C’est le carton de l’été ! Ce véritable phénomène culturel a dépassé le cap du milliard de dollars de recettes au box-office mondial. Contre toute attente, le blockbuster développé par Mattel et Warner Bros est signé par deux ténors du cinéma indépendant, Greta Gerwig et Noah Baumbach (en couple dans la vie), qui se sont appliqués à amener Barbie dans l’air du temps. Si Margot Robbie, productrice impliquée (elle est à l’initiative du film), campe une Barbie idéale, elle se fait voler la vedette par Ryan Gosling, touchant et immensément drôle. En crise existentielle aiguë, les protagonistes ne cessent de s’interroger sur leur place dans la société. La réponse des scénaristes laisse, hélas, un peu perplexe.
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« You can be brainwashed or you can be ugly. There’s nothing in between. »
BARBIE
Greta Gerwig
2023
En salles depuis le 19 juillet
À Barbieland, Barbie (Margot Robbie) vit une existence de rêve, entourée de ses consœurs Barbies. Son bonheur va être bientôt altéré par des pensées morbides et des événements bizarres qui vont l’obliger à se poser des questions sur son existence. Avec Ken (Ryan Gosling) qui souffre de n’être qu’un faire-valoir et la suit comme son ombre, Barbie entreprend d’aller faire un tour dans le monde réel pour trouver des réponses…
Dommage que Greta Gerwig et son compagnon Noah Baumbach, avec qui elle a écrit le scénario, ne se soient pas contentés de faire une bonne comédie (entendons « drôle et intelligente »), plutôt que de tenter de nous asséner, en guise de satire, un traité sur le féminisme si complexe et à la fois si infantile qu’on peine à reconnaître la griffe des auteurs du formidable Frances Ha. Certes, les piques envers la gent masculine ou féminine sont parfois bien vues, certaines idées ou références sont amusantes, mais la caricature est trop grossière pour convaincre. Dans Barbie, le monde est rose ou bleu, et les deux ne se mélangent jamais. Ça partait pourtant bien. Margot Robbie crève l’écran. Visuellement, le film en jette : Greta Gerwig a demandé conseil à Peter Weir, le réalisateur de The Truman Show, pour ériger l’univers artificiel et coloré de Barbieland. La problématique des rapports entre l’héroïne et Ken semblait pertinente. Et puis le film, extravagant à souhait, s’enlise, tire dans toutes les directions au point qu’on ne comprend plus où il veut en venir. D’ailleurs, la presse semble incapable de le définir : Woke ? Anti-woke ? Féministe ? Anti-féministe ? Sexiste ? Anti-sexiste ? Ce qui est certain, c’est que tout ça ne fait pas dans la dentelle. Les rapports entre la mère et la fille (dans le monde réel) sont balourds ; le fantôme de Ruth Handler (la créatrice de la poupée Barbie) est niaiseux ; Will Ferrell, en PDG hystérique de Mattel, est pénible ; et même la complainte de Ken, si amusante au début, finit par agacer (voir la scène interminable dans laquelle il pleure sur son sort). Ironiquement, c’est tout de même ce dernier, simple faire-valoir de Barbie, qui émeut le plus. Le talent de Ryan Gosling, dont on sait le potentiel comique (il était hilarant dans Crazy, Stupid, Love), y est pour beaucoup. Toutes ses répliques sont drôles. Et c’est encore Ken, décérébré mais humain, et surtout incurable romantique, qui a droit à la plus belle scène de comédie musicale, sur la chanson hilarante « I’m Just Ken » écrite par Mark Ronson et Andrew Wyatt. Un comble !
1 h 54 Et avec Emma Mackey, Dua Lipa, Kate McKinnon, Simu Liu, Issa Rae, Michael Cera, John Cena, Helen Mirren…