il a promis à sa cadette, Murphy (Mackenzie Foy), dévastée par son départ, de revenir…

Après Alfonso Cuaron et son sensationnel Gravity, c’est au tour de Christopher Nolan d’en mettre en plein la vue avec ce blockbuster de science-fiction grandiose et humaniste, écrit avec son frère scénariste Jonathan Nolan, et supervisé par le physicien Kip Thorne, spécialiste de la relativité et des trous noirs. D’emblée, on est étonné par la facture classique du film, tourné en 70 mm IMAX et 35 mm (hélas, il ne sera projeté dans son format d’origine que dans une seule salle en France, le Grand Mercure à Elbeuf, la seule à être équipée d’un projecteur argentique 70 mm). Comme son aîné Steven Spielberg, Christopher Nolan est un conteur efficace. En deux coups de cuillères à pot, il éveille la curiosité et rend plausibles les choses les plus extravagantes. On ne met pas longtemps à se ranger aux côtés de Cooper, véritable space cowboy (rôle qui va comme un gant au Texan Matthew McConaughey), qui se voit assigner la mission ultime : assurer la survie de l’humanité. Parti la fleur au fusil, il ne comprend que trop tard qu’il ne pourra peut-être pas tenir la promesse à sa fille adorée. Car le temps est un redoutable ennemi. Une heure passée sur une planète soumise à d’autres lois physiques équivaut à sept ans sur terre, où les conditions de vie sont de plus en plus effroyables. Entre discours scientifiques plutôt pédagogiques et scènes intimistes touchantes, Interstellar éblouit avec des séquences d’action ébouriffantes (telles ces vagues vertigineuses de la première planète visitée) mises en valeur par des effets sonores saisissants et une musique de Hans Zimmer qui se fait majestueuse dans les hauteurs. Mais plus l’intrigue avance, plus Nolan se détache de la rigueur scientifique. « L’amour est la seule chose qui transcende le temps et l’espace. » Soit ! La poésie prend le dessus et le space opera un tour résolument lyrique, métaphysique et sentimental, au point de dérouter, laissant de nombreuses questions sans réponse (a fortiori lorsqu’on n’est pas astrophysicien soi-même) et des incohérences inconfortables. Qu’importe ! Interstellar n’est certainement pas le nouveau 2001, l’odyssée de l’espace, mais le voyage en vaut la peine. Il tient en haleine, et a le mérite de faire cogiter…
(2 h 49) Et avec Anne Hathaway, Jessica Chastain, Michael Caine, Matt Damon, Casey Affleck, John Lithgow, Wes Bentley, Topher Grace, Ellen Burstyn…

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OSCARS 2014

 

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AND THE OSCAR GOES TO…

86th Annual Academy Awards - Show

Certes, Ellen DeGeneres n’a pas le génie comique de Billy Crystal, auquel la cérémonie des Oscars doit quelques-unes de ses plus belles heures. Mais hier soir, sur la scène du Dolby Theater, elle a assuré comme une cheftaine, en toute décontraction, à coups de piques et de gags bon enfant, telle cette distribution de pizzas au parterre de stars, à laquelle les invités se sont prêtés plutôt deux fois qu’une. Brad Pitt, Angelina Jolie, Bradley Cooper, Jared Leto, Julia Roberts, Meryl Streep et Jennifer Lawrence ne sont pas fait prier pour participer au selfie improvisé (en passe de devenir le tweet le plus partagé de l’histoire) et Meryl Streep et Amy Adams n’ont pas hésité non plus à se trémousser lorsque Pharell Williams s’est avancé en chantant son fédérateur « Happy » (chanson extraite du film Moi moche et méchant 2). Car les acteurs américains, contrairement aux français, ont le showbiz dans le sang et hier soir, au cours de la 86ème cérémonie des Oscars, Ellen DeGeneres n’a eu aucun mal à convaincre que tout ce beau monde formait réellement une grande famille.

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Côté émotion, la palme revient aux lauréats Jared Leto, Lupita Nyong’o (Meilleur second rôle féminin dans 12 Years A Slave), vêtue d’une superbe robe Prada, Matthew McConaughey et Cate Blanchett, dont les discours ont fait pleurer la salle, à la présence sur scène du vétéran et mythique Sidney Poitier, mais aussi à l’incroyable performance au micro de la chanteuse Darlene Love, venue accompagner sur scène Morgan Neville, son metteur en scène de 20 Feet From Stardom, récompensé par l’Oscar du Meilleur documentaire.

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Le palmarès frise le sans-faute. Si 12 Years A Slave, de Steve McQueen, rafle l’Oscar du Meilleur film, le grand vainqueur de la soirée reste Gravity qui a obtenu très légitimement tous les Oscars techniques (son, montage son, effets visuels, montage, photo), ainsi que celui de la Meilleure musique (Stephen Price) et de la réalisation (Alfonso Cuaron). Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée fait un doublé en s’octroyant les Oscars du Meilleur second rôle (Jared Leto) et Meilleur acteur (Matthew McConaughey), deux performances ahurissantes, ainsi que celui du Meilleur maquillage, forcément… Oscar de la Meilleure actrice pour son rôle de névrosée dans l’excellent Blue Jasmine de Woody Allen, Cate Blanchett était absolument divine dans sa robe Armani. Presque embarrassée de damer le pion à ses prestigieuses concurrentes (parmi lesquelles Meryl Streep), elle leur a adressé ses premiers mots.

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Très logiquement, les Oscars des Meilleurs décors et costumes sont allés à Gatsby le magnifique, qui l’est réellement. Her de Spike Jonze a remporté l’Oscar du Meilleur scénario original. Sans surprise, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino a obtenu celui du Meilleur film étranger, et on se réjouit que les Français de Mr Hublot (Laurent Witz et Alexandre Espigares) aient remporté l’Oscar du Meilleur court-métrage d’animation.

Malgré ses dix nominations, American Bluff fait donc figure de grand perdant de la soirée, juste avant Capitaine Phillips (six nominations) et Le loup de Wall Street (cinq nominations). On regrette aussi l’absence de récompense pour Le vent se lève, d’Hayao Miyazaki, coiffé au poteau par La reine des neiges, des studios Disney, Meilleur film d’animation de l’année.

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86th Annual Academy Awards - Show

 

TRUE DETECTIVE

Trois épisodes de la série de Nic Pizzolatto auront suffi pour mettre le monde à ses pieds. Diffusée en ce moment sur la chaîne OCS City, la première saison de True Detective est à peine entamée qu’elle fait déjà l’effet d’une claque. Ne passez pas à côté !

 

True Detective 

HBO's "True Detective" Season 1 / Director: Cary Fukunaga

Série créée en 2014 par Nic Pizzolatto
Première saison de huit épisodes diffusée aux Etats-Unis depuis le 12 janvier sur HBO, en France depuis le 13 janvier sur OCS City.

La Louisiane en 2012. Deux inspecteurs, Rust Cohle (Matthew McConaughey) et Martin Hart (Woody Harrelson) font l’objet d’interrogatoires séparés au sujet d’une affaire de tueur en série dont ils avaient la charge en 1995. Dora Lange, une prostituée, avait été sauvagement assassinée, et son cadavre mis en scène selon des rites occultes. Pour les deux inspecteurs de la Division des enquêtes criminelles de Louisiane, l’enquête avait tourné à l’obsession…

A n’en pas douter, 2014 sera l’année de Matthew McConaughey. Qu’il soit un acteur doué n’est certes pas une découverte, en témoignent ses performances dans Lone Star, La défense Lincoln ou Killer Joe. Mais ses incartades dans des bluettes telles que Hanté par ses ex ou Sahara ont quelque peu écorné sa filmographie des années 2000. Conscient d’avoir passé l’âge de jouer les beaux gosses, l’acteur texan semble avoir envie de renouer avec les personnages plus ambigus de ses débuts. Depuis 2012, il a ainsi enchaîné Paperboy, Mud, les rives du Mississippi, Magic Mike, Dallas Buyers Club et Le loup de Wall Street. Un sans-faute qui semble bien parti pour durer en 2014. Nominé aux Oscars pour son rôle d’homophobe atteint du SIDA dans Dallas Buyers Club, il figure au générique des prochains Christopher Nolan (Interstellar) et Gus Van Sant (See Of Trees), et il se distingue aussi, aux côtés du solide Woody Harrelson, dans cette série puissante concoctée par l’écrivain Nic Pizzolatto, qui suscite un véritable enthousiasme. Originaire de Louisiane, Nic Pizzolatto, remarqué pour son premier roman, Galveston (récompenséen France par le Prix du premier roman étranger en 2011), est un fin connaisseur de la culture locale, de ses légendes et de ses mythes. Nul besoin de goules façon True Blood pour déstabiliser et impressionner. Le flic tordu que campe McConaughey fait ça très bien. Bavarde, contemplative et mystique, la série joue sur un rythme lent très particulier, et des allers et retour dans le temps plutôt habiles. On y assiste à la rencontre houleuse entre deux inspecteurs aux personnalités opposées, contraints de faire équipe. Malgré son caractère tourmenté et dépressif, Cohle en impose à son partenaire, bonhomme et terre à terre, grâce à son intelligence et son instinct de déduction hors du commun. La traque du tueur les oblige à s’interroger sur la nature humaine et sa noirceur, et leurs échanges verbaux sont un régal. Brillamment écrite, intense et déstabilisante, True Detective est une immersion dans une Louisiane mystérieuse et hostile, à l’atmosphère poisseuse, magnifiquement filmée, entre rêve et cauchemar, par Cary Joji Fukunaga, le réalisateur de Sin Nombre et du récent Jane Eyre. Cerises sur le gâteau, Michelle Monaghan est de la partie, T-Bone Burnett a supervisé la musique, et le générique, sur la chanson « Far From Any Road » de The Handsome Family, est juste à se damner !

Il est indispensable de visionner les épisodes en version originale, les accents des acteurs (dont celui, texan et traînant, de Matthew McConaughey) font partie intégrante de la série.

GÉNÉRIQUE

BANDE-ANNONCE

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