BEST OF 2023 (films/séries/performances)

Beth Dutton, gun and whiskey (Kelly Reilly dans Yellowstone)

 

TOP 12 FILMS

Du grandiose, de l’intimiste, il y en a eu pour tous les goûts en 2023. Voici ce qui m’a particulièrement enthousiasmée au cours d’une année marquée par les hommages au 7ème art et par une certaine tendance à la nostalgie.

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1 – ABOUT KIM SOHEE de July Jung (avril 2023)

Une pépite venue de Corée du Sud, par la réalisatrice de A Girl At My Door. En enquêtant sur le suicide d’une jeune stagiaire d’un centre appel, une inspectrice va découvrir les méthodes abjectes d’un système libéral, qui broie impitoyablement la jeunesse. Inspiré d’un fait réel.

 

2 – LE PROCÈS GOLDMAN de Cédric Kahn (septembre 2023)

Passionnant. Ma critique ici.

  

3 – CHIEN DE LA CASSE de Jean-Baptiste Durand (avril 2023)

Dans un petit village du sud de la France, l’amitié entre deux jeunes gens aux personnalités opposées : l’un grande gueule, l’autre taiseux. Un premier film étonnant, drôle et tendre, qui a, au passage, révélé Raphaël Quenard.

 

4 – EMILY de Frances O’Connor (mars 2023)

Même si, pour son premier long-métrage, l’actrice australienne Frances O’Connor a pris quelques libertés avec la vérité historique, on lui pardonne tant c’est ainsi qu’on se plaît à imaginer l’auteur des Hauts de Hurlevent. Emma Mackey fait une Emily Brontë incandescente.

  

5 – OPPENHEIMER de Christopher Nolan (juillet 2023)

 Une évocation aussi brillante qu’impressionnante du « père de la bombe atomique ». Ma critique ici.

  

6 – ANATOMIE D’UNE CHUTE de Justine Triet (août 2023)

Une Palme d’or méritée pour un film qui joue magistralement sur l’ambiguïté et les points de vue. Ma critique ici.

  

7 – THE FABELMANS de Steven Spielberg (février 2023)

 L’un des plus grands cinéastes actuels revient sur son histoire familiale. Magnifique. Ma critique ici.

 

8 – BABYLON de Damien Chazelle (Janvier 2023)

Le cinéaste de Whiplash et La La Land reconstitue les débuts d’Hollywood. Démesure et décadence au programme. Un film imparfait, mais gonflé. Ma critique ici.

  

9 – EMPIRE OF LIGHT de Sam Mendes (mars 2023)

 Encore un vibrant hommage au 7ème art dans ce portrait d’employés d’un cinéma d’une petite ville balnéaire anglaise pendant les années 80. Olivia Colman y est extraordinaire.

  

10 – THE SWEET EAST de Sean Price Williams (Prix du jury Deauville 2023)

 Une adolescente fugue pendant un voyage scolaire. Un voyage picaresque et délirant à travers les fractures de l’Amérique contemporaine. Ma critique ici.

  

11 – THE QUIET GIRL de Colm Bairéad (avril 2023)

Au début des années 80 en Irlande, une fillette négligée par sa propre famille tisse des liens avec des parents éloignés. Un film bouleversant, porté par la grâce de sa jeune interprète, Catherine Clinch.

 

12 – SUZUME de Makoto Shinkai (avril 2023)

 Une adolescente déterminée suit le jeune homme mystérieux qu’elle a croisé sur la route de l’école et déclenche malgré elle une série de catastrophes. La force créatrice du réalisateur de Your Name en action.

À noter que faute de temps, je n’ai pas vu Le règne animal ni Killers Of The Flower Moon que je rattraperai en 2024. C’est ma première résolution de l’année.

 

TOP 12 SÉRIES

 

1 – SUCCESSION Saison 4 (Canal+)

La série créée par Jesse Armstrong s’achève aussi brillamment qu’elle avait commencé. Un monument.

 

2 -YELLOWSTONE Saison 5 (Paramount TV)

Grands espaces, luttes de pouvoir, personnages charismatiques, suspense… la grandiose série néo-western de Taylor Sheridan coche toutes les bonnes cases. On adore !

 

3 -TULSA KING (Paramount TV)

Et quand Taylor Sheridan fait dans l’humour, ça marche aussi. Retour gagnant pour Stallone, hilarant. Ma critique ici.

 

4 – HAPPY VALLEY Saison 3 (Canal+)

 Catherine Cawood a repris du service dans cette dernière saison de l’épatante série policière de Sally Wainwright qui conclut admirablement le show. Sarah Lancashire est toujours aussi bluffante. Ma critique ici.

  

5 -THE GLORY Saison 2 (Netflix)

 La vengeance est un art dont les Coréens sont décidément passés maîtres.

 

6 -THE MORNING SHOW Saison 3 (Apple TV)

L’arrivée de Jon Hamm, en ersatz d’Elon Musk, met du piment dans cette série attachante qui mélange habilement mélodrame et enjeux sociétaux contemporains.

 

7 – D’ARGENT ET DE SANG (Canal+)

Le scandale de la fraude à la TVA sur les quotas carbone vu par Xavier Giannoli. C’est aussi édifiant que passionnant.

  

8 – SOUS CONTRÔLE (Arte)

Une directrice d’ONG respectée est nommée ministre des Affaires étrangères le jour où cinq Européens sont pris en otages au Sahel. Hélas, la diplomatie n’est pas son fort. Rarement la politique n’a été aussi drôle que dans cette série française, qui cultive l’absurde façon Quai d’Orsay de Bertrand Tavernier. 

 

9 – SAMBRE (France 2)

L’affaire du « Violeur de la Sambre » mise en scène par le talentueux Jean-Xavier de Lestrade. Pendant trente ans, le sinistre individu est passé entre les mailles du filet de la police. Des ratés en cascades et au final, une quarantaine de victimes. Là encore, édifiant !

  

10 – LOVE AND DEATH (Canal+)

 Au début des années 80, dans une banlieue paisible du Texas, une respectable mère de famille est accusée d’avoir tuée une voisine et amie de quarante et un coups de hache. Créée par David E. Kelley (Ally McBeal, The Practice, Big Little Lies…) cette mini-série inspirée d’une histoire vraie est emmenée par des comédiens sensationnels dont une Elizabeth Olsen littéralement illuminée. La bande-son est une tuerie.

 

11 – TED LASSO Saison 3 (Apple TV)

 Un entraîneur de football américain est recruté par la propriétaire d’une équipe de foot anglaise, alors qu’il n’a pas d’expérience en la matière. Elle a le dessein secret de couler l’équipe pour se venger de son ex-mari, mais Ted Lasso a des ressources insoupçonnées. Une série feel-good brillamment écrite, drôle, tendre et très attachante, avec Jason Sudeikis et l’exquise Juno Temple en cerise sur le gâteau.

 

12 – SLOW HORSES Saison 3 (Apple TV)

Des espions du MI5 mis sur la touche pour avoir commis des bourdes se retrouvent à la Slough House, dirigée par Jackson Lamb, incarné par un Gary Oldman cynique à souhait. Humour british à tous les étages. Donc formidable.

 

TOP 12 PERFORMANCES

Ils ont brillé en 2023.

 

1- Raphaël Quenard (Chien de la casse, Yannick, Cash)

Un phénomène. Il est sans conteste la révélation de l’année.

 

2 – Kelly Reilly (Yellowstone)

La  comédienne britannique révélée par L’auberge espagnole a bien changé. Dans Yellowstone, elle se lâche littéralement. Elle est juste époustouflante.

 

3 – Margot Robbie (Babylon, Barbie)

Margot Robbie excelle dans tout ce qu’elle fait. Avec elle, le too much a de la classe.

 

4 – Billy Crudup (The Morning Show)

Intelligent, manipulateur, visionnaire, mégalomane, filou… l’ambigu Cory Ellison reste aussi ce personnage torturé immensément romantique que Billy Crudup incarne à la perfection.

 

5 – Bae Doona (About Kim Sohee)

La célèbre actrice sud-coréenne vue chez Park Chan-Wook, Bong Joon-Ho, ou Hirokazu Kore-eda (dans le récent Les bonnes étoiles) est bouleversante en inspectrice effarée par ce qu’elle découvre au cours de son enquête.

 

6 – Benicio del Toro (Reptile)

L’acteur portoricain trouve l’un de ses meilleurs rôles dans ce film noir de Grant Singer, paru sur Netflix. Ma critique ici.

 

7 – Teo Yoo (Past Lives, nos vies d’avant)

 Impossible de ne pas succomber au charme de Teo Yoo, l’acteur sud-coréen déjà très séduisant dans Leto de Kirill Serebrennikov. Ma critique ici.

 

8  – Léa Drucker (Sous contrôle)

En ministre gaffeuse et foutraque, elle est si drôle.

 

9 – Pauline Parigot (Sambre)

Elle n’est que d’un épisode de la série (en tant que personnage principal), mais elle si touchante en petite juge déterminée… à défaut d’être écoutée.

 

10 – Adèle Exarchopoulos (Voleuses)

Le film d’action de Mélanie Laurent est un tantinet raté, mais Adèle Exarchopoulos y est désopilante.

 

11 – Lee Do-hyun (The Glory)

Il est étonnant dans la peau d’un chirurgien névrosé et chevaleresque, un personnage étrange et séduisant comme seuls les scénaristes de K-dramas osent en imaginer.

 

12 – Benjamin Lavernhe (Jeanne du Barry)

Un second rôle mais quel talent ! En valet fidèle de Louis XV, aussi discret qu’intelligent, il est remarquable. Ma critique ici.

 

DÉCEPTIONS

Je n’en ai retenu que quatre mais elles sont de taille. Napoléon de Ridley Scott, Barbie de Greta Gerwig, John Wick 4 de Chad Stahelski et Silent Night de John Woo n’ont pas tenu leurs promesses et c’est rien de le dire.

 

 

UNE BONNE ANNÉE 2024 À TOUS MES LECTEURS ! ♥

 

WISHLIST NOËL 2022

Douze cadeaux à s’offrir entre cinéphiles (l’ordre n’a pas d’importance).

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1 – Le plus hollywoodien

LA COMTESSE AUX PIEDS NUS (The Barefoot Contessa)
Joseph L. Mankiewicz
Coffret Ultra Collector n°24 (Blu-ray+DVD+Livre)
Carlotta Films
Publié le 22 novembre 2022 – 53 €

Après Pandora, c’est à un autre chef-d’œuvre magnifié par Ava Gardner que Carlotta Films a choisi de rendre hommage. Via le destin d’une Cendrillon moderne, Mankiewicz brossait en 1954 un portrait acerbe d’Hollywood et du star-system. Double du cinéaste et ange gardien de l’héroïne, Humphrey Bogart trouvait dans La comtesse aux pieds nus l’un de ses plus beaux rôles. Le film est enrichi d’un documentaire sur le réalisateur troussé par Jean Douchet en 1981 (53 minutes) et d’un entretien inédit avec le journaliste Samuel Blumenfeld (29 minutes). Enfin, cette sublime édition, dont le visuel exclusif est signé Anne Benjamin, illustratrice et designer américaine, propose un livre de 160 pages agrémenté de photos d’archives. Intitulé Mankiewicz contre Cendrillon, cet ouvrage collectif inédit réalisé en association avec la revue Revus & Corrigés explore de nombreux aspects du film, de sa genèse à sa réception.

Le film est également disponible en éditions simples.

 

2 et 3 – Les plus émouvants

SI NOUS AVIONS SU QUE NOUS L’AIMIONS TANT, NOUS L’AURIONS AIMÉ DAVANTAGE
Thierry Frémaux
Éditions Grasset
Publié en octobre 2022 – 19 €

« Si quelqu’un pouvait prétendre au titre de “Grand Cinéphile Mondial”, c’était lui. »

Les amoureux de cinéma et de westerns, dont je suis, n’ont pas fini de pleurer Bertrand Tavernier. Si son talent de cinéaste n’a pas toujours fait l’unanimité (comme le rappelle, pas langue de bois, Thierry Frémaux), celui de passeur est indéniable. « Tout le monde se souviendra de quelqu’un qui avait tout vu, tout entendu, tout lu. De sa curiosité brandie comme l’un des beaux-arts » écrit l’auteur qui se remémore les années passées aux côtés de son mentor, lyonnais comme lui. Dans cet éloge revendiqué, le directeur de l’Institut Lumière et délégué général du festival de Cannes rend hommage à cette figure terriblement attachante, réalisateur, au passage, du merveilleux Un dimanche à la campagne, et parvient joliment, si besoin était, à le faire aimer davantage.

  

BERTRAND TAVERNIER : LE CINÉMA ET RIEN D’AUTRE

Laurent Delmas
Éditions Gallimard
Publié en novembre 2022 – 29,90 €

Complémentaire du livre de Thierry Frémaux, voici une « formidable » (adjectif favori de Tavernier) exploration de la filmographie du metteur en scène de La vie et rien d’autre menée par le journaliste, critique et chroniqueur de cinéma bien connu des auditeurs de France Inter. Pour prolonger la série documentaire Tavernier, le cinéma et rien d’autre, que la station avait consacré au réalisateur au cours de l’été 2022, Laurent Delmas a sollicité quinze « grands témoins » du travail du cinéaste (parmi lesquels Nathalie Baye, Thierry Frémaux, Isabelle Huppert, Raphaël Personnaz et Philippe Sarde). L’ouvrage, illustré, aborde les grands thèmes de l’univers de Tavernier, choix subjectif et totalement assumé par l’auteur. Il propose aussi une filmographie complète, une bibliographie et un index. En un mot : indispensable.

 

4 – Le plus hypnotique

MES FANTÔMES ET MOI
Gabriel Byrne
Sabine Wespieser – Éditeur
Traduit par Diane Meur
Publié le 8 septembre 2022 — 22 €

Si vous rêviez d’une autobiographie de star, avec révélations croustillantes à l’appui, passez votre chemin. L’acteur irlandais de Miller’s Crossing, Usual Suspects, Le cheval qui venait de la mer ou de la série En analyse évoque ici ses souvenirs comme bon lui semble, sautant d’anecdotes en anecdotes et parfois du coq à l’âne. De son enfance dans les faubourgs de Dublin au début des années 50, à la notoriété, il revient sur les faits marquants de son parcours, parle aussi de son addiction à l’alcool et de ses angoisses. Cette plongée dans l’intime se révèle un véritable roman, où l’autodérision le dispute à l’émotion, à l’image de son auteur humble et pudique. Car il n’est rien d’écrire que Gabriel Byrne est peu à l’aise avec la célébrité, celle que Richard Burton, lors d’une nuit d’ivresse à Venise, lui avait définie ainsi « C’est un doux poison qu’on boit d’abord à grandes goulées. Ensuite, on finit par l’avoir en horreur. » Un très bon cru.

 

5 – Le plus monumental

PEAKY BLINDERS Coffret l’intégrale en Blu-ray – Edition spéciale Fnac
Arte Éditions
Paru le 6 décembre — 249,99 €

Peaky Blinders, c’est fini. Un long-métrage serait en préparation, mais en attendant, la série transcendée par Cillian Murphy a tiré sa révérence en 2022, après sa sixième saison, et restera comme l’une des plus marquantes de ces dix dernières années. Pour les aficionados argentés, la Fnac a mis les petits plats dans les grands. Cette édition Collector Limitée à 500 exemplaires et numérotée, présentée dans une caisse en bois sérigraphiée, réunit les six saisons (soit trente-six épisodes) sur douze Blu-ray, le livre officiel de la série, les trois vinyles (rouges) de la bande originale, et le carnet de voyage. Les moins fortunés peuvent néanmoins se tourner vers l’intégrale en Blu-ray ou DVD plus allégée (69,99 € pour le BR, 59,99 € pour la version DVD).

 

6 – Le plus critique

FRANÇOIS TRUFFAUT : LA LEÇON DE CINÉMA
Éditions Denoël
Publié le 3 novembre 2021 — 28 €

Il se passe toujours quelque chose du côté de chez François Truffaut. En 1981, le cinéaste répondait aux questions de Jean Collet, spécialiste de l’œuvre du réalisateur, et Jérôme Prieur, devant la caméra de José Maria Berzosa. Intitulée La leçon de cinéma, l’émission en deux épisodes (de 64 et 57 mn) sera diffusée en mai 1983 sur TF1, en plein festival de Cannes. Mais ce n’était qu’une partie des entretiens. Après un parcours semé d’embûches, Bernard Bastide a réussi à en réunir l’intégralité dans cet ouvrage. Il en résulte un livre passionnant, dans lequel François Truffaut revisite ses films avec franchise et émotion. Tout en donnant quelques secrets de fabrication, il fait son autocritique avec une intelligence qui force l’admiration.

7 – Le plus enchanteur

AU PAYS DES MERVEILLES – Trésors de l’animation japonaise
Nathalie Bittinger
Éditions Hoëbeke
Publié le 13 octobre 2022 – 30 €

Tout le cinéma d’animation japonais dans un même livre, c’est le défi que s’est lancé Nathalie Bittinger, maître de conférences en études cinématographiques à l’université de Strasbourg, auteure de plusieurs ouvrages sur le cinéma asiatique, dont un Dictionnaire du cinéma chinois. Du Tombeau des lucioles à Your Name en passant par Akira, Ghost In The Shell, Dragon Ball, One Piece ou Cow-boy Bebop, les chefs-d’œuvre et monuments du genre sont finement analysés. Un beau livre de 192 pages, richement illustré, à la fois pointu et très pédagogique.

 

8 – Le plus mythique

LES GRANDS ESPACES (The Big Country) Combo Blu-ray/DVD
William Wyler
Éditions Sidonis Calysta
Paru le 17/11/2022  – 19,99 €

J’ai toujours adoré ce film avec Gregory Peck, Charlton Heston, Jean Simmons, Caroll Baker, Burl Ives, Chuck Connors… Une distribution de légende pour un western atypique et spectaculaire. Wyler filme de main de maître la confrontation entre Peck, le gentleman stoïcien, et Heston, le cow-boy viril, tous deux épris de la même femme. Inoubliable aussi pour son thème musical composé par Jerome Moross, Les grands espaces profite ici d’une excellente copie tirée d’un master HD 4K. Côté bonus, Sidonis Calysta nous a gâté : on peut découvrir une présentation par Patrick Brion et Jean-François Giré, ainsi qu’un documentaire sur William Wyler (cinéaste, entre autres, de Ben Hur, Vacances Romaines, L’héritière, Les hauts de Hurlevent.), des interviews de Gregory Peck, Charlton Heston et même de Billy Wilder, qui évoque son lien amusant avec Wyler, un reportage sur le tournage et des documents de promo de l’époque. Byzance ! 

9 – Le plus mégalo

RIDLEY SCOTT : RÉTROSPECTIVE
Ian Nathan
Adaptation française : la « formidable » Isabelle Chelley
Éditions Gründ
Paru le 28 octobre 2021 – 34,95 €

De Duellistes au Dernier Duel, la filmographie de Ridley Scott est analysée par le critique et écrivain britannique Ian Nathan, ex-rédacteur en chef du magazine Empire, qui a plusieurs fois interviewé le cinéaste. Il dépeint les contradictions d’un artiste qui « a compris les règles du jeu », évoque le conflit entre l’art et le commerce, qui le taraude constamment, et revient sur ses quarante-cinq ans de productions éclectiques jalonnées de monuments (Alien, Blade Runner, Legend, Thelma et Louise, Gladiator, La chute du Faucon noir, American Gangster…) sans oublier ses incursions ailleurs, comme dans cette incroyable série Raised By Wolves dont on ne s’est pas encore remis.

 

10 – Le plus ironique

LES AVENTURES D’UN SCÉNARISTE À HOLLYWOOD
William Goldman
Traduction et choix de textes de Jean Rousselot
Éditions Capricci
Paru le 20 octobre 2022 – 23 €

Scénariste de sommets du cinéma américain tels que Butch Cassidy et le Kid, Les hommes du président, L’étoffe des héros, Marathon Man ou Princess Bride (les deux derniers sont adaptés de ses propres romans), William Goldman (1931-2018) avait publié aux États-Unis deux livres consacrés à son métier, parus respectivement en 1983 et 2000. Jean Rousselot a réuni ici les parties les plus intéressantes de ces ouvrages, qui se trouvent pour la première fois traduites en français. Goldman se remémore les films sur lesquels il a travaillé avec un sens de l’ironie réjouissant, livrant moult anecdotes, écornant l’image de certains réalisateurs ou comédiens et rendant hommage à d’autres, comme Laurence Olivier « le plus grand acteur du siècle ». Un régal !

 

11 – 12 – Les plus iconiques

 

ELVIS – Edition Collector Fnac Steelbook Blu-ray 4K Ultra HD
Baz Luhrmann
Warner Bros Entertainment
Paru le 26 octobre 2022 — 29,99 €

Le bijou signé Baz Luhrmann, meilleur film de 2022, est désormais disponible en DVD et Blu-ray. En attendant la version longue, que Baz Luhrmann serait en train de peaufiner, j’ai retenu cette édition insérée dans un coffret métal, qui propose de (redécouvrir) ce « formidable » biopic dans des conditions optimales, enrichi d’une poignée de featurettes. 

(critique du film ici)

COFFRET ELVIS TECHNICOLOR, Edition Collector limitée 45ème anniversaire – Exclusivité Fnac
GM Éditions
Paru le 25 octobre 2022 – 69,90 €

En cette fin d’année, les amoureux du King pourront également se procurer ce beau coffret comprenant un livre de 168 pages écrit par Jean-Marie Pouzenc, avec des fiches techniques de tous les films d’Elvis Presley. Il regroupe également huit de ses aventures cinématographiques en DVD et en version originale sous-titrée (Le rock du bagne, L’amour en 4ème vitesse, Blondes, Brunes et rousses…), un vinyle incluant huit de ses plus grands titres, une affiche du Elvis de Baz Luhrmann, et une lithographie numérotée exclusive réalisée par Mezzo.

 

Et joyeux Noël !

BEST OF FILMS ET SÉRIES 2021

TOP 10 FILMS

Rien de renversant, à mon goût, dans la production de 2021 (déçue par Titane, Dune, The Power Of The Dog, Matrix 4…), mais, je le confesse, de nombreuses sorties m’ont échappé. Voici les dix films de 2021 qui m’ont emballée jusqu’ici.

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1- ANNETTE de Leos Carax (7 juillet 2021)

Tout n’est pas parfait dans cette comédie musicale initiée par le groupe Sparks, mais elle s’impose haut la main comme le film le plus ambitieux, original et impressionnant de l’année. La bande-son n’est pas le moindre de ses atouts. Ma critique ici

 

2 – ILLUSIONS PERDUES de Xavier Giannoli (20 octobre 2021)

Le chef-d’œuvre de Balzac brille de mille feux grâce à la fougue des jeunes acteurs de cette adaptation enlevée et formidablement moderne (Benjamin Voisin, Xavier Dolan, Vincent Lacoste…). Ma critique ici

 

3 – DON’T LOOK UP : DÉNI COSMIQUE de Adam McKay (24 décembre 2021 sur Netflix)

Deux scientifiques américains (Jennifer Lawrence et Leonardo DiCaprio) tentent d’alerter la Maison Blanche sur l’arrivée d’une comète dont la collision avec la Terre, prévue six mois plus tard, sera fatale.  Ni le gouvernement ni les médias, ne les prennent au sérieux. Riches en performances d’acteurs (Meryl Streep en tête…), la farce satirique du diabolique réalisateur de The Big Short, bien qu’un poil trop longue – 2 h 18 –, est aussi jubilatoire que pertinente. Elle peut se voir comme une métaphore de la crise climatique :  la catastrophe est sous nos yeux, mais tout le monde regarde ailleurs.

 

4- RIDERS OF JUSTICE (Retfærdighedens Ryttere) de Anders Thomas Jensen (Novembre 2020 au Danemark – en France septembre 2021 sur Canal+)

 Markus (Mads Mikkelsen), militaire danois basé en Afghanistan, rentre précipitamment chez lui à la mort de sa femme, victime d’un accident ferroviaire. Il doit s’occuper de sa fille adolescente traumatisée par la tragédie. Mais voilà que déboulent deux nerds, dont l’un est un génie des mathématiques, convaincus que l’accident n’était pas si fortuit que ça : il s’agirait d’un attentat fomenté par un gang de criminels. Le sang de Markus ne fait qu’un tour… Maître de la comédie noire (Les bouchers verts, Adam’s Apples, Men & Chicken…), complice de Mads Mikkelsen, Anders Thomas Jensen s’est allié avec le scénariste Nikolaj Arcel pour concocter ce petit bijou d’humour grinçant, aux personnages frappadingues et attachants. De cette histoire de vengeance et de violence, émerge une humanité formidable.

 

5 – BENEDETTA de Paul Verhoeven (9 juillet 2021)

Au 17ème siècle, alors que la peste fait rage en Italie, une jeune religieuse du couvent de Pescia en Toscane (Virginie Efira), capable de faire des miracles, suscite l’adoration des villageois et sème la controverse au sein de l’Eglise. A-t-elle été choisie par Jésus, comme elle le prétend, où est-elle une menteuse et fieffée manipulatrice, comme le croit sa supérieure (Charlotte Rampling) ? Du Paul Verhoeven pur jus, qui entraîne dans l’atmosphère confinée d’un couvent où s’affrontent démons intérieurs, désirs érotiques, mysticisme et jalousies. Passionnant.

 

6 – STILLWATER de Tom McCarthy (22 septembre 2021)

Un foreur de pétrole de l’Oklahoma déboule comme un chien dans un jeu de quilles à Marseille où sa fille est emprisonnée pour un crime qu’elle nie avoir commis. Il veut l’aider à prouver son innocence, mais il se heurte au barrage de la langue et d’une culture qu’il ne comprend pas. Matt Damon et Camille Cottin, en bonne âme, sont épatants dans ce choc des cultures très réussi et mené avec précision par l’auteur oscarisé de Spotlight. Un film populaire dans le bon sens du terme. Ma critique ici

 

7 – THE CARD COUNTER de Paul Schrader (29 décembre 2021)

Oscar Isaac, en mystérieux joueur de poker et de black jack, solitaire et mutique, est impérial dans ce film sombre et crépusculaire, reflet des obsessions du scénariste de Taxi Driver, autant que d’une Amérique désenchantée.  La mise en scène épurée et les ambiances hypnotiques sont fabuleuses. Ma critique ici

 

8- BAC NORD de Cédric Jimenez (18 août 2021)

Un uppercut, adapté d’une histoire vraie, donné par Cédric Jimenez. Avoir osé faire des flics les héros de son histoire a valu au réalisateur bon nombre de critiques, la plupart du temps injustifiées, et une récupération du film par des politiques sans vergogne. Il n’en reste pas moins un bon polar, sincère, âpre et tendu, superbement mis en scène. Ma critique ici

 

9 – THE NIGHTINGALE de Jennifer Kent (2018 – En France le 8 mars 2021 sur OCS)

 Il aura fallu attendre trois ans et la diffusion sur OCS pour découvrir le deuxième long-métrage de l’Australienne Jennifer Kent, réalisatrice du terrifiant Mister Babadook. Disons le tout net, The Nightingale ne fait pas non plus dans la dentelle. Et pour cause : il narre la vengeance implacable de Clare, jeune bagnarde irlandaise, envoyée au début du 19ème siècle comme servante en Tasmanie, alors sous domination anglaise. Alors qu’elle a enfin purgé sa peine, elle pense pouvoir vivre sa vie auprès de son époux et de son bébé. Mais l’officier britannique (Sam Clafin) qui a jeté son dévolu sur elle, ne va pas l’entendre de cette oreille. Après avoir subi l’inimaginable, Clare va poursuivre l’infâme soldat à travers cette contrée sauvage, avec l’aide d’un aborigène. Un film extrêmement éprouvant, mais servi par une actrice (Aisling Franciosi) et une mise en scène époustouflantes. The Nightingale éclaire également sur l’histoire méconnue des aborigènes de Tasmanie, exterminés au cours du 19ème siècle par les colons britanniques.

 

10 – CANICULE (The Dry) de Robert Connolly (2020 – En France le 15 octobre 2021 sur Canal+)

 Depuis Hulk, Troie et Munich, j’ai un faible pour Eric Bana, devenu trop rare au cinéma. Il est ici formidable de sagesse et de mélancolie dans la peau de Aaron Falk, flic de la ville qui revient dans sa bourgade natale de l’outback australien dévasté par la sécheresse, pour y enterrer son ami d’enfance. Ce dernier s’est suicidé avant d’assassiner son épouse et leur fils. Falk ne tarde pas à estimer que ces morts sont suspectes. Elles font écho à une tragédie survenue lorsqu’il était adolescent et dont beaucoup d’habitants le tiennent pour responsable. Bien décidé à découvrir la vérité, il va se heurter à l’hostilité des membres de la communauté qui n’ont guère envie de rouvrir les vieilles blessures. Adapté du best-seller homonyme de Jane Harper, ce polar mélodramatique haletant aux ambiances étouffantes rappelle souvent le fameux Pique-Nique à Hanging Rock, de Peter Weir. Une réussite.

 

TOP 10 SÉRIES DÉCOUVERTES EN 2021

En 2021, les poids lourds comme Gomorra ou Succession n’ont pas démérité ; même The Handmaid’s Tale (La servante écarlate), dont la saison 4 n’a pas fait l’unanimité, a assuré. Mais d’autres séries et mini-séries sont apparues. Parmi ces nouveautés diffusées sur les chaînes et plateformes françaises, voici celles qui m’ont particulièrement enthousiasmée :  

 

1 – AMERICAN CRIME STORY Saison 3 : IMPEACHMENT – USA – 10 épisodes (Canal+ – septembre 2021)

Ryan Murphy et les créateurs de la série d’anthologie ont fait très fort avec cette troisième saison consacrée à l’affaire Monica Lewinsky, qui, en 1998, a failli coûter son mandat présidentiel à Bill Clinton. Ceux qui ont, comme moi, suivi de très loin le « Monicagate », sont tombés de leur chaise en découvrant les tenants et aboutissants de cette histoire, plus complexe qu’il n’y paraît. Adaptée du livre de la principale intéressée, productrice du show, Impeachment dépeint un tableau au vitriol de la scène politique américaine de l’époque et du tsunami médiatique qui a tout emporté sur son passage. Ces dix épisodes tiennent véritablement en haleine et sont emmenés par une distribution de haute volée. Beanie Feldstein (petite sœur de Jonah Hill)  fait une Monica émouvante et Sarah Paulson, très enlaidie, une Linda Tripp détestable à souhait. Clive Owen, Annaleigh Ashford, Colin Hanks, Cobie Smulders, Margo Martindale, Eddie Falco ou encore Mira Sorvino sont de la fête. Brillant !

 

2 – ANNA – Italie – Mini-série de 6 épisodes (Arte – 4 novembre 2021)

Très éprouvante, mais magnifique, la mini-série apocalyptique en six épisodes de Niccolò Ammaniti, adaptée de son propre roman, est un des sommets télévisuels de 2021. Ma critique ici

 

3 – GANGS OF LONDON Saison 1 – Royaume-Uni – 9 épisodes (Canal+ – février 2021)

Apparue en 2020 sur la chaîne Sky Atlantic, l’ultra violente Gangs Of London a été concoctée par les Gallois Gareth Evans et Matt Flannery, responsables en 2011 et 2014 des phénomènes The Raid 1 et 2. Au cours de cette plongée dans les tréfonds de la pègre internationale à Londres, on défouraille tous azimuts, il y a de la perfidie à tous les étages et les traitres passent de sales quarts d’heure. La virtuosité des scènes d’action en met plein la vue. On la déconseille malgré tout aux âmes sensibles. Ma critique ici

 

4 – IT’S A SIN – Royaume-Uni –Mini-série de 5 épisodes (Canal+ – mars 2021)

Deux ans après le monument Years And Years, Russell T Davies revient avec cette mini-série bouleversante sur l’apparition du Sida en Angleterre, inspirée par des personnages de sa propre jeunesse. Déchirante, révoltante, It’s A Sin est aussi une magistrale ode à la vie. Ma critique ici

 

5 ) HOMETOWN CHA-CHA-CHA (Gaetmaeul Chachacha) Corée du Sud – 16 épisodes (Netflix – octobre 2021)

En Occident, force est de constater que la comédie romantique n’est plus qu’un vieux souvenir. Si on est accro au genre, on peut désormais se tourner vers la Corée du Sud et ses dramas feel-good. Celui-ci, paru l’automne dernier sur Netflix, est absolument exquis. Il narre les aventures d’une jeune dentiste renvoyée de son cabinet de Séoul pour avoir refusé d’arnaquer ses patients et qui s’installe dans une petite ville côtière. Elle va tomber sous le charme des habitants pittoresques et d’un en particulier, aussi sympathique que mystérieux (incarné par le craquant Kim Son-Ho, déjà à l’œuvre dans le drama Start-Up). C’est drôle, charmant, touchant, ponctué de chansons pop ad-hoc, bref on adore…

 

6 – SHADOW AND BONE : La saga Grisha – Saison 1 – USA – 8 épisodes (Netflix – avril 2021)

Adaptée de la saga littéraire pour jeunes adultes imaginée par l’Israélienne Leigh Bardugo, cette série d’heroic-fantasy se distingue par ses visuels sublimes, ses costumes et décors flamboyants, et sa brochette de jeunes acteurs charismatiques et doués. Entre Le monde de Narnia et À la croisée des mondes, l’intrigue (dense et pas toujours limpide au demeurant) emmène dans un univers fabuleux inspiré de la Russie des tsars. Une jeune orpheline découvre qu’elle possède des pouvoirs magiques et devient un objet de convoitise pour des clans opposés, dont celui dirigé par le redoutable général Kirigan (Ben Barnes), maître des ténèbres. On espère une saison 2.

 

7 – MARE OF EASTTOWN – USA – Mini-série de 7 épisodes (OCS -mars 2021)

C’est parce que son auteur, Brad Ingelsby, a grandi dans une petite ville similaire de Pennsylvanie que cette mini-série apparaît si authentique. Mare Sheehan n’a pas quitté sa bourgade, où tout le monde se connaît et surtout, connaît le passé des uns et des autres. Ancienne basketteuse de l’équipe locale qui a connu une heure de gloire, Mare n’a depuis eu que des mésaventures dont une tragédie, et, lentement, mais sûrement, sa vie s’est désagrégée. Même son boulot de flic, pour lequel elle est douée, ne la rend pas heureuse. L’enquête non résolue sur la disparition d’une jeune femme la hante, d’autant que la mère de la jeune fille ne cesse de pointer son incompétence du doigt. Normal que Mere ne respire pas la joie de vivre. Au début, on se dit que Kate Winslet, qu’on a connu plus glamour, en fait un peu trop, qu’elle cabotine (l’actrice anglaise s’exprime même avec l’accent local, le Delco, typique du Delaware). Mais son jeu nuancé et son humour pince-sans-rire nous rallient à sa cause. Dans cette intrigue policière pleine de ramifications et de chausse-trappes, la promiscuité des personnages impliqués ne fait que compliquer la donne. Chacun a quelque chose à cacher et paraît suspect. Même le bel écrivain (Guy Pearce) débarqué à Easttown paraît trop séduisant pour être vrai. La brochette d’acteurs, toutes générations confondues, est magnifique (Jean Smart, Julianne Nicholson, Evan Peters, Joe Tippett…). On valide.

 

8 – OCTOBRE  (The Chestnut Man) – Danemark – Mini-série de 6 épisodes (Netflix – septembre 2021)

Søren Sveistrup, célèbre créateur de The Killing, a adapté ici son propre roman. Si vous aimez frissonner devant les thrillers scandinaves, cette mini-série, habile et superbement interprétée, est faite pour vous. Ma critique ici

 

9 – LE SERPENT (The Serpent) – Royaume-Uni – Mini-série de 8 épisodes (Netflix – avril 2021)

Dans les années 70-80, l’histoire vraie du redoutable tueur en série Charles Sobhraj, psychopathe qui a tenu la police en échec pendant un bail. Un récit édifiant et passionnant, auquel la performance de Tahar Rahim, glaçant, donne une dimension encore plus effroyable. Ma critique ici

 

10 – SKY ROJO – Saisons 1 & 2  Espagne – (Netflix -mars et juillet 2021) 

À Tenerife, trois prostituées tentent d’échapper aux hommes de main de leur proxénète, l’infâme propriétaire du club Las Novias… Mitonnée, entre autres, par Alex Pina, créateur de La Casa De Papel, cette série sous influence Tarantino est un régal. Violent, sexy, absurde, et surtout très drôle, ce pulp aux couleurs criardes et saturées embarque dans une folle course-poursuite truffée de rebondissements plus délirants les uns que les autres. Impossible de ne pas craquer pour ces trois filles fougueuses et attachantes (à défaut d’être toujours futées), qu’on voudrait avoir comme copines. Il est question d’une saison 3.

BONNE ANNÉE 2022 À TOUS MES LECTEURS !