DVD/Blu-ray de Noël (3) : INDIAN SUMMERS Saison 1

Pour avoir été comparée à Downton Abbey, cette saga « furieusement romanesque et Technicolor » (dixit le coffret DVD) a froissé les fétichistes de la série de Julian Fellowes. Nonobstant, la magnifique Indian Summers, créée par un Anglais spécialiste de l’Inde, regorge de qualités, et a le mérite d’explorer avec intelligence et sensibilité les relations anglo-indiennes durant les dernières années du Raj britannique, avant l’Indépendance.

  

« Une fois chez soi, on repense aux gens qu’on a croisés : importants ou insignifiants, gentils ou méchants, blancs ou noirs. Et pendant un bref instant, on a l’impression qu’ils sont tous pareils. »

 

Indian Summers Saison 1

Série britannique créée par Paul Rutman en 2015
En coffret 4-DVD chez Arte Editions depuis le 9 novembre 2016

En mars 1932, comme à chaque période de mousson en Inde, les fonctionnaires et membres de l’establishment britannique quittent la chaleur suffocante de New Delhi pour prendre leurs quartiers à Simla, sur les contreforts de l’Himalaya, où l’air est plus respirable. Autour de Ralph Whelan (Henry Lloyd-Hugues), jeune et ambitieux secrétaire particulier du vice-roi, les aristocrates se détendent au Royal Simla Club, établissement interdit aux Indiens et dirigé d’une main de fer par l’intrigante Cynthia Coffin (Julie Walters). Mais l’Inde, inspirée par Gandhi qui a pris la tête du Congrès national indien, aspire à l’indépendance, et les actes de rébellion isolés se multiplient…

L’Inde n’a pas de secrets pour le créateur de la série, Paul Rutman, qui y a vécu et a épousé une Anglo-Indienne. Ce scénariste et producteur talentueux de la BBC (on lui doit notamment Les enquêtes de Vera) brosse dans Indian Summers un portrait très nuancé de cette période troublée, tendue et répressive, ainsi que des relations complexes entre les Britanniques, plus ou moins conservateurs et racistes, et la population composite du pays, divisée en castes et communautés parfois hostiles entre elles. Trente-deux ans après la célèbre série Le Joyau de la couronne, d’après l’œuvre de Paul Scott, cette saga très romanesque (on a même parlé de soap opera) emporte dans un tourbillon d’amours interdites, de trahisons, d’intrigues politiques et de secrets cachés, dans des décors époustouflants et des paysages sublimes (la série a en fait été tournée en Malaisie, la Simla actuelle étant devenue trop moderne). Bien qu’il s’agisse d’une production anglaise, le ton du show se caractérise par une touche bollywoodienne et une certaine langueur qui lui confère une personnalité singulière. Enfin, ce choc des cultures, coutumes et traditions entre Britanniques et Indiens est mis en relief par des personnages aussi charismatiques qu’attachants. La distribution, dominée par les excellents Nikesh Patel, Jemima West, Julie Walters et Henry Llyod-Hugues, est brillante. On a pu découvrir les dix épisodes (le pilote de 71 minutes et neuf épisodes de 47 minutes) de cette première saison sur Arte en octobre dernier. La série a été reconduite pour une deuxième et ultime saison, déjà diffusée en mai 2016 outre-Manche.
8h 23 Et avec Rick Warden, Aysha Kaka, Olivia Grant, Roshan Seth, Ash Nair, Fiona Glascoat, Alexander Cobb, Craig Parkinson, Patrick Malade, Edward Hogg..

 

Test Coffret 4-DVD :

Interactivité
Pas de bonus, hélas.

Image ****
Format : 1.77
L’Inde (ou la Malaisie) dans toute sa splendeur grâce aux couleurs éclatantes et contrastées de la photo très travaillée ! L’image est immaculée. Un sans-faute.

Son ***
DD 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres pour sourds et malentendants
Une piste 2.0 claire et harmonieuse, qui convient parfaitement à ce spectacle télévisuel.




DVD/Blu-ray de Noël (2) : LITTLE BIG MAN

Après Body Double, L’année du dragon et Panique à Needle Park, la collection des Coffrets Ultra Collector de Carlotta propose d’explorer l’univers d’un autre chef-d’œuvre du cinéma américain, dans un nouveau master restauré HD, et assorti comme il se doit de suppléments renversants.

« Les hommes blancs croient que tout est mort. Pierre, terre, animaux, et les gens, même ceux de leur propre race. Si les choses essaient de vivre, les Blancs les détruisent aussitôt. »

 

Little Big Man

Arthur Penn
1970
En Coffret Ultra Collector Limité et Numéroté (Blu-ray+DVD+Livre) chez Carlotta depuis le 19 octobre 2016

Agé de cent vingt et un ans, Jack Crabb (Dustin Hoffman), qui se dit le dernier survivant blanc de la bataille de Little Bighorn, reçoit à l’hospice un journaliste venu recueillir son témoignage sur le mode de vie des Indiens des plaines. Il entreprend de lui raconter son parcours extraordinaire, qui commence par le massacre de sa famille par les Indiens Pawnee, lorsqu’il avait dix ans…

Je dois l’avouer, Little Big Man n’a jamais été mon film préféré du réalisateur du Gaucher, Bonnie And Clyde ou La poursuite impitoyable. Son côté burlesque, parodique, ses personnages outrés voire grotesques et le jeu de Dustin Hoffman, constamment ahuri, m’ont toujours semblé un tantinet pénibles. Mais il émane malgré tout de ce conte philosophique déguisé en western un aspect crépusculaire remarquable, et c’est tout le talent d’Arthur Penn : avoir choisi l’absurde et le mélange des genres pour mieux exposer les injustices, les mensonges et finalement l’horreur du génocide indien. Contrairement au Soldat Bleu, d’une violence inouïe, projeté à la même époque, Little Big Man adopte le ton de la comédie picaresque pour mieux servir sa cause. Dans la lignée des grands films contestataires des 70’s, en pleine guerre du Vietnam, l’épopée d’Arthur Penn, adaptée de Mémoires d’un visage pâle, le livre politiquement incorrect de Thomas Berger publié en 1964, est non seulement une dénonciation de l’extermination du peuple indien, mais elle tourne en ridicule la mythologie de la conquête de l’Ouest, tout en pointant du doigt l’impérialisme américain. Jack Crabb est un authentique anti-héros, ballotté par l’histoire et qui, pour survivre, ne cesse de changer de camp et de culture, au gré des événements. Adopté par les Cheyennes, qui lui inculquent leurs valeurs humanistes, sa vie n’aura été qu’une succession de drames et d’échecs (il sera tour à tour guerrier indien, religieux, commerçant, roi de la gâchette, ermite…). Jamais il ne trouvera sa place, et n’aura le contrôle de son destin. Il croisera à plusieurs reprises les grandes figures de l’époque (Buffalo Bill, Custer…) et reviendra toujours à son grand-père indien adoptif, Old Lodge Skins (Peau de la Vieille Hutte) — campé par l’Indien Chief Dan George, qui décrochera la seule nomination à l’Oscar. Sous ses atours comiques, cette fresque de plus de deux heures est semée de moments cruels et tragiques (dès la première image du générique… ), et il s’en dégage une amertume profonde, celle de son héros, et probablement du cinéaste lui-même. A sa sortie, Little Big Man essuiera un échec aux Etats-Unis, mais sera acclamé en Europe. Réhabilitée depuis, cette démystification de l’Ouest américain, dont les images sont époustouflantes de beauté, s’impose comme une œuvre majeure du Nouvel Hollywood.
2 h 20 Et avec : Faye Dunaway, Richard Mulligan, Martin Balsam, Jeff Corey, Kelly Jean Peters, Cal Bellini…

BANDE-ANNONCE

 


Test Coffret Collector :  

Interactivité ****
Little Big Man est introduit par une préface pertinente de Philippe Rouyer. On retrouve ensuite le critique pour une analyse de 25 minutes, dans laquelle il évoque les différences entre le livre et le film. Dans un reportage exceptionnel réalisé sur le tournage, on voit Arthur Penn diriger ses comédiens. Le cinéaste revient également sur sa méthode de travail et ses partis pris artistiques (25 minutes). Dustin Hoffman parle quant à lui de la manière dont il a abordé son rôle dans un second document tout aussi rare (14 minutes). La bande-annonce d’époque figure au menu et témoigne de l’important travail de restauration. Enfin, le livre de 160 pages, intitulé Penser la spontanéité, et truffé de photos inédites, explore le travail d’Arthur Penn et les enjeux de Little Big Man. Il est introduit par une interview du cinéaste réalisée par Robin Wood en 1970-1971. Le visuel de ce somptueux coffret est signé Robert Hunt.

Image ****
Format : 2.35
La restauration HD est miraculeuse ! L’image est propre et conserve un beau grain. Les fourmillements sont rares. Les couleurs sont lumineuses, contrastées, et les noirs sont profonds.

Son ***
DTS-HD Master Audio 5.1 en anglais sous-titré
DTS-HD Master Audio 1.0 en anglais sous-titré et français
Certes, ce nouveau mixage en 5.1 ne fera pas trembler vos murs, mais il reste harmonieux, et met en avant les passages musicaux. Les puristes pourront toujours se tourner vers le mono d’origine.

 

 

 

 

A noter que le film est également disponible en édition single Blu-ray, incluant la préface de Philippe Rouyer et les bandes-annonces.


DVD/BR de Noël : En Avent toute ! (1) MA LOUTE

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« C’est le portefeuille de mon cousin ! Enfin de mon beau-frère.
– C’est votre beau-frère ou votre cousin ?
– C’est mon cousin et mon beau-frère puisque j’ai épousé sa sœur.
– Vous avez épousé votre cousine ?
– Une cousine issue de germaine, inspecteur.
– Ah ? Ça fait drôle non ?
– Mais non, inspecteur ! C’est l’usage dans les grandes familles du Nord. Cousins, cousines, tout ça…
– C’est du lard ou du cochon quoi. »

  

Ma Loute
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Bruno Dumont
2016
En Blu-ray et DVD chez Memento Films depuis le 18 octobre

En 1910, dans le Pas-de-Calais. Comme chaque année, la famille Van Peteghem prend ses quartiers d’été dans son imposante maison au-dessus de la baie de la Slack, théâtre, depuis quelque temps, de mystérieuses disparitions. Chargés de l’affaire, l’improbable inspecteur Machin (Didier Després) et son assistant Malfoy (Cyril Rigaux) surveillent particulièrement une famille de pêcheurs locaux, dont le fils aîné, Ma Loute (Brandon Lavieville), est amoureux de Billie (Ralph), l’étrange fille d’Aude Van Peteghem (Juliette Binoche)…

Chef-d’œuvre pour les uns (les critiques notamment…), abomination pour les autres, le dernier film en date du réalisateur de La vie de Jésus, L’humanité ou du P’tit Quinquin est à la fois monstrueux et fascinant. Découverte au festival de Cannes, cette farce grotesque, digne du cinéma italien des 70’s (on pense à Scola et Risi), suscite tour à tour l’hilarité, l’inconfort et l’horreur. L’illustration du choc des cultures et des classes n’a jamais été aussi extravagante qu’ici, entre acteurs professionnels qui surjouent des bourgeois ridicules et décadents (Luchini et Binoche, hallucinants) et comédiens amateurs déguisés en autochtones primitifs, d’une sauvagerie sidérante. Constamment burlesques, les policiers, véritables Laurel et Hardy, sont le fil rouge de ce film audacieux où le romantisme, le lyrisme et la poésie s’invitent par fulgurances, notamment grâce à des images très stylisées et éclatantes de beauté. Ma Loute surprend, impressionne, estomaque et éblouit. Stunning and shocking ! comme disent les Anglo-Saxons.
2 h 02. Et avec Valeria Bruni Tedeschi, Jean-Luc Vincent, Laura Dupré, Thierry Lavieville, Caroline Carbonnier…

BANDE-ANNONCE

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Test Blu-ray :  

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Interactivité **

On se réjouit de la présence d’une interview de Bruno Dumont conduite par Olivier Père (15 minutes). Le réalisateur revient sur ses intentions, la genèse de son film, ses partis pris de mise en scène et le travail sur les images en postproduction. Il parle sans langue de bois de ses comédiens, qui ont eu quelques appréhensions à accepter leur rôle et qu’il a volontairement sorti de leur zone de confort (« Luchini en liberté, c’est une horreur ! Il va dans tous les sens. Il faut le cadrer. Une fois qu’il l’est, il est formidable ! »). Il révèle aussi la difficile recherche de l’interprète de la jeune Billie, finalement campée par l’androgyne Ralph, aussi mystérieuse dans la vie qu’à l’écran. Une somptueuse galerie de photos complète le programme.

Image ****
Format : 2.35
Ce « film d’époque réaliste » a été tourné avec une caméra numérique Arri Alexa XT. Le transfert Blu-ray est naturellement somptueux et spectaculaire, et il rend hommage au travail du chef opérateur Guillaume Deffontaines. Les couleurs sont éblouissantes, les contrastes saisissants. On décèle des petits bruits à quelques endroits mais rien de dommageable.

Son ***
DD-HD Master Audio 5.1 en français
Audiodescription DTS 2.0
Sous-titres pour sourds et malentendants
La piste 5.1 sollicite davantage les canaux avant et privilégie les dialogues. Elle reste malgré tout harmonieuse et ample, et restitue parfaitement les sons d’ambiance (comme les fameux craquements de l’inspecteur Machin).

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