BATES MOTEL S1/THE HOUR S2

Exercices de style

 

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Dans les séries, c’est comme à la Samaritaine, il y a de tout et pour tous les goûts. Depuis Mad Men, summum du chic, la sophistication et le raffinement s’invitent dans les sagas les plus improbables, telle Bates Motel, qui imagine l’adolescence du célèbre tueur de Psychose. Mais la palme de l’élégance revient à la brillante The Hour, qui narre les palpitants débuts du journalisme d’investigation télévisuel à la BBC avec une distinction toute britannique.

 

« J’avoue, on a volé Twin Peaks »
(Carlton Cuse, co-créateur et producteur exécutif de Bates Motel)

Bates Motel Saison 1

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Série américaine créée en 2013 par Anthony Cipriano, Carlton Cuse et Kerry Ehrin
DVD/Blu-ray Saison 1 paru le 4 février 2014 chez Universal (diffusée sur 13e Rue en octobre-novembre 2013)

Six mois après la mort accidentelle de son époux, Norma Bates (Vera Farminga) veut prendre un nouveau départ. Elle quitte l’Arizona pour s’installer avec son fils de dix-sept ans, Norman (Freddie Highmore), avec lequel elle entretient une relation fusionnelle, dans la petite ville côtière de White Pine Bay, dans l’Oregon. Grâce à l’assurance vie de son défunt mari, elle a acheté à l’orée de la ville un motel un peu désuet et le manoir attenant, touchés par une saisie. L’enthousiasme de Norma est cependant de courte durée. Tandis que son fils se lie un peu trop vite avec la fille la plus populaire du lycée, elle est harcelée par l’ancien propriétaire du motel, un homme violent qui la met en garde contre les dangers qui la menacent si elle persiste à vouloir diriger l’établissement…

 C’est au studio Universal, détenteur des droits du classique d’Alfred Hitchcock, que l’on doit ce projet casse-gueule : imaginer l’adolescence du psychopathe Norman Bates, immortalisé à l’écran par Anthony Perkins. Qu’il soit engendré par audace ou manque d’inspiration, ce genre de prequel n’est pas un cas isolé, comme en témoignent les récentes séries Hannibal ou The Carrie Diaries (qui dépeint les tribulations de jeunesse de l’héroïne de Sex And The City). Co-écrite par Anthony Cipriano, Carlton Cuse (Lost) et Kerry Ehrin (Friday Night Lights), Bates Motel revient librement sur les personnages créés par Robert Bloch dans le roman qui inspira Hitchcock en 1960. La Norma que l’on découvre dans le premier épisode est une femme séduisante, au caractère bien trempé, mais émotionnellement instable. Vera Farminga crève l’écran dans ce rôle de mère poule, extrêmement possessive, déterminée à s’offrir la vie décente qu’elle n’a jamais eue, et à donner à son fils un foyer digne de ce nom. Car Norman est un gentil garçon, surdoué à l’école, et dévoué à sa mère. Confier le personnage à Freddie Highmore, l’adorable gamin de Charlie et la chocolaterie et Arthur et les Minimoys ne manque pas d’ironie. Car peu à peu, le charmant jeune homme va montrer des signes de troubles psychologiques et se révéler sacrément inquiétant. Si les personnages intriguent, les atmosphères ne sont pas en reste. Visuellement, la série jongle habilement avec l’imagerie des années 50 et la modernité. Dans cette maison sombre au décor défraîchi et suranné (la télévision, très vintage, semble elle-même ne diffuser que des films en noir et blanc), on s’étonne presque d’entendre la sonnerie d’un iPhone. Avec ses coiffures et ses robes rétro, Norma détonne face aux amies de Norman, échappées d’un épisode de Gossip Girl. Les cinéphiles s’amuseront des clins d’œil au chef-d’œuvre d’Hitchcock, tel ce plan récurrent de la terrifiante maison sur la colline, qui ravive les souvenirs et fait son petit effet. Même si la relation ambiguë entre Norma et son fils reste le cœur de la série, celle-ci développe moult intrigues inédites liées aux secrets que recèle la petite ville. Comme dans Twin Peaks, la police et tous les habitants ici semblent avoir quelque chose à cacher. Trafic de drogue, de prostituées… il y a plus d’une chose pourrie dans la ville de White Pine Bay, et la famille Bates n’est peut-être pas la pire. Ce sont ces digressions, parfois outrées, parfois maladroites, qui détermineront l’avenir de la série. Car si la première saison de Bates Motel, portée par la performance de Vera Farminga, a éveillé la curiosité, elle n’a pas encore totalement convaincu. La saison 2 est en cours de diffusion aux Etats-Unis. Affaire à suivre…
Avec Max Theriot, Nicola Peltz, Nestor Carbonell, Mike Vogel

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

Interactivité**
Les dix épisodes de 40 minutes sont enrichis de scènes inédites et d’une sympathique master class de 55 minutes avec les acteurs et l’équipe de la création de la série. Vera Farmiga défend son personnage bec et ongles avec une telle véhémence qu’on croirait avoir Norma sur le plateau. Freddie Highmore confie s’être inspiré du jeu d’Anthony Perkins, sans avoir tenté de l’imiter.

Image ***
Format : 1.78
Très correcte, excepté dans quelques scènes en intérieur, la définition met en valeur la photo et les couleurs très travaillées (festival d’ocres et de bruns). Belle profondeur des noirs.

Son : ***
DD 5.1 en anglais et français
Sous-titres français non imposés
Une piste équilibrée, ample, et dynamique, notamment en version originale, qui sert les dialogues, la musique, autant que les montées de tension dramatique et le suspense.

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« Sexy in all the right ways »
The New Yorker

THE HOUR Saison 2 

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Série britannique créée par Abi Morgan en 2011
Double-DVD de la Saison 2 paru le 26 février 2014 chez France Télévisions Distribution (diffusée sur Arte en novembre 2013)

En 1957 à Londres, la menace d’une attaque nucléaire soviétique est sur toutes les lèvres tandis que Bel Rowley (Romola Garai), la courageuse productrice de The Hour, porte à bout de bras l’émission choc de la BBC depuis les départs du journaliste prodige Freddie Lyon (Ben Whishaw) et du directeur de l’information. Bel n’est guère aidée par Hector Madden (Dominic West), le présentateur vedette, qui multiplie les liaisons adultères et se noie dans l’alcool, alors que The Hour doit désormais faire face à Undercover, l’émission rivale de la chaîne ITV. La surprise va être de taille pour la jeune femme lorsque le nouveau directeur de l’info annonce le retour de Freddie en tant que coprésentateur de The Hour. En outre, de ses mois de vacances forcées, ce dernier a ramené une épouse (Lizzie Brocheré)…

Comme sa consœur américaine Mad Men, The Hour est chic et élégante et reconstitue la fin des années 50 avec un raffinement inouï. On y fume et on y boit autant, et les similitudes sont légion : comme Peggy Olson, Bel tente de s’imposer dans un mode d’hommes et comme Don Draper, Hector Madden est un séducteur hanté par ses démons. Pourtant, les deux shows ne jouent pas sur le même terrain. A la différence de l’esthétisante et « atmosphérique » Mad Men, The Hour développe des intrigues dignes d’un thriller romanesque, avec, en toile de fond, l’évolution des mœurs de la fin d’une décennie troublée par la Guerre Froide. La première saison, découverte sur la chaîne BBC2 en 2011, narrait les débuts du journalisme d’investigation télévisuel à la BBC avec la création de l’émission fictive The Hour, équivalente britannique de la française Cinq colonnes à la une ou de l’américaine 60 minutes. Initiée par les fougueux Bel Rowley et Freddie Lyon, amis de longue date, The Hour devient le symbole du contre-pouvoir, l’émission où l’on dit, coûte que coûte, la vérité aux téléspectateurs. Pour mettre à nu les complots et élucider les crimes, Freddie et Bel n’hésitent pas à jouer les détectives amateurs. Dans cette seconde saison, ils s’attaquent au Londres corrompu et raciste. Déterminé à disculper leur collègue Hector, accusé d’avoir frappé sauvagement une danseuse d’un club select de Soho, le tandem met à jour un énorme scandale impliquant des membres du gouvernement, et se retrouve la cible de la mafia. En parallèle, la relation entre les deux amis prend un tournant nouveau avec l’intrusion de la jeune épouse française de Freddie, qui suscite un sentiment de jalousie inattendu chez Bel. Palpitante, sexy, romantique et brillamment écrite par sa créatrice Abi Morgan, scénariste, entre autres, de La dame de fer, Shame et de l’excellente Sex Traffic, la série The Hour est un régal. La fraîcheur de Ben Whishaw, Romola Garai, Hannah Tointon et Oona Chaplin (fille de Géraldine Chaplin), et l’expérience des excellents Dominic West, Anna Chancellor, Peter Capaldi et Peter Sullivan font merveille. Hélas, alors que le sixième et dernier épisode de la seconde saison a laissé les téléspectateurs en plein suspense, la BBC a annoncé en février 2013 qu’elle ne reconduirait pas la série pour une troisième saison, faute d’audience, et cela malgré le Primetime Emmy Award du Meilleur scénario obtenu par Aby Morgan en septembre. La frustration des fans est telle qu’une pétition, soutenue par les acteurs du show, a été lancée sur Internet et les réseaux sociaux. On croise les doigts…

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

Interactivité
Répartis sur deux DVD, les six épisodes de 59 minutes ne sont hélas accompagnés d’aucun supplément.

Image ****
Format : 1.78
La qualité de l’image, proche de celle d’un Blu-ray, est une bénédiction. Précise, détaillée, elle offre un relief saisissant. Les noirs sont profonds, les couleurs éclatantes. Un vrai bonheur !

Son : ***
DD 2.0 en français et anglais sous-titré français
Sous-titres français imposés
Une piste stéréo harmonieuse, qui joue sur l’intimité de la série, mais sait mettre en valeur les passages musicaux.

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BBC drama The Hour

LILITH/MICKEY ONE

SEXY COMME BEATTY

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Le sex-symbol du Nouvel Hollywood est à l’honneur chez Wild Side Video, dans la collection bien nommée Les Introuvables. Situés dans la filmographie de l’acteur entre les mythiques La fièvre dans le sang et Bonnie And Clyde, Lilith de Robert Rossen (1964) et Mickey One, d’Arthur Penn (1965), profitent ici d’une restauration magnifique. Ils sont suivis d’une interview du spécialiste et implacable Peter Biskind, auteur du Nouvel Hollywood et de Star, la biographie de Beatty, sous-titrée How Warren Beatty Seduced America.

Lilith

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Robert Rossen
1964 (DVD paru le 5 février 2014 chez Wild Side Video, disponible dans les magasins Fnac et sur Fnac.com)

De retour dans sa ville natale en Nouvelle-Angleterre, le jeune vétéran Vincent Bruce (Warren Beatty) est embauché comme aide-rééducateur dans une clinique psychiatrique privée. Sans formation, mais plein de bonne volonté, le jeune homme parvient très vite à tisser des liens de confiance avec les patients, et notamment avec Lilith (Jean Seberg), la jeune et séduisante névrosée dont il a la charge. Vincent va peu à peu tomber sous le charme de cette jeune manipulatrice, au point de perdre pied…

Révélé en 1961 aux côtés de Nathalie Wood dans le chef-d’œuvre d’Elia Kazan, La fièvre dans le sang, Warren Beatty a, dès ses débuts, fait montre d’ambition, et s’est adjoint les plus brillants scénaristes et réalisateurs, tel Robert Rossen. En 1963, lorsqu’il entreprend de porter à l’écran le roman de J. R. Salamanca (l’écrivain s’est inspiré de son expérience d’aide-soignant dans une clinique psychiatrique), le cinéaste est auréolé du succès de L’arnaqueur, son film précédent paru deux ans auparavant. La psychanalyse freudienne et la névrose sont des thèmes en vogue dans l’Amérique des années 60. A la même époque, en 1963, John Cassavetes réalise Un enfant attend, son premier film de studio, consacré au traitement réservé aux attardés mentaux et à l’autisme. Comme celui de Cassavetes, le film de Rossen dépeint une équipe de soignants compatissants, en empathie avec les pensionnaires, et qui n’hésitent pas à leur accorder une relative liberté. Si les fenêtres de leurs chambres sont grillagées, les malades se promènent dans le parc, participent à des pique-niques et balades en bicyclette, et peuvent sortir de l’établissement sous surveillance. Les éléments de la nature, l’eau, le vent, les blés, magnifiquement photographiés, font écho aux tourments des protagonistes. Face à Jean Seberg, excellente en séductrice schizophrène, Warren Beatty, tête baissée et mutique, joue parfaitement l’ambiguïté. Mais si les images (en noir et blanc) sont souvent stupéfiantes de beauté, le film, mélange de sensualité, d’onirisme et de poésie, a tendance à abuser de la navigation en eaux troubles et souffre de quelques incohérences, dont une, particulièrement gênante : pourquoi la directrice (Kim Hunter) a-t-elle confié la surveillance d’une jeune et jolie nymphomane à un jeune homme sans expérience, visiblement mal dans sa peau, et particulièrement séduisant ? Ces flottements expliquent l’échec du film à sa sortie, en dépit de ses qualités manifestes. Réhabilité depuis par les critiques, Lilith est le dernier film de Robert Rossen, disparu en 1966.
Avec Peter Fonda, Kim Hunter et Gene Hackman

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Test DVD :

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Interactivité**
Belle initiative des éditeurs d’avoir enrichi le film d’une courte interview de Peter Biskind, expert du cinéma américain de cette période et de Warren Beatty en particulier (11 minutes). Le critique ne mâche pas ses mots en évoquant les faiblesses du film qu’il replace dans le contexte de l’époque. Il s’attarde aussi sur les conditions de tournage particulièrement pénibles, dues au comportement mégalomane et arrogant de Beatty, adepte de la Méthode, qui n’hésitait pas à harceler constamment son réalisateur sur ses intentions, allant jusqu’à saboter les scènes qui ne lui convenaient pas. Robert Rossen ne s’en serait jamais remis. Le fougueux Warren Beatty s’est également mis à dos ses partenaires (dont Peter Fonda qui a failli en venir plusieurs fois aux mains). Le programme comprend également une galerie de photos et la bande-annonce originale non restaurée, qui met en exergue la qualité de la récente restauration.

Image ***
Format : 1.85
La restauration, superbe, met en valeur le noir et blanc travaillé par le prestigieux chef-opérateur Eugen Schüfftan (Quai des brumes, Les yeux sans visage…). La luminosité, la définition et les contrastes sont plutôt réjouissants.

Son : **
DD 2.0 Mono d’origine, en anglais sous-titré français
Sous-titres français imposés
Equilibrée, l’unique piste en version originale sous-titrée se révèle satisfaisante. Les dialogues sont clairs et certains passages musicaux bénéficient d’un dynamisme inattendu.

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Mickey One

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Arthur Penn
1965 (DVD paru le 5 février 2014 chez Wild Side Video, disponible dans les magasins Fnac et sur Fnac.com).

Une vedette de stand-up de Detroit (Warren Beatty) est obligée de fuir la mafia qui veut sa peau pour des raisons obscures. Arrivé à Chicago sans un sou en poche, le jeune homme tente de se faire oublier en acceptant, sous le nom de Mickey One, des jobs ingrats. Très vite, il revient à ce pour quoi il est doué, sur la scène d’un music-hall local. Mais son talent l’expose un peu trop et, à son grand dam, il ne tarde pas à être repéré par le propriétaire du club le plus prestigieux de la ville…

L’échec commercial de Lilith n’a nullement émoussé chez le jeune Warren Beatty le désir de sortir des sentiers battus. Ainsi, même si Mickey One, adaptation de la pièce homonyme d’Alan Surgal, que lui propose Arthur Penn, ne l’emballe pas outre mesure (il juge le scénario trop abscons), le petit frère de Shirley MacLaine s’enthousiasme à l’idée de collaborer avec le réalisateur du Gaucher et de Miracle en Alabama (couronné par deux Oscars), qui jouit d’une belle réputation auprès des critiques et de l’intelligentsia hollywoodienne. Arthur Penn, échaudé après son renvoi du tournage du Train (que John Frankenheimer a finalement mis en scène), est en quête de liberté et rejette plus que jamais le système des studios. Le petit budget alloué à Mickey One va lui permettre de concrétiser un projet ambitieux, à la manière des réalisateurs de la Nouvelle Vague française et du néoréalisme italien qu’il admire. Marchant sur les traces de John Cassavetes avec son révolutionnaire Shadows en 1959, Penn délaisse la structure narrative au profit d’une liberté visuelle teintée d’absurde et de surréalisme, et réalise un film jazz (les improvisations sont signées Stan Getz). La paranoïa et le sentiment anxiogène qui émanent de cette métaphore du Maccarthysme sont palpables. Le spectateur est propulsé en plein cauchemar, celui que vit le personnage incarné par Warren Beatty, obsédé par l’idée d’un complot qui se referme sur lui. Filmée en noir et blanc, cette fuite en avant du héros, qui traduit les névroses et angoisses de l’Amérique de l’époque, est une explosion de plans audacieux et d’images somptueuses (la photo est signée Ghislain Cloquet, auquel on doit, entre autres, celles des Demoiselles de Rochefort et de Peau d’Ane). Même si sa prestation, aussi confuse que le film, ne restera pas dans les annales, Beatty (beau à se damner) n’est pas la cause de l’échec du film à sa sortie. Trop expérimental et outré, Mickey One n’est pas parvenu à séduire le public de 1965. Arthur Penn et Warren Beatty se rattraperont deux ans plus tard avec une autre cavale infernale, le fameux Bonnie And Clyde, qui donnera le coup d’envoi du Nouvel Hollywood.
Avec Alexandra Stewart, Hurd Hatfield, Franchot Tone…

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Test DVD :

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Interactivité***
On retrouve le journaliste Peter Biskind qui éclaire sur les motivations de Penn et Beatty, et livre un état des lieux de l’industrie cinématographique hollywoodienne de l’époque (14 minutes). La galerie de photos comprend des photos de tournage intéressantes et des affiches du film. Enfin, surprise ! La bande-annonce d’époque recèle des images inédites.

Image ***
Format : 1.85
La restauration est, là encore, splendide. L’image est propre, lumineuse et contrastée. Les noirs sont profonds à souhait.

Son : **
DD 2.0 Mono d’origine en anglais sous-titré français
Sous-titres français imposés
Une piste dynamique et équilibrée. Les effluves de jazz sont parfaitement mis en valeur.

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BLUE JASMINE

Il faut remonter à Match Point pour retrouver un Woody Allen aussi cynique. Les ombres de Tennessee Williams et Dostoïevski planent sur cette satire de haute volée, portée par une Cate Blanchett en état de grâce.

Blue Jasmine 

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Woody Allen
2013 (DVD/Blu-ray TF1 Vidéo)

Jasmine French (Cate Blanchett) avait une existence de rêve, des vêtements de luxe, des bijoux, un appartement sur la 5ème Avenue, une maison de vacances dans les Hamptons, jusqu’à ce que son époux (Alec Baldwin), homme d’affaires, soit arrêté pour escroquerie. Fauchée, elle n’a pas d’autre alternative que de déposer ses valises Vuitton à San Francisco, dans le modeste appartement de sa sœur adoptive (Sally Hawkins), caissière. Histoire de reprendre ses marques, trouver un job et rebondir. Mais pour cette snob invétérée, portée sur l’alcool et les tranquillisants, la reconversion a tout du chemin de croix…

Le génial réalisateur de Manhattan semble être revenu à la raison après une longue période d’égarements, de laquelle on retiendra essentiellement Match Point et Whatever Works. En 2013, avec ce portrait de mondaine déchue, Woody Allen se fait subtil et signe une satire corrosive, drôle et cynique, mais aussi terriblement juste et cruelle, qui illustre avec brio sa connaissance aiguë de la nature humaine. A l’heure où ses confrères se passionnent pour les loups de la finance et les grands fraudeurs, lui préfère se pencher sur le cas des épouses, et leur moralité. A la fois victime et complice de son escroc de mari, Jasmine est surtout coupable d’avoir fermé les yeux, par pur égoïsme. Woody Allen explore les rouages et les obsessions de cette femme fragile, complexe et décalée, incapable de s’adapter à son nouvel environnement. Jasmine tente de sauver sa peau et perd les pédales en même temps que ses repères. Il émane une ironie jubilatoire des flash-backs révélateurs qui mettent habilement le personnage en perspective. Le retour à la réalité est brutal et le choc des cultures génère des situations désopilantes. Jasmine est, dans la vie ordinaire, aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau. Les confrontations avec le petit ami pas très distingué de sa sœur, ou avec ses jeunes neveux prennent un tour surréaliste. La performance de Cate Blanchett force l’admiration, et lui a déjà valu, en attendant les Oscars, le Golden Globe 2014 de la Meilleure actrice. L’œil hagard, la moue dédaigneuse et le port de tête impeccable, l’actrice, véritablement habitée, parvient à rendre son personnage attachant et humain, même dans les moments les plus pathétiques. Car cette mondaine n’est pas une garce, et c’est ce qui la sauve. Sous ses remarques caustiques, sa tendresse pour sa sœur (épatante Sally Hawkins !) est manifeste. Jasmine est juste terriblement à côté de la plaque, et Woody Allen, impitoyable, ne lui épargne rien.

BANDE-ANNONCE

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Test DVD :

Interactivité*
Rien de rien, Woody Allen est allergique au concept de suppléments.

Image ***
Format : 2.40
L’image est un peu douce, conforme au souhait du réalisateur, mais manque souvent de précision. Rien de dommageable néanmoins.

Son ***
DD 5.1 et DD 2.0 en anglais sous-titré et français
Sous-titres français imposés
Sous-titres français pour sourds et malentendants
Audiodescription
Une piste DD 5.1 dynamique, qui ne fait pas de vagues dans les enceintes arrière et se resserre sur les dialogues. A noter que le phrasé de Cate Blanchett est bien plus probant en version originale, à privilégier absolument.

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