PANIQUE À NEEDLE PARK/LA FALAISE MYSTÉRIEUSE

Deux sublimes éditions Blu-ray sont parues au début de l’été pour rendre hommage à deux films remarquables, méconnus ou quasi-invisibles : Panique à Needle Park, de Jerry Schatzberg, et La falaise mystérieuse, de Lewis Allen. Et non seulement ils ont bénéficié d’une restauration magnifique, mais ils sont enrichis de suppléments passionnants.

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« Le talent ne s’explique pas. C’est de la magie à l’état pur. » Jerry Schatzberg à propos d’Al Pacino

 

 Panique à Needle Park (The Panic In Needle Park)

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Jerry Schatzberg
1971
En coffret Ultra Collector Blu-ray (+2  DVD + Livre de 200 pages) chez Carlotta depuis le 22 juin 2016

Lorsque Bobby (Al Pacino) rencontre Helen (Kitty Winn), jeune fille du Midwest un peu paumée dans New York, elle vient d’avorter. A la sortie de l’hôpital, il l’attend et lui fait son numéro de charme. Entre eux, c’est le coup de foudre. Bobby propose à Helen de s’installer avec lui dans un hôtel minable du nord-est de Manhattan, à proximité du Sherman Square, surnommé Needle Park à cause des héroïnomanes qui y pullulent. Car Bobby est toxicomane et dealer. Pour se rapprocher de lui, Helen va se laisser tenter, et basculer bientôt dans l’enfer de la dépendance…

Plus d’une décennie après le Shadows de Cassavetes, qui avait fait souffler un vent de liberté sur le cinéma américain, Panique à Needle Park retrouvait cette même autonomie formelle en privilégiant un naturalisme proche du documentaire, accentué par l’absence totale de musique. Il s’agit du deuxième long-métrage du brillant photographe Jerry Schatzberg, réputé pour ses photos de mode (dans Vogue notamment) et ses clichés de célébrités, dont il avait d’ailleurs un an auparavant fait le sujet de son premier film, Portrait d’une enfant déchue (Puzzle Of A Dawnfall Child). Ecrit par Joan Didion et son époux John Gregory Dunn, le scénario était inspiré d’un livre de James Mills, d’après ses propres articles publiés dans Life. Le film catapulte dans le quotidien des toxicomanes, sans voyeurisme, avec honnêteté, humanité et compassion. Pour la première fois dans une fiction, les séquences de shoot sont frontales, et la caméra se rapproche des aiguilles qui percent les veines. Il y a une réelle volonté pédagogique dans la manière avec laquelle le cinéaste aborde cette histoire d’amour où la drogue dicte la conduite des personnages et les amène à se trahir (comme dans le futur Requiem For A dream). Mais Panique… est aussi un portrait vibrant du New York des seventies, et comme Cassavetes avant lui, Schatzberg parvient admirablement à saisir l’air du temps, la respiration de la ville et de ses habitants (un aspect cinéma vérité obtenu en suivant les acteurs au téléobjectif dans la rue pour leur laisser une plus grande part de liberté et d’improvisation). L’œuvre, très emblématique du cinéma américain des années 70, est aussi mémorable pour être le premier film marquant d’Al Pacino, que Schatzberg a imposé au studio après l’avoir vu jouer sur les planches. Son génie du jeu est déjà manifeste ici, dans les attitudes espiègles de ce personnage qu’il rend immensément attachant. C’est pourtant sa partenaire, Kitty Winn, qui remportera le Prix d’interprétation à Cannes (selon le cinéaste, sa présence au festival lui aurait valu la préférence à un Al Pacino resté au pays). Une récompense méritée tant la performance de l’actrice est éblouissante (Kitty Winn fera par la suite de rares apparitions au cinéma, privilégiant le théâtre). La prestation d’Al Pacino lui vaudra l’année suivante d’être le Michael Correone du Parrain, qui lancera définitivement sa carrière. L’acteur retrouvera Jerry Schatzberg pour L’épouvantail, Palme d’or de Cannes 1973.
1h 50 Et avec Raul Julia, Richard Bright, Alan Vint, Kiel Martin, Michael McClanahan…

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Test Ultra Collector Blu-ray  (des éditions Blu-ray et DVD simples sont également disponibles)

3D COFFRET ULTRA COLLECTOR PANIQUE ∑ NEEDLE PARK OUVERT DEF

Interactivité ****
Cinq scènes clés sont commentées par le réalisateur, qui revient aussi sur ses débuts, ses souvenirs de tournage et sa rencontre avec Al Pacino, dans un entretien passionnant découpé en quatre chapitres. On y apprend notamment que pour convaincre la Paramount d’engager Al Pacino pour Le Parrain, Coppola et Schatzberg avaient concocté un petit clip de toutes ses meilleures scènes dans Panique à Needle Park. La bande-annonce d’époque (en HD) complète le programme. Le coffret très joliment illustré par un visuel créé par le studio londonien Telegramme comprend également un livre de 200 pages, avec 50 photos inédites. Intitulé La vie sur grand écran, il propose des entretiens (avec Pierre Rissient, la scénariste Joan Didion, le chef opérateur Adam Holender et Jerry Schatzberg), ainsi que des articles de Positif, des extraits du scénario original etc.

Image ****
Format : 1.85
Supervisée par le cinéaste, la restauration 2K a fait des miracles. Le film, invisible depuis longtemps dans des conditions décentes, retrouve ses couleurs et sa luminosité, et reste très fidèle à la photographie d’origine. Le grain présent rend plus palpable encore l’ambiance de ce New York des seventies.

Son ***
DTS-HD Master Audio 1.0 en anglais sous-titré et français
Très bien nettoyée, la piste sonore est claire, sans parasite. Les dialogues comme les bruits de la rue sont parfaitement restitués.

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Carlotta a édité à la même date en Blu-ray et DVD, Mad Love In New York, réalisé en 2014 par les frères Josh et Benny Sadfie. Inspiré de l’histoire vraie d’Arielle Holmes, actrice principale du film, cette œuvre choc issue de la scène indépendante new-yorkaise, fait écho à Panique à Needle Park.

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« You made that up ?
– Yes.
– But you must be brillant.
– Oh, dazzling. People have to wear sunglasses. »
 

 La falaise mystérieuse (The Uninvited)

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Lewis Allen
1944
En Combo Blu-ray (+ DVD + Livre) chez Wild Side Video depuis le 1er juin 2016

En vacances dans les Cornouailles, le musicien Roderick Fitzgerald (Ray Milland) et sa sœur Pamela (Ruth Hussey) ont un coup de foudre pour une belle demeure inhabitée, qui surplombe la mer depuis une falaise abrupte. Au village, le propriétaire (Donald Crisp), un vieil homme qui vit avec sa ravissante petite-fille de vingt ans, Stella (Gail Russell), leur vend la maison pour une somme dérisoire. Mais à peine ont-ils emménagé que leur sommeil est troublé par d’étranges sanglots de femme. Ils découvrent que la demeure a la réputation d’être hantée par la précédente propriétaire, morte tragiquement en se jetant de la falaise…

Wild Side Video a joliment exhumé ce film méconnu de l’âge d’or d’Hollywood, premier long-métrage du cinéaste d’origine britannique Lewis Allen, qui a la singularité d’aborder l’épouvante gothique et romantique avec une légèreté détonnante. Très proche du Rebecca d’Hitchcock et de L’aventure de Madame Muir de Mankiewicz, La falaise mystérieuse, adapté d’un roman de Dorothy Macardle, se distingue en ne versant jamais réellement dans l’horreur. On y parle de fantômes, mais surtout de psychanalyse, et le film s’attache à une certaine rigueur scientifique, celle de son personnage principal, joué par Ray Milland, qui n’a de cesse de désamorcer la tension dans les moments effrayants. Les échanges espiègles entre Ray Milland et Ruth Hussey rappellent ceux de William Powell et Myrna Loy, et la romance entre Roderick et la jeune Stella (adorable Gail Russell) est tout à fait charmante. Il y a un vrai contraste entre le drame complexe à l’origine du mystère, et la désinvolture avec laquelle Roderick joue les détectives. Visuellement en revanche, le film respecte les codes du genre, et les aspects fantastiques sont admirablement mis en valeur. La réalisation de Lewis Allen se révèle aussi remarquable que la photo du célèbre chef-opérateur Charles Lang (auquel on doit également celles de L’aventure de Madame Muir et Peter Ibbetson). Le mélange des genres a dérouté les amateurs de cinéma fantastique de l’époque, ce qui explique que le film soit tombé dans l’oubli. Redécouvert depuis peu par les cinéphiles, ce petit bijou mérite indéniablement le détour. Et si la musique de Victor Young est envoûtante, on notera que c’est pour cette histoire de maison hantée qu’il a composé « Stella By Starlight » (joué au piano par le personnage incarné par Ray Milland), devenu par la suite un standard de jazz qui figurera, entre autres, aux répertoires de Miles Davis, Chet Baker, Frank Sinatra ou Ella Fitzgerald.
1h 39 Et avec Cornelia Otis Skinner, Dorothy Stickney, Barbara Everest, Alan Napier, Lynda Gray…

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Test Combo Blu-ray :  

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Interactivité ****
Le Blu-ray est enrichi d’une interview passionnée et très pertinente de 50 minutes du réalisateur Christophe Gans, spécialiste du cinéma de genre, et manifestement amoureux du film. Dans le livre truffé de photos, illustrations et affiches, qui sert d’écrin aux deux galettes (Blu-ray et DVD), Patrick Brion revient lui aussi, mais plus brièvement, sur le film.

Image ***
Format : 1.37
Le master émanant probablement de la restauration 2K qu’on a pu découvrir dans l’édition Criterion parue en octobre 2013 se révèle d’une définition le plus souvent remarquable. La lumière est éclatante, les noirs sont superbes.

Son ***
DTS-HD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 claire et dynamique, plus équilibrée en version originale.

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LA VILLE ABANDONNÉE (Yellow Sky)

Quand Bertrand Tavernier parle de western, c’est un peu comme lorsque Raymond Depardon évoque la France profonde : c’est un régal. Non seulement le réalisateur connaît le genre comme sa poche, mais il a rencontré ses légendes (réalisateurs, acteurs, directeurs photo…). Une mémoire précieuse pour un genre fabuleux, dont on ne se lasse pas de revoir les chefs-d’œuvre, et qui est l’une des spécialités de l’éditeur vidéo Sidonis Calysta. Plusieurs fois par an, sa collection Western de légende, dirigée par Alain Carradore, propose, en Blu-ray ou DVD, une rivière de joyaux en versions restaurées. Parmi ces éditions remarquables, enrichies d’interventions de Bertrand Tavernier et/ou Patrick Brion, autre grand amoureux du western, on retient particulièrement celle de La ville abandonnée. En premier lieu parce que le film est un bijou, ici superbement restauré, mais aussi parce que le documentaire sur son génial réalisateur, William A. Wellman, est passionnant et donne envie de jeter immédiatement sur toute sa filmographie.

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 La ville abandonnée (Yellow Sky)

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William A. Wellman
1948
En Blu-ray et DVD restaurés chez Sidonis depuis le 28 février

En 1867, au Nevada… Après avoir cambriolé la banque de Rameyville, des renégats menés par James « Stretch » Dawson (Gregory Peck) sont pris en chasse par la cavalerie à laquelle ils échappent en traversant la Vallée de la mort. Au bout de quelques jours, sous un soleil de plomb et assoiffés, les six bandits parviennent à Yellow Sky, une petite ville fantôme, où ne vivent plus qu’un vieux chercheur d’or et sa petite-fille (Ann Baxter), au caractère bien trempé. Si cette dernière sème le trouble parmi les hommes, c’est l’or qui tente davantage Dude (Richard Widmark), qui ne va pas tarder à s’opposer à Stretch…

Classique du western, La ville abandonnée, qui a parfois pris le titre Nevada, est paru la même année que Le trésor de la Sierra Madre, de John Huston, dans lequel les personnages sont aveuglés par la cupidité, comme l’est ici celui qu’interprète, avec le brio qu’on lui connaît, Richard Widmark. Le film est dirigé par William A. Wellman, cinéaste éclectique de l’âge d’or d’Hollywood, qui avait servi dans la fameuse Escadrille Lafayette durant la Première Guerre mondiale, et qui a signé, au cours de sa prolifique carrière, quelques œuvres parmi les plus belles du cinéma américain : des Ailes (Wings) en 1927 à Convoi de femmes, écrit en 1951 avec son ami Frank Capra, en passant par L’ennemi public, Une étoile est née (version originale de 1937), La joyeuse suicidée, Beau geste, L’étrange incident ou Les forçats de la gloire. Western atypique parce qu’étonnamment âpre et dépouillé, La ville abandonnée se distingue aussi par ses paysages naturels magnifiques, sa lumière presque aveuglante, et son noir et blanc savamment contrasté. Wellman dirige de main de maître ce récit imaginé par W. R. Burnett auquel on doit aussi ceux de Quand la ville dort ou La grande évasion. Les dialogues sont réduits à l’essentiel, et les acteurs eux-mêmes affectent une certaine brutalité. L’élégant Gregory Peck trouve là un de ses rares rôles de bad guy, deux ans après celui du fils cynique et vaurien de Duel au soleil de King Vidor. Au début du film, Stretch apparaît cruel, un tantinet sadique, ce qui rend son changement radical d’attitude par la suite un peu artificiel. Même si on ne peut s’empêcher d’y voir l’influence du studio, il faut aussi y reconnaître la patte de Wellman et son humanisme à tous crins, qui le pousse à « sauver » ses personnages. Très attaché aux personnages féminins de tempérament, le cinéaste a particulièrement soigné celui d’Ann Baxter, actrice douée et future Eve de Mankiewicz. Les joutes entre la jeune Constance Mae, dite Mike, et Stretch ne manquent pas de piquant, et débordent d’une sensualité anachronique. En défiant son autorité, et en le remettant vertement à sa place, la jeune femme gagne non seulement le cœur du renégat, mais lui rend aussi son humanité et sa sagesse. Stretch cédera peu à peu sa place de salaud à Dude, Richard Widmark, le méchant qu’on adorait détester depuis le mémorable Carrefour de la mort d’Hathaway. La ville abandonnée avait valu à William A. Wellman le Prix du Meilleur réalisateur au festival de Locarno en 1949, et son scénario (de Lamar Trotti) avait remporté en 1950 celui du Meilleur western, décerné par la vénérable Writers Guild Of America.
1 h 38 Et avec Robert Arthur, John Russell, James Barton, Charles Kemper…

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Test Blu-ray :  

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Interactivité ****
Le Blu-ray reprend le programme de l’édition DVD parue il y a cinq ans chez les mêmes éditeurs. Bertrand Tavernier évoque le film et son réalisateur avec passion durant une vingtaine de minutes. On se réjouit ensuite de découvrir l’hommage à William Wellman intitulé Wild Bill : Hollywood Maverick, produit en 1995 par le fils du cinéaste. Truffé de témoignages de proches, de réalisateurs (Scorsese, Clint Eastwood…) et d’acteurs (Gregory Peck, Richard Widmark, Sidney Poitier, Jane Wyman, Robert Redford…), le documentaire d’une heure est tout bonnement fabuleux. L’incroyable et prolifique carrière de Wellman retrace aussi une page fondamentale de l’histoire du cinéma américain et de l’Amérique elle-même.

Image ***
Format : 1.33
La restauration n’est pas 4K, mais la définition est superbe dans son ensemble. Les contrastes sont magnifiquement gérés. Une splendeur !

Son ***
DD Master Audio 2.0 en anglais sous-titré et français
Une piste 2.0 claire et profonde. Beau travail de restauration ici aussi.

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Parmi les autres pépites du western parues cette année en Blu-ray chez Sidonis, il ne faut pas manquer :

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La dernière caravane (The Last Wagon) 1956, de Delmer Daves, qui donne, pour une fois, le beau rôle à Richard Widmark.

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Comanche Station, l’un des chefs-d’œuvre de Budd Boetticher, avec son acteur fétiche Randolph Scott (1960)

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L’homme de la plaine (The Man From Laramie), chef-d’œuvre du genre par l’un de ses maîtres, Anthony Mann, avec le génial James Stewart (1955)

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Site officiel de l’éditeur Sidonis Calysta

Blog de Bertrand Tavernier

L’ANNÉE DU DRAGON et Sélection DVD/Blu-ray

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« I guess if you fight a war long enough, you end up marrying the enemy. »

 

L’année du dragon (Year Of The Dragon)

Rourke

Michael Cimino
1985 (en DVD et Blu-ray restaurés depuis le 9 mars 2016 chez Carlotta)
Nommé pour le César du Meilleur film étranger en 1986

Vétéran du Vietnam et policier le plus décoré de New York, Stanley White (Mickey Rourke) est muté à Chinatown où un parrain de la mafia chinoise vient de se faire assassiner. Conronté à la vague de violence qui s’abat sur le quartier, White, qui ne fait pas dans la dentelle, entreprend de déclarer la guerre aux bandes criminelles et trafiquants de drogue à la solde des triades qui gangrènent Chinatown. Il soupçonne notamment Joey Tai (John Lone), un jeune et ambitieux homme d’affaires, de vouloir s’approprier le territoire…

Après quatre années de purgatoire, consécutives au fiasco de La porte du Paradis, Michael Cimino se voit confier par le célèbre producteur Dino De Laurentiis l’adaptation de L’année du dragon, roman publié en 1981 par Robert Daley, journaliste au New York Times (il est également l’auteur du Prince de New York). Cimino saute sur l’occasion, mais obtient la liberté de revoir le scénario, avec la complicité d’Oliver Stone. Ainsi, si L’année du dragon, qui paraît en 1985, brosse un tableau très authentique de ce Chinatown aux mains des triades chinoises, il est également empreint des obsessions du réalisateur et de son scénariste, hantés par la guerre du Vietnam, la question de l’idéal américain et du rôle néfaste des médias dans la société américaine. Conçu comme un western urbain, le film tourne vite à l’affrontement entre deux hommes : un flic d’origine polonaise, arrogant et tête brûlée, et un gangster d’origine chinoise déguisé en homme d’affaires raffiné et élégant. Pour coincer Joey Tai, Stanley White ne fait pas de quartier, et refuse les petits arrangements avec l’ennemi suggérés par sa hiérarchie, quitte à mettre en danger sa femme, sa maîtresse, son équipe, et bien sûr, au mépris de sa propre vie. Dès la scène d’ouverture, spectaculaire, dans un Chinatown sublimé par sa reconstitution en studio, on est subjugué par la beauté des images (le film a été tourné en Scope), et des couleurs, explosives. Toute cette splendeur — les vues de New York sont à couper le souffle, à l’image de l’appartement de la belle journaliste Tracy Tzu — forme un contraste saisissant avec la violence et la sauvagerie des règlements de comptes. Mickey Rourke, alors en pleine gloire, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles face à un John Lone extrêmement séduisant, qui campera deux ans plus tard le héros du merveilleux Le dernier empereur, de Bernardo Bertolucci. La rage et la folie des deux personnages confèrent à leur confrontation finale un caractère épique et grandiose, entre le western et le film noir. A sa sortie, L’année du dragon fera les frais de critiques injustifiées, accusant Cimino de racisme éhonté envers la communauté asiatique, assimilant ses convictions à certaines paroles proférées par Stanley White. L’année du dragon essuiera un échec au box office américain (il écopera même de cinq Razzie Awards !), mais obtiendra un joli succès en France. Le film s’impose à ce jour, après Voyage au bout de l’enfer et La porte du Paradis, comme le dernier chef-d’œuvre flamboyant du cinéaste maudit.
2 h 14 Et avec Ariane, Raymond J. Barry, Caroline Cava, Dennis Dun, Victor Wong…

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Test Collector :

The Year DVD

Interactivité ****
Après la magnifique édition Collector consacrée à Body Double de Brian De Palma, Carlotta réitère avec ce beau coffret comprenant le double-DVD et le Blu-ray du film en version restaurée ainsi qu’un livre de 208 pages intitulé L’ordre et le chaos incluant une analyse de François Guérif, des extraits du scénario original, des interviews de Michael Cimino, Mickey Rourke et Robert Daley publiées dans les revues de cinéma à l’époque de la sortie du film, des photos inédites et des notes de production. Les suppléments à proprement dit consistent en une introduction très pertinente de Jean-Baptiste Thoret, et un entretien audio d’environ 30 minutes avec Michael Cimino, qui se remémore le tournage et parle sans langue de bois de ses fiertés et de ses déceptions. L’un des plus grands regrets de sa carrière réside dans le refus de la part du studio de sa réplique finale (« Quand on fait une guerre assez longtemps, on finit par épouser son ennemi. »), qui contenait toute l’essence du film, pour la remplacer par un dialogue d’une banalité confondante.

Image ****
Format : 2.35
La restauration, récente, a fait des merveilles. Il suffit de jeter un œil à la bande-annonce d’époque pour le constater. La définition est quasi parfaite. On ne décèle que de rares flous et fourmillements. Les contrastes sont impressionnants, les couleurs flamboyantes.

Son : ***
DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 en anglais sous-titré
DTS-HD Master Audio 2.0 en français
Net avantage à la version originale, la seule à disposer d’une piste remixée en 5.1, mais on ne s’en plaindra pas ici. Les puristes préféreront peut-être la version d’origine en 2.0, mais la piste en 5.1 se révèle immersive et harmonieuse. Le caisson de basses soutient efficacement les montées de tension et les effets ajoutés mettent le spectacle en relief.

Rue
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The Year 2

A noter que le film est également disponible en édition Blu-ray simple.

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Carlotta a publié à la même date, en Blu-ray et DVD, Desperate Hours (La maison des otages), réalisé par Michael Cimino, cinq ans après L’année du dragon, avec le même Mickey Rourke en vedette. Ce film méconnu (et de commande), remake de La maison des otages de William Wyler, a bénéficié lui aussi d’un nouveau master restauré, et est accompagné d’une préface instructive de Jean-Baptiste Thoret.

Desperate

 

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Dragon Hoku

« Je connais un vieil excentrique. Tantôt il dessine un Bodhidharma géant sur une surface de cent vingt tatamis. Et tantôt il dessine deux moineaux sur un grain de riz. »

Miss Hokusai

Seule

Keiichi Hara
2015 (En DVD depuis le 20 janvier 2016 chez Anime)
Prix du Jury 2015 du Festival du film d’animation d’Annecy

En 1814 dans la ville bouillonnante d’Edo (l’actuelle Tokyo), O-Ei, jeune femme indépendante d’une vingtaine d’années, au caractère bien trempé, vit avec son père, le célèbre peintre d’estampes Katsushika Hokusai, qu’elle n’hésite pas à traiter de vieux fou. O-Ei a elle-même un véritable talent de peintre et travaille très souvent sur les œuvres de son père. Elle tente aussi de le convaincre de s’intéresser à son autre fille, la petite O-Nao, aveugle de naissance qui vit dans un temple auprès de religieuses et souffre de l’indifférence de son père à son égard…

Miss Hokusai est adaptée du manga Sarusuberi, de la mangaka et historienne Hinako Sugiura, disparue prématurément en 2005, à l’âge de quarante-six ans. Keiichi Hara, réalisateur des remarqués Un été avec Coo et Colorful, rend hommage à l’œuvre originale publiée dans les années 80, en y ajoutant sa patte (dont l’utilisation du rock dans la bande-son) et ses propres réflexions sur l’art, la mort, la religion. Contrairement au biopic traditionnel, le film d’animation se concentre sur quatre saisons de la vie de O-Ei, et immerge dans le quotidien bohème de la jeune fille, troisième des quatre filles du maître, artiste talentueuse et déterminée, gauche dans les relations humaines, et très protectrice envers sa petite sœur malade. C’est par ses yeux que l’on découvre la personnalité fantasque de son père célèbre (notamment pour la série des Trente-six vues du Mont Fuji, où figure la fameuse estampe Sous la vague au large de Kanagawa, plus connue sous le titre La grande vague et à laquelle le film fait un joli clin d’œil). A l’image de la maison-atelier, véritable fourbi, où sa fille et lui dessinent et dorment sur le sol, à même leurs travaux, Katsushika Hokusai apparaît comme un homme excentrique, obsédé par son art, n’ayant que faire de l’argent, et plutôt indifférent aux problèmes de sa famille. Les va-et-vient incessants de O-Ei à travers Edo, ses rêveries sur le pont, ses incursions dans le Yoshiwara (quartier des plaisirs ou « monde flottant ») permettent de découvrir ce pré-Tokyo déjà grouillant de vie, et sujet aux incendies à cause du bois des habitations (une source d’inspiration pour les peintures d’O-Ei). L’humour, la mélancolie et le fantastique s’entremêlent dans cette chronique intime, ponctuée de scènes sublimes et accompagnée par une bande-son anachronique de toute beauté. Si le rythme lancinant et l’aspect un peu décousu de la narration peuvent déstabiliser, Miss Hokusai est une formidable introduction à l’histoire de cette saga familiale artistique et rend justice à une artiste accomplie, restée pour la postérité dans l’ombre de son père.

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Le film est disponible en DVD et Blu-ray, éditions Simple ou Collector. Seules ces dernières sont enrichies de suppléments, comprenant notamment un making of de deux heures ainsi qu’une interview de Keiichi Hara.

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Lance
« He recovered from cancer and turned into bloody Superman. Do you think that’s natural ?
– Why are you so obsessed with this ?
– Why are you NOT obsessed with this ? »
 

The Program

Vélo

Stephen Frears
2015 (En Blu-ray et DVD depuis le 26 janvier 2016 chez Studiocanal)

En 1993, Lance Armstrong (Ben Foster), a vingt et un ans et aborde son premier Tour de France. Sa forte personnalité suscite l’intérêt de David Walsh (Chris O’Down), journaliste sportif au Sunday Times, qui a tôt fait de constater qu’ Armstrong fait montre d’un véritable talent sur route, mais beaucoup moins dans les étapes de montagne, où il est invariablement distancé. Révolté en comprenant qu’il n’a aucune chance contre les coureurs consommateurs d’EPO, la substance interdite que leur fournit le médecin italien Michele Ferrari (Guillaume Canet) et qui améliore les performances de manière phénoménale, Armstrong tente de se rapprocher de ce dernier. Au même moment, on lui diagnostique un cancer très virulent…

Stephen Frears n’est pas féru de cyclisme, sport auquel il a même avoué ne pas connaître grand-chose. Mais l’aspect édifiant de l’affaire Lance Armstrong ne lui a pas échappé lorsqu’il est tombé sur une critique de The Secret Race, le livre publié par Tyler Hamilton et Daniel Coyle, ex-coéquipiers du champion déchu, récompensé en 2012 par le Prix William Hill Sports Book Of The Year. The Program sera pourtant adapté d’un autre livre, celui du journaliste David Walsh, qui s’est battu seul contre tous pour que la vérité soit faite. En une heure et quarante-trois minutes, le film de Stephen Frears conte l’ascension et la chute d’un homme dont l’histoire était bien trop belle pour être vraie, et en parallèle, le combat acharné de Walsh, alors que les instances du sport et ses propres confrères préféraient fermer les yeux. Si, en infâme Michele Ferrari, Guillaume Canet tourne son personnage en dérision, l’ensemble de la distribution est un sans-faute. Ben Foster, qui s’est entraîné pour le rôle, est très convaincant en cycliste professionnel. Il l’est aussi en Lance Armstrong mégalo, rusé, calculateur, qu’il rend particulièrement antipathique. On pourra reprocher à la démonstration, étayée par de nombreuses séquences d’archives, de manquer de profondeur et d’ambition artistique, mais ce thriller efficace, nerveux et caustique brosse un tableau implacable des coulisses étonnamment sordides d’un sport pourtant réputé pour sa noblesse.
1h 43 Et avec Jesse Plemons, Lee Pace, Denis Ménochet, Dustin Hoffman, Elaine Cassidy, Edward Hogg…

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Le DVD accompagne le film d’un bouquet de suppléments un peu trop promotionnels qui ont tendance à le paraphraser. On retiendra cependant l’interview de David Walsh, qui souligne qu’Armstrong n’était pas fait pour le Tour de France mais pour « les courses classiques d’un jour », rappelant qu’il était une superstar sur route. Il parle de Michele Ferrari comme d’un « docteur Frankenstein », et ne tarit pas d’éloge sur Betsy Andreu, qui l’a aidé dans son combat. Et de conclure : « La victoire à n’importe quel prix est inacceptable… L’affaire Armstrong est un avertissement gravé dans l’histoire du sport. »

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« Is it you ? Is it ? »

 

Quelque part dans le temps (Somewhere In Time)

Portrait

Jeannot Szwarc
1980 (en Blu-ray et DVD depuis le 24 février 2016 chez Rimini Editions)
Prix de la critique au festival fantastique d’Avoriaz en 1981
Nommé à l’Oscar 1981 des Meilleurs costumes

En 1972 à Chicago, à la fin de la représentation d’une de ses pièces, le jeune dramaturge à succès Richard Collier (Christopher Reeve) est abordé par une vieille dame qui semble le connaître. Elle lui remet une ancienne montre à gousset en lui disant « Reviens-moi ! », avant de disparaître dans la foule. Pensant avoir affaire à une excentrique, Richard n’y prête pas attention. Mais huit ans plus tard, au Grand Hôtel victorien de l’île Mackinac où il est descendu par hasard, il tombe fou amoureux de la photographie d’une jeune femme (Jane Seymour), exposée dans le musée de l’établissement. En effectuant des recherches, il découvre que cette comédienne de théâtre, célèbre au début du siècle, n’est autre que l’étrange vieille dame qui l’avait abordé huit ans plus tôt…

De la carrière du réalisateur franco-américain Jeannot Szwarc, qui s’est principalement consacré à la télévision (il a collaboré à moult séries télévisées populaires telle que Ally McBeal, Smallville, Boston Public, ou la récente Bones), on retiendra quelques films, dont Les dents de la mer 2, Enigma, Supergirl, et ce Quelque part dans le temps, devenu culte avec les années après avoir été massacré par la critique à sa sortie. Cette histoire d’amour fou et de voyage dans temps est librement adaptée du roman Le jeune homme, la mort et le temps (Bid Time Return), écrit en 1975 par Richard Matheson — maître de l’épouvante et de la science-fiction, auteur, entre autres, de Je suis une légende et L’homme qui rétrécit — qui a participé au projet et apparaît ici le temps d’une courte scène. D’un romantisme échevelé, le film, sorte de rêve éveillé, épouse le point de vue de Matheson, plus concerné par l’humain que par la science. Ainsi, plutôt que de recourir aux effets spéciaux classiques d’un voyage temporel, le cinéaste en appelle au pouvoir de la pensée et du rêve, à la manière du Peter Ibbetson d’Henry Hathaway. A l’image du Grand Hotel, personnage à part entière du film, Quelque part dans le temps distille un charme un peu suranné. La belle musique de John Barry et la prestation habitée et sensible de l’attachant Christopher Reeve, révélé deux ans plus tôt par Superman, l’ont rendu inoubliable.
1 h 43 Avec Christopher Plummer, Teresa Wright, Bill Erwin, Susan French…

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Plummer

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Pour sa première sortie en Blu-ray, le film profite d’un nouveau master Haute Définition, un peu inégal (visages un peu trop rosés), mais propre, avec de jolis contrastes dans la partie contemporaine. Si côté son, on doit se contenter d’un DTS 2.0, plus harmonieux en anglais, le programme de suppléments est inespéré, même s’il est moins fourni que l’édition américaine. Jeannot Szwarc, au cours d’une interview de 35 minutes, réalisée en 2015, revient sur les aléas du tournage (pas d’argent, mais de la débrouille et un élan de solidarité incroyable) et révèle moult anecdotes (John Barry était l’époux de la meilleure ami de Jane Seymour, d’où sa présence au générique de ce film fauché…). On peut également découvrir un portrait pertinent de Richard Matheson par le professeur et spécialiste Pascal Monteville (30 minutes). Et enfin, les fans du film apprendront qu’un week-end Somewhere In Time se tient tous les deux ans depuis vingt-cinq ans au Grand Hotel de l’île Mackinac, haut lieu du tourisme du Michigan (le lien vers le site de l’hôtel est fourni).

Hotel

 

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Blunt

« Elle vient d’un monde où elle doit justifier chaque balle tirée, et elle se retrouve là où les gens tirent à tout va. »
Emily Blunt évoquant son personnage

Sicario
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Denis Villeneuve
2015 (En Blu-ray et DVD depuis le 8 février chez Metropolitan Vidéo)
Trois nominations aux Oscars 2016

En Arizona, en recherchant des otages, une unité d’élite du FBI découvre de nombreux corps mutilés dans une maison appartenant à narcotrafiquant. Kate Macer (Emily Blunt), l’agent de terrain chargée de l’affaire, se voit aussitôt proposer d’intégrer une cellule d’intervention clandestine dirigée par la CIA et le ministère de la défense, afin d’arrêter le chef du cartel mexicain responsable des meurtres. Mais la jeune femme est vite désemparée par les méthodes de barbouzes du chef de l’opération, l’agent du FBI Matt Graver (Josh Brolin) et par la personnalité trouble du consultant colombien qui l’accompagne (Benicio Del Toro), d’autant que les deux hommes prennent un malin plaisir à la laisser dans le brouillard…

Voir ma critique du film ICI

Benicio

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Le film, doté d’une image magnifique qui restitue l’immense travail sur la photo, et d’une piste DD 5.1 au relief impressionnant, est enrichi sur le DVD d’un bouquet de suppléments courts mais instructifs. Au cours d’un entretien de 12 minutes, Denis Villeneuve revient sur la manière dont il a adapté le scénario de Taylor Sheridan, en accentuant notamment l’antagonisme entre les personnages de Kate et d’Alejandro. Il ne tarit pas d’éloges envers le chef-opérateur du film, Roger Deakins, dont il admire la puissance poétique et narrative, et rend hommage au musicien Jóhann Jóhannsson auquel il avait demandé une musique façon Dents de la mer. L’interview est étayée par un reportage de 16 minutes dans lequel le cinéaste détaille davantage les aspects techniques et le travail sur les visuels (remarquables contrastes et jeux de lumière). On peut également entendre le point de vue de l’équipe technique. Enfin, un court module donne la parole aux acteurs, et notamment à une Emily Blunt très investie.

Jack

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