SUICIDE SQUAD

« Fiasco », « hara-kiri artistique », « massacre », « ratage monumental »… Ainsi donc, Suicide Squad se prendrait une « raclée bien méritée » de la part des critiques. Pour avoir osé se prendre pour le Joker, Jared Leto voit toute sa filmographie réduite à une série de contre-performances, et même l’épatante prestation de Margot Robbie se voit qualifiée de « pitoyable » par une journaliste (du Figaro.fr). Ce déchaînement de haine donne presque envie de rire. Que les fans de comics n’y aient pas trouvé leur compte, soit. Mais les autres, à quoi s’attendaient-ils exactement ? A un traité philosophique sur le combat du mal par le mal ? A une tragédie shakespearienne punk ? Au plus grand film de chaos de tous les temps ? Certes, on en est loin, mais Suicide Squad n’est pas aussi honteux qu’on voudrait nous le faire croire. Et lorsqu’on l’aborde avec l’esprit léger, exempt de toute idée préconçue, et surtout si on n’a pas visionné jusqu’à l’overdose les vidéos de l’infernale campagne promotionnelle qui a manifestement laissé les geeks sur leur faim, on peut prendre ce film pop et foutraque pour ce qu’il est : un blockbuster éminemment sympathique, et craquer pour Margot Robbie, l’interprète irrésistible de Harley Quinn.

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« This is the deal : you disobey me, you die. You try to escape, you die. You irritate or vex me… guess what ?
– I’m known for being quite vexing. I’m just forewarning you…
– You die. »
 

Suicide Squad

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David Ayer
2016 (Dans les salles françaises depuis le 3 août)

Après la mort de Superman, Amanda Waller (Viola Davis), à la tête d’une agence secrète gouvernementale, monte une équipe de choc pour assurer la sécurité du monde. Le hic, c’est qu’elle est composée des pires assassins et fous furieux qui croupissaient dans des geôles. Mais Amanda a une méthode efficace pour les obliger à obéir et à travailler ensemble…

Derrière cette adaptation de la bande dessinée de DC Comics créée par John Ostrander en 1987, il y a David Ayer, réalisateur de Fury et d’Au bout de la nuit, et scénariste de Training Day, qui avait valu un Oscar à Denzel Washington en 2002. Pas exactement le type de metteur en scène attendu dans ce genre de production. Mais DC Comics aime élargir ses horizons, comme en témoigne le choix d’un Christopher Nolan aux manettes de Batman. Il faut y voir aussi la patte de Zack Snyder. Entré dans l’écurie DC Comics en 2009 en dirigeant Watchmen : les gardiens, puis Man Of Steel et Batman VS Superman, le talentueux réalisateur de 300 et Sucker Punch est ici producteur exécutif. Et il y a beaucoup de Sucker Punch, sorte d’ « Alice aux pays des merveilles avec des flingues » dixit Snyder, dans l’aspect visuel de Suicide Squad, et notamment dans le traitement du personnage de Harley Quinn, qui, disons-le tout net, est le plus bel atout du film. Le cocktail séduit grâce à ses aspects de comédie parodique, ses vannes un peu nulles (le « Démerde toi toute seule, morue ! », d’Amanda Waller à la très méchante du film étant un sommet), ses teintes pop et son sentimentalisme un peu cucul (dans ce registre, Deadshot et sa fille décrochent le pompon). Alors qu’importe que cette bande de vilains obligés d’œuvrer ensemble pour sauver le monde soit trop sympathique, et pas assez terrifiante au goût de certains (qui donc, malgré le climat anxiogène du moment, seraient en manque…). Qu’importe que les héros fassent des blagues pourries, que l’intrigue et ses ficelles soient abracadabrantesques, qu’on croule sous l’avalanche de tubes pop rock (entre autres, « The House Of The Rising Sun », « You Don’t Own Me », « Sympathy For The Devil », « Bohemian Rhapsody », « Fortunate Son », « I Started A Joke »…), Suicide Squad, c’est fun. Le créateur de la bande dessinée lui-même assure ne pas avoir été déçu. En attendant, il y a fort à parier qu’on va être témoins d’une recrudescence de filles en couettes sur les plages cet été.
2 h 03 Et avec Will Smith, Cara Delevingne, Jay Hernandez, Joel Kinnaman, Adewale Akinnuoye-Agbaje, Jail Courtney, Adam Beach, Karen Fukuhara, Ben Affleck…

BANDE-ANNONCE

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SUICIDE SQUAD

OSCARS 2014

 

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AND THE OSCAR GOES TO…

86th Annual Academy Awards - Show

Certes, Ellen DeGeneres n’a pas le génie comique de Billy Crystal, auquel la cérémonie des Oscars doit quelques-unes de ses plus belles heures. Mais hier soir, sur la scène du Dolby Theater, elle a assuré comme une cheftaine, en toute décontraction, à coups de piques et de gags bon enfant, telle cette distribution de pizzas au parterre de stars, à laquelle les invités se sont prêtés plutôt deux fois qu’une. Brad Pitt, Angelina Jolie, Bradley Cooper, Jared Leto, Julia Roberts, Meryl Streep et Jennifer Lawrence ne sont pas fait prier pour participer au selfie improvisé (en passe de devenir le tweet le plus partagé de l’histoire) et Meryl Streep et Amy Adams n’ont pas hésité non plus à se trémousser lorsque Pharell Williams s’est avancé en chantant son fédérateur « Happy » (chanson extraite du film Moi moche et méchant 2). Car les acteurs américains, contrairement aux français, ont le showbiz dans le sang et hier soir, au cours de la 86ème cérémonie des Oscars, Ellen DeGeneres n’a eu aucun mal à convaincre que tout ce beau monde formait réellement une grande famille.

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Côté émotion, la palme revient aux lauréats Jared Leto, Lupita Nyong’o (Meilleur second rôle féminin dans 12 Years A Slave), vêtue d’une superbe robe Prada, Matthew McConaughey et Cate Blanchett, dont les discours ont fait pleurer la salle, à la présence sur scène du vétéran et mythique Sidney Poitier, mais aussi à l’incroyable performance au micro de la chanteuse Darlene Love, venue accompagner sur scène Morgan Neville, son metteur en scène de 20 Feet From Stardom, récompensé par l’Oscar du Meilleur documentaire.

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Le palmarès frise le sans-faute. Si 12 Years A Slave, de Steve McQueen, rafle l’Oscar du Meilleur film, le grand vainqueur de la soirée reste Gravity qui a obtenu très légitimement tous les Oscars techniques (son, montage son, effets visuels, montage, photo), ainsi que celui de la Meilleure musique (Stephen Price) et de la réalisation (Alfonso Cuaron). Dallas Buyers Club de Jean-Marc Vallée fait un doublé en s’octroyant les Oscars du Meilleur second rôle (Jared Leto) et Meilleur acteur (Matthew McConaughey), deux performances ahurissantes, ainsi que celui du Meilleur maquillage, forcément… Oscar de la Meilleure actrice pour son rôle de névrosée dans l’excellent Blue Jasmine de Woody Allen, Cate Blanchett était absolument divine dans sa robe Armani. Presque embarrassée de damer le pion à ses prestigieuses concurrentes (parmi lesquelles Meryl Streep), elle leur a adressé ses premiers mots.

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Très logiquement, les Oscars des Meilleurs décors et costumes sont allés à Gatsby le magnifique, qui l’est réellement. Her de Spike Jonze a remporté l’Oscar du Meilleur scénario original. Sans surprise, La Grande Bellezza de Paolo Sorrentino a obtenu celui du Meilleur film étranger, et on se réjouit que les Français de Mr Hublot (Laurent Witz et Alexandre Espigares) aient remporté l’Oscar du Meilleur court-métrage d’animation.

Malgré ses dix nominations, American Bluff fait donc figure de grand perdant de la soirée, juste avant Capitaine Phillips (six nominations) et Le loup de Wall Street (cinq nominations). On regrette aussi l’absence de récompense pour Le vent se lève, d’Hayao Miyazaki, coiffé au poteau par La reine des neiges, des studios Disney, Meilleur film d’animation de l’année.

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86th Annual Academy Awards - Show